Depuis son arrivée au pouvoir, R.T Erdogan a entrepris de redonner à la Turquie un statut qu’elle avait perdu lors de la première guerre mondiale, en s’alliant à l’Allemagne. Outre l’augmentation très sensible du budget des armées, qui sera passé de 7 à prés de 20 Md$ en 15 ans, il a également mené un effort très important pour faire de l’industrie de Défense turque une industrie de premier plan, capable de subvenir aux besoins de ses forces, et de gagner des compétitions à l’export.
Plusieurs programmes caractérisent cet effort, comme le programme de char de combat Altay en partenariat avec la Corée du Sud, le programme d’hélicoptère de combat T-129 avec l’Italian Agusta, et le programme MILGEM de conception et de fabrication d’une flotte de surface moderne, dont les corvettes Ada sont les premiers éléments. Parallèlement, le pays a continué de participer à des programmes internationaux, comme le F35, le programme Patmar OTAN, et comme l’annonce de l’intégration du programme S500 Russes. En outre, le pays a enregistré ses premiers à l’exportation, avec la commande de corvettes Ada et hélicoptères T-129 au Pakistan, et de chars Altay au Qatar.
Un programme, toutefois, concentre l’ensemble des ambitions du pays et de son président, le programme d’avion de combat de nouvelle génération T-FX. Conçu avec le soutien du britannique BAe, le T-FX est destiné à remplacer les 250 F16 actuellement en service dans les forces aeriennes turques, à partir de 2027. Il fait parti des programmes de type « F35-Like » , à l’image les programmes sud-coréens et japonais, dont il partage certaines caractéristiques, en particulier la configuration bi-moteur, et la structure bi-derives en V, également utilisée par le F22, le F35 et le Su57, qui présente la particularité d’être sensible aux radars à basse-fréquence.
Ce programme sera présenté sous forme de maquette lors du salon du Bourget par al délégation turque qui, comme ce fut le cas lors d’Euronaval et d’EuroSatory, n’a pas l’intention de passer inaperçue.
Reste que l’avenir de ce programme est aujourd’hui en question, avec les tensions qui opposent Ankara et Washington au sujet du S400 russe, et des menaces américaines d’embargo technologique. En effet, si aucun des deux protagonistes n’accepte de faire marche arrière, les conséquences pourraient obliger BAe de se retirer du programme, et avec lui, le motoriste Rolls-Royces. Dans ces conditions, l’industrie Turque se trouverait incapable de mener le programme sans l’aide d’un autre industriel maitrisant tant la conception d’avions de combat, les questions de furtivité, et pouvant fournir des moteurs fiables à Ankara. Et en l’absence de soutien occidental, l’industrie turque n’aura, comme seule option, de se rapprocher de la Russie, et de son Su-57, ou de la Chine, et du J-20, ou plus probablement du FC-31 Gyrfalcon.
Les prochains mois vont donc voir des décisions capitales sur l’organisation des futurs blocs géopolitiques mais également technologiques aux frontières de l’Europe. A suivre …
Depuis fin 2018, il semble que le premier site sol/air équipé du système antiaérien de fabrication nationale BAVAR-373 (dénommé aussi TALASH-3) soit opérationnel.
Ancien site SA-2 équipé du BAVAR-373
Le BAVAR-373 a été développé par l’Iran afin de compenser le refus de la Russie de livrer des S-300 en 2010. Ce système est présenté comme un concurrent du S-300. Il comprend un radar de veille MERAJ-4 de 450 km de portée, un radar de conduite de tir HAFEZ déclaré comme AESA de 250 km de portée ainsi que des missiles SAYYAD-3 et 4 qui sont inspirés des missiles américain RIM-66B (SM-1MR Block V) qui ont été livrés à l’Iran avant 1979. La portée maximale d’engagement serait de 200 km.
