Le technologisme est-il le pire ennemie de l’efficacité militaire ?

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Au cours des 20 dernières années, l’US Army a dépensé plus de 30 Md$ en programmes n’ayant pas donné lieu à une production d’équipements opérationnels, en particulier avec le programme d’hélicoptère léger d’attaque et de reconnaissance Comanche, le programme de renouvellement des blindés légers Futur Combat system, et le programme de remplacement des Bradleys Ground Combat Vehicule.

Alors qu’elle a lancé, aujourd’hui, un vaste programme de modernisation, composé de 6 branches allant du remplacement des hélicoptères de reconnaissance et de manÅ“uvre, à la prochaine génération de blindés, en passant par l’infovaloration du champs de bataille et la prochaine génération d’engin d’artillerie, le GAO (Government Accountability Office), l’équivalent fédéral américain de la Cours des Comptes en France, a publié un rapport visant à encadrer l’exécution de ces futurs programmes, de sorte à éviter les erreurs du passé.

Selon ce rapport, la principale menace vis-à-vis de ces programmes repose sur un attrait excessif vers des technologies en cours de développement, amenant les décideurs à commander des équipements non fiabilisés, et non testés en environnement opérationnel. Le parallèle avec le programme F35 est évident, puisqu’aujourd’hui encore, après prés de 400 exemplaires construits, les appareils livrés le sont toujours en version « non définitive », et la liste des dysfonctionnements entravant l’utilisation effective de l’aéronef restant exceptionnellement longue.

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Les 4 recommandations faites par le GAO à l’US Army sont relatives à cette tendance largement constatée ces dernières années, aux Etats-Unis comme en Europe, de privilégier une vision purement théorique de l’efficacité d’un système, face aux réalités effectives du champs de bataille, comme du calendrier opérationnel.

Il est intéressant de constater que l’industrie de Défense Russe, elle, a une approche très pragmatique de ses programmes de Défense, se rapprochant assez des recommandations du GAO. Ainsi, elle n’hésite pas à déployer les prototypes de ses nouveaux systèmes lors d’exercices, ou en zone de conflit, comme en Syrie ou dans le Donbass, pour en évaluer leurs performances effectives, et leurs contraintes opérationnelles, avant de lancer la production de série.

L’approche décrite est également proche de celle préconisée par le GIFAS en 2016, qui demandait aux autorités françaises de séparer la production industrielle de la recherche, au travers d’un ambitieux programme de démonstrateurs technologiques. Il sera, à ce titre, utile d’observer le déroulement du programme franco-allemand SCAF, et s’il respectera la logique de briques technologiques, plutôt que de viser un unique produit fini à la fin des années 2030.

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Quoiqu’il en soit, le rapport du GAO pointe une des principales dérives des programmes de Défense américains depuis la fin des années 90, dépassant largement le seul cadre de l’US Army. L’US Navy, avec les programmes LCS et Zumwalt, ou l’Air Force, avec le F35, ont fait preuve de la même appétence pour l’hyper-technologisme au dépend de l’efficacité opérationnelle, causant un affaiblissement relatif des forces américaines face à la Chine ou la Russie, alors même que le budget du Pentagon dépasse très largement celui de ces deux pays.

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