[Analyse] Nouvelle alerte sanitaires pour l’Ajax britannique, après quelques semaines de service

Le ministère britannique de la Défense a suspendu l’emploi des véhicules blindés Ajax après qu’environ trente militaires aient présenté des symptômes attribués au bruit et aux vibrations lors de l’exercice Iron Fist sur Salisbury Plain. Une pause opérationnelle de deux semaines a été décidée et des suivis médicaux ont été engagés. L’épisode intervient dans une trajectoire déjà longue, avec un risque auditif identifié dès 2018, des suspensions d’essais en 2020 et 2021, et des hospitalisations signalées à l’été. Le calendrier a glissé tandis que la capacité opérationnelle initiale, Initial Operating Capability en anglais, est désormais visée en novembre 2025.

À ce stade, 165 véhicules ont été livrés sur les 589 commandés au sein d’une famille de six variantes. La question est préoccupante, puisque des symptômes réapparaissent alors même qu’un jalon politique majeur est proche et que l’architecture industrielle nationale a été mobilisée. La santé des équipages, le respect d’un calendrier contraint et la viabilité industrielle se trouvent désormais entremêlés. Les arbitrages à venir devront concilier correction technique, continuité capacitaire et préservation d’une supply-chain défense déjà engagée à grande échelle.

Le véhicule de combat blindé Ajax, entre ambition modulaire et calendrier non respecté

Le programme est né du choix britannique, effectué en 2010, d’un blindé dérivé de l’ASCOD 2 pour constituer une famille de reconnaissance et d’appui. Ce socle industriel et capacitaire a été renforcé par l’exigence d’assemblage national. Ainsi, l’Ajax a été dérivé de l’ASCOD 2 et retenu en 2010, tandis que l’implantation à Merthyr Tydfil structurait l’amont industriel. La trajectoire devait initialement être rapide, avec une première mise en service attendue en 2017, avant que la réalité technique et budgétaire n’impose une révision profonde.

L’échéance a en effet dérivé à plusieurs reprises, avec un jalon désormais fixé à novembre 2025 pour la capacité opérationnelle initiale, capacité dite IOC, et un total de 165 véhicules livrés à ce stade. Cette situation est documentée, comme le rappelle le site américain The War Zone, et elle matérialise un glissement qui dépasse la seule tenue des essais. La question n’est pas seulement celle d’un calendrier, elle touche à l’aptitude même du système à tenir ses promesses en environnement opérationnel.

Ajax British Army
Véhicule de combat et de reconnaissance blindé AJAX de la British Army

La famille comprend six versions, dont la reconnaissance armée équipée d’un canon télescopé de 40 mm, avec une architecture numérique et des capteurs avancés destinés à accroître la connaissance de la situation. Cette diversité est censée couvrir la reconnaissance, le transport protégé, la réparation, la récupération, le poste de commandement et le génie. The Defense Post rappelle cette palette, qui illustre l’ambition initiale d’un système modulaire capable d’épauler les formations lourdes et de répondre à des environnements d’emploi variés.

À l’arrière-plan, un débat stratégique persistant accompagne le programme depuis 2021. Le Royal United Services Institute, organisme de réflexion britannique, résumait le dilemme en des termes limpides. « RUSI a résumé la problématique en se demandant si le véhicule pouvait être réparé et s’il valait la peine d’être sauvé. » Ce constat, posé tôt, éclaire les arbitrages actuels, puisqu’il pose simultanément la question technique et la question d’opportunité, au moment où l’IOC est affichée comme jalon politique fort. 

Suspension immédiate après l’exercice Salisbury Plain, symptômes liés aux vibrations

La décision immédiate a été d’interrompre l’emploi des Ajax pendant deux semaines après qu’environ trente militaires ont signalé des symptômes de bruit et de vibrations à l’issue d’un exercice sur Salisbury Plain. Les personnels affectés avaient passé entre dix et quinze heures à bord. La très grande majorité est désormais médicalement apte, tandis qu’un noyau reste suivi de manière spécialisée. Le média déjà cité, The War Zone, en rend compte et illustre l’activation de mesures conservatoires dès l’apparition d’alertes sanitaires.

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