Une opportunité unique pour un second porte-avions français se dessine à présent
Depuis bientôt 25 ans, la question d’un second porte-avions pour la Marine nationale revient régulièrement dans le débat stratégique français, sans jamais être véritablement tranchée. Le besoin, lui, ne fait pourtant guère débat : un seul bâtiment, fût-il à propulsion nucléaire, ne peut garantir ni la permanence à la mer, ni la réactivité stratégique d’un groupe aéronaval. Depuis le retrait du Foch, en 2000, les marins français connaissent trop bien les contraintes opérationnelles d’un format monobloc.
Et pourtant, de LPM en LPM, le dossier a été repoussé, relégué, puis laissé en jachère. Aujourd’hui encore, alors que le programme PANG est lancé, rien n’indique qu’un second bâtiment — plus léger, complémentaire — soit envisagé. Tout se passe comme si le débat était clos par défaut, sous prétexte d’une impossibilité budgétaire ou industrielle.
Mais un alignement inédit de circonstances pourrait bien rouvrir le jeu. À quelques jours d’intervalle, l’Italie puis l’Espagne ont annoncé leur intention de concevoir, à moyen terme, un véritable porte-avions. Si aucune coopération n’a encore été évoquée, cette convergence capacitaire ouvre une fenêtre stratégique inespérée.
Car au-delà du partage des coûts, des compétences ou de l’infrastructure industrielle, elle offre à la France une voie de sortie concrète pour relancer la dynamique du second porte-avions, dans un cadre européen, pragmatique, structurant et surtout abordable.
Sommaire
Le second porte-avions français, une nécessité repoussée pendant 25 ans
La construction d’un second porte-avions nucléaire de la classe Charles de Gaulle était prévue dès le lancement de la conception du navire, au début des années 1980. À ce moment-là, il fut même envisagé, un temps, d’en construire non pas deux, mais trois, dans le cadre du programme PH75.

Cependant, alors que la construction du premier porte-avions nucléaire français débutait en 1987 à Brest, le programme fut rapidement rattrapé par l’effondrement du bloc soviétique, deux ans plus tard, et l’avènement d’un monde désormais considéré comme “post-menace”, à partir de 1991. Pour autant, ni le président François Mitterrand, jusqu’en 1995, ni Jacques Chirac après lui, ne lancèrent la construction du second navire — alors même que l’outil industriel de Brest se retrouvait déjà menacé par l’absence de nouvelles commandes majeures.
Avec le retrait du service du porte-avions Clemenceau en 1997, puis celui du Foch deux ans plus tard — vendu au Brésil où il deviendra le São Paulo — le besoin d’un second porte-avions devint un sujet récurrent dans le débat stratégique français. En effet, un porte-avions, fut-il à propulsion nucléaire, ne peut, dans le meilleur des cas, assurer une posture opérationnelle que 40 à 50 % du temps, en raison des besoins de maintenance, des indisponibilités programmées pour entretien et réparations (IPER), ainsi que des cycles d’entraînement et de qualification.
Pourtant, sur fond de “bénéfices de la paix”, Jacques Chirac repoussa la décision concernant un éventuel sistership du Charles de Gaulle à son successeur, à partir de 2007. La gestion chaotique de la planification militaire sous Nicolas Sarkozy, puis l’absence d’élan stratégique sous François Hollande, ne permirent pas davantage de relancer le programme. Tous deux restèrent convaincus que le Charles de Gaulle suffisait aux besoins de projection de puissance de la France, dans un monde alors considéré comme relativement stable.
Au-delà de 2015, alors que le Charles de Gaulle avait déjà quinze ans de service actif, la question d’un second porte-avions ne se posait même plus. L’outil industriel brestois, en particulier, avait été largement redimensionné, voire amputé, faute de charge publique suffisante.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)
ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.
Droits d'auteur : La reproduction, même partielle, de cet article, est interdite, en dehors du titre et des parties de l'article rédigées en italique, sauf dans le cadre des accords de protection des droits d'auteur confiés au CFC, et sauf accord explicite donné par Meta-defense.fr. Meta-defense.fr se réserve la possibilité de recourir à toutes les options à sa disposition pour faire valoir ses droits.
Très intéressante cette analyse sur l’opportunité de déboucher sur un second porte avions. Mais la question est de savoir si nous aurons les moyens de financer la;construction du PA NG. Les derniers événements politiques nous dirigent vers un déficit public de 175 milliards en 2025, autant en 2026 et 2027. Soit près de 500 milliards de plus d’endettement à l’échéance de la prochaine élection présidentielle. Peut-on raisonnablement croire qu’avec un tel niveau prévisionnel il y ait encore la place pour financer le PA NG ? J’en doute de plus en plus. Et j’en veux pour preuve le fait que la commande du PA NG n’a toujours pas été formalisée. D’ailleurs, M. Wolf, avez-vous des informations sur l’avancement de ce dossier au ministère du budget ?
