Depuis la normalisation des relations entre l’occident et Pékin à partir de 1995, l’ile de Taïwan, autonome depuis 1949, et revendiquée par la République Populaire de Chine depuis cette date, rencontra des difficultés croissantes pour moderniser son outil de défense. En effet, les autorités chinoises surent parfaitement manier une très alléchante carotte, le potentiel économique chinois pour les entreprises occidentales, et un puissant bâton, la détérioration immédiate et sévère des relations diplomatiques et économiques, si un de ses partenaires occidentaux venait à intervenir dans la modernisation des armées taïwanaises. Cette stratégie s’avéra d’une extraordinaire efficacité, tous les partenaires traditionnels de Taiwan en matière de défense, dont la France qui vendit à l’ile des frégates et des mirage 2000 au début des années 90, tournèrent le dos à Taipei, au point qu’au milieu des années 2000, plus aucune pays européen n’acceptait de collaborer avec la nouvelle démocratie Taiwanaise sur des sujet de défense, alors qu’ils multipliaient les contrats défenses avec Pékin, à peine 15 ans après le massacre de la place Tien an men.
Même les Etats-Unis, pourtant partenaire traditionnellement impliqué dans la défense de l’ile, refusait alors de montrer de trop son soutien à Taipei, de peur de subir l’opprobre de Pékin. Sur toute cette période, l’ile autonome développa activement deux industries critiques pour sa défense face aux revendications chinoises, une industrie de défense de plus en plus performante pour satisfaire à nombre des besoins de son armées, et une très puissante industrie de conception et surtout de production de semi-conducteurs, au point de contrôler entre 40 et 90% du marché mondial désormais selon les secteurs. La situation évolua au début des années 2010, lorsque Pékin, devenu plus confiant dans son armée et dans son industrie de défense aillant par ailleurs largement profité de transferts de technologies européens et américains (et d’un espionnage industriel et scientifique très actif), commença à déployer de nouvelles bases militaires en Mer de Chine du Sud, une zone maritime revendiquée de longue date par les autorités chinoises selon la règle des « 9 traits ».
Dans le même temps, les revendications de Pékin concernant Taiwan devinrent de plus en plus pressantes, amenant les autorités de l’ile à accroitre leur propre effort de défense, et à entreprendre de moderniser ses forces armées. Le durcissement très net des relations commerciales et diplomatiques entre Washington et Pékin sous l’administration Trump, permit à Taipei de commander certains des matériels critiques qui lui faisaient défaut, comme des chars lourds Abrams, des avions F-16V, ou des missiles anti-navires Harpoon. En outre, le Congrès américain adoucit ses positions concernant l’exportation de certaines technologies critiques, comme dans le domaine des radars et sonars à bord de corvettes et frégates taïwanaises. Mais alors que la flotte chinoise ne cesse de croitre et de se moderniser, au point de venir tangenter la puissance navale américaine dans certains domaines, la défense de l’ile dans l’hypothèse d’une action amphibie menée par l’Armée Populaire de Libération, repose de plus en plus sur les capacités sous-marines de l’ile.
Résoudre ce problème était loin d’être simple pour Taipei. En effet, si les Etats-Unis pouvaient épauler l’industrie navale taïwanaise dans certains domaines comme celui des sonars ou des armes embarquées, les chantiers navals américains n’ont plus conçu de sous-marins à propulsion conventionnelle depuis plus de 60 ans, et l’essentiel des compétences dans ce domaine se trouvent désormais en Europe, ceux-là même qui sont les plus frileux à défier Pékin pour soutenir Taiwan. D’intenses négociations ont alors eut lieu en grand secret à l’automne 2019 en Europe entre les acteurs industriels et étatiques européens d’un coté, et les ingénieurs et négociateurs taïwanais soutenus par les Etats-Unis de l’autre, de sorte à permettre à Taiwan de s’appuyer sur des transferts de technologies limités mais cruciaux pour la conception de son programme de sous-marin d’attaque, sans que les Européens puissent être directement mis en cause par Pékin. Le fait est, ni la nature ni même la conclusion de ces négociations n’ont jamais été rendus publics.
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