La détection par ondelettes, le nouvel axe de la détection anti-sous-marine russe

Selon un article publié par l’Agence Tass, les scientifiques des bureaux d’étude Krylov, ont entamé des travaux visant à étudier et concevoir des outils permettant de détecter des sous-marins ou des mobiles sous-marins par l’analyse des traces ondulatoires laissées par ces derniers. Selon eux, cette approche permettrait de contrer la furtivité croissante des submersibles, et donc de prendre l’avantage sur un adversaire potentiel.

Jusqu’à présent, la détection sous-marine s’effectuait essentiellement par l’utilisation de sonar actif ou passif. Un sonar actif émet une forte onde sonore et en écoute les échos, à l’image de l’écholocation des cétacés, ou des chiroptères. Il s’agit du fameux « Bang » mis en scène dans de nombreux films. L’information de localisation est très précise, mais l’utilisation de cette méthode révèle également la présence et la localisation de l’assaillant, permettant à la cible de faire feu en retour, ou d’engager des manoeuvres évasives. Le sonar passif est, lui, avant tout un hydrophone directionnel de très grande sensibilité, qui permet de détecter et d’isoler le son spécifique d’un bâtiment sous l’eau, comme celui fait par ses hélices, ses moteurs, sa tuyauterie, son équipage. Le sonar passif est très discret, mais beaucoup plus difficile d’emploi. C’est la raison pour laquelle les sonars, au fil du temps, ont été connectés à des ordinateurs de plus en plus puissants, capables d’analyser les sons enregistrés, de les classifier, d’en déterminer la position etc…

Suffren Thales Analyses Défense | Fédération de Russie | Flotte sous-marine
Le Suffren dispose d’un arsenal de capteurs et de systèmes sonar lui permettant détecter et localiser les autres bâtiments bien avant d’être lui-même détectable

Pour faire face à ces sonars passifs, de plus en plus performants, les concepteurs de submersibles se sont livrés à une guerre sans merci pour éliminer tous les bruits susceptibles de faire repérer le bâtiment. Ainsi, les ponts et les moteurs ont été placés sur des amortisseurs, la coque des sous-marins recouverte d’un revêtement caoutchouteux dit « anéchoïque », les pales des hélices ont été modifiées, puis carénées , pour en réduire la signature sonore comme les phénomènes de cavitation. A ce titre, la furtivité avait envahit le domaine naval bien avant qu’il ne devienne la marotte des constructeurs aéronautiques. Au final, aujourd’hui, les sous-marins modernes rayonnent moins de bruit que n’en fait un réfrigérateur dans votre cuisine.

Le raisonnement des ingénieurs russes prend tout son sens dans ce contexte. Les ondelettes, ces phénomènes ondulatoires générés par les mobiles immergés, ne sont pas, pour l’heure, au coeur des préoccupations des ingénieurs navals. Dès lors, en développant un système de détection basé sur ce principe, il serait possible de contrer la furtivité acoustique de plus en plus performante des submersibles modernes. En outre, les phénomènes ondulatoires ont des caractéristiques relativement semblables à celles de la propagation du son sous l’eau, elle même phénomène vibratoire. Dès lors, passer d’une analyse de signal acoustique à une analyse de signal vibratoire ne suppose pas de devoir « tout re-développer », mais d’adapter les systèmes de traitement et d’analyses à ce nouvel environnement .

Vague sous marin Analyses Défense | Fédération de Russie | Flotte sous-marine
Tous les sous-marins génèrent des ondelettes dans l’océan

D’autres axes de recherche, alternatifs à l’utilisation du sonar, sont en cours dans le Monde. La Chine veut ainsi developper un satellite doté d’un laser à haute puissance pour détecter les sous-marins jusqu’à une profondeur de 500 m, ce qui parait toutefois très exagéré au regard des connaissances actuelles sur le sujet. Les Etats-Unis ont également développé un système de détection de mines navales par laser, et la Darpa étudie aujourd’hui la possibilité d’utiliser des micro-organismes pour détecter les phénomènes ondulatoires, comme les russes donc, générés par un sous-marin, dans une logique de chaine de détection statique, à l’image de la célèbre ligne SOSUS de détecteurs sonars qui permit de détecter et de suivre les mouvement des sous-marins soviétiques dans l’Atlantique nord durant toute la guerre froide. N’oublions pas, enfin, les applications des phénomènes quantiques qui, dans tous les domaines de la détection, risquent de profondément modifier les paradigmes.

Comme depuis la nuit des temps, à chaque bouclier, il apparait sa lance ….

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