Les simulations militaires de type wargame ont toujours été un outil précieux pour les états-majors, mais depuis le retour des tensions internationales, leur importance a considérablement augmenté en raison des évolutions géopolitiques en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Alors qu’il était admis dans les années 1990 qu’aucune puissance militaire ne pouvait espérer s’opposer militairement à l’Occident, la montée en puissance des forces armées chinoises, russes, iraniennes et même nord-coréennes oblige les états-majors à s’appuyer sur des simulations de plus en plus nombreuses et précises pour planifier leur propre montée en puissance et organiser leurs forces et moyens.
L’OTAN organise fréquemment des séances de simulation de type wargame pour l’aider à organiser son propre dispositif défensif. Toutefois, cet exercice souffre de plusieurs faiblesses. D’une part, il ne vaut que par la précision des modèles utilisés, qu’il s’agisse des simulations elles-mêmes ou des ordres de bataille effectifs. L’article d’Overt Defense de mars 2021 sur l’annihilation des forces polonaises en seulement cinq jours lors d’un wargame illustre bien les limites des modèles de simulation. Les performances réelles des forces russes en Ukraine ont montré qu’elles avaient été de fait sensiblement sur-évaluées par les modèles de simulation. Surtout, ces wargames sont principalement employés par des personnels ayant toutes la même formation et le même profil : des officiers des différentes armées occidentales. Il en résulte une portée et une efficacité limitées de ces exercices.
Il existe cependant une autre catégorie de personnels qui pourrait représenter une plus-value significative pour l’efficacité de ces simulations : les gamers. Ces derniers, pour qui le but est avant tout de gagner en se basant sur la simulation elle-même, et non sur ce qu’elle est censée simuler, proposent des approches parfois radicalement différentes de celles qu’emploieraient des militaires de formation, mais non moins efficaces, au contraire. Par ailleurs, ils jouent souvent plusieurs fois la même partie pour en étudier les variations et ainsi produire la conduite de jeu la plus performante. Dans un environnement numérisé, ils seraient alors en mesure produire de grandes quantités de données qu’une intelligence artificielle pourrait à son tour analyser, intégrer et optimiser, de sorte à prendre le relais et ainsi analyser de très nombreux scénarios pour produire des alternatives tactiques et stratégiques très efficaces et potentiellement inenvisagées pour les militaires de formation.
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Je suis peut-être dans l erreur mais :
Article intéressant mais je pense que le terme « IA » pourrait être remplacé par « machine learning ». Le terme « IA » est vendeur mais ne reflète pas la vérité technique.
Cordialement
En fait il y a les deux. Le Machine Learning pour assimiler, et l’IA pour l’analyse des données générées, car il ne s’agit pas que d’enrichir un « adversaire intelligent », mais bien d’analyser des données complexes (courants profonds etc..). Mais cela dépassait la portée de l’article lui-même.
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