Longtemps menacé, tant par les divergences d’attente entre les armées, et par les tensions concernant le partage industriel, le programme MGCS, qui doit permettre de remplacer les chars de combat Leopard 2 allemands et Leclerc français, autour de 2040, avait un avenir incertain, jusqu’à ce que les ministres de tutelle des deux pays, décident de le prendre en main, en septembre dernier.
Après que les armées des deux pays rapprochent leurs visions, en début d’année, concernant ce que devait être ce futur programme, il fallait, désormais, s’attaquer au point de friction le plus délicat, le partage industriel, alors que les tensions entre Rheinmetall et Nexter, avaient presque fait imploser le futur char européen.
Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, les ministres de la Défense des deux pays, viennent d’annoncer que cette étape, aussi décisive que difficile, venait d’être franchie, et qu’un accord avait été trouvé, concernant le partage industriel entre les différents acteurs industriels de ce programme.
Sommaire
Un programme MGCS à la trajectoire chaotique depuis 2015
Depuis son lancement, en 2015, le programme MGCS est passé par différentes phases, d’intensité variable. Après une entame modeste, il a connu un regain d’intérêt en 2017, devenant l’un des piliers de l’initiative d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel, pour donner naissance à l’Europe de la Défense.
Rapidement, cependant, des divergences sont apparues, d’abord entre les attentes des armées françaises et allemandes, puis dans le domaine du partage industriel, après que le Bundestag a imposé que l’Allemand Rheinmetall rejoigne le programme, en 2019.
Pendant plus de trois ans, le programme était alors resté presque en état de stase, faisant peser de sérieux doutes sur sa pérennité. Dans le même temps, la résurrection du marché du char de combat, amena l’industrie allemande à concevoir le Leopard 2A8, une évolution du A7 intégrant, notamment, un APS Trophy, faisant peser une nouvelle menace sur le calendrier du MGCS, initialement prévu pour 2035, et pouvant, de fait, cannibaliser le marché adresse du char allemand.
Début 2023, le programme était menacé, au point que même les industriels, et les militaires, semblaient excédés et parfois découragés, par le manque de progrès, alors que les tensions franco-allemandes commençaient à diffuser sur la scène publique.
Comme pour le programme SCAF qui, lui aussi, traversa une zone de forte turbulence, il fallut que les ministres français et allemands de la Défense, reprennent en main le sujet en septembre 2023, pour le remettre sur des rails. Quelques semaines plus tard, les deux pays annonçaient l’arrivée de l’Italie dans le programme, et début janvier, l’Armée de Terre et la Bundeswehr, parvenaient enfin à aligner leurs attentes, pour redynamiser le programme.
Un accord équilibré pour le partage industriel entre les industriels
Ne manquait plus, alors, pour le relancer et le sécuriser, qu’un accord concernant le partage industriel. C’est précisément ce à quoi se sont attelés Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées, et Boris Pistorius, son homologue allemand.
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