La disponibilité du F35 est passée de 55% à 73% en un an

A l’occasion de la Conférence de presse du Pentagone lors de l’annonce de la commande des lots 12, 13 et 14 de l’avion F35, soit 478 appareils pour 34 Md$, les autorités américaines ont également communiqué l’évolution de la disponibilité de sa flotte, qui serait passée en une année de 55% à 73%, soit un niveau proche des 80% exigés par le Général Mattis lorsqu’il était secrétaire à La Défense. L’amélioration de cette disponibilité est attribuée à la mise en oeuvre de nouvelles procédures de gestion de stock et de commandes des pièces détachées mises en oeuvre par Lockheed-Martin, qui auraient permis de résoudre les ruptures de stock entrainant des immobilisations d’appareils fréquentes.

Après avoir confirmé un prix unitaire du F35A sous la barre des 80 m$, à 77 m$ soit 69 m€, pour les appareils du lot 14, et d’un prix unitaire de 91 m€ pour la version ADAC/V F35B, c’est donc une nouvelle bonne nouvelle pour les clients de Lockheed-Martin, qui voit son programme respecter les prévisions de coûts annoncées. C’est en revanche moins le cas pour ses concurrents, parmi lesquels les constructeurs européens Dassault, Saab et Eurofighter, qui peinent déjà à imposer leurs appareils face au F35, et qui auront encore plus de difficultés à remporter des contrats alors qu’il multiplie les annonces de succès.

Certes, il ne faut pas oublier que malgré un tarif d’acquisition très agressif, et une disponibilité qui semble satisfaisante, le F35 reste, de loin, l’appareil le plus cher en matière de couts de possession, sur le marché international. Le sujet est d’ailleurs soigneusement évité dans les conférences de presse, car le constructeur, comme l’US Air Force, manquent d’arguments à faire valoir dans ce domaine. Certes, encore, le F35 souffre toujours de plusieurs dysfonctionnement graves, et de limitations parfois sérieuses en matière de capacité opérationnelles, comme par exemple sa faible capacité à encaisser de fortes accélérations, ou ses difficultés à maintenir un vol supersonique en palier. Mais entre l’argument du prix d’appel, égal à celui d’un Rafale et sensiblement moins cher à un Eurofighter Typhoon, celui de la disponibilité comparable à celles des aéronefs européens, ses capacités propres de furtivité et de fusion de données, et la puissance du Lobbying américain qui s’applique, en premier lieu, au sein même de l’OTAN, les constructeurs européens vont avoir de plus en plus de difficultés à positionner leurs propres appareils lors des compétitions internationales, d’autant que Lockheed verrouille le marché par le bas avec son F16 block70 Viper.

En cela, les compétitions Finlandaises et Suisses seront particulièrement interessantes à suivre. D’un point de vu objectif, le F35A n’est adapté ni pour l’une, ni pour l’autre de ces forces aériennes. En Suisse, le Rafale apparait comme le choix le plus approprié, alors qu’en Finlande, le JAS39 Gripen E/F de Saab lui dispute la première place. En outre, aucun de ces pays n’est un allié formel des Etats-Unis, n’appartenant pas à l’OTAN. Si la Finlande est membre de l’Union européenne, la Suisse a également des liens économiques et sociaux privilégiés avec l’Union, la France, l’Allemagne et l’Italie en particulier. Le choix de ces deux nations pour remplacer leurs F18 (et F5 pour la Suisse) sera donc un reflet fidèle des rapports de force qui existent aujourd’hui sur le marché des avions de combat, en dehors de toute pression liée, par exemple, à l’OTAN.