On peut vraiment s’interroger sur les objectifs poursuivis par les Etats-Unis vis-à-vis de l’OTAN. En effet, alors qu’Ankara signait un accord de cessez-le-feu avec Moscou et que le président Erdogan soulignait la profondeur de la coopération turco-russe, et déployait un milliers de militaires des forces spéciales pour empêcher les réfugiés tenants de passer en Grèce d’être refoulés par les autorités grecs, James Jeffrey, le haut représentant des Etats-Unis pour la Syrie, appelait officiellement les Européens à adopter une position plus conciliante vis-à-vis de la Turquie. Ce dernier a en outre appelé les européens à déployer des unités pour accroitre la sécurité des forces turcs, à l’image de la batterie Patriot Espagnole déployée sur la base aérienne OTAN d’Incirlik, en argumentant sur le rôle prépondérant qu’a joué la Turquie dans la lutte contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a lui aussi souligné le rôle essentiel de la Turquie dans la stratégie défensive de l’Alliance, et lui aussi, a souligné le rôle d’Ankara dans la lutte contre Daesh. Pourtant, ce soutien à bien des fois fait l’objet de critiques tant de la part des Etats-Unis que des européens formant l’alliance anti-daesh. Ainsi, Ankara publia la localisation des forces spéciales françaises en Syrie lorsque Paris refusa de céder à la pression turque pour entamer une opération militaire dans le nord de la Syrie en 2017. D’autres parts, de nombreux témoignages faisaient état d’un marché noir très actif entre la Turquie et l’Etat Islamique concernant la production pétrolière des installations contrôlées par Daesh.

Cette déclaration, qui intervient alors que le président Turc et les autorités du pays ne cessent de menacer les Européens, et utilisent visiblement les quelques 3,5 millions de réfugiés comme une arme pour faire fléchir les capitales européennes dans un rapport de force sans concession, peut cependant avoir des effets bien plus graves que ne l’imagine les autorités américaines en Europe. En effet, si les dirigeants européens venaient à effectivement à accéder aux pressions américaines, ils apparaitraient comme ayant céder aux menaces du président Turc, offrant à ce dernier une victoire diplomatique qu’il ne manquera pas d’exploiter sur le plan intérieur, et mettre en application ses objectifs, tels ceux annoncés en 20162, de revenir aux frontières de l’Empire Ottoman d’avant la première guerre mondiale.

En d’autres termes, une telle décision ne ferait que dessiner une cible sur la Thrace, les iles grecques comme Lesbos, et Chypre, tant le président Erdogan serait conforté dans ses certitudes et dans son impunité. En Europe, ce renoncement entamerait quand à lui sévèrement l’image des gouvernants, et favoriserait le renforcement des mouvements ultra-nationalistes, ayant comme principal objectif de sortir de l’Union européenne.
On peut dès lors s’interroger sur les motivations profondes des Etats-Unis dans ce revirement, par ailleurs déjà mis en lumière hiers lorsque Washington avait annoncé étudier la vente de missiles Patriot à Ankara. En effet, l’hostilité du président Trump vis-à-vis de l’Union européenne est connue de tous, et revendiquée publiquement par ce dernier. Or, l’Union européenne serait, à n’en point douter, la principale victime si les Pays Européens venaient à céder aux exigences turques, quelque soit son rôle dans la stratégie défensive de l’OTAN. En outre, céder aux exigences d’un dirigeant politique agressif et démagogue comme le président Erdogan n’a jamais donné de bons résultats en Europe, au contraire …
[armelse]
La consultation du reste de cet article est
réservée aux abonnés Premium

Les abonnements Premium donnent accès à l’ensemble des archives (articles publiés il y a plus d’un an) sans publicité. L’abonnement Premium permet de publier deux Communiqués de Presse ou Offres d’emplois sur Meta-defense.fr chaque mois, sans frais.
[/arm_restrict_content]