La dissuasion française va-t-elle s’étendre à la Pologne dès 2025 ?
Il y a tout juste cinq ans, le ministre des Affaires étrangères polonais, Jacek Czaputowicz, avait très sèchement rejeté la proposition faite alors par le président Emmanuel Macron, au sujet d’une extension de la dissuasion française à d’autres alliés européens.
Le ministre polonais, s’alignant sur les positions précédemment exprimées par le ministre de la Défense et le président polonais, avait même jugé que cette proposition française était « dangereuse », en particulier lorsque le président français avait avancé que les Européens se trouvaient à égale distance de Moscou que de Washington, alors que peu de temps avant, Mariusz Błaszczak, le ministre de la Défense, avait très clairement annoncé que la défense polonaise passerait par le rapprochement avec les États-Unis, dans les dix années à venir.
Cinq ans plus tard, le ton a radicalement changé, à Varsovie. Alors que les autorités polonaises avaient tenté, en 2022, de séduire Donald Trump en flattant son égo, en proposant de nommer la base américaine en Pologne « Fort Trump », voilà qu’elles sont en négociations soutenues avec Paris, pour être en mesure de signer un nouvel accord de Défense bilatéral entre les deux pays, après celui signé en 1991.
Et cette fois, selon la presse polonaise, le sujet au cœur des négociations, pourrait porter sur l’extension de la dissuasion française, à son allié polonais, qui pourrait devenir, en juin prochain, le premier pays européen à formaliser cette protection, face à l’imprévisibilité de Donald Trump et au désengagement américain du théâtre européen, dans les années à venir.
Sommaire
Le bouclier nucléaire américain a perdu son caractère dissuasif en Europe face à la Russie
Ce revirement peut s’expliquer par plusieurs facteurs concomitants, suceptible de créer le contexte favorable, pour lui donner corps. En premier lieu, le retour de Donald Tusk au poste de premier ministre, après sa victoire électorale lors des élections législatives d’octobre 2023, joue certainement un rôle déterminant à ce sujet, sachant que le président Duda, affilié au PiS, avait encore, il y a peu, fait acte de fidélité, envers Washington.

Ancien président du Conseil de l’Europe, l’homme politique polonais parvint à rassembler une majorité de coalition, rassemblant la plupart des partis d’opposition au PiS, allant de la Gauche (Lewica) à la Plateforme civique (PO) de centre-droit, pour être nommé premier ministre et former son gouvernement.
Ce faisant, l’exécutif polonais a, depuis novembre 2023, des positions beaucoup plus ouvertes vis-à-vis de l’émergence d’une défense Européenne, que précédemment, le PiS et Andrzej Duda, ayant tenu une ligne beaucoup plus atlantiste et pro-américaine, à ce sujet, jusqu’ici.
Dans le même temps, Varsovie, comme l’ensemble des pays Européens partageant une frontière terrestre avec la Russie ou la Biélorussie, s’estime à présent directement menacé d’une possible intervention militaire russe, d’ici à quelques années, en particulier une fois que la guerre en Ukraine aura pris fin.
Surtout, les positions prises par Donald Trump, depuis son retour à la Maison-Blanche, au sujet de l’OTAN, de l’Europe, de l’Ukraine, mais également de la Russie, ont d’ores-et-déjà remis en question la crédibilité d’une intervention militaire américaine, en soutien de ses alliés européens, en cas d’attaque de la Russie. Et si l’intervention conventionnelle américaine perd de sa crédibilité, on peut évidemment douter de la détermination de Washington à faire usage de ses armées nucléaires, face à la Russie, pour protéger ses alliés européens.

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Une MAJ sur cet article, Juin est passé et aucune nouvelle à ce sujet, les négociations ont échoué ?
Le débat sur la nécessité d’une dissuasion nucléaire devient publique dans les pays nordiques. On apprend dans l’article de Altinget que la Suède a été très proche de construire des armes nucléaires. Vu le danger (russe) qui pèse sur les états nordiques, leur richesse, leurs capacités techniques, leur pragmatisme et leur volonté farouche de ne pas subir je ne serai pas surpris qu’ils soient les premiers à franchir le rubicon.
https://www.altinget.no/artikkel/tidligere-utenriksminister-vi-trenger-en-nordisk-forsvarsunion-med-atomvaapen
Syujet abordé sur le Bluesky d’Eric Edamson https://bsky.app/profile/alanderminna.bsky.social/post/3lpbj7m4oic2k
Au risque de passer pour un mauvais coucheur, je ne partage pas l’ enthousiasme du rédacteur pour ce projet: je ne vois nullement l’ intérêt pour la France d’ un tel accord.
Le citoyen- contribuable français n’ a pas financé depuis le Général la dissuasion pour protéger d’ autres entités que la France et ses intérêts vitaux.