Petite remarque quand même d’un point de vue RH, l’opération d’un PA et la phase de transition avec le PA NG va déja etre tres compliqué, alors ajouter un (ou deux) de plus va être très difficile pour avoir la main d’œuvre compétent (encore pire si c’est aussi nucléaire) , c’est quand même 2000 personnes à bord…
bonsoir, non pas spcialement, le pang est prévu pour être tres automatisé et l’équipage ne « grossira » pas à part évidemment les pilotes et mécaniciens embarqués. par contre vous avez raison si l’on devait repasser à 2 ou 3 (ce qui n’a jamais été le cas) ce serait une autre histoire et cela devrait être prvu au moins 5 ans avant.
Bonjour,
l’équipage réel du Charles, hors aéro, est plus prêt des 1500 personnes.
Toutefois, sans fantasmer sur un 3ème PA, je ne pense pas que la constitution d’un deuxième équipage soit très problématique pour la bonne raison que le Charles et la PANG vont belle et bien coexister pendant au moins 2 ans. C’est à dire pendant la période d’essai et de mise au point du PANG.
En effet la marine nome ses commandants et le premier noyau d’équipage dès la mise à l’eau des nouvelles coques y compris et surtout les spé nucléaire.
Cette équipage va s’étoffer au fil du temps.
Les vrais éléments à former sont les effectifs du pont d’envol (300 environ)
Le reste, cuistos, sécurité, pompier, médicals, buanderie, logistique, sont des spécialités transférable d’autres affectations ( terre ou mer).
Donc comme d’hab c’est juste une question d’argent.
Le raisonnement est logique et pragmatique, mais peu probable compte tenu de l’historique et du fait qu’ils n’achèteront jamais des Rafales. Unpartenariat avec l’Inde ne serait-il pas plus profitable et réalisable ?
Ils construiraient les coques, la France apporterait le design. Les systèmes d’armes et la propoulsion nucléaire pourraient être réalisés en partenariat avec les Indiens pourquoi pas, et quelques Rafales supplémentaires dont l’Inde est déjà équipée. Question coût ce serait difficile de faire mieux.
Je n’y crois pas du tout pour plusieurs raisons :
Les intérêts économiques des pays Européens sont trop prégnants en l’absence d’une gouvernance Européenne unique.
La fierté de chacun des pays ne permet pas de promouvoir le plus compétent.
Les intérêts Américain sont suffisamment important en Europe pour qu’ils fassent tout pour na pas laisser les Européen s’émanciper de leur tutelle.
Article sympa a lire mais un peu dans la fiction quand même……
Une alliance navantia fincantieri NG est même pas de l’ordre du fantasme tellement leurs relations sont compliquées.
Avec Navantia c’est tribunal et defence de droit sur l’escroquerie des soum et avec les Italiens c’est coup bas et concurrence carnassière et assujetissement aux ricains….
J’arrive pas a voir une co-entreprise de ces trois la pour un P-A…….
me too, mêmes suspicions légitimes ?
apres réflexion je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas fabriquer nos coques nous mêmes. st nazaire à prévu un créneau de 7/8 mois pour sortir la coque du pang. ensuite il sera remorqué pour l’armement. toulon à lancé la construction de la nouvelle forme d’entretien du pang, puisque l’actuelle sera trop courte. l’armement peux tres bien se faire dans la forme d’entretien et il suffit de bien programmer le tout dans le calendrier de st nazaire. d’ailleurs qui nous dit qu’il y aura toujours autant de paquebots à construire dans 8/10 ans. au moins au niveau commerce extérieur on creuserai moins le trou ? question à 10 balles les ritals (comme les deucths) ils nous ont achetés quoi pour nous remercier de leur faire contruire les BRF ? qui à la réponse ? je suis preneur, je suis pas tout toujours !
Bonjour, oui effectivement l opportunité semble se profiler et il est à noter que L Espagne montre une attitude très différente de celle qu on lui connaît, pas de soumission à Trump, pas de 5,% de PIB pour la défense, pas de f35, etc…mais quid de l accompagnement de ces unités car chaque PA dispose de navires de surface mais également et de préférence des SNA , il faut les mettre dans l équation ;; mais si on arrive à trouver un accord concernant ces équipements de premier plan, ce sera historique.