Radar de veille MERAJ-4Radar de conduite de tir HAFEZ
La livraison des S-300 par la Russie n’a pas stoppé ce programme indigène et cela confirme la volonté de l’Iran, ainsi qu’un nombre croissant de pays, de devenir autonome dans la production de systèmes d’armes. La famille des systèmes antiaériens de longue portée s’agrandit encore avec le BAVAR-373 ainsi que les risques de prolifération de ces systèmes longue portée. La multiplication des systèmes sol/air longue portée risque, à terme, de limiter la liberté d’action des forces aériennes occidentales sur des zones géographiques de plus en plus étendues.
Jusqu’à présent, les forces armées Iranienne avaient déployées deux batteries de S-300 sur la capitale Téhéran et une batterie à Bouchehr pour protéger la centrale nucléaire. La batterie S-300 près de la centrale nucléaire avait d’ailleurs été la première mise en place afin de la protéger contre une attaque Israélienne. Son installation avait été largement médiatisée par le gouvernement Iranien dans un but de dissuasion.
Mais depuis le mois d’avril 2019, la batterie n’est plus visible sur son site près de Bouchehr et une troisième batterie a été installée dans le sud de Téhéran sur un site jusqu’alors occupé par une batterie SA-2.
Site près de Buchehr en février 2019Même site en Avril 2019
La défense antiaérienne de Téhéran se retrouve ainsi
renforcée sur ses flans est et sud par les trois batteries S-300. La défense
antiaérienne de la capitale est aussi complétée par quatre batteries de
missiles HAWK, une de SA-2 et une de SA-5.
Depuis la disparition d’un F35A des forces d’autodéfense japonaises, le 9 Avril au dessus du Pacifique, à 85 miles des côtes nippones, toute la flotte de Lightning II arborant le soleil levant était consigné au sol. Selon la chaine publique NHK, cette restriction serait sur le point d’être levée, sans toutefois préciser la date d’effet de cette décision.
La disparition de l’appareil, et de son pilote, entraina une intense mission de sauvetage, mais également destinée à récupérer le maximum de pièces de l’avion manquant, dans le but de découvrir les raisons de l’accident, et surtout d’empêcher chinois, russes ou coréens du nord, de mettre la main sur les technologies embarqués par le joyau de Lockheed. Toutefois, seuls quelques éléments de fuselage et du moteur F135 ont été découvert, ne permettant pas de découvrir les raisons de cet accident. Le corps du pilote pas n’a lui non plus, été retrouvé.
Cet accident n’a cependant pas empêché le gouvernement de Shinzo Abbé de conformer la commande de 105 F35 supplémentaires auprés de Lockheed, des appareils par ailleurs intégralement construits aux Etats-unis, de sorte à rééquilibrer la balance des exportations avec les Etats-unis, conformément aux attentes appuyées du Président Trump. Le commande se compose de 63 F35A qui viendront s’ajouter aux 42 déjà commandés en 2011 pour remplacer les F4 Phantom devenus obsolètes, qui remplaceront une partie des 200 F15J nippons, et de 42 F35B, la version à décollage et atterrissage court, destinés à être embarqués sur les deux Destroyers porte-hélicoptères de la classe Izumo mis en oeuvre par la Marine japonaise, et qui seront modifiés pour l’occasion.
Au total, les forces aeriennes nippones mettront en oeuvre, à l’horizon 2030, prés de 145 F35, 160 F15J modernisés, et 80 Mitsubishi F2, version locale du F16, soit presque 400 appareils modernes. Le pays est également engagé dans un programme visant à concevoir un chasseur lourd de nouvelle génération, réponse au refus des Etats-Unis de livrer le F22 Raptor espéré par Tokyo. Toutefois, pour l’heure, aucune décision ferme concernant ce programme, dont le prototype X2 de Mitsubishi devait être le démonstrateur, n’a été annoncée, en dépit des très nombreuses propositions d’assistances, provenant de Lockheed, Boeing, ou BAe.
