La France s’enorgueillit, depuis les années 60, de disposer d’un format d’Armées globales, lui conférant un vaste potentiel d’action sur la scène internationale. Et en effet, les armées françaises disposent d’une panoplie de capacités qui, aujourd’hui, ne sont détenues que par les superpuissances mondiales chinoise et américaine, avec son porte-avions et ses sous-marins nucléaires, ses forces de projection de puissance, et surtout sa dissuasion à deux composantes.
Toutefois, alors que les budgets ont été lourdement contraints depuis la fin des années 90, et le début des bénéfices de la Paix, les Armées françaises, comme l’industrie de défense nationale, ont dû se spécialiser dans certains domaines, sans jamais, cependant, renoncer à ce format global, dont le paradigme demeure très ancré dans la classe politique nationale aujourd’hui.
Alors qu’une séquence historique s’ouvre à présent, en France et en Europe, pour l’avenir des armées et de l’industrie de défense, avec la publication de la Révision 2025 de la Revue Stratégique 2022, et le sommet de l’OTAN de La Haye, tous deux devant aboutir à l’annonce d’une hausse sans précédent de l’effort de défense français et européen, il semble nécessaire de s’interroger, objectivement, sur le bien-fondé de ce dogme, au regard de l’évolution de l’équation stratégique européenne et mondiale.
Le format d’Armées globales représente-t-il toujours un intérêt stratégique pour la sécurité de la France, et pour que le pays puisse préserver son rang sur la scène internationale ? Quels sont les domaines d’excellence des Armées françaises, si celles-ci devaient se spécialiser ? Et quelles seraient les conséquences d’une telle spécialisation sur la sécurité et l’autonomie stratégique française et européenne, et sur l’industrie de défense nationale ?
Sommaire
Le format global des Armées françaises, hérité du Gaullisme
Depuis la crise de Suez, en 1956, la France s’est engagée dans une trajectoire propre, en matière de défense, réduisant bien plus que ses alliés européens de l’OTAN sa dépendance à la protection des États-Unis.

Cette trajectoire a été encore accentuée, et bordée, avec l’arrivée du Général de Gaulle à la tête de l’État, en 1958, ce dernier accentuant les investissements et le volontarisme national pour se doter d’une capacité militaire globale, disposant notamment de sa propre dissuasion, et d’une industrie nationale capable de soutenir cette indépendance, afin de pouvoir “Choisir nos guerres, et les gagner”, selon ses propres mots.
Ainsi, lorsque Paris annonça son retrait du commandement intégré de l’OTAN, sans quitter l’alliance politique, en 1966, les armées et l’industrie de défense françaises étaient prêtes à donner au pays, à ceux qui le dirigeaient, une capacité de défense globale, capable d’intervenir aussi bien en Europe, face au Pacte de Varsovie, qu’en Afrique, pour protéger le Tchad des attaques libyennes, ou dans le Pacifique, l’océan Indien et Atlantique nord et sud.
Ce format d’armées globales est devenu, depuis, un marqueur clé des objectifs politiques en matière de défense, ainsi que des investissements nationaux dans ce domaine, créant au passage une spécificité française sur la scène internationale, qui faisait jeu égal, en termes d’autonomie, avec l’Union soviétique et les États-Unis, dans un grand nombre de domaines.
De l’armée globale à «l’armée d’échantillons»
Pour parvenir à cet objectif, avec des moyens représentant l’équivalent de 10 à 12 % des budgets soviétiques et américains en matière de défense, Paris, ses Armées et ses industriels durent faire preuve d’une très grande ingéniosité.
C’est ainsi que la France s’est spécialisée, dans les faits, dans la conception d’armements performants, mais sensiblement plus légers et économiques que leurs homologues américains, avec un AMX-30 40 % plus léger et moitié moins cher que le M-60, un Mirage III deux fois plus léger et trois fois moins onéreux que le F-4 Phantom, ou un sous-marin nucléaire d’attaque Rubis, 65 % plus compact et léger, et quatre fois moins cher que les Los Angeles américains.