Tout dépend de la manière dont vous utilisez vos pa. Madrid et Rome les utilisent comme unité de contrôle d’espace naval, dans une posture relativement statique, et avant tout en Méditerranée ou à proximité relative, pas en projection de puissance longue distance comme les usa, les français et les Brit’s. Donc la protection peut s’effectuer par des SSK.
heu question ils vont à quelle vitesse déjà les SSK, parce que quand tu lances sur un PA, tu met vent debout, pleine vitesse et il n’y a que les SNA qui arrivent à suivre l’allure, et encore ?
Bonsoir, les 12 SNA prévus par le RU doivent , j imagine, servir également l Australie donc il vont êtres over bookés ; les seuls à faire des SNA c est naval group sachant qu ils peuvent également fournir une gamme très performante de conventionnels sur base Barracuda ; une bonne opportunité pour nous d acquérir au passage 2 bateaux de classe Suffren.
Mais pourquoi Madrid et Rome devraient ils continuer avec la même approche pendant des siècles ? Evidemment qu’ils doivent s’équiper chacun avec 4 SNA en plus de leur flotte de sous-marins classiques…-
Je note (quand même) avec un malin plaisir que pour une classe de navire (un « asset » comme on dit de nos jours) particulièrement décriée et critiquée, tout le monde en veut. Italie, Espagne, Turquie, Brésil, Chine (qui rattrape son retard), Indonésie, Inde (qui cherche à avoir un PA CATOBAR) … Ça fait du monde dans la boucle.
Quand bien même certaines questions doivent être posées au sujet des vulnérabilités et des moyens de les contrer, il faut croire que la balance coût-bénéfice penche du côté des porte-avions.
C’est évidemment une approche pragmatique mais en prenant un peu de recul, vu le coût et la durée de vie d’un porte avions, on pourrait être un peu plus ambitieux.
– 2 PANG de 78 000 tonnes pour la France, 1 pour l’Italie, 1 pour l’Espagne. (design français)
– 2 porte-aéronefs d’assaut amphibie (avec 1 catapulte notamment pour drones voire Rafale) de 42 000 tonnes pour la France, 2 pour l’Allemagne, 1 pour l’Italie, 1 pour l’Espagne. (design essentiellement italo-espagnol avec appui français)
Tout le monde y trouve son compte y compris au niveau coût avec un effet de série, et on dispose d’un capacité européenne cohérente et performante sur le long terme : une force de frappe dissuasive de 4 vrais porte-avions et 6 groupes aéronavals/amphibies polyvalents. Idéalement l’Allemagne pourrait changer sa culture stratégique et entretenir 2 PANG « européens » en coopération avec les pays du Benelux (le Luxembourg serait sûrement fier de fournir une paire de flottilles de Rafales) mais n’en demandons pas trop…
c’est noel ?
Et pourquoi pas? Avec le pognon de dingue gaspillé dans le « quoi qu’il en coûte » on pouvait très bien financer un programme de 2 PANG, un réel investissement à long terme. C’est une décision politique, on ne peut pas vouloir sécuriser nos flux d’approvisionnement et mettre en œuvre des moyens insuffisants. Quant aux espagnols et italiens je les voyais avec une paire de porte-aéronefs, mais si ils envisagent maintenant des porte-avions autant payer un peu plus et disposer d’un effet de série et de synergies pour la maintenance grâce au design français… Si on veut se spécialiser dans la projection il faut un peu d’ambition.
je pense qu’avec le « quoiqu’il en coute » on aurait pu en construire au moins 50 unités, ce qui nous aurait fait engranger des Mds de taxes.. apres je ne suis pas sur que l’on ai les équipages et la place à toulon pour les ranger, faudrait que cela navigue, il n’y a pas la place sur coffre, bougre de diou
L’Allemagne ne peut pas, constitutionnellement, se doter d’un navire d’assaut ou d’un porte-avions. Donc l’hypothèse est à écarter. Après, on en revient strictement à l’hypothèse étudiée dans l’article : un porte-avions moyen, doté ou non de catapultes, de brins d’arrêt selon les besoins de la Marine cliente. Il ne faut pas penser une coopération en matière de porte-avions comme une unique classe, mais comme une base commune pour la création de trois classes adaptées aux besoins des partenaires.
Je pense qu’il faudrait être un peu plus ouvert d’esprit et proposer des solutions certes ambitieuses mais de bon sens. L’Allemagne a le droit d’evoluer meme si je le considère comme peu probable. Si on envisage les situations internationales possibles à horizon 15-20 ans le format proposé est pertinent. Je trouve complètement stupide de créer 3 classes différentes alors qu’on peut standardiser le design et partager l’industrialisation. Je suis très sceptique sur le format PA de 40-50 0000 tonnes compte tenu des besoins futurs : chasseurs lourds, drones etc… Il vaut mieux voir un peu plus large et disposer de navires performants. Pour les missions plus légères des porte-aéronefs amphibies avec pont droit, une catapulte et un radier sont plus polyvalents et suffisants avec des drones de combat voir une petite dizaine de Rafales…
C’est pas pragmatique c’est juste pas connaitre le sujet donc du coup c’est plutot utopique.
