Entré en service en 1977, le missile anti-navire AGM-184 Harpoon a été produit à plus de 7500 exemplaires par MacDonnel Douglas puis Boeing Defense, et employé par plus d’une trentaine de marines et forces aériennes dans le Monde, ne cédant dans ce domaine qu’au fameux missiles de la famille Exocet conçu par NordAviation/Aerospatiale et entré en service en 1975. Ces deux missiles n’ont pas que partagé des performances et des profils de vol proches, ils ont également en commun une extraordinaire longévité, puisque tant le missile américain que français continuent d’être produits et exportés presque 50 années après leur entrée en service. Pour autant, pour l’un comme pour l’autre, même si les performances des versions modernes Harpoon Block II+ ER et Exocet MM40 Block IIIc n’ont plus guère à voir avec les premiers AGM-184 et MM-38, ils commencent à se montrer vulnérables aux défenses anti-missiles modernes, tant du fait des missiles antimissiles à courte et moyenne portée que des systèmes de protection rapprochée CIWS ou des progrès réalisés dans le domaine du brouillage et des leurres.
Ces deux missiles proposaient initialement une plus-value importante de part leur trajectoire de vol rasant les flots à vitesse subsonique élevée (entre 850 et 900 km/h), ne laissant que quelques dizaines de seconde à la cible pour détecter, engager et tenter de détruire ou de leurrer le missile. Avec les progrès des systèmes de combat, des systèmes de détection et des armes embarquées, ce délais est désormais largement suffisant pour répondre à une telle menace pour un navire moderne (ce n’était pas le cas du Moskva), réduisant de fait l’efficacité potentielle du missile. Pour y répondre, la France et la Grande-Bretagne ont entrepris de developper un nouveau missile anti-navire supersonique conservant les attributs de l’Exocet et de son vol rasant, mais dont le profil furtif, la vitesse supersonique et la trajectoire finale de type pop-up réduiront le délais de réponse à moins de 5 secondes pour le navire ciblé. Les Etats-Unis, de leur coté, ont semble-t-il décidé de se tourner vers une autre approche, celle choisie par la Russie et la Chine, à savoir le missile hypersonique.
En effet, dans le cadre de la préparation du budget 2023 du Pentagone, est apparu un nouveau programme désigné Offensive Anti-Surface Warfare Weapon (OASuW) et baptisé HALO, visant à concevoir le remplaçant hypersonique du missile Harpoon. L’US navy demande en effet un financement de 92 m$ en 2023 pour engager les travaux concernant ce programme, après qu’un financement de 56m$ lui ait été refusé en 2022 pour ce même projet. L’objectif visé est de permettre de developper un missