lundi, décembre 1, 2025
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La France annonce le lancement d’un démonstrateur hypersonique

Si l’ONERA était en pointe sur les hautes vitesses au début des années 2000, force est de constater que son avance technologique a fondu comme neige au soleil ces dernières années. En outre, les performances des nouveaux systèmes anti-aériens, comme les S-400 et S-500 russes, font peser une menace croissante sur la crédibilité de la composante aérienne de la dissuasion.

C’est la raison pour laquelle, et à la surprise de beaucoup, la Ministre des armées a signifié à l’ONERA un contrat pour la conception et l’étude d’un démonstrateur de planeur hypersonique, dont le premier vol est attendu pour la fin d’année 2021. L’objectif de ce programme sera de développer un véhicule atteignant mach 10 et conservant une capacité de manœuvre, à l’image du système Avangard Russe.Il faut rappeler que, concernant les missiles hypersonique, la France est engagée avec la Grande-Bretagne dans le développement du Futur Missile AntiNavire / Futur Missile de Croisière, qui devront entrer en service lors de la prochaine décennie pour remplacer les missiles MM40 exocet et les missiles de croisière SCALP EG, et qui atteindront mach 7.

Report illimité du programme d’avions d’attaque légers de l’US Air Force

S’il est un signe de l’évolution rapide de la perception de la menace globale, c’est bien le report « illimité » du programme d’acquisition d’avions d’attaquer légerspour l’US Air Force. Lancé en 2012, ce programme devait être une des compétitions majeures de la décennie, l’US Air Force cherchant à s’équiper d’un appareil léger et peu onéreux pour effectuer les missions d’attaques et de soutien sur les théâtres n’ayant pas de menace aérienne ou anti-aérienne, comme l’Afghanistan, l’Irak, ou l’Afrique Sub-Saharienne.

Depuis, la Russie et la Chine ont montré qu’elles étaient désormais capables de s’opposer à la puissance américaine, et l’hypothèse du conflit de haute intensité, voir d’un double front, s’est imposée comme la principale préoccupation au Pentagone.

Que faut-il attendre de 2019 en matière de Défense?

2018 aura été dans de nombreux aspects une année charnière en matière de Défense, ayant vu le retour de la Russie se préciser, la montée en chinoise s’affirmer, les Etats-Unis se mettre en marche, ou les européens tenter d’infléchir leurs positions.  Que faut-il attendre de cette année 2019, qui s’annonce déjà comme une année de tension, préfigurant très probablement les années à suivre ?

En France 

En matière de Défense, la grande question en France sera celle de l’application effective de la Loi de Programmation Militaire. Déjà écornée par l’intégration des surcouts des opérations extérieurs et intérieurs, l’application de la LPM sera observée à la loupe, d’autant que celle-ci est jugée absolument indispensable et non négociable par les militaires. Malgré les discours rassurants de la Ministre des Armées, tous dans l’écosystème Défense ont été échaudés par les arbitrages défavorables à répétition des années précédentes, alors que la crise sociale et économique en cours aura un effet sensible sur les prévisions de croissance à venir.

En Europe

Sur le continent européen, deux grands sujets vont focaliser les attentions. En premier lieu, les élections européennes risquent forts de redéfinir le paysage législatif européen, ce qui risque d’avoir des effets sensibles sur les initiatives à l’échelon de l’Union. En second lieu, l’évolution des initiatives franco-allemandes déterminera pour beaucoup la capacité des européens à se structurer en matière industrielle et opérationnelle. Déjà de nombreux pays, dont l’Espagne, l’Italie, la Grèce, ont fait connaître leur intérêt pour rejoindre ces initiatives, mais la ventilation des travaux actuellement prévu sur un nombre important d’acteurs risque fort de se faire au détriment des industries nationales. Après l’enthousiasme initial, 2019 sera donc l’année de tous les dangers pour ces programmes.

Aux Etats-Unis

Sous la houlette du général Mattis, les armées américaines ont entrepris un vaste programme de réformes pour s’adapter au retour de la menace dite « haute intensité », et de nombreux programmes pragmatiques ont été lancé, contrastant avec les programmes pharaoniques des années précédentes, comme les destroyers Zumwalt, ou le chasseur F22. C’est le cas du programme FFG/X visant a acquérir de nouvelles frégates, ou des 5 programmes stratégiques de l’US Army. 

Avec la démission de celui-ci, de nombreuses inquiétudes apparaissent face à l’instabilité politique du président Trump, déjà révélée en matière de Défense par le Yoyo budgétaire de cette année. Les conséquences de son antagonisme profond vis-à-vis de l’OTAN et de l’Europe seront également aux cœurs des préoccupations géopolitiques en 2019.

En Chine

Depuis plusieurs années, la Chine est engagée dans un vaste plan de modernisation et de renforcement de ses forces armées, visant à faire du pays la première puissance mondiale à l’horizon 2050. Les annonces et observations technologiques ont été nombreuses en 2018, que ce soit au niveau des drones, des armes électromagnétiques, du spatial ou du quantique. En 2019, les autorités chinoises pourraient être tentées d’enfoncer le clou en donnant des gages sur la véracité de ces annonces, ce qui provoquerait un important choc psychologique dans une Occident sûre de son avantage technologique.

Conflit Taiwan/Chine

La réintégration de Taiwan à la République Populaire de Chine reste la première des priorités du président Xi Jinping, et la tension autour de l’Ile ira croissante avec le renforcement de la puissance navale et aérienne chinoise.  L’entrée en service des premiers destroyers lourds Type 055 et du second porte-avions en 2019 aura un effet de seuil qui pourrait amener les autorités chinoises à agir sans attendre le renforcement et la modernisation des forces de Défense taiwanaise.

En Russie 

Comme la Chine, la Russie a annoncé en 2018 un nombre important de nouveaux équipements technologiques, principalement dans le domaine Stratégique, avec le missile hypersoniques Zircon et Kinjal, ou le planeur hypersonique Avangard. Plusieurs de ces équipements sont sensés entrer en service en 2019, alors que l’occident ne dispose aujourd’hui d’aucune parade contre ces systèmes, ni de systèmes équivalents.

Conflit Ukraine/Russie 

La confrontation entre la Russie et l’Ukraine dans le Donbass et au sujet de la Crimée sera au cœur des préoccupations géopolitique de Défense en 2019. Les élections de mars en Ukraine sont de nature à modifier profondément le paysage politique dans le pays, soit en amenant au pouvoir un leader plus enclin à la négociation avec Moscou, soit en renforçant la position actuelle du pays, ce qui pourrait inciter la Russie a agir pour sécuriser ses prises territoriales. L’incapacité des européens à agir dans ce dossier aura probablement des conséquences sévères sur l’avenir de ce pays.

Conflit Syrie-Etat Islamique

2018 aura été l’année de la défaite pour l’Etat Islamique, tant en Irak qu’en Syrie. Bien qu’ayant encore quelques zones de résistance, l’EI a perdu de nombreuses zones stratégiques, le privant des ressources indispensables à la poursuite de la Guerre. Les vainqueurs de ce conflit sont incontestablement les russes, qui sont parvenus à maintenir Bachar el Assad au pouvoir, et à le renforcer sur toute la Syrie utile, au point qu’aujourd’hui, ni les américains , ni les européens , n’envisagent plus son départ. L’Iran aura également très sensiblement renforcé ses positions, que ce soit en Irak et Syrie, avec l’ambition de constituer un arc chiite Iran-Irak-Syrie.

2019 sera probablement l’année de la conclusion de ce conflit, avec un possible rapprochement entre les Kurdes et les forces loyalistes, afin de neutraliser la menace turque, sous couvert de la protection tacite de la Russie. Le message qu’entrainerait une telle conclusion ternirait profondément l’image occidentale dans la région.

Au Moyen-Orient

La fin du conflit en Syrie entrainera une redistribution des cartes entre chiites et sunnites au Moyen-Orient. Le rapprochement opéré en Téhéran et le couple Pekin/Moscou/Islamabad, risque fort de renforcer la logique de confrontation avec l’axe Riad-Washington, avec Jérusalem et Ankara en position d’arbitre. Le Moyen-Orient concentrera en 2019, en ce sens, toutes les potentialités de bouleversement de la carte géopolitique mondiale.

