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L’US Navy a effectué ses premiers tests de son Rail Gun

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L’US Navy a effectué ses premiers tests de son Rail Gun

La Marine américaine a procédé aux premiers essais de son prototype de Rail Gun, le 15 mai, au Naval Surface Warfare Center, Port Hueneme Division’s. Ces premiers tests, d’une série de quatre de projectiles, avaient pour objet de vérifier l’adéquation des systèmes, notamment électriques, et du support du canon, appelé à enregistrer de fortes contraintes mécaniques. Outre le rail Gun lui-même, les essais portaient également sur la munition guidée et du sabot la protégeant lors du tir. Selon les autorités navales, les essais ont été très satisfaisants, ceci expliquant que la campagne de tir fut ramenée à seulement deux jours, au lieu des trois initialement prévus.

Alors que les Etats-Unis avaient, il y a 20 ans, une avance substantielle en matière de Rail Gun, ou canon électrique, celle-ci s’est réduite par manque d’investissements et d’intérêts politiques, pour finalement se laisser distancer par la Chine, qui teste déjà son propre rail Gun sur un LST spécialement modifié depuis près d’une année, et qui prévoit d’équiper ses croiseurs Type 055 du nouveau canon, pour une entrée en service en 2025. Pour l’heure, l’US Navy, pas plus qu’aucun pays occidental, n’a de planning défini pour l’entrée en service de Rail Gun sur les bâtiments de sa marine de guerre.

Le Rail Gun teste par la Marine chinoise sur un navire dassaut LST Rapport de force militaire | Archives | Artillerie
Rail gun testé par la Marine chinoise sur un LST spécialement aménagé

Le Rail Gun utilise un champ électromagnétique pour propulser l’obus à une très grande vitesse en sortie de bouche, allant de Mach 7 à Mach 10+, contre Mach 1 à 2 pour les canons à poudre. Plus la vitesse initiale est importante, plus la portée potentielle l’est, allant de 200 km à Mach 7 à 400 km à Mach 9. Le système ne nécessite pas, en outre, de poudre propulsive, libérant de la place et réduisant les risques sur les bâtiments de combat. Revers de la médaille, les Rail gun ont besoin d’une puissance électrique très importante, pour charger les condensateurs qui alimentent le système lors du tir. En outre, les vitesses très importantes atteintes, qui plus est dans les couches basses de l’atmosphère, génèrent de très hautes températures, nécessitant des matériaux très résistants dans la conception du projectile, et rendant son guidage très complexe. Enfin, la forte accélération subie par le projectile oblige à disposer de composants de guidage particulièrement résistants, notamment pour les systèmes de contrôle de la trajectoire en vol.

Il semble toutefois que tant américains que chinois aient trouvé des approches technologiques pour résoudre ces fortes contraintes, puisque l’objectif américain annoncé est de disposer d’un projectile guidé portant à plus de 200 km.

Image du prototype de Rail Gun developpe par lATLA au Japon Rapport de force militaire | Archives | Artillerie
Prototype de Rail Gun développé au Japon

Le Rail Gun est considéré par beaucoup de spécialistes du combat naval comme un « game changer » potentiel, à savoir un équipement susceptible de modifier les paradigmes et les stratégies navales lors de son apparition, comme ce fut le cas du sous-marin, du porte-avions, et du missile guidé. Avec une telle portée, l’artillerie navale retrouverait sa fonction principale en matière de frappe à terre, et il est probable qu’on assisterait au retour des navires de ligne, comme les croiseurs de bataille, ou les cuirassés.

La France, en collaboration avec l’Allemagne, travaille également sur la technologie du Rail Gun, mais les moyens mis en œuvre sont dérisoires eu égard aux enjeux. D’autres pays ont, eux, rejoint la course technologique du canon électrique, comme le Japon, et la Russie, avec des moyens substantiels.