La préparation du budget annuel des forces armées américaines est une période très riche d’enseignements, permettant notamment aux 3 forces du pays, l’exécutif d’une part, le Congrès d’autre part, mais également les forces armées elles-mêmes, d’exprimer publiquement leur vision et leurs attentes pour l’année à venir et au delà, en terme d’investissements mais également de format et de stratégie. Si, durant les années 90, 2000 et 2010, les considérations de chacun étaient avant tout technologiques ou économiques, elles revêtent, depuis le début de la décennie, un nouveau caractère très appliqué, alors que les tensions avec la Russie, la Chine mais également l’Iran ou la Corée du Nord, ne cessent de croitre, et qu’un front unis de nations autoritaires les rassemblant pourrait bien émerger sous peu. De fait, là ou pendant plusieurs décennies militaires, sénateurs, représentants et membres du gouvernement américains se sont livrés des bras de fer pour déterminer dans quelle entreprise ou dans quel état investir les colossaux crédits du Pentagone, les sujets sont aujourd’hui beaucoup plus concrets, opérationnels et même directifs.
Après 30 années d’errance programmatique et des centaines de milliard de dollar évaporés en programmes avortés ou ratés, chaque dollar compte aujourd’hui au sein du Pentagone, pour soutenir en particulier le défi chinois. C’est ainsi que les 4 Armées ont entrepris de profondes réorganisations en vue de moderniser à marche forcée leurs unités, donnant naissance à de nouveaux programmes développés sur des calendriers extraordinairement courts (pour le Pentagone) comme le char léger Mobile Protected Firepower ou MFP dont la production a été lancée après seulement 5 années de complétion et de tests, un record pour l’US Army qui, ces dernières années, avaient plutôt tendance à vriller ses programmes. De même, les programmes NGAD de l’US Air Force et de l’US Navy, qui produiront d’une part un chasseur de supériorité aérienne qui remplacera le F-22 au début de la prochaine décennie, d’autre part un chasseur multi-rôle pour remplacer le Super Hornet à bord des porte-avions de l’US Navy sur un même calendrier, sont tout deux menés tambours battants, avec un agenda et un budget scrupuleusement surveillé notamment par le Congrès. Le fait est, s’il ne fallut que 30 ans à la Chine, entre 1990 et 2020, ses armées et son industrie de défense, pour rattraper les 30 années de retard technologiques et industriels qui étaient les leurs à la fin des années 80, les armées et les industriels américains, quant à eux, vont devoir absorber d’ici 2030, 30 années d’indigence programmatique, ce à quoi ils s’emploient désormais.
Pour l’US Air Force, la stratégie visée a été définie il y a deux ans par le général Brown, peu de temps après qu’il prit les rênes de la plus puissante force aérienne de la planète. Celle-ci reposait sur la modernisation des appareils de soutien, avec l’acquisition de nouveaux tanker KC-46A dans le cadre du programme KCx et de nouveaux appareils de veille pour remplacer les Sentry, la modernisation glissante de la flotte de transport et le production d’efforts importants pour developper de nouveaux équipements comme les drones de combat et les armes hypersoniques. La Force aérienne stratégique, elle, se renforcerait de l’arrivée d’un nombre confidentiel de nouveaux bombardiers furtifs B-21 Raider. Mais le sujet clé des années à venir, n’est autre que la modernisation de la flotte de chasse américaine. Ainsi, sa colonne vertébrale, à la fin de la décennie, sera bel et bien constituée de près d’un millier de F-35A qui remplaceront progressivement les A-10, ainsi qu’une partie des F-16 et des F-15E, alors que les appareils les plus modernes seraient, quant à eux, modernisés. Le nouveau F-15EX Super Eagle, qui devait initialement être commandé à 240 exemplaires, ne le sera finalement qu’à 80 unités, principalement pour remplacer le retrait des F-15C. Et enfin, le programme NGAD, qui s’il visait à remplacer le F-22 d’ici la fin de la décennie, sera de toute évidence un temps épaulé par ce dernier qui jouera très certainement les prolongations. Toutefois, le planning exact des retraits de service des appareils hérités, ou Legacy devices tels que désignés par l’USAF, n’était pas clairement défini jusqu’ici. C’est désormais chose faite.
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Très bonne idée de conserver les anciens appareils en réserve. Seront-ils en partie vendus à des pays alliés ?
Pas vraiment en réserve. La garde nationale vole beaucoup wt doit maintenir ses escadrons composés de réservistes prêts au combat. Un tiers des escadrons de combat US déployés en AS lors de Desert Strike étaient de la garde nationale.