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Bonjour,
D’abord félicitations pour vos articles pertinents et tous les commentaires.
Je ne comprends pas :
On passerait de 2% du PIB aujourd’hui à 3,5% en 2030, soit + 75% en 5 ans, et on ne serait pas capable avec cela d’avoir à terme en 2035 + 50% en quantité de munitions, matériels, et équipements pour 2035 ?
Soient par exemple (en maintenant ou en renforçant à minima la composante terrestre puisque l’Allemagne et la Pologne formerait un « glacis » dans ce domaine) :
– dissuasion nucléaire et son ajustement pour « couvrir » l’UE et l’Europe libre : +10%.
– + 100 avions de chasse et tout ce qui va avec. +30% (projection et défense).
– + 100 batteries de défense aériennes pour couvrir le territoire et les 8500 cibles potentielles et qq milliers de drones. +1000% (défense anti-aerienne efficace et contre offensive de saturation).
Ok ici très gros effort
– + 80 000 tonnes (+20%) avec plusieurs bâtiments de combats de haute mer (projection et défense du vaste domaine maritime (je ne parle d’un 2iem pan, trop vulnérable par rapport au gain stratégique et opérationnel
Merci.
Si cette augmentation est effectivement actée, les possibilités seront considérables, pour l’extension des armées françaises.
Toute la question, cependant, est de mettre en regard ces investissements, du modèle de soutenabilité budgétaire, qui lui, repose sur les exportations.
Déjà, nous savons que la dissuasion sera une « perte nette », pour les équilibrés budgétaires, par rapport à des équipements pouvant être exportés.
La question est donc de savoir s’il est pertinent de se spécialiser, tant pour concentrer nos investissements vers les domaines les plus efficaces, militairement parlant, face aux menaces, que pour sécuriser, autant que possible, le retour budgétaire lié à l’exportation, là où nos chances sont les plus élevées. Ou s’il est préférable ou nécessaire de maintenir un format d’armées globales, pour répondre à l’ensemble des hypothèses de menaces, et pour maintenir une BITD, elle aussi, globale.
J’avoue ne pas avoir la réponse. Mais l’article donne les arguments rarement considérés en faveur de la spécialisation, puisque l’inertie nous pousse déjà vers les armées globales.
Je rejoins complètement cette idée de spécialisation, en partant d’un point de vue plus historique. Dans toute notre histoire c’est la première fois que nous disposons d’une réelle profondeur stratégique à l’Est (sauf peut-être sous l’Empire, mais il ne fallait pas vouloir envahir la Russie…). En effet, l’ennemi continental terrestre potentiel le plus proche est à 1200 km de l’Alsace (frontière polono-biélorusse). Si on ajoute à cela notre dissuasion à double composante qui fonctionne c’est tout de même pas mal. Pour caricaturer à l’extrême, et provoquer un peu : nous ressemblons stratégiquement pour la première fois à une certaine île voisine.
Cette profondeur nous permet d’envisager, pour la première fois sereinement, de développer un outil de projection à l’échelle mondiale, en lien avec les anglais (et les espagnols, italiens et Grecs en méditerrannée, dont toutes les îles sont européennes sauf Djerba). Cette projection que nous avons tentée aux XVIIe et XVIIIe siècle et que nous n’avons pu soutenir en parallèle des guerres européennes. Cette projection a deux espaces privilégiés : l’Océan Atlantique qui est globalement contrôlable et contrôlé par des pays européens (la quasi totalité des îles hors caraïbes sont européennes) et ce d’un pôle à l’autre ; la zone indo pacifique ou il ne reste plus que des possessions françaises (à l’exception de Pitcairn dans le Pacifique, les Chagos venant d’être rendues à Maurice), pour certaines stratégiquement situées (canal du mozambique par exemple).
