lundi, novembre 11, 2024

Admission imminente au service actif du deuxième porte-aéronefs chinois

L’admission au service actif du deuxième porte-aéronefs chinois serait prononcée au cours des prochaines semaines, voire jours. Le numéro de coque n’est pas encore peint et le bâtiment pas plus baptisé. Il demeure des doutes quant au projet auquel il appartient (Type 001A ou Type 002). La prochaine cérémonie devrait être l’occasion de plusieurs officialisations et de célébrer le premier porte-aéronefs de conception et de construction presque entièrement nationales. La permanence aéronavale chinoise manifestée par la présence simultanée en mer de deux porte-aéronefs le 28 février 2019 se poursuivra bientôt avec deux bâtiments pleinement opérationnels.

En 1989, le programme 891 postulait la construction de porte-avions à catapultes et brins d’arrêt (Catapult Assisted Take-Off But Barrier Arrested Recovery (CATOBAR) mais fut annulé dès 1995. Mais il s’est opéré au sein tant du gouvernement chinois que de la Marine de l’Armée Populaire de Libération (MAPL) une évolution stratégique majeure conduisant à l’acquisition en 2000 de la coque de l’ancien porte-aéronefs soviétique Varyag, issu du même projet que l’Admiral Kuznetsov (1991). La troisième crise du détroit de Taiwan (1995 – 1996) en est très probablement la principale raison.

Su 33 sur le pont du porte avions Kuznetsov de la marine Russe Actualités Défense | Constructions Navales militaires | Guerre de Haute Intensité
Su-33 sur le pont du porte-avions Kuznetsov de la Marine Russe.

L’ancien Varyag alors achevé qu’à 68% est à nouveau mis sur cale en 2005 en Chine. Le porte-aéronefs Liaoning (Type 001) est admis au service actif le 25 septembre 2012. Et sept années plus tard, à quelques semaines près, le deuxième porte-aéronefs rejoindra la MAPL. Ils seront tous les deux basés au sein de la base navale de Guzhenkou, siège de la flotte du Nord. Un deuxième ponton pour porte-avions est actuellement en cours de construction. La permanence aéronavale est donc géographiquement proche de Pékin à l’Ouest, de la Corée du Sud à l’Est et est relativement proche de Taiwan au Sud.

Il est notable que la base navale de Sanya (Haïnan) de la flotte du Sud comprend un ponton à porte-avions est jouxtée par la base aérienne de Lingshui dont les installations sont en pleine extension. Futur port-base ?

Le premier porte-aéronefs chinois est baptisé du nom de la province Liaoning qui abrite les chantiers navals de la ville de Dalian. Selon une certaine logique, parmi d’autres, le deuxième pont plat chinois pourrait être baptisé Shandong, du nom de la province où est située, justement, la base navale de Guzhenkou.

Dans le détail, les principales étapes de la construction du deuxième porte-aéronefs chinois débutait par la découpe de la première tôle le 28 Août 2013 au chantier naval de Dalian. Les premiers blocs de la coque étaient usinés dès janvier 2014. La mise sur cale intervenait plus tard, c’est-à-dire le 10 mars 2015. Le hangar aéronautique est fermé aux alentours du 25 novembre 2015. Le pont d’envol est posé à partir du 27 mai 2016. Le tremplin (14°) terminant le pont d’envol à la proue est quant à lui achevée fin mai. La soudage des deux blocs de l’ilot débutait le 24 septembre 2016, ces travaux se terminent fin 2016.

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Le porte-avions Type 001 Liaoning escorté par son groupe naval lors du lancement d’un J-15 a partir du tremplin avant

C’est ce tremplin incliné à 14° et ces brins d’arrêt qui affilient les projets Type 001 et Type 001A/002 aux porte-aéronefs STOBAR (Short Take-Off But Arrested Recovery) et non pas aux porte-avions CATOBAR puisque dépourvus de catapultes. La différence principale entre les deux filières réside dans le fait que les aéronefs à voilure fixe décollant depuis un porte-aéronefs STOBAR peuvent très difficilement obtenir les mêmes performances que s’ils avaient décollé depuis la terre ferme en raison de l’énergie nécessaire à produire pour décoller du pont d’envol du bâtiment de guerre. Les porte-avions CATOBAR fournissent l’énergie par l’entremise des catapultes, effaçant la différence par rapport à un décollage à terre.