Il ne suffit pas d’ un faible mouvement de M. TUSK, très compréhensible du fait du discours trumpiste, pour faire oublier l’ attitude de la Pologne envers l’ Europe et la France depuis son entrée dans l’ Union européenne, d’ ailleurs dénoncée en son temps par le Président Chirac.
La Pologne n’ a jamais cache qu’elle cherchait des avantages financiers et commerciaux dans l’ Union européenne mais que pour la défense, elle ne faisait confiance qu’ à l’ Amérique
Il ne faut ni manquer de mémoire ni être naïf voire sot.
Il faut voir les faits: la Pologne achete américain et coréen, jamais français
Le bon vieux temps de l’ amitié franco polonaise est fini depuis bien longtemps et les souvenirs de De Gaulle â Varsovie en 1920 sont oubliés.
Il n’ y a rien à attendre de toutes les colonies américaines qui achètent du F35
A quoi sert il de rappeler avec justesse les incroyables agressions des USA contre la France de l’ Indochine aux sous marins australiens en passant par Suez pour être incapable d’ en tirer une conclusion logique?
Dés le prochain président démocrate ou dés la prochaine volte face de D Trump, la Pologne rejettera la France et ricanera
Et le Président Macron se fera ridiculiser de nouveau après l’ humiliation algérienne.
Cooperons avec l’ Inde, l’ Indonésie, l’ Égypte, les EAU, la Croatie, la Grèce, la Belgique ou les Pays Bas mais oublions le tandem germano- polonais qui ne nous veut aucun bien!
Bonjour,
Parler des 290 têtes nucléaires françaises qui pourraient atteindre toutes les grandes villes de l’adversaire n’est-ce pas oublier la défense anti-aérienne de celui-ci ? Si l’on tient compte de cette riposte, à combien évaluez-vous, dans le cas d’un adversaire russe, le pourcentage de projectiles arrivés au but ?
Bonjour,
on ne compte pas, ici, les 290 têtes, mais les têtes embarquées sur un unique SNLE, soit de 90 à 110, réparties sur les 16 SLBM M51.3. Chaque tête est intégrée à un véhicule de rentrée atmosphérique autonome et manœuvrant TNO, disposant de contre-mesures, et évoluant autour de Mach 10, ce qui rend leur interception par les systèmes antibalistiques presque impossible. Seuls quelques systèmes comme le A235 peuvet espérer pouvoir intercepter le missile avant la séparation des TNO, mais les probabilités sont très faibles, et le nombre de ces missiles très onéreux, est très limité (quelques dizaines réparties autour de Moscou et de Saint-Petersbourg). Tout comme les SM-3 des deux systèmes AEGIS ashore de l’OTAN, en Pologne et en Roumanie, ou les futurs Arrow-3 allemands, ces systèmes ne protègent pas contre les missiles stratégiques ICBM et SLBM. Les russes n’ont pas de capacités efficaces pour contrer une frappe menée par un SNLE à la mer, de même type. Personne ne l’a, et c’est le fondement même de la dissuasion d’ailleurs.
Bonjour Mr Wolf, j’entends parfaitement tous les avantages de l’extension de notre dissuasion à d’autres pays. Cependant, j’imagine que cela va faire courir un risque substantiellement supérieur à la France, celle ci devenant en première ligne pour tout conflit impliquant un pays « sous notre protection ». In fine, en cas de conflit majeur, nous serions rayés de la carte soit par une attaque préventive, soit par une contre attaque de l’adversaire. Les français sont ils prêts a disparaitre pour une attaque sur un pays balte par exemple ? Pensez vous qu’une consultation populaire soit justifiée pour valider ce changement fondamental ou que la décision de notre président est suffisante ?
Bonjour Mr Wolf
Vous évoquez à plusieurs reprise dans vos articles le besoin d’étendre les moyens de la dissuasion française. Il serait pertinent de détailler votre pensé.
Par exemple il me semble que la France a démantelé sa filière d’enrichissement militaire de l’uranium.
Combien de temps serait donc nécessaire pour étendre ces moyens avec de nouveaux snle, missiles et têtes nucléaires ? Et combien de moyens vu que la question semble posée
Il me semble qu’il y a une petite faute de frappe sur la troisième ligne… ça doit être due au traducteur automatique 😉
実際、これは、とりわけ核抑止力の分野を含め、米国の保護ではなく自らの資源に安全保障の基盤を置くヨーロッパの出現に向けた最初の柱となるだろう。
Par ailleurs, le nom des contributeurs est lui aussi traduit, ce qui donne des noms amusants en polonais. Faites gaffe à ce que vous écrivez, l’audience est mondiale!
