E. Macron demande la mise à jour de la Revue Stratégique pour mai 2025 sous contraintes

À l’occasion des vœux aux armées, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé qu’il avait demandé l’actualisation de la Revue Stratégique 2023, celle-là même qui servit de référentiel pour la création de la LPM 2024-2030, au Secrétariat général du conseil de défense et de sécurité nationale (SGDSN).

Ce faisant, le président entame un processus qui devrait amener, rapidement, à l’augmentation des moyens alloués par la France à ses Armées et son industrie de défense, afin de faire face aux nouvelles évolutions géopolitiques, constatées depuis 2 ans.

Pour autant, de nombreux facteurs pointent vers une démarche sous contrainte pour la France et son président, alors que les exigences d’investissement au sein de l’OTAN, vont très certainement bondir sous l’impulsion de Trump et de certains européens, et que la question du financement reste pleine et entière.

Les limites de la LPM 2024-2030 apparaissent de plus en plus clairement aujourd’hui

En dépit de son ambition proportionnellement remarquable de la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, ses limites sont rapidement apparues, et ce, dès sa rédaction. Ainsi, de janvier 2023 à janvier 2025, Meta-defense a consacré presque une cinquantaine d’articles traitant de ce sujet, dont une vingtaine évoquant, précisément, les insuffisances qui apparaissaient.

Trump, Russie, Taïwan, Corée du Nord…: les paradigmes de la Revue stratégique 2022 mis en défaut après deux ans seulement

Ainsi, en février 2024, Meta-defense titrait : « Russie, Ukraine, États-Unis…: La Loi de programmation militaire française est-elle déjà obsolète en 2024 ?« , un article qui remettait en question les paradigmes de la Revue Stratégique 2023, qui servit de socle à la rédaction de la LPM 2024-2030.

RS-26 Oreshnik IRBM Départ
L’arrivée du missile IRBM oreschnik russe relance, de fait, une crise comparable à celle des Euromissiles, en 1983, en Europe.

En effet, se dessinait déjà, à ce moment-là, une accélération sensible des tensions mondiales, y compris en Europe, ainsi que le désormais probable, et même admis, désengagement américain du théâtre européen, inévitable que Donald Trump soit élu ou pas.

Depuis, la plupart des points avancés dans l’article, s’est concrétisée, avec un retour rapide de la menace nucléaire et stratégique en Europe, le désengagement des États-Unis qui, à présent, ne peut être évité, de nouvelles ruptures technologiques venues bouleverser l’équilibre des forces, et une France dont le poids international, et le rôle en Europe, s’est sensiblement dégradé.

En outre, des tensions se sont accrues sur la planète, et en Europe, avec des menaces croissantes venues de Russie, l’alliance militaire russo-coréenne, les exercices Joint Sword chinois autour de Taïwan, et bien d’autres, venant encore davantage détériorer le climat déjà tendu entre les grandes puissances.

Une LPM 2024-2030 taillée trop juste pour financer l’ensemble des programmes annoncés

À ce contexte plus évolutif qu’anticipé, s’est ajouté un défaut structurel de cette LPM 2024-2030, taillée au plus juste, pour y faire entrer l’ensemble des programmes strictement indispensables aux armées, dans un format reprenant celui défini par le Livre Blanc de 2013.

porte-avions nucléaire de nouvelle génération PANG
Le programme de porte-avions nucléaire de nouvelle génération est l’un des grands programmes clés de la LPM 2024-2030

Ainsi, alors que le format de certaines forces clés (Aviation de chasse, chars de combat, frégates de premier rang, sous-marins…) demeurait inchangé, il est rapidement apparu que ceux-ci ne permettaient plus de répondre à l’évolution des besoins et des menaces, face à des compétiteurs et adversaires potentiels, beaucoup plus engagés dans ces domaines.

Surtout, cette programmation ne donnait aucune flexibilité aux armées, pour répondre à l’urgence, en particulier pour ce qui concerne certains nouveaux équipements, évoqués de longue date sur ce site, ainsi que, beaucoup plus récemment, par les armées, comme les missiles balistiques tactiques, la guerre électronique ou le renforcement de la puissance de feu des unités navales. Même la dissuasion française, pourtant le pilier de la défense nationale, est aujourd’hui exposée à ces limites.

En d’autres termes, pour répondre à l’urgence et dégager les crédits nécessaires à cela, les Armées ont été contraintes, dès 2024, de cannibaliser d’autres programmes, moins visibles, mais tout aussi déterminants, entrainant des reports de livraison, des capacités d’entrainement réduites, et suscitant, à nouveau, des tensions d’arbitrage budgétaire entre les armées.

E. Macron veut une Revue Stratégique actualisée pour mai 2025, pour répondre à l’évolution des menaces et des besoins des armées françaises pour y faire face

Dès lors, l’annonce faite par le président Macron, d’une révision de la Revue Stratégique, d’ici au mois de mai, ne peut être que bienvenue, d’autant qu’en novembre 2024, nous titrions « La France n’a plus le choix ! Un nouveau Livre Blanc sur la Défense est indispensable en 2025« .

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