Renseignez vous sur les relations Navantia/fincantieri/NG
Ne peut on pas également répartir les couts fixes de conception du P.A.N-G sur la construction de plusieurs coques aménagées chez les partenaires indiens , indonésiens ou bresiliens de Naval Group?
La France se reserverair la propulsion nucléaire , les systémes de détection et l’ armement.
Je n’y crois pas . Cela fera comme pour le SCAF avec la rivalité Airbus Allemagne vs Dassault. Fincantieri voudra piloter tout le programme en tant que « best athlete »
On pourrait le leur laisser. Après tout, on leur commande déjà une partie des BRF.
Après, reste l’épineuse question de la propulsion : nucléaire ou conventionnelle ? (avec les rédimenssionnements nécessaire du train logistique si l’option conventionnelle est retenue).
Si nucléaire : on est les seuls à maîtrise et on a déjà les K-22, c’est un module que la France pourrait fournir.
Les Italiens et/ou les espagnols fournissent la coque et l’un des deux développe des EMALS.
ET chacun équipe ses bateaux avec les suites radars et EM de son cru.
Sur le papier, ça fonctionne, en réalité, on va se heurter au mur de la gouvernance et l’affaire sera politique sur un tel programme. C’est pour ça que je ne suis pas optimiste.
tout à fait d’accord avec vous, d’autant plus que fincantieri n’a jamais fabriqué de PA catobar et c’est un peu comme s’ils voualient nous dire comment on fait des soum nucléaire.
Je m’interroge sur une capacité non étudié en parlant du rafale M. Il n’est étudié que le scenario de configuration CATOBAR. Hors il a démontré dans la compétition indienne une très bonne capacité en configuration STOBAR. Même si pour le kuznetsov cette configuration est un aveux de faiblesse de l’incapacité soviétique dans la conception de catapulte, est ce que cela ne pourrait pas être une alternative plus économique au niveau européen, avec l’espagne et l’Italie qui maîtrises parfaitement la technique du tremplin, surtout avec l’arrivée du rafale F5 et de son nouveau moteur T-REX
Merci d’avance pour votre réponse
C’est évoqué indirectement dans l’article : la configuration STOBAR entrave l’utilisation de drone de combat et de Hawkeye, pas de Rafale M. Pour autant, même si le décollage sur tremplin est possible presque à pleine charge pour le Rafale, il va consommer beaucoup plus de carburant durant cette phase qu’un simple catapultage. Donc, si l’on veut vraiment une permanence de la capacité du groupe aérien embarqué, la configuration catobar doit être privilégiée. D’ailleurs, meme les brits prevoient de poser des EMALS et des brins sur les queen elizabeth pour les drones.
L alternative vient également des usa avec GE Power conversion et les catapultes EMCAT et EMKIT ,ex société francaise converteam (dommage d’ailleur la vente de cette société a moins rapporté a Alstom que l’achat des 2 Emals pour le Pang). Ces nouvelles catapultes sont celles etudiees par les anglais pour leurs PA
Franchement que dire de plus , respect pour la clairvoyance de cet article dont nos décideur feraient bien de s’inspirer , très sincèrement bravo M. Wolf !
bonsoir fabrice, je vous lis mais je ne sais si j’ai bien compris votre analyse. nous concevons un modèle de PA de 65000 tonnes ensembles pour amortir les couts. est ce NV qui conçoit seul et ensuite navantia et fincantieri qui construisent les coques pour avoir une répartition de la charge, ou la conception est faite à trois. si on part sur la conception pour le best athlete (NV) il y aura réellement des baisses de couts,si c’est à trois cela ne sert à rien ! cela donnera le même modèle que le scaf ou tout le monde veut diriger, sans avoir les compétences requises. quand à concevoir nos catapultes je ne pense pas que cela poserai un réel problème technologiques à nos ingénieurs.
L’idée de déléguer la partie lourde la contruction d un PA aux italiens parait interessante, envisager un PA capable d’accepter le NGF Navalisé semble tres optimiste car on depasserait allegrement les 50000T. Par contre un PA stobar type indien avec brins d’arret pourrait accepter le Rafale F5 (entre autre) , et puis voir avec l’italie la capacité a adapter un AW609 pour en faire une version de surveillance aerienne serait un super challenge (peut etre un radar globaleye qui est plus etroit)