La société Lockheed-Martin a lancé la construction d’une nouvelle usine de 20.000 m2 en Alabama destinée à accélérer la production du missile de croisière aéroporté AGM-158 Joint Air-to-Surface Standoff Missile, ou JASSM. Ce missile de croisière furtif, comparable au SCALP-EG franco-britannique, peut atteindre des cibles situées à 950 km pour la version B avec un profil de vol rasant pour la version, emploi une navigation inertielle couplée à un recadrage GPS résistant au brouillage. La version C en cours de developpement devra atteindre une portée de 1000 miles, soit 1850 km. Ainsi, la commande de l’US Air Force permettra de faire croitre le stock de JASSM 4900 unités à 7200 dans les quelques années à venir, avec des commandes supplémentaires à suivre.
En l’absence de missiles hypersoniques, et face à l’augmentation des performances de la défense anti-aérienne et anti-missile russe et chinoise, les attaques visant à éliminer les systèmes anti-aériens de défense de zone comme les S400, devront être menées par un grand nombre de missiles, de sorte à « saturer » les capacités d’engagements des systèmes adverses. En outre, L’US Air Force a fait, il y a quelques années, l’experience des difficultés pouvant être rencontrées pour obtenir un réassort dynamique des stocks de munitions, lorsque ses réserves de munitions tactiques air-sol étaient passées sous le seuil des 6 mois d’utilisation linéaire. La France elle aussi fit face à ce problème, et du acquérir en urgence des corps de bombe à ses partenaires européens. Dans le contexte actuel de tensions, l’augmentation rapide du stock de munitions apparait donc comme une décision parfaitement légitime et cohérente. Peut-être devrait-elle inspirer les autorités françaises, qui décidèrent de leur coté de réduire le nombre de SCALP à 100 exemplaires, à l’occasion de la modernisation du missile vers la version SCALP-EG.
Cette information montre également l’évolution de la posture opérationnelle de l’US Air Force, et de l’ensemble des forces armées US, qui désormais anticipent très sérieusement l’hypothèse d’un conflit majeur dans les années à venir, que ce soit contre la Chine, la Russie, la Corée du nord ou l’Iran. Pour s’y préparer, le Pentagone revient aux fondamentaux, abandonnant les programmes longs et très couteux qui marquèrent les années 2000, pour se concentrer sur des contrats courts, maitrisés, parfaitement encadrés, avec des ambitions réalistes. A titre d’exemple, l’US Army a ainsi abandonné prés d’une centaine de programmes divers pour concentrer ses investissements et son énergie sur les 6 programmes stratégiques qui l’occupe, allant de la protection anti-aérienne rapprochée au remplacement des Bradleys, en passant par le programme Futur Vertical Lift pour remplacer sa flotte d’hélicoptères.