jeudi, novembre 14, 2024

La Marine Indienne veut developper un nouveau chasseur bimoteur embarqué pour 2026 …

L’Agence de developpement aéronautique indienne, intégrée au DRDO, la direction des équipements de La Défense, a surpris beaucoup de monde en annonçant qu’elle abandonnait l’acquisition de la version navale du chasseur léger monoréacteur Tejas Mk2 de facture locale, et de le remplacer par un nouveau chasseur embarqué de design local et bimoteur, qui devra faire son premier vol en 2026. Cette décision a été prise en concertation avec la Marine Indienne, qui ne souhaite pas utiliser de chasseur embarqué monomoteur jugé mal adapté (à raison), pour remplacer ses Mig29K à partir de 2030.

Pour n’importe quel avionneur expérimenté, le developpement d’un appareil de combat moderne en 5 ou 6 ans est une tache difficile, mais pas impossible. Toutefois, concernant l’industrie de Défense indienne, ce délais semble exagérément optimiste. En effet, elle n’a conçu, en tout et pour tout, que le chasseur léger Tejas et sa version Mk2 de manière autonome, et l’appareil, selon de nombreux critères, est loin d’être une réussite. En outre, même pour des industries expérimentées, comme l’industrie russe ou chinoise, la conception d’un chasseur embarqué est un véritable défis. Il suffit de constater l’attrition des Su33 russes et des J15 chinois pour s’en convaincre. De plus, il ne s’agit pas, comme ce fut le cas du Tejas Mk2 qui avait pourtant réussi il y a quelques semaines ses premiers décollages sur tremplin et appontages sur pont simulé, de partir d’une plate-forme commune existante pour en dériver une version navale, mais de concevoir un tout nouvel appareil, avec l’ensemble des difficultés que cela comporte. Même si la démarche de « navaliser » un appareil existant a rarement donné de bons résultats, c’est tout de même une tache moins ardue que de concevoir un appareil entièrement nouveau.

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L’Armée de l’Air indienne reste donc le seul client du Tejas comme du Tejas Mk2 à ce jour

Selon l’AdA, l’appareil indien doit être conçu, comme le Mig29K, pour opérer à partir des porte-avions STOBAR de la Marine Indienne, et non de porte-avions CATOBAR, c’est à dire munis de catapultes. Pour y parvenir, il devra être en mesure de developper un important rapport poussée/poids en charge, excluant, de fait, la possibilité de recourir à un moteur local. On peut penser que le nouvel appareil pourra recevoir le turboréacteur F414 de General Electric qui propulse le Super Hornet et le Tejas Mk2, à l’instar du programme de chasseur lourd AMCA de l’armée de l’air indienne, qui prévoit lui aussi d’utiliser ce moteur.

Reste que rien n’est encore acté, et cette décision peut ouvrir de réelles opportunités pour l’industrie européenne aéronautique, et particulièrement pour l’industrie française. En effet, l’un des avantages du Super Hornet vis-à-vis du Rafale dans la compétition portant sur l’acquisition de 57 avions de combat embarqué par New Delhi, portait justement sur l’utilisation du même moteur que celui choisi par le Tejas Mk2 naval, le F414. En redistribuant les cartes, le DRDO ouvre donc une opportunité pour Safran et son réacteur M88 qui équipe le Rafale, afin de se positionner pour équiper le nouvel appareil, et pour le consortium Rafale d’accompagner la démarche de conception indienne, bénéficiant au passage d’une possible nouvelle commande « Make in India » de l’Armée de l’Air, et donc d’importants gains de temps et d’argent pour l’administration et les finances publiques indiennes. En positionnant le M88 comme alternative au F414, le groupement Rafale permettrait de renforcer son offre face à Boeing, et de proposer une réelle optimisation des infrastructures de maintenance embarquées et de régénération des aéronefs sur les porte-avions indiens, ouvrant la voie à d’autres collaborations, comme au niveau du Radar, du système de Défense, des armements…

Atelier Rafale 1 Actualités Défense | Aviation de chasse | Coopération internationale technologique Défense
Lé redefinition du programme local de chasseur embarqué indien ouvre des opportunités pour l’industrie aéronautique française pour renforcer sa présence dans la marine indienne

C’est en revanche un nouveau coup dur pour le Tejas, et le Tejas Mk2, qui décidément peinent à convaincre, même dans son propre pays. Le programme Light Combat Aircraft (LCA) Tejas (Glorieux en sanscrit), a été lancé en 1990, et le premier vol eu lieu en 2001. Mais il aura fallu atteindre 14 ans pour voir l’appareil entrer en service dans l’Indian Air Force, en 2015. Mono-réacteur léger ayant une masse maximum au décollage de 8 tonnes, il est propulsé par le turboréacteur F404 de General Electric, qui équipe le F/A 18 Hornet, offrant 5,6 tonnes de poussée sèche, et 8,5 tonnes avec post-combustion.

Malgré un imposant budget de developpement, et un prix unitaire estimé à plus de 55 m€, soit plus cher qu’un JAS 39 Gripen E/F beaucoup plus performant, les performances du Tejas sont décevantes, dans tous les domaines, allant de la vitesse (max Mac 1,6) au rayon d’action inférieur à 550 km, et une capacité d’emport limitée. L’IAF devait en acquérir 260 initialement, mais ce chiffre fut rapidement ramené à 83, avec l’assurance de pouvoir les amener au standard Mk2 ultérieurement. Le Mk2 corrige certains gros défauts du Mk1, avec un moteur plus puissant F414, un capacité de carburant supérieure, et des performances plus élevées, sans toutefois égaler celle d’avions comme le Gripen ou le F16, et probablement le J10C chinois ou le FH17 pakistanais.

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