Après les années « Le Drian », ayant vu les exportations françaises passer de 4 Md€ en 2012 à 17 Md€ en 2015 et 15 Md€ en 2016, l’année 2018 enregistra une diminution très importante des volumes exportés, se limitant à 7 Md€. Le rebond enregistré en 2018, avec 9,1 Md€ de commandes, correspond donc davantage à un retour à la moyenne, qu’à une progression. En effet, sur un volume d’affaires de 20 Md€ par an, la BITD française en exporte, en moyenne sur les 10 dernières années, la moitié, permettant à l’industrie de Défense de générer 13% des volumes industriels produits chaque année, et animer un écosystème de 200.000 collaborateurs, auxquels s’ajoutent les sous-traitants, et les emplois induits. Au total, ce sont plus de 500.000 personnes dont l’emploi est lié à l’industrie de Défense nationale.
2018 aura toutefois été remarquable, par la promulgation du contrat « CaMo »[efn_note]Capacités Motorisées[/efn_note] avec le Belgique, représentant un retour attendu des pays européens parmi les grands partenaires de la France en matière d’industrie de Défense. Au delà des 417 VBMR Griffon et des 60 EBRC Jaguar commandés par Bruxelles, ce contrat représente également un premier pas de l’intégration des armées françaises et belges dans une sphère collaborative tactique européenne. La France n’avait plus enregistré de commande importante d’un pays européen depuis celle de 55 mirage 2000 par la Grèce. A cette commande Belge, s’ajoute également celle de l’Espagne pour 12 hélicoptères européens NH90 assemblés en France.
En revanche, le Moyen-Orient continu de représenter presque la moitié des prises de commandes françaises, avec plus de 4 Md€ pour 2018. Pour beaucoup, il s’agit de contrats liés à l’entretient et la modernisation d’équipements déjà en service, mais la région continue d’être le poumon de la BITD, avec une commande de 12 Rafale supplémentaires par le Qatar, et de patrouilleurs légers par la Marine Saoudienne. Alors que les considérations morales ne cessent de s’inviter dans le débat public et politique, cette dépendance aux exportations vers des partenaires contestés représente une menace avérée pour la pérennité de l’industrie de Défense française.
En effet, si l’on peut se réjouir, comme le fait la Ministre des Armées Florence Parly, des succès des industries de Défense françaises sur la scène internationale, on ne peut ignorer la dépendance qui se créé, vis-à-vis de clients par essence versatiles. En outre, alors que la France multiplie les programmes de collaborations au niveau européen, les exportations françaises pourraient être menacées par ces mêmes partenaires qui ont, on le voit, un agenda différent en matière d’exportations. A ces deux risques s’ajoute la menace que représente l’arrivée de nouveaux acteurs, comme la Turquie, la Corée du Sud, et surtout la Chine, avec des offres agressives, et d’immenses ambitions.
La solution viendrait non de la diminution des exportations en valeur, mais de la part relative qu’elles représentent dans l’activité de la BITD, et, par voie de conséquence, par l’augmentation des commandes nationales, par ailleurs indispensables pour conférer aux forces armées françaises la capacité de défendre le pays et ses intérêts.
Visiblement, l’administration Trump semble déterminée à faire céder les Européens dans leur determination à réserver les fonds européens de Défense du PESCO aux projets et entreprises européennes. Lors d’une rencontre le Comité Politique et Sécurité de l’UE et les représentants du gouvernement américain, qui s’est tenue dimanche 2 juin, le Secrétaire d’Etat adjoint en charge de l’Europe et de l’Asie, Michael Murphy, a déclaré aux journalistes du quotidien espagnole El Pais « Lorsqu’une crise éclatera et que La Défense européenne aura échouée, vos concitoyens ne seront pas impressionnés que leurs armées aient utilisé des équipements européens ». Et d’ajouter que si l’Europe venait à maintenir ses positions, les Etats-Unis pourraient suspendre les livraisons d’armes aux européens.
Ces déclarations, s’ajoutant à celles de Donald Trump en Grande-Bretagne, montre l’extreme hostilité de l’administration US envers l’Union européenne, et le mépris profond qu’elle porte aux pays Européens eux-mêmes, incapables, selon leur dire, d’assurer leur propres Défense.
