L’US Air Force anticipe une révolution de la guerre aérienne d’ici à 2050 (1/2)

Tout au long de l’année 2024, l’US Air Force s’est débattue dans d’impossibles arbitrages budgétaires, prise en étau entre un budget déjà très élevé et peu évolutif, l’exposition des couts de certains programmes comme le missile ICBM Sentinelle, et le financement des programmes CCA et NGAD. Et 2025 pourrait bien être encore plus difficile.

En effet, dans son récent rapport rendu au Congrès, le Département de l’US Air Force a détaillé la manière dont devrait évoluer la guerre aérienne d’ici à 2050, et le pas à franchir promet d’être monumental.

Selon les analystes américains, c’est la nature même de la guerre aérienne qui aura évolué dans les 25 années à venir, sous la pression de la Russie et surtout de la Chine, avec l’arrivée de nouveaux missiles antiaériens à très longue portée et de moyens de détection créant une Kill Web reposant en grande partie sur des moyens spatiaux, redessinant entièrement des concepts clés comme la supériorité aérienne, qui sera alors inaccessible.

Quelle est donc cette nouvelle réalité de la guerre aérienne anticipée par l’US Air Force aujourd’hui ? Sur quelles avancées technologiques repose-t-elle ? Et comment cette nouvelle donne va-t-elle transformer la guerre aérienne d’ici à 2050. Ce sont les questions auxquels nous tenterons de répondre dans la première partie de cet article.

L’US Air Force à la croisée des chemins en 2025

Si, en matière de programmation industrielle et technologique, les armées américaines ont rencontré d’importants vents contraires ces 30 dernières années, à grands renforts de dépassements budgétaires, de délais mal maitrisés et même d’échecs, l’US Air Force a semblé être la moins exposée des trois armées US, face à ces problèmes, jusqu’ici.

F-22 US Air Force
Le programme NGAD de l’US Air Force devait permettre de remplacer les F-22 actuellement en service

Ainsi, même si des programmes comme F-35 ou KC-46A ont, eux aussi, rencontrés leur lot de surcouts, de délais et de problèmes, la première force aérienne mondiale n’avait pas été exposée à des impasses programmatiques, comme ce fut le cas de l’US Navy avec les destroyers Zumwalt et les LCS, ou de l’US Army, avec les programmes successifs pour tenter de remplacer les M2 Bradley.

2024 aura profondément transformé ce bilan. En début d’année, il est apparu que le programme de missiles ICBM LGM-35 Sentinel, confié à Northrop Grumman, serait bien plus onéreux qu’anticipé, à 140 Md$, et non 79 Md$, comme anticipé. Le programme de bombardier B-21 Raider, également confié à Northrop, serait également plus onéreux que planifié, alors que le programme F-35A rencontrait de sérieuses difficultés pour atteindre le standard Block IV, et la pleine capacité opérationnelle.

Dans le même temps, l’un des programmes phares de l’US Air Force de ces dernières années, le chasseur de 6ᵉ génération Next Generation Air Dominance, ou NGAD, destiné à remplacer les F-22 Raptor, atteignait une échéance clé, avec l’attribution du contrat de conception, prévue pour la fin du printemps 2024.

Face aux arbitrages budgétaires nécessaires, le Secrétaire à l’Air Force, Franck Kendall, en lien avec le Chef d’état-major, le général Alvill, annoncèrent en aout, la suspension temporaire du programme NGAD, provoquant la stupéfaction de la communauté aéronautique américaine.

Il s’agissait, alors, de réévaluer l’ensemble des attentes vis-à-vis de ce programme très onéreux, dont chaque appareil devait couter presque 300 m$, face aux évolutions des besoins, ces dernières années, tout en conservant les crédits nécessaires pour le programme de drones de combat Collaborative Combat Aircraft, ou CCA, jugé prioritaire.

Anduril Fury programme CCA US Air Force
Présentation du drone de combat Fury d’Anduril Technologies pour le programme CCA de l’USAF

Visiblement, les conclusions de cette réévaluation ont été moins tranchées qu’on ne pouvait l’espérer. En effet, à l’issue de la victoire de Donald Trump en novembre 2024, Franck Kendall indiqua qu’il ne prendrait pas de décision concernant le programme NGAD, remettant à la prochaine administration, la responsabilité de cet arbitrage.

Depuis, de nombreuses hypothèses ont été émises, à ce sujet, allant de la poursuite pure et simple du programme, à son remplacement total par des drones de combat, en passant par des alternatives plus ou moins crédibles.

De fait, en ce début d’années 2025, l’US Air Force est dans un état Schroedingerien, impliquée potentiellement dans un programme d’avions de combat de 6ᵉ génération, sans que la poursuite et le financement du programme, pourtant présenté comme indispensable il n’y a que quelques mois de cela, soit assurés, alors que la Chine a, pour sa part, fait voler deux appareils de combat de prochaine génération, le 26 décembre.

La guerre aérienne en 2050 sera très différente d’aujourd’hui, selon un rapport de l’US Air Force remis au Congrès.

C’est dans de contexte qu’intervient le rapport transmis par l’US Air Force au Congrès, donnant la vision des experts militaires américains, sur l’évolution de la guerre aérienne d’ici à 2050. Pour beaucoup, ce rapport allait représenter un vibrant plaidoyer pour la reprise du programme NGAD, même s’il sera nécessaire, pour cela, de trouver 20 Md$ supplémentaires d’ici à 2030, pour la seule phase de conception.

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1 COMMENTAIRE

  1. Dans cette course aux missiles à très longue portée, oui, la guerre aérienne change de nature. Dans les espaces dit fluides, l’aviation garde une certaine pertinence. Dés que ça devient plus dense, je ne vois plus trop l’intérêt d’une aviation de combat. Pourquoi pas une force de missiles très puissante? Les avions permettent de porter des missiles. Ils offrent de la souplesse d’emplois. Mais qu’est-ce qui coûte le moins cher au kg d’explosif transporté? Nsp

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