Conflit Yémen

Le conflit au Yémen, opposant les forces loyalistes soutenus par les forces sunnites coalisées autour de l’Arabie Saoudite, et les rebelles Houtis soutenus et armés par Téhéran, agira comme un révélateur de l’évolution de la carte géopolitique au Moyen-Orient et dans le Monde. Les menaces d’embargos européens sur les livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite et aux autres membres de l’alliance sunnite vont renforcer les efforts de ces pays pour développer leur propre industrie de Défense, et diversifier leurs approvisionnements, vers la Turquie, la Russie, la Corée du Sud ou la Chine.

En Afrique

Si l’Afrique a été rarement au cœur de l’actualité en Europe en 2018, elle a cependant été l’enjeu d’intenses efforts politiques, économiques et militaires, de la part de la Chine et plus récemment de la Russie, de sorte à s’implanter et supplanter les liens européens traditionnels sur ce continent extrêmes riche en matière première. 2019 verra très probablement le phénomène s’amplifier, et même se révéler avec des annonces s’apparentant à des ruptures de ban vis à vis des pays européens, France et Royaume-Unis en tête.

En Asie

L’Asie devient chaque année davantage le pivot de la géopolitique mondiale, remplaçant l’Europe en cela. Outre Taiwan, les tensions entre l’Inde et l’alliance sino-pakistanaise, les deux Corées, et entre la Chine et ses voisins en mer de Chine, vont continuer à être au cœur des inquiétudes de tous les Etats-Majors mondiaux. La notion de guerre sur 2 fronts, à savoir en Europe contre la Russie et dans le pacifique, contre la Chine, a ainsi pris beaucoup d’ampleur en 2018, et sera appelé a devenir un enjeu crucial en 2019.

En Amérique du Sud

Les immenses tensions au Venezuela, qu’elles soient internes ou avec le voisin Colombien, ont déjà entrainé l’ouverture du pays à des alliances avec la Chine et la Russie. Cette dernière a d’ailleurs pu y déployer temporairement 2 bombardiers stratégiques Tu-160 en décembre 2018, ce qui ne manqua pas de mettre en émoi le commandement US. La tentation d’une intervention dans le pays, soit directement, soit en soutenant un allié, est donc grande. L’évolution des positions du Brésil sur la scène internationale sera également à observer de prés, suite à l’élection de Juan Bolsonaro cet automne, ce dernier ayant d’ores-et-déjà fait savoir qu’il serait favorable à la création d’une base US sur le territoire brésilien, rompant avec la tradition de non alignement du pays.

Espace

L’espace est redevenu un enjeu stratégique majeur en 2018, avec la création du commandement spatial au Etats-Unis, l’explosion des lancements de satellites militaires chinois, ou les manœuvres agressives de satellites russes contre des satellites français. En jeu, la maitrise des ondes et du renseignement, deux facteurs stratégiques dans la conduite des actions militaires. En 2019, les tensions spatiales devraient donc naturellement augmenter, et de nouveaux systèmes d’armes, notamment des systèmes antisatellites, devraient voir le jour. La technologie des microsatellites pourrait bien en profiter pour s’imposer dans ce secteur essentiel.

2019 sera donc sans nul doute une année durant laquelle les transformations engagées en 2018 et durant les années précédentes commenceront à modeler l’évolution du paysage géopolitique et technologique mondial. On ne peut pas s’empêcher de constater l’écart entre les préoccupations européennes, et les changements en cours dans le Monde. C’est probablement cet écart qui sera au cœur du déclassement effectif ou contenu de l’Europe dans le Monde de 2050, qui se jouera cette année et dans les quelques années à venir.

La guerre des réseaux sociaux a commencé

Facebook a procédé à la suspension de 364 pagesou profils, identifiés comme étant le fait de salariés du site d’information russe Sputnik, et portant des messages très hostiles à l’OTAN de façon systématique. Le réseau social précise que ces pages visaient précisément les pays baltes, la Roumanie, la Géorgie et la Moldavie.

Parallèlement, 107 pages ont été supprimés car se présentant comme étant tenu par des ukrainiens, mais effectivement administrés de Russie. 

Facebook précise que ces pages ont fait l’objet de 135.000$ d’investissements publicitaires depuis 2013.