Dans ces conditions, nos intérêts (protection des outre-mers, défense de la ZEE, flux commerciaux, lutte contre l’immigration illégale, les trafics de tous types…) rejoignent l’opportunité de notre situation stratégique. Ceci entraîne en conséquence fortement vers la spécialisation dans les domaines évoqués dans l’article (naval, aérien, nucléaire, spatial, renseignements), tout en conservant un capacité de projection correcte (ça ressemble beaucoup à l’armée anglaise de ces derniers siècles tout ça).
Bonjour Ludovic, pourtant notre CEMAT déclarait récemment que l’armée de terre attirait a peine plus d’un candidat par poste pour les MDR.
ttps://www.opex360.com/2023/09/19/general-schill-larmee-de-terre-attire-a-peine-plus-dun-candidat-pour-un-poste-de-militaire-du-rang/#:~:text=Selon%20la%20dernière%20revue%20publiée,5%20candidat%20pour%20un%20poste.
il faut séparer les sujets
1) pour la réserve, il y a effectivement un afflux de volontaires (15,000 sur les 3 premiers mois de 2025), ce qui dépasse de loin les capacités d’incorporation et les besoins des armées -> frustration liée aux délais
2) par contre, pour l’active, le probleme est inverse : le nombre de candidats est trop reduit, ce qui oblige les armées à soit, baisser les exigences de recrutement, soit accepter de ne pas atteindre les objectifs annuels
bonsoir à tous et toutes, s’il y en a qui nous lisent. si vous me dites il faut ramener la marine française à un niveau , qui nous permette de faire valoir notre point de vue et défendre nos intérêts sur la planete, en tant qu’ancien de la royale, je dis BRAVO. en effet depuis maintenant une trentaine d’années on demande à notre marine de défendre le deuxième territoire marin mondial avec 15 frégates, dont 5 n’ont de frégate que l’allure (merci à nos chers gouvernants depuis 1990) au bas mot, pour être serieux , il en faudrait le double, dont 5 ou 6 basées en permanence dans le pacifique et l’océan indien. mais bon faisons avec ce que l’on nous donne hein ? mais même à défendre mon arme de prédilection, je n’en suis pas moins ancien frère d’armes des traines savates, à qui je porte un respect certain pour avoir fait le coup de feu avec eux ! donc si vous me dites, que par économie et que nos chers amis allemands (qui n’ont pas participé à quelque engagement sérieux depuis 1945) doivent prendre l’ascendant dans la partie mécanisée ,cela me fout un peu le bouilli ! à ce que je sache nous sommes nation cadre sur le flan est, en roumanie, et devont être capable d’engager une brigade mécanisée en moins d’un mois ? ce n’est pas avec nos leclercs rénovés que l’on tiendra longtemps , soyons sérieux. nous avons besoins de 200 à 300 chars, moyens, modernes et avec une protection active hardkill. ne venez pas nous dire qu’avec 100Mds euros de budget annuel , nous ne serions pas capable, d’avoir une marine forte, une armée de l’air toute aussi garnie et une armée de terre avec deux brigades blindées . de toutes façons les annonces allemandes et polonaises vont se heurter au mur RH comme partout. c’est bien de ranger du matériel en ligne, cela fait joli, mais il faut le faire tourner et savoir s’en servir. donc n’allons pas perdre de un notre tradition de la cavalerie mécanisée, chere à De GAULLE, et perdre aussi notre savoir faire dans les blindés moyens, que nous avons su préserver jusqu’ici. nous avons assez abordés toutes ces problématiques avec leurs solutions possibles, dans d’autres articles, et je ne vois pas le cheminement recherché, sauf à vouloir encore faire plaisir politiquement à certains, qui eux ne feront comme d’habitude aucun effort de leur côté. je sais cela va encore vous énerver, vous me direz que je ne suis pas un européen convaincu (ce qui est faux) et que chacun doit faire des concessions, et que nous n’avons pas les moyens des allemands. mais enfin les concessions c’est toujours Macron qui les fais. il a choisit l’airbus A221 comme remplaçant de l’atlantique 2, en pensant que les allemands reviendraient sur le choix du boing. bilan vous nous dites qu’ils vont reprendrent du boing en plus. resultat des courses 1 teirs de notre avion sera fabriqué en allemagne, sacré calcul, m’étonne pas qu’il est bouffé 1000 Mds en 8 ans ! bon tient on pourrait se dire, vu que le programme de guerre des mines que l’on mène avec la belgique et les pays bas,marche bien ils vont nous en commander, (au moins les coques), que dalle ils vont vite en dévellopper un autre pour essayer de nous couper l’herbe sous les pieds. soyons sérieux et ouvrons les yeux enfin, avant qu’il ne soit trop tard ?