Si les propos sont évidemment très choquants, venant d’un allié de longue date qui, par ailleurs, est le principal fournisseur d’armes des armées européennes (plus de 10 Md$ par an), ils sont surtout révélateurs d’un malaise qui ne peut se résumer à une simple lubie hégémonique du président américain. Car depuis de nombreuses années, l’Europe prospère en investissant à minima dans sa Défense, se reposant pour cela sur le protecteur outre-atlantique. Dès lors, lorsque l’Europe veut montrer des signes très naturels d’indépendance, la réaction à Washington, tout aussi naturelle, est d’autant plus épidermique que l’administration Trump n’est pas réputée pour sa finesse diplomatique.
Car, et l’on ne peut que le regretter, les propos de Michael Murphy reposent sur cette réalité : L’europe est incapable de se Défendre seule, notamment face à la Russie. Alors même que l’Union européenne est la première puissance économique mondiale, que sa population est 20% supérieure à celle des Etats-Unis, c’est toujours à ces derniers d’assumer les déploiements les plus importants de forces de réassurance dans le pays Baltes, en Pologne, en Roumanie, et même en Grèce. Certes, ils y trouvent leurs propres intérêts, mais il ne faut pas, dès lors, s’étonner qu’ils protègent ces mêmes intérêts le cas échéant.
En outre, malgré l’unité de façade des européens sur le sujet, l’Union Européenne est très divisée face à cette question. La France défend avec l’Allemagne, une position plus indépendante, alors que les pays de l’Est de l’Union ne jurent que par l’OTAN, de même que les néerlandais. Même au sein du couple franco-allemand, les réponses divergent, l’Allemagne étant bien davantage préoccupée par l’équilibre de ses comptes publics et le maintien de ses canaux d’exportation, que de la constitution d’un socle de défense sur lequel les autres pays de l’union pourraient s’appuyer. En France, la dichotomie persiste entre les ambitions annoncées du pays, et la réalité des moyens alloués, déconnectées des réalités temporelles des menaces en cours.
Plus que jamais, l’Europe, ou tout au moins le couple franco-allemand, et avant tout la France, doivent mettre en cohérence leur puissance militaire et technologique avec leur puissance économique, seule condition pour rétablir un dialogue équilibré avec les Etats-Unis, comme avec la Russie.
Selon l’excellent blog East-Pendulum, spécialisé dans l’observation de La Défense et de l’industrie de défense chinoise, l’APL aurait procédé, dimanche 2 Mai aux alentours de 4 heures 30 du matin, au test d’un nouveau modèle de missile balistique lancé à partir d’un sous-marin, ou SLBM Submarine Launched Ballistic Missile.
Le missile a été observé et photographie par plus d’une dizaine d’observateurs, le long d’un trajet vers l’est de plus de 1000 km. Il s’agirait, selon les spécialistes de la défense chinoise, très probablement du nouveau missile balistique JL-3, destiné à équiper les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins Type 09VI en cours de développement.
Le JL-3 est destiné à étendre les capacités du missile JL-2 qui équipe les quatre sous-marins nucléaires lanceur d’engins Type 09IV aujourd’hui, quatre autres devant entrer en service dans les prochaines années. Le JL-2, dérivé du missile terrestre DF-31, atteint une portée de 12.000 km grâce à ses deux étages propulsifs allant carburant solide et liquide.
Le missile de près de 13 mètre et 23 tonnes, peut emporter plusieurs têtes nucléaires mirvées, du nom MIRV pour Multiple Independly targeted Reentry Véhicule, permettant de transporter plusieurs têtes nucléaires visant des cibles distinctes dans un unique missile.
Selon plusieurs sources, le JL-3 sera, lui, doté d’une portée de l’ordre de 9000 km, et d’un unique propulseur à propergol solide. Il pourra être mis en œuvre à plus grande profondeur que le JL2, et pourra, selon toute vraisemblance, mettre en œuvre le planeur hypersonique, comparable à l’Avangard Yu-74 russe, comme celui développé pour le missile DF-17.