Sputnik, évidemment, parle de censure inadmissible, sans pour autant expliquer pourquoi ni comment ses employés ont pu dépenser de telles montants simplement pour porter des messages présentés comme « privés », ni expliquer le systématisme de la démarche…

Singapour veut évaluer le F35 avant de remplacer sa flotte de F16

Comme beaucoup, les forces aériennes de Singapour font face aujourd’hui au vieillissement de leur flotte de F16 C/D, acquise à la fin des années 80, et régulièrement modernisés depuis. Les autorités de la ville-état ont désormais annoncé qu’elles envisageaient l’acquisition de F-35 à cet effet.

Toutefois, l’Armée de l’Air souhaite initialement acquérir un « petit nombre » d’appareils, sans en préciser la quantité exacte, pour en  évaluer les performances et les contraintes exactes, avant de s’engager vers un remplacement global. Pour l’heure, les Etats-Unis n’ont pas réagit à cette requête.

A noter que, parallèlement, la flotte de 60 F16 est aujourd’hui portée progressivement au standard F16V, pour en étendre les performances et la durée de vie, ainsi que les capacités à interagir avec le F35 et le F22.

Premières images du futur hélicoptère lourd chinois

Alors que le prochain hélicoptère de manœuvre chinois Z-20, très inspiré semble t il par le black hawk américain, continue ses essais et devrait très prochainement entrer en service, des photos d’une nouvelle version de l’hélicoptère lourd Z-8 ont filtré sur les réseaux sociaux en fin d’année dernière. Cette version, identifiée Z-8L ou Z-8 Wide, conserve la base du Z-8 (le super-frelon français), dans une cellule allongée et visiblement modernisée.

La Russie recevra 4 nouveaux Mig-35 en 2019

Le ministère de la Défense russe a annoncé la prochaine commande de 14 chasseurs de type MIG-35 , 4 d’entre eux seront livrés en 2019. De façon étonnante, la communication officielle, qui présente le MIG-35 comme un chasseur de génération 4++, omet de préciser que ces appareils seront destinés à équiper la patrouille acrobatique des VKS, les forces aériennes du pays.

En effet, si cette commande est indispensable pour maintenir l’activité des usines MIG, dans l’attente du lancement du remplaçant du MIG-31, et permet de soutenir les offres à l’exportation, les forces aériennes russes n’apprécient pas spécialement le chasseur de MIG, le considérant trop léger, et surtout ayant un rayon d’action beaucoup trop limité pour les besoins russes. 

La Marine Nationale commande 14 barges de débarquement pour ses PHA

La Marine nationale vient d’annoncer la commande de 14 barges de débarquement. EDA-S, pour Engin de Débarquement Amphibie Standard » , auprès de l’entreprise CNIM. Ces unités vont remplacer les antiques CTM entrés en service entre 83 et 92. 

Concrètement, 9 des nouveaux EDA-S vont être déployés à Toulon au sein de le Force d’action navale, pour équiper les Porte-hélicoptères amphibie (c’est dur dur quand même.. nda) au cotés des 4 EDAR (Engins de débarquement amphibie rapides) déjà en service, alors que les 6 autres vont être déployés dans les DOM-TOM, aux cotés des B2M.

Les premières unités sont attendues pour 2020.

La Russie confirme sa maitrise hypersonique en lançant le « mini-Zirkon »

Dans un article paru dans le quotidien « Izvestia », les autorités russes ont confirmé le développement d’une version « mini » du missile antinavire hypersonique , destinée à équiper les bâtiments de petites tailles dont la marine russe dispose en grand nombre.

Traditionnellement, la Marine Russe exploite une importante flotte de bâtiments de combat de faible tonnage, très bien équipés et armés, mais inadaptés à la haute mer. C’est le cas de corvettes de la classe Buyan, Tarentuela et Karakurt, dont certaines unités emportent des missiles de croisière Kalibr, alors que ces bâtiments ne dépassent pas les 1200 tonnes.

Le développement d’une version adaptée à ces bâtiments légers du missile hypersonique Zirkon, renforcerait significativement les capacités antinavires de la « mosquito fleet » russe. En effet, le Zirkon, capable d’atteindre mach-7, ne peut être intercepté par les systèmes actuellement en fonction dans les marines occidentales. Même le tout nouveau système de défense CAAM britannique, qui équipera les frégates Type 26, n’est capable d’intercepter que des missiles filant à moins de mach 3.

La seule protection des bâtiments occidentaux résiderait alors dans leurs capacités de brouillage et de leurre, mais peuvent-elles répondre efficacement face à un missile parcourant plus de 2 km/s ?

Reste que la démonstration de l’efficacité des systèmes de guidage du missile sur cible mobile n’a pas été faite. En effet, au delà de mach 5, un projectile créé un plasma l’entourant qui a la particularité d’être imperméable aux ondes radars, du moins à certaines d’entre-elles, et la friction sur les parties frontales génère une chaleur très importante, obligeant ces missiles à utiliser des matériaux opaques aux ondes électromagnétiques. La question est donc de savoir si les ingénieurs russes sont effectivement, ou pas, parvenus à résoudre ce problème, indispensable pour guider le missile vers sa cible.

Pour l’heure, il n’y a aucune réponse définitive à cette question capitale, qui détermine l’efficacité réelle des missiles comme le Zirkon russe ou le DF21 chinois.

Rapprochement Rheinmetall-BAE – Le groupe allemand devient hégémonique en Europe

Le groupe allemand Rheinmetall est à l’offensive en Europe, et n’entend pas subir les efforts de consolidation de l’industrie de Défense européenne. Après l’annonce surprise d’un possible rachat de Krauss-Maffei Wegman en novembre 2018, voilà qu’il annonce la création d’un co-entreprise avec l’anglais BAe en prenant la majorité des activités « blindés » de celui-ci. 

Par cette opération, Rheinmetall s’invite dans les programmes britanniques de Défense, plus particulièrement dans les programmes MIV et la modernisation des Challenger 2. L’année dernière, le gouvernement britannique avait déjà attribué au groupe allemand le contrat pour l’acquisition de 500 Véhicules de combat d’infanterie, un contrat de prés de 4,4 Milliards de Livres.

Eu égard au choix britannique en faveur de l’IFV allemand, cette annonce peut paraître surprenante. Elle repose sur la même logique que celle concernant le rapprochement avec KMW. En effet, le groupe Rheinmetall ne dispose pas d’une offre blindée particulièrement distinctive en Europe, et certainement pas face à KMW. En revanche, le groupe allemand dispose d’une structure opérationnelle et capitalistique beaucoup plus performante que celles de ses concurrents européens. Non seulement Rheinmetall est largement diversifié, la défense ne représentant que 50% de ses activités, mais l’entreprise a su consolider son activité par des acquisitions stratégiques, notamment dans sa Supply Chain. Dès lors, si publiquement il respectera les activités et les emplois directs des entreprises majeures tombées dans son escarcelle, il aura possibilité de promouvoir ses activités de sous-traitance, qui représente le véritable cœur d’une activité économique de Défense.

C’est un problème de taille pour la France. En effet, Nexter est engagé vis-à-vis de KMW dans la co-entreprise KNDS. En prenant la majorité de KMW, Rheinmetall aura donc voix au chapitre dans les programmes franco-allemands, comme le programme de char de combat de nouvelle génération MGCS. Rheinmetall respectera évidement le partage industriel imposé par les deux Etats, mais au cœur de la co-entreprise, il aura la possibilité d’imposer ses propres offres de sous-traitances. 

Du point de vu économique, la note risque donc d’être très négative pour la France, car si la BITD génère en moyenne 10 emplois par million d’euro investis chaque année, la chaine de sous-traitance en génère, elle 9, et est à la base de 4 emplois induits. En d’autres termes, cette approche serait de nature à potentiellement diviser par 2 (1,85 pour être précis), l’efficacité économique de l’investissement de Défense dans le Pays. Or, si 1 million d’euro génère aujourd’hui 27 emplois au total, et 1,45 millions d’euro de recettes et économies budgétaires pour l’Etat, il n’en génèrera plus que 0,85 si la supply chain française venait à disparaître au profit de la supply chain allemande, et notamment des entreprises détenues par Rheinmetall. 

Il est de fait urgent de considérer ce risque, tant pour les autorités françaises que pour Nexter, et dans une moindre mesure, Arquus, et d’entreprendre la consolidation rapide de la supply chain française en matière d’armement terrestre, de sorte à ce que Nexter soit à armes égales avec Rheinmetall lors des négociations à venir.

https://www.defensenews.com/global/europe/2019/01/21/rheinmetall-bae-systems-launch-joint-venture-for-military-vehicles/