Au regards de la situation internationale et du potentiel industriel français et avec un peu d’intelligence, il est tout à fait possible de decider d’avoir une marine solide, une armée de l’air correctement dimensionnée et un noyau de dissuasion conventionnelle (intervention rapide et modeste corps mecanisé). Je trouve cet article très radical pour les forces terrestres, et en contradiction avec celui du 3 février qui me semblait assez pertinent mais un peu excessif dans l’autre sens: « Dans ce contexte, l’Armée de terre aurait tout intérêt à s’inspirer de l’organisation qui était la sienne au milieu des années 80, avec une FAR professionnelle, un corps de manœuvre reposant, cette fois, sur la Garde nationale, et proportionné à la menace (80,000 h vs 300,000 h en France, 1,5 m vs 6 mh en Union Soviétique/Russie). Elle devrait, enfin, reconstituer une DOT sur la base d’une conscription choisie, tant pour ressusciter la defense conventionnelle ultime du territoire, que pour former et alimenter la garde nationale, voire une partie des effectifs d’active, en effectifs formés. »
Bonjour Fabrice, c’est toujours un plaisir de lire vos articles et les commentaires souvent judicieux mais pour changer de modèle d’Armée ( lourd ou léger et réactif ) il faut bien entendu de l’Argent mais surtout des hommes, les Italiens se réarment aussi mais n’auront pas assez de monde pour utiliser le potentiel de leurs Acquisitions ( cf déclaration du CEMAT italien ) idem pour les Anglais ou les Allemands…
Une Armée c’est avant tout des hommes, motivés et entrainés.
« Le suicide » démographique de l’Europe et le désintérêt de la jeunesse pour la défense de la Patrie ( mais ce n’est pas leur faute vu que ça fait 40 Ans qu’on leur dit que ce n’est pas beau d’Aimer leur pays ) laisse augurer de très grosses difficultés de recrutement.
l’armée est complètement débordée par les volontaires se présentant pour la réserve
Il n’y a jamais eu autant de jeunes interessés pour entrer dans l’armée ( le problème est que souvent ils restent pas = manque de moyen et situation bofbof au quotidien )
Donc non c’est vraiment que dans votre esprit cette vision de la situation
oui je vous comprend ludovic. le problème aujourd’hui les jeunes voient l’armée avec les yeux des fims et autres niaiseries qu’ils ingurgitent à longueur de temps sur les réseaux. alors se lever à 6.00, alors faire le footing, avant 7.00, lever de drapeaux, petit dej rapide, entrainement harassant, dehors par tous les temps et peu de reconnaissance (1 matinée par an le 14 juillet) tout cela pour un salaire pas top au début, on est loin des 35 heures, qu’ils trouvent déjà dures. pas étonnant qu’il y en ai 30% qui dégagent dans les premieres semaines. on les élèves dans le coton (bio bien sur) et après on s’étonne qu’ils soient tous mous. heureusement qu’il y en a encore qui relevent le niveau et méritent notre estime. mais bon c’est pas gagné…
il n’est pas inintéressant de caricaturer un peu pour pousser à la réflexion, mais cela me semble vraiment excessif.
Oui, ce n’est pas le rôle et l’intérêt de la France de developper de vastes forces blindées-mécanisées à projeter sur un potentiel front de l’est. Oublions les MBT de plus de 60 tonnes et les divisions blindées â 20 000 hommes.
