Le missile anti-navire P-800 Onyx est, depuis 2002, le fer de lance de la lutte anti-navire à bord des unités lourdes de la Marine russe. Capable d’atteindre des cibles à 600 km à une vitesse dépassant Mach 2, le missile surpasse dans ces domaines, aujourd’hui encore, ses homologues occidentaux, comme le MM40 Exocet ou l’AGM 84 Harpoon, et même le naval Strike Missile de Kongsberg, pourtant le grand succès du moment en matière de missile anti-navire. Il équipé aujourd’hui les frégates des classes amiral Gorshkov et amiral Grigorovich, ainsi que les corvettes Karakurt et Buyan-M, et les sous-marins nucléaires d’attaque Iassen-M. Il équipera également les croiseurs de la classe Kirov après leurs modernisations, de même que les sous-marins de la classe Antey, les corvettes Gremayashchiy (projet 20385), et même le porte-avions Kuznetsov.
Dans un communiqué publié par l’agence Tass, le constructeur NPO Mashinostroyeniya annonce qu’il procédera prochainement aux essais d’une nouvelle version du missile, désigné Onyx-M, aux performances accrues, et pouvant être utilisé comme missile de croisière contre des cibles terrestres si besoin. Il est indiqué, ainsi, que la portée du missile serait étendue à 800 km, et que les capacités de résistances au brouillage et aux leurres de l’autodirecteur radar actif aurait été renforcées. Le reste des performances du missiles, notamment sa vitesse supérieure à Mach 2, et ses dimensions, sont inchangées.
Or le missile P-800 est au coeur d’un autre programme de missiles de croisière et anti-navire de NPO, le Brahmos développé avec l’Inde. Si ce missile, dans sa version actuelle, atteint des performances sensiblement similaires au P-800, à savoir une portée de 500 km bientôt amenée à 600 km, les versions en developpement atteignent, elles, des vitesses très nettement au dessus des Mach 2,5 annoncées par le P-800, en l’occurence Mach 4. En outre, un programme dérivé, le Brahmos II, utilisant cette fois un Scramjet, est en cours de developpement, et vise, à l’instar du 3M22 Tzirkon, des vitesses de l’ordre de Mach 8, pour une portée de 600 à 800 km, là ou le Tzirkon est donné pour dépasser les 1000 km. Il serait, dès lors, très étonnant que le P-800 Onyx-M ne bénéficie pas des recherches des programmes en cours, et notamment celles sur le Brahmos et Brahmos-A, dont il partage la filiation, pour augmenter sa vitesse au dessus de Mach 3,5, vitesse au delà de laquelle de nombreux systèmes anti-missiles occidentaux, comme le nouveau Sea Ceptor britannique qui équipera les frégates Type 26 et Type 31, sont incapables d’intercepter les missiles adverses.
En outre, cette annonce est assez éloignée de celle faite en Mai 2019, faisant état du developpement d’une version hypersonique du P-800, ce qui tendrait à confirmer la volonté de l’état-major russe de disposer de missiles allant le plus vite possible, pour les raisons précédemment citées. Ceci dit, comme nous l’avons vu dans un article précédent, le statoréacteur propulsant le P800 n’est pas adapté pour atteindre de telles vitesses, qui requiert une propulsion par superstatoreacteur, ou scramjet.
A noter que le P-800 Onyx équipe également les batteries anti-navires terrestres K-300P Bastion, utilisées par la marine et la Défense côtière russe, ainsi que par les forces vietnamiennes, et les forces syriennes. En outre, il est mis en oeuvre dans les mêmes silos que ceux qui permettent le lancement de missiles de croisière Kalibr, et du futur missile hypersonique Tzirkon, permettant à chaque vecteur de mettre en oeuvre ces missiles selon les besoins. Le missile Tzirkon doit entrer en service d’ici 2020 dans la marine russe.