J’avais déjà remarqué la traduction de mon patronyme, par le traducteur automatique. Après, je ne peux que m’appuyer sur les retours que l’on peut me faire, en dehors des langues que je maîtrise (anglais, allemand et russe). Mais si j’en juge par les abonnements venus de l’étranger, il semble que l’IA en charge des traductions soit d’assez bonne qualité, même si des erreurs et contresens sont inévitables.
Cela devrait encore s’améliorer dans les années à venir.
C’était une boutade, je ne parle pas japonais… 🙂 J’étais surpris de l’étendue internationale!
En gros, les consultations internationales représentent 35% de l’audience du site, et 15% des abonnés. Les pays les plus représentés, en dehors des francophones (Belgique, Suisse et Canada), sont l’Allemagne, l’Italie, le Japon (si si, le Japon), les Pays-Bas et les pays scandinaves. Il y a d’ailleurs plusieurs entreprises européennes, notamment allemandes, qui ont des abonnements premium.
« Avec 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, dont trois sont potentiellement déployables et armés simultanément, avec 16 missiles balistiques SLBM chacun, et deux escadrons de frappes stratégiques transportant le missile de croisière ASMPA-R, la France dispose d’une puissance de feu stratégique suffisante pour tenir en respect la menace Russe, quel que soit le périmètre à défendre. »
Bien d’accord.
La dissuasion nucléaire, lorsqu’elle est indéfectible et claire, protège le pays en envoyant un message sans ambiguïté : « Si tu nous touches, il n’y a pas de retour en arrière. » C’est une barrière psychologique immense qui dissuade les attaques, car l’adversaire sait que même une agression conventionnelle peut déclencher une riposte nucléaire. Cela force l’agresseur à réfléchir à deux fois avant de faire le moindre geste. Quand l’agresseur potentiel sait qu’il n’y a pas de “gradations” possibles, qu’il ne peut pas « tester » sans risquer de tout perdre, il choisit souvent de ne pas agir. La force de la dissuasion réside dans cette volonté de fer, et cette absence de compromis.
Elle protège, car elle évite les conflits en amont, avant même qu’ils ne commencent, simplement par la crainte de ce qui peut suivre.
Je pense qu’il ne faut pas disperser ses ressources dans des matériels de combats inutiles. l’Ukraine avec la bombe atomique qu’elle avait en 1989 n’en serait pas là si, par un moyen ou un autre, elle l’avait conservée. Je sais que c’est une discussion, mais sur le principe, ce n’est pas contestable. Si une coopération polono française peut définir des limites intangibles, ce ne peut être que bon dans la situation actuelle.
Maintenant, je maintiens que la solution inacceptable pour les usa d’une europe de l’Atlantique à l’Oural était l’avenir de notre continent en 90/91. Ils ont tout fait pour l’empêcher!
Repose en paix Général 🙂
😊je n’ai jamais voté pour le mouvement gauliste. Même au référendum de 69. Ce que je regrette. Non pas pour le départ de de Gaule, mais l’échec de la réforme. Maintenant quand le soleil brille, c’est idiot de dire que le ciel est couvert. Cordialement.
le sens de mon intervention était de dire qu’il pouvait reposer en paix parce qu’il avait tout compris avant les autres 🙂
Bonjour Fabrice. Nous vivons une période de changements géopolitiques radicaux comme nous n’en n’avions pas connus depuis 1989 !! J’ai le sentiment (ou l’envie pour être tout à fait objectif…) que cela finira par se faire. J’espère que nos politiques et hauts fonctionnaires sauront monnayer ce parapluie. J’ai lu quelque part que l’Allemagne serait endettée à hauteur de 80% de son PIB (62% actuellement) si elle avait investi autant que la France dans sa défense depuis 20 ans. Le premier ministre polonais a dit récemment qu’on était dans une situation incohérente puisque prés de 550M d’européens, demandaient à 350M d’américains de les protéger contre 140M de Russes. Il serait donc temps que l’Europe prenne conscience de son potentiel de puissance et l’assume. Espérons que tout ça se concrétise, et on pourra vraiment dire que la Russie de Poutine aura eu tout faux sur tous les plans.
bonsoir mr Andrieu, je suis content de voir que je ne suis pas le seul à oser parler de la monetisation de notre dissuasion auprès de nos alliés. j’ai essayé de lancer les ujet à plusieurs occasions mais ai été snobé ? que l’on partage le parapluie français, oui nous sommes tous européens et confrontés au même problème. mais pourquoi devrions nous avoir porté pendant 60 ans les couts de recherche et de fabrication de ces moyens et en faire partager gratis tout le monde. le problème que les US nous reprochent (enfin surtout à nos alliés) c’est d’être protégés gratuitement à leur compte. ne pas partager la charge financière (en partie passée et future) serait repartir dans le même shéma. donc c’est un problème qu’il faut traiter dès le départ pour ne pas aaprtir sur de mauvaises bases.