Mais parmis les avantages comparatifs de la France il y a aussi sa gouvernance, avec un Président de la république qui permet une forte réactivité. Que ce soit en Europe de l’est ou ailleurs la France doit pouvoir mettre en œuvre rapidement une dissuasion conventionnelle credible avec le volume d’un corps d’armée agile de réaction rapide relevable une fois via la réserve : 1 brigade blindée mécanisée à chenille de classe 48tonnes, 2 brigades mécanisées à roue de classe 32 tonnes, 1 brigade motorisée de réserve. Des moyens européens peuvent utilement s’y agréger si les parlements concernés y consentent.
En amont ou en parallèle la France doit pouvoir déployer en urgence une brigade mediane solide de classe 16/32 tonnes engerbant un ou 2 régiment d’urgence para ou montagne. (donc 4 brigades médianes à 2 régiments d’infanterie et 1 régiment de cavalerie, en plus de la brigade de montagne et de la la brigade para qui fournissent chacune 4 GTIA à dominante infanterie)
Et bien évidemment cela nécessite des capacités maritimes et aériennes significatives et des capacités C4I solides. La dissuasion reste un complément nécessaire mais non suffisant à assurer la securité du pays.
Il faut vraiment prendre du recul et arrêter de se focaliser sur le dernier exemple de conflit (Ukraine) alors que le prochain défit existentiel sera peut-être en Afrique du nord, en Afrique, au moyen-orient, en Grèce ou dans les détroits du pacifique… D’ailleurs la structure proposée est intemporelle et aurait très bien convenu à la guerre froide avec une proportion plus forte d’appelés à la place des réservistes et des « divisions » (fort légères) de l’époque à la place des brigades.
Je m’étonne des arguments que vous avancez, car, a bien y regarder, ils vont justement dans le sens d’une spécialisation de la France, et en particulier de l’Armée de terre, vers des moyens plus légers, hautement réactifs et déployables sur un préavis court -> projection de puissance.
Après, sans avoir la réponse, je me pose question de ce qui participerait davantage à la sécurité de la France, entre une brigade mecanisée supplémentaire, et un second groupe aéronaval complet, sachant que sur 30 ans, les couts sont les memes ? Ou entre une brigade mécanisée, et 4 escadrons de Rafale + un escadron de ravitailleurs.
Du point de vue de la sécurité « territoriale » de la France, j’avoue que je vois mal en quoi disposer de quelques brigades de plus changerait la donne stratégique, sachant que pour arriver jusqu’à nous, en venant de l’est, il faudra vaincre les 18 brigades polonaises et au moins autant de brigades allemandes, sans parler des autres. Si quelqu’un y arrive, ce ne sont certainement pas 2 ou 3 brigades mécanisées qui changeront quoi que ce soit.
Cela posé, que va-t-il le plus manquer, au flanc est européen, pour est dissuasif ? Je dirais du renseignement, des capacités de frappes dans la profondeur, de la supériorité aérienne, et la capacité de s’assurer du libre- accès aux ports européens, en toute sécurité. Ainsi qu’une capacité de reaction très rapide, avec des delais de déploiement de quelques jours, pas de quelques semaines.
Et que va -t-il manquer à la France pour preserver ses interets, au-delà du front européens ? des caapcités de projection de puissance navales, aériens et amphibie/aéroportés.
Je peine sincérement à imaginer un scénario dans lequel nous arriverions à la conclusion qu’il nous manquerait deux ou trois brigades blindées/mecanisées, pour protéger nos interets, dans le contexte stratégique pouvant être anticipé, dans les 15 ans à venir.
J’apprécie beaucoup votre site et la richesse de ses analyses, mais sur le long terme je conserve l’impression que 1/ vous avez tendance à défendre un jour une option puis le lendemain son contraire 2/ que les propositions avancées souvent ambitieuses font un peu trop souvent l’impasse sur la nécessité de choix budgétaires.
Je comprends que c’est pour stimuler la réflexion et mais cela reste déroutant.
De mon côté je m’attache à enrichir et consolider progressivement une vision cohérente.
Je suis bien d’accord sur le nécessité d’une spécialisation autour de la projection de puissance et réaction rapide.
