Pourquoi, face la doctrine nucléaire russe, l’Occident est en nette infériorité en 2024 ?
Un récent rapport publié par le International Institute for Strategic Studies (IISS), analyse, de manière détaillée, la doctrine nucléaire russe aujourd’hui, en particulier en ce qui concerne l’emploi potentiel des armes nucléaires non stratégiques. Celui-ci met en évidence des différences, nombreuses et significatives, avec les doctrines occidentales, mettant l’Europe en situation de faiblesse, dans de nombreux cas, y compris dans l’assistance qu’elle peut porter à l’Ukraine.
Quels sont les piliers, aujourd’hui, qui façonnent cette doctrine d’emploi de l’arme nucléaire en Russie ? Pourquoi est-elle si efficace contre les pays occidentaux, y compris les États-Unis ? Et comment vient-elle menacer l’Ukraine et l’Europe ?
Sommaire
L’évolution de la doctrine d’emploi de l’arme nucléaire, de l’Union soviétique à la Russie
Durant la Guerre Froide, l’utilisation de l’arme nucléaire était omniprésente dans la doctrine soviétique. Pour cela, les arsenaux soviétiques disposaient d’une vaste panoplie de munitions nucléaires, allant de l’obus d’artillerie au missile balistique intercontinental, en passant par la bombe traditionnelle, la mine sous-marine et même l’obus de mortier. À ce moment-là, la doctrine russe considérait que l’arme nucléaire pouvait être employée à des fins tactiques, tout en gardant sous contrôle la possibilité d’une escalade stratégique.
Cette posture perdura jusqu’à la fin de la Guerre Froide, entrainant avec elle des dépenses hors de contrôle pour alimenter les arsenaux en armes et munitions nucléaires, et pour les maintenir en état, ce qui n’était pas toujours le cas.
Si la période ayant suivi la fin de la Guerre Froide, fut marquée par le retrait d’une majorité de ces systèmes d’armes, la Russie revint rapidement à une posture défensive qui faisait de l’arme nucléaire le pivot de ses capacités de dissuasion, sous l’influence des interventions occidentales contre l’Irak ou la Serbie, avec d’importants moyens de frappe de précision à longue distance.
De fait, dès le début des années 2000, et l’arrivée de Vladimir Poutine à la tête du Kremlin, des efforts significatifs furent consentis pour moderniser l’arsenal nucléaire et à usage mixte des forces armées russes.
À ce titre, nombre des munitions qui, aujourd’hui, font l’actualité en Russie, comme le missile balistique à courte portée Iskander-M, sa version aéroportée Kinzhal, les missiles de croisière Kalibr et Kh-101, et les missiles stratégiques RS-28 Sarmat et R-30 Bulava, trouvent leur origine ou leur point d’inflexion technologique et industriel, au début des années 2000.
L’armée russe s’entraine à nouveau à des scénarios incluant des frappes nucléaires depuis 1999.
Dans le même temps, l’utilisation de l’arme nucléaire, à des fins opérationnelles, fut à nouveau intégrée aux grands exercices annuels des armées russes, en particulier lors de l’exercice Zapad (ouest), qui se déroule tous les quatre ans, avec comme scénario un possible affrontement contre les forces de l’OTAN.
Le retour de l’usage simulé de l’arme nucléaire par les forces armées russes, intervint dès l’exercice Zapad 1999, et fut intégré à tous les exercices Zapad ayant suivi, mais aussi, à partir de Zapad 2013, dans les scénarios des autres grands exercices Tcentr, Kavkaz et Vostok (est).
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