Les SNLE type 09IV chinois emportent aujourd’hui 16 missiles JL-2, mais souffrent encore de défauts comme un manque de discrétion marqué, empêchant les bâtiments d’évoluer en pleine mer, comme c’est le cas pour les SNLE américains, français, russes ou britanniques.
En revanche, le pays a fait, semble-t-il, d’importants progrès dans le domaine, et la prochaine génération de sous-marins nucléaires, le Type 09V pour les sous-marins d’attaque, et type 09VI pour les SNLE, atteindront des niveaux de discrétion compatibles avec leurs fonctions.
Cette faiblesse des 09IV explique, en partie, la détermination de Pékin à avoir le contrôle complet de la mer de Chine, qui agirait comme une zone de tir et de protection tout indiquée pour ces bâtiments, protégés par le nombre important de sous-marins AIP type 039, frégates Type 054A et corvettes Type 056A, tous disposant d’une importante capacité de lutte anti-sous-marine, pour protéger les bâtiments clés chinois.
Le ministre de La Défense indonésien, Ryamizard Ryacudu , aurait signé l’acte de commande pour 11 avions de combat Su35 auprés de Moscou, selon l’agence officielle russe TASS. Il est question d’acte de commande, et non de commande, car sa validation est soumise à l’approbation de plusieurs ministères de Jakarta, notamment du ministère du commerce et des finances. En effet, les autorités russes et indonésiennes se sont entendues sur un montage commerciale complexe, intégrant des engagements russes pour acquérir de l’huile de palme indonésienne, entre autres matières premières, sous formes de compensation.
Quoiqu’il en soit, Jakarta semble ne pas craindre, ou tout du moins accepter, le risque de sanctions économiques américaines en application du traité CAATSA[efn_note]Counter Adversaires of America Through Sanctions Act[/efn_note], promulgué l’année dernière par Washington. Mais Jakarta, comme New-Delhi, semblent avoir obtenu suffisamment de garantis des autorités américaines pour ne pas craindre de menaces de sanctions fortes, comme c’est le cas aujourd’hui pour Ankara au sujet de l’acquisition de S400 russes.
Les Su35 indonésiens remplaceront les F5 Tiger en service depuis plus de 30 ans dans ses forces aériennes. Les forces aeriennes indonésiennes disposent de prés de 110 avions de combat, dont 2 escadrons de F16C, deux escadrons de BAe Hawks, un escadron équipé de Su27 et Su30, un escadron équipé de Super-Tucano, et un escadron de F5 Tiger, qui seront remplacé par le Su35. En outre, Jakarta dispose d’un escadron d’avion d’attaque et d’entrainement sud-coréen T-50 Golden Eagle, et a rejoint le programme K-FX de chasseur de nouvelle génération avec Seoul, dont une cinquantaine d’exemplaire ont été commandés. Malgré plusieurs points de tension entre les deux capitales asiatiques autour de projet, le planning de celui-ci est maintenu, avec un premier prototype présenté en 2021, et un premier appareil de série livré en 2025.
Le ministère de La Défense israélien a attribué un contrat de 125 m$ à la société Elbit pour fournir son système de canon automoteur 6×6 et 8×8 ATMOS, conçu en collaboration avec les Etats-Unis, ainsi que les simulateurs et la maintenance, afin de remplacer les M109 Paladin en service dans l’armée israélienne depuis plus de 30 ans.
Equipé d’un canon à chargement automatique de 155 mm et d’une longueur de 52 calibre, l’ATMOS ressemble comme deux gouttes d’eau au CAESAR du français Nexter, qui a démontré des performances remarquables tant au Levant qu’au Sahel, ainsi que lors des exercices de l’OTAN. Au delà de la précision du tir, et d’une portée supérieure à 40 km avec des obus classiques, le CAESAR a surtout impressionné par son extreme mobilité et la rapidité de sa séquence de tir, gage de sécurité pour des pièces d’artillerie modernes.
En effet, au delà des tirs de contre-batterie, les forces israéliennes font désormais face à une utilisation intensive de drones commerciaux équipés de grenades ou de roquettes, représentant une réelle menace pour les unités peu mobiles opérant à proximité de la zone d’engagement, comme abordé dans cet article montrant un char de combat Merkava attaqué par un de ces drones.