Mais cela n’annule pas la nécessité (comme vous l’avez souvent très justement démontré) de disposer d’un modeste noyau de forces conventionnelles solide et résilient y compris pour démontrer notre solidarité aux polonais qui ne disposent pas d’armes nucléaires et dont je ne suis pas certain qu’ils pourront compter sur un déploiement rapide de forces allemandes (qui ne disposent pas d’armes nucléaires). La simple existence de ce petit corps d’armée capable de durer représenterait une forme de dissuasion conventionnelle qui en fera réfléchir plus d’un. Je prends bien en compte aussi le besoin de mettre en œuvre des blindés chenillés plus légers aptes à la projection, sachant que des forces extrêmement légère sont par définition plus vulnérables.
Au final je n’ai pas l’impression que 4 brigades polyvalentes à roue de 32 tonnes, 2 brigades blindées chenillées de réserve de 48 tonnes, quelques brigades motorisées de réserve représente quelque chose de démesuré pour compléter 4 « demi » brigades de projection renforcées de paras et troupes de montagne…
Vous avez largement démontré en long, en large et en travers que les aspects budgétaires peuvent être optimisés (réserve, coopérations pertinentes, mixte high-low tech, retour budgétaire…), et l’on parle enfin de budget à 3,5% du PIB ou plus, donc je vous fait confiance pour nous permettre de financer ces fort modestes capacités terrestres pour faire face aux imprévus.
Votre remarque sur le fait que je puisse « défendre des points de vue différents voire opposés », selon les articles, mérite un eclaircissement.
En effet, c’est parfaitement voulu ! Je m’explique :
l’objectif que je poursuis, avec Meta-defense, n’est pas de faire un site d’opinions, ni de devenir un gourou de la défense. En d’autres termes, je ne cherche pas à atteindre « la verité », si tant est que ce soit possible.
En revanche, je cherche systèmatiquement à creuser les analyses contradictoires, surtout pour eviter d’entrer dans les biais de confirmation et des certitudes, qui sont légions dans la défense, y compris (en particulier), auprès des journalistes et analystes.
Est-ce que je souhaite que la France achete des Panther ou des Leopard 3 ? sincèrement, qui cela interesse, ce que je pense ou souhaite ? En revanche, quand vous posez la question, vous aurez des dizaines de réponses dogmatiques dénuées de toute reflexion. C’est un peu comme le système d’évacuation de l’eau des crocodiles : on a toujours fait comme ca, donc pourquoi se poser la question ?
or, c’est précisement en ne se remettant pas en question, que l’on perd, il suffit de regarder Sedan, Dien Bien Phu, ou le Têt.
C’est en étant bardé de certitude que l’on conçoit le F-104 et le F-105, qu’il faut par la suite remplacer d’urgence.
Donc, l’objectif visé ici, est de developper chez le lecteur/abonné, cette necessaire nuance indispensable pour aborder les sujets de défense, qui fait souvent defaut (et qui explique, souvent, les commentaires assassins sur les RS, des non abonnés qui jugent l’article sans l’avoir lu, voir sans avoir compris son objectif).
Donc oui, il est très possible que dans un article, je défende la necessité de developper le Leclerc Evo, ou l’EMBT, et dans un autre, que j’interroge la pertinence meme de disposer d’une composante char. Précisement pour qu’a la fin, vous puissiez, vous, faire vos abritrages, en propre, et surtout pas en vous laissant influencer.
Pour faire simple, c’est un peu le principe du 10eme homme évoqué dans World War Z : si 9 personnes disent la meme chose, la 10eme doit d’obliger à penser différement, et à l’expliquer.