La coque était mise en peinture à partir du 9 avril 2017 pour être achevée deux semaines plus tard. La mise à l’eau complète n’a pas eu lieu le 23 avril 2017, jour du 68ième anniversaire de la MAPL. La cale fut partiellement remplie afin, certainement, de mener les premiers essais d’étanchéité. C’est donc le 26 avril que le bâtiment pu rejoindre pleinement son élément et être porté par lui. L’achèvement n’est alors complet qu’à hauteur de 70% et les travaux restants se poursuivent à quai.

La construction du deuxième porte-aéronefs chinois aura demandé 42 mois de travaux entre la mise sur cale (2013) et l’admission au service actif (quatrième trimestre 2019). Toutefois, il n’aura fallu que six années et quelques semaines depuis la découpe de la première tôle (28 août 2013). Il s’agirait de connaître la date de l’ordre politique de lancer le programme afin de pouvoir apprécier la durée totale de celui-ci. Néanmoins, il est possible de remarquer qu’entre la mise sur cale du Liaoning et son admission au service actif (2005 -2012) il s’était écoulé sept années. Le deuxième porte-aéronefs aura nécessité une année de moins. Les comparaisons s’arrêtent là car la coque remise sur cale en 2005 qui deviendra le Liaoning était un chantier totalement différent, entre achèvement et reconstruction. Ceci permet de retenir que la Chine maîtrise le calendrier depuis la conception jusqu’à la construction.

Les essais à la mer sont régis par la norme militaire nationale GJB 6850-2017 « procédures d’essai des navires de surface en amarrage et en navigation ». Ils débutaient le 13 mai 2018 et s’étalent en pas moins de huit sorties :

  • première sortie : 13 mai au 18 mai 2018 ;
  • deuxième sortie : 26 août au 4 septembre 2018 ;
  • troisième sortie : 28 Octobre au 6 Novembre 2018 ;
  • quatrième sortie : 26 au 30 décembre 2018 ;
  • cinquième sortie : 27 février 2019 ;
  • sixième sortie : 25 mai 2019 ;
  • septième sortie : 1er au 23 août 2019 ;
  • huitième sortie : 15 octobre 2019.

Par rapport aux essais du porte-aéronefs Liaoning (2012), les sorties à la mer du deuxième porte-aéronefs chinois sont plus courtes d’une journée. Il semblerait aussi que son programme des essais ne comptent que huit sorties contre neuf pour le Liaoning. Cela tend à confirmer les nombreuses impressions d’une recherche systématique d’optimisation du calendrier aéronaval chinois afin d’accélérer la montée en puissance.

J 15 sur le pont du liaoning Actualités Défense | Constructions Navales militaires | Guerre de Haute Intensité
Dérivé du Su-33 russe, le J-15 chinois semble rencontrer certains problèmes de performance moteur ayant entrainé la perte de plusieurs appareils

Les principales différences entre le Liaoning (2012) et ce deuxième porte-aéronefs (quatrième trimestre 2019) soulignent la volonté d’optimiser les plans soviétiques existants du projet 1143.5 (Admiral Kuznetsov (1991), Liaoning (2012). L’ilot du porte-aéronefs est significativement moins long, libérant suffisamment d’espace au profit d’une place de parking supplémentaire sur le pont d’envol. D’autres zones du pont d’envol ont été redessinées, certainement par retour d’expérience tiré du Liaoning. Une passerelle supplémentaire est ajoutée à ce même ilot. La disposition des aériens a évolué. Il semblerait que le premier arrêt technique majeur du Liaoning (2018-2019) ait profité des avancées menées dans le cadre de la construction du deuxième porte-aéronefs.

Le groupe aérien embarqué n’aurait pas évolué et les installations aéronautiques demeureraient donc dimensionnées pour les mêmes besoins. Ce groupe aérien embarqué devrait être composé de 24 avions de combat J-15 plus 12 hélicoptères.

Toutefois, il reste à déterminer si ce panachage dépend des contraintes architecturales du bâtiment ou bien s’il s’agit de contraintes systémiques vis-à-vis du nombre d’aéronefs existants et surtout des ressources humaines disponibles. 24 avions embarqués J-15 sont bien peu pour des bâtiments réputés déplacer 50 000 à 60 000 tonnes à pleine charge et qui ne disposeraient plus de la batterie de missiles originellement comprise dans les plans soviétiques du projet 1143.5.

Nous pourrions donc très bientôt assister à la naissance de l’aéronavale chinoise : c’est une question de semaines, voire de jours.

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