Par la voix de son ministre de La Défense, Wei Fenghe, les autorités chinoises ont tracé les lignes à ne pas dépasser car pouvant entrainer une réponse militaire synonyme de guerre. Une rupture de ton avec la tradition diplomatique chinoise, habituée à manier le flou de sorte à ne pas se retrouver dans la logique d’un engagement mécanique.
Le ministre de La Défense chinois a profité des rencontres de Shangri-La, consacrée à La Défense dans la zone indo-pacifique, pour faire connaitre à ses homologues, et surtout aux Etats-Unis, quelle serait désormais la politique de Pekin concernant deux dossiers clés, à savoir la Mer de Chine, et l’île de Taïwan.
Depuis prés de 30 ans, la Chine Populaire revendique la possession de la mer de Chine, sur des bases historiques, revendications représentées par la « règle des 9 traits ». Pour Pekin, outre l’intérêt économique que représente cette zone, où des gisements de matières premières ont été localisés, son contrôle intégral représente un atout stratégique pour le déploiement de ses sous-marins nucléaires stratégiques, qui pourraient évoluer sous la couverture de la flotte et surface et aéronavale de l’APL. En outre, cela permet au pays d’avoir une influence forte sur le commerce international, plus de 10.000 bâtiments de commerce y transitant chaque année. Afin de renforcer ce contrôle, l’APL a déployé sur plusieurs atolls de cette zone, des bases militaires artificielles, parfois très bien défendus par des batteries de missiles anti-navires et sol-air, et des pistes aériennes pour y recevoir avions et hélicoptères.
Ce déploiement s’est fait, en revanche, en dépit du droit international, et au détriment des autres pays riverains ayant eux mêmes de liens historiques et économiques avec cette zone. Les pays occidentaux, derrière l’US Navy, ont pris pour habitude de déployer dans la zone des bâtiments de combat, de sorte à montrer à Pekin que, du point de vu international, ces zones ne sont pas sous tutelle chinoise. A ce titre, le Groupement Aéronavale français et européen organisé autour du PAN Charles de Gaulle, actuellement dans le Pacifique, entend bien ne pas se conformer aux exigences chinoises de demande préalable pour pénétrer dans la zone, comme l’a souligné la Ministre de La Défense Florence Parly lors de sa dernière audition par la commission Défense de l’Assemblée Nationale.
Ce sont précisément ces incursions, considérées comme autant de provocations par Pekin, qui vont donner désormais lieu à des réponses de plus en plus fermes de la part des forces navales et aeriennes chinoises. Et Wei Fenghe de préciser que le risque, lors de telles rencontres, serait de créer des incidents militaires pouvant évoluer en casus belli, ce à quoi, selon lui, les autorités chinoises sont prêtes.
Une des bases chinoises artificielles construite dans l’archipel des Paracels en Mer de Chine
Si le ministre chinois a laissé entendre une certaine progressivité dans les réponses apportées aux incursions occidentales en Mer de Chine, il n’en va pas de même concernant Taïwan, au sujet duquel le discours de Pekin se radicalise de plus en plus fermement. Selon Wei Fenghe, toute forme d’assistance militaire à l’île indépendante sera considérée désormais comme un acte de soutien à la sédition, et entrainera une réponse extrêmement ferme, ajoutant à plusieurs reprises que la Chine était prête à la guerre pour défendre ce qu’elle considère comme son intégrité territoriale. Or, Pekin n’est pas sans ignoré que Washington a entrepris la modernisation de la flotte de F16 taïwanais, et promis une assistance pour la construction de nouveaux sous-marins d’attaque, ainsi que la vente de nouveaux avions de combat.