Ah ben oui, on a les références que l’on peut ))
Merci Fabrice, j’avais bien compris et j’apprécie justement cette logique du 10ème homme, toutefois cela me semble nécessaire d’expliciter cette approche et ce concept de temps en temps pour éviter tout malentendu. Ce qui est clair pour les articles l’est parfois moins pour vos commentaires aux commentaires : échange-t-on avec le 10ème homme qui explicite et défend la position de l’article ou avec Fabrice qui prend du recul sur le sujet et a probablement un début de conviction ? Ou peut-être parfois un peu les 2? Quoi qu’il en soit votre blog de qualité contribue à stimuler la réflexion, à enrichir ma vision holistique des enjeux de défense et à ajuster progressivement le modèle d’armées qui m’apparaît pertinent au regard des enjeux actuels et prévisibles dans les années à venir.
Sauf que vous proposez de supprimer purement et simplement le segment blindé lourd. Il faut donc nous garantir que la France n’en aura jamais besoin…
Je partage toute votre analyse sur le fond. Le tempo technique s’accélère et des puissances nous défient, alors que les armées françaises sortent péniblement de leurs torpeurs budgétaires. On entre dans une période compliquée dans laquelle il faudra faire des compromis qui passeront ça et là par des capacités militaires dégradées et des abandons de certaines compétences industrielles jugées non indispensables ou facilement récupérables.
Dans ce contexte, le segment blindé lourd n’est clairement pas une priorité. Mais de là à faire disparaître des compétences opérationnelles et techniques exclusives !
Avec du courage et de la persévérance, on passera cette période difficile. L’intégrité des armées françaises et l’indépendance de la France seront saufs, tandis qu’on aura épongé les bien mal nommés « dividendes de la paix ».
Quand tu sais faire la guerre, tu a juste besoin de matos fiable simple et résistant. En mode GTIA, une brigade mobile avec un bon appuie feu et aérien démontent n’importe quelle division de char.
Y a qu’a voir la brigade Anne de Kiev en Ukraine qui s’en sort extrèmement bien sans tout ce que vous citez.
Si depuis des 10 aines d’années, nos valeureux militaires ont choisi ce mode de dévellopement c’est pour s’adapter a la contrainte budgetaire oui mais pas seulement !!
Je suis d’accord avec Fabrice, une spécialisation light @ commando + appui c’est destructeur
On ne le rappelle jamais assez mais sur un champ de bataille c’est 10 % des soldats qui causent 90% des pertes énemies
L’appui-feu et le soutien aérien ne sont pas garantis… Et la brigade mobile sous le feu des drones FPV et de l’artillerie adverse? Le raisonnement est intéressant mais quelle organisation des forces et quels matériels?(des griffons tout juste bon à véhiculer des troupes motorisées?) Et peut-on faire confiance à nos voisins européens pour s’aligner sur nos objectifs stratégiques? Si une allemagne dirigée par l’AFD trouve un compromis avec une Russie agressive? Que deviennent les polonais? Il faut un minimum d’équilibre dans l’approche pour pouvoir faire preuve d’un leadership, d’une certaine agilité stratégique et contribuer à dissuader les adversaires potentiels, on ne peut pas mettre tous les œufs dans le même panier.
Vous formalisez une analyse que je partage. Appuyons nous sur notre point fort – la réactivité et la capacité de projection. Ainsi, l’ADR peut constituer une QRF européenne, le temps de mettre en ordre de marche les corps de bataille polonais et Allemand.
Le seul problème est qu’on est très proches de ce format déjà, et je ne suis pas sur que l’abandon des forces terrestres lourdes dégage suffisamment de gains pour financer les besoins identifiés.
Ce n’est pas tant dans l’idée de liberer des ressources existantes que d’éviter de disperser de nouvelles ressources à venir, qui doit être pris en compte, ici…
Même avec +75% d’effort de PIB, (de 2 à 3,5% ) en 5 ans ?
Article un peu long, ce qui explique qu’il m’a fallu 1 jour 1/2 pour le sortir… navré )
bonjour fabrice, ne vous excusez pas, nous sommes tous humains et pas toujours au top de nos capacités tel que nous le souhaiterions. nous aprécions vos articles en général assez fouillés et générateurs d’intérêt, ce qui donne parfois des avis divergents ! mais si tout le monde était d’accord on se ferait Ch… sur terre, n’est ce pas ? continuez à décortiquer l’actualité défense et à nous régaler.