Depuis que l’offensive russe contre l’Ukraine a débuté, le 24 février, un bras de fer tendu a opposé les soutiens les plus actifs de Kyiv, comme la Pologne, les pays Baltes ou la République Tchèque, aux plus circonspects, comme l’Allemagne, l’Italie ou la France, pour ce qui concerne le type de matériels qui pouvaient être envoyé par l’Occident aux armées ukrainiennes. Dans ce domaine, et quel que put être les positions de chacun, ce furent les Etats-Unis, et eux seuls, qui donnèrent le La concernant la nature des équipements pouvant être effectivement envoyés par les membres de l’OTAN, pour faire face aux armées russes. Il s’agissait initialement, pour Washington, de contrôler autant que possible une extension du conflit, ce qui provoqua, à plusieurs reprises, des frictions entre certains membres de l’alliance, comme lorsque Varsovie proposa d’envoyer ses Mig-29 sur une base américaine, pour qu’ils puissent être envoyés par la suite en Ukraine, ce que Washington refusa tout net.
La stratégie établie par les Etats-Unis et l’OTAN ne manquait pas de pertinence. Afin de limiter les risques de voir le conflit déborder des frontières ukrainiennes, mais surtout de faciliter le soutien et la formation des militaires ukrainiens, il fut décidé, au delà des équipements légers et pourtant forts efficaces comme les missiles antichars Javelin ou les missiles anti-aériens Stinger et Grom, de permettre aux pays ayant appartenu au Pacte de Varsovie de transférer leurs équipements lourds, comme les chars T-72, les véhicules de combat d’infanterie BMP-1 et 2, les canons automoteurs 2S3 ou les systèmes anti-aériens S-300, Buk et Tor, des équipements déjà en service au sein des armées ukrainiennes, et donc aisément pris en mains par les combattants. En outres, ces pays pouvaient transférer d’importants stocks de munitions pour ces équipements, d’autant que les Etats-Unis, mais également l’Allemagne et d’autres membres de l’OTAN, compensaient en parti ces transferts de matériels lourds comme de munitions par des équipements occidentaux, comme le char Leopard 2 ou le véhicules de combat d’infanterie Marder.
Après quelques mois de guerre, face à la raréfaction des systèmes d’artillerie d’ex-union soviétique au sein de l’OTAN, Washington autorisa l’envoi de nouveaux systèmes, de facture occidentale cette fois, mais en quantité limitée. C’est ainsi qu’entrèrent en service les canons CAESAR français, Pzh2000 allemands, Krab Polonais, ou encore le désormais célèbre système lance-roquette HIMARS américain, des équipements qui permirent aux ukrainiens de prendre l’ascendant dans les duels d’artillerie avec les armées russes et de détruire une grande partie de leurs lignes d’approvisionnement, et ainsi de mener plusieurs contre-attaques couronnées de succès dans l’Oblast de Luhansk et celui de Kherson. Pour autant, en dépit des réserves occidentales répétées depuis le début du conflit concernant la livraison d’armements plus lourds à l’Ukraine, il semble bien qu’une évolution sensible soit en cours dans ce domaine, comme le montre l’annonce faite par Washington concernant l’envoi prochain de batteries de missiles anti-aériens et anti-balistiques à longue portée Patriot, suivi par une annonce similaire venant de Paris et de Rome concernant des systèmes SAMP/T Mamba tout aussi performants, ainsi que les échos de plus en plus audibles concernant de possibles accords concernant la livraison de chars lourds comme l’Abrams américain, le Leopard 2 allemand, ou encore le Leclerc français.
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