Quoiqu’il en soit, il est remarquable de constater le nombre de fois ou l’hypothèse d’une guerre a été avancée dans le discours du ministre chinois, un sujet qui visiblement devient de plus en plus concret pour les autorités du pays. La Chine semble avoir dépassé son approche diplomatico-commerciale à laquelle elle eu recourt pendant prés de 30 ans, pour s’en remettre à une position de fermeté militaire, révélant une confiance croissante et désormais suffisante dans ses forces armées pour neutraliser et éventuellement vaincre un adversaire, fut-il américain.
La Marine Chinoise dispose d’une centaine de submersible dont une vingtaine de sous-marins AIP Type 039.
Pourtant l’APL n’est pas aujourd’hui, en capacité de vaincre les forces américaines dans un conflit global, étant dépassée dans presque tous les domaines. Mais les autorités chinoises ne semble envisager , en tout cas aujourd’hui, qu’une forme de conflit limité, à proximité de ses côtes. Et dans ce domaine, elle dispose, en effet, d’arguments très significatifs à faire valoir pour neutraliser la puissance navale et aérienne des Etats-Unis et de ses alliés dans le Pacifique, comme un nombre important de sous-marins, prés d’une centaine de corvettes et frégates modernes disposant de moyens anti-sous-marins et anti-navires avancés, une flotte de patrouille maritime imposante, ainsi que des bombardiers et missiles balistiques anti-navires en grand nombre, sans oublier une organisation de défense dédiée au déni d’accès performante.
En d’autres termes, dans ces conditions, l’APL serait en mesure de mobiliser l’ensemble de ses forces, alors que les Etats-Unis, et leurs alliés, ne pourraient mettre en oeuvre qu’une partie de leurs moyens, créant un rapport de force considéré comme favorable à ses forces par Pekin. Il ne faut pas oublier, non plus, que dans les 5 années à venir, les forces armées chinoises vont continuer à se moderniser à marche forcée. La Marine devrait recevoir, d’ici 2025, au moins 2 nouveaux porte-avions dotés de catapultes et brins d’arrêt Type 003, 3 porte-hélicoptères d’assaut type 075, plus de 25 destroyers dont au moins la moitié de Type055 lourds, autant de frégates type 054B, et une quinzaine de sous-marins de différents types, ainsi qu’un nombre très important d’avions et hélicoptères. Les forces aériennes ne sont pas en reste, percevant chaque année plus de 70 avions de combat neufs. De manière synthétique, le rapport de force en faveur des forces chinoises, dans un rayon de 2000 km autour de ses côtes, ne va pas aller diminuant dans les prochaines années, au contraire.
La Marine chinoise a reçu depuis 2012 soixante corvettes type 056, dont plus de 45 disposant de capacités ASM avancées.
Bien que le sujet n’ai que rapidement été abordé par le ministre de La Défense chinois, cette réthorique de conflit fait écho aux tensions économiques croissantes entre Washington et Pekin, le sujet étant en revanche fréquemment abordé par les médias chinois, et notamment les médias d’état, avec, là encore, le recours aux armes qui est présenté comme une possibilité face à « l’intransigeance américaine ».
Il apparait de plus évidement que les décennies à venir vont être le théâtre d’une confrontation entre les Etats-Unis et la Chine pour assoir leurs souverainetés respectives, sans aboutir cependant nécessairement à un conflit direct entre les grandes puissances. Pour nous, européens, une telle dérive exposerait le continent à plusieurs risques, avec d’une part l’exposition très importante de nos économies au commerce international et une dépendance massive aux biens de consommation et investissements chinois, mais également, en focalisant les moyens de Défense US dans le Pacifique, à une sur-exposition de l’Union européenne face à la Russie, mais aussi face à d’autres acteurs émergeants, comme la Turquie, ou l’Alliance Sunnite. Dans tous les cas, il est plus que temps pour les pays Européens d’accepter de regarder avec lucidité cet avenir probable, et d’adapter les politiques intérieures, économiques et exterieures, ainsi que les investissements de Défense, à ce risque.
L’Europe représentant encore 50% des échanges commerciaux de la Russie, contre moins de 20% avec la Chine, peut-être est-il encore temps de tenter de ramener Moscou vers une alliance Européenne, plutôt que de conforter le Kremlin dans son virage asiatique ?