A l’instar de la Loi de Programmation Militaire en France, La Stratégie nationale de sécurité nippone encadre l’effort de défense du pays sur une échelle pluriannuelle de 5 ans. Et comme pour la LPM, le document recouvre à la fois les aspects budgétaires, capacitaires, technologiques et même doctrinaux qui seront mis en oeuvre sur le quinquennat à venir. Traditionnellement, cet exercice, par ailleurs fortement contraint par la constitution nippone et en particulier son article 9 qui limite les prérogatives des forces d’autodéfense japonaises et lui interdit toute autre action que défensive, ne faisait pas l’objet d’âpres discussions au parlement, même si, sous la conduite de Shinzo Abe, certaines digressions furent consenties à la posture défensive traditionnelle nippone, comme par exemple la transformation des deux destroyers porte-hélicoptères de la classe Izumo en porte-aéronefs armés de chasseurs F-35B, une première pour la flotte nippone depuis la capitulation du 2 septembre 1945.
La nouvelle Stratégie Nationale de Sécurité, ou SNS, qui couvre la période 2023 à 2027, a été autrement plus débattue par la classe politique nippone, et par les parlementaires en particulier. En effet, répondant à l’ambition affichée par le premier ministre Fumio Kishida depuis son élection il y a un an, celle-ci constitue, en plusieurs aspects, une révolution capacitaire et doctrinale pour la défense nippone. Ainsi, elle prévoit des moyens largement accrus pour les forces nippones, avec un budget global sur 5 ans de 43.000 Milliards de Yens, soit 315 Md€, une dépense annuelle moyenne de 63 Md€ par an. Mais, comme ce fut le cas pour le budget des armées françaises lors de la LPM en cours, cette hausse ne sera immédiate mais croissante sur l’ensemble de la période, de sorte à atteindre, en 2027, un effort de défense annuel de 2% du PIB du pays, soit 100 Md€ par an, plaçant Tokyo au pied du podium mondial après les Etats-Unis (853 Md$ en 2023), la Chine (245 Md$ en 2023) et la Russie (125 Md$ en 2023).
Du point de vue doctrinal, la SNS 2023-2027 est en profonde rupture avec la posture traditionnelle de Tokyo dans ce domaine. En premier lieu, celle-ci autorise, pour la première fois, les forces d’autodéfense nippones (FADN) à disposer et employer des capacités de riposte capables de frapper le territoire d’un éventuel agresseur, dans le but annoncé, mais contestable, d’accroitre le caractère dissuasif des FADN. De sorte à respecter le cadre de l’article 9 de la constitution, l’usage de cette capacité de frappe de riposte a été strictement encadrée dans le texte, les forces d’autodéfense ne pouvant riposter que contre des cibles militaires, ayant ou allant frapper le territoire nippon, et ce de manière strictement proportionnée à la réalité de la menace ainsi qu’aux besoins opérationnels. En outre, le recours au principe de frappes préventives, comme c’est le cas par exemple de la Corée du Sud avec la doctrine 3 Axes, est strictement proscrit.
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