En bien des aspects, les postures des autorités polonaises, notamment vis-à-vis de l’Union européenne, sont largement critiquables, et d’ailleurs ouvertement critiquées. Mais il est un domaine dans lequel Varsovie est exemplaire en Europe, sa determination à se doter d’une puissance militaire suffisante pour dissuader tout adversaire, en particulier la Russie, d’ambitions excessives contre elles, et contre ses voisins proches. En ce sens, la Pologne remplace chaque jour davantage le rôle qu’assumait Bonne pendant la Guerre Froide, lorsque l’Allemagne fédérale alignait à elle seule plus de 1000 avions de combat F104 et F4 et plus de 2000 chars lourds Leopard et M48. Aujourd’hui, malgré un PIB d’à peine 600 Md$ pour une population de 38 millions d’habitants, à comparer aux 3.800 Md$ et aux 83 millions d’allemands, les armées polonaises alignent une centaine d’avions de combat F-16, Mig-29 et Su-22 (avec 32 F-35A en commande) 150.000 miltaires et 750 chars Leopard 2, PT-91 et T-72, avec au moins 250 M1A2SEPv3 en commande, contre 200 avions de combat Typhon et Tornado, 185.000 miltaires et 320 chars lourds, dont seulement une centaine sont considérés opérationnels, pour les forces allemandes.
Surtout, Varsovie n’entend pas se reposer sur ses lauriers, et veut continuer à soutenir l’effort entamé il y a une dizaine d’années de modernisation, effort largement teinté il est vrais d’une forme de standardisation des armées polonaises sur les modèles de l’US Army et de l’US Air Force, en faisant un ce sens un excellent élève dans le cadre de l’OTAN. Pour y parvenir, il est indispensable selon les autorités polonaises de disposer de crédits supplémentaires immédiatement, et non d’attendre que la croissance moyenne de l’économie du pays à 4% permette d’augmenter le budget des armées déjà à 14 Md$, soit 2,35% du PIB. Pour cela, Varsovie entend s’appuyer sur un mécanisme de financement comparable à celui mit en oeuvre pour faire face à la crise COVID dans le pays, à savoir un appel à l’épargne des polonais eux-mêmes, dans un fonds garantie par la banque nationale de developpement, la BGK, et le Fonds d’Etat FPR.
selon le ministre polonais de La Défense, Mariusz Blaszczak, cette approche, si elle créera évidemment de la dette souveraine, permettra aux autorités de garantir la sécurité des polonais, jugeant préférable aujourd’hui de « faire de la dette » que d’engager la sécurité de ses concitoyens. Il est vrai qu’avec un endettement de seulement 400 Md$, soit 60% du PIB au même niveau de l’Allemagne, la Pologne est loin d’égaler les champions européens dans ce domaine comme la Grèce avec 200% du PIB, l’Italie avec 135% du PIB, ou la France avec 100%, tous ces chiffres datant de 2019, soit avant la crise COVID. En outre, en procédant de cette manière, l’investissement destiné à la Défense est intégralement détenu par l’épargne des polonais, et non pas les marchés financiers, une manière de consolider le mécanisme de financement, ainsi que le lien entre les armées polonaises et la population du pays.
Cette manne financière devrait permettre, selon Mariusz Blaszczak, d’amener les effectifs des armées polonaises à 250.000 militaires, auxquels d’ajouteront 50.000 personnels de la garde territoriale. Varsovie disposera alors, et de loin de la plus imposante force armée en Europe, dépassant de beaucoup des pays beaucoup plus riches et beaucoup plus peuplés, comme l’Allemagne, l’Italie et la France. Comme quoi, quand on veut, on trouve des solutions. dans le cas contraire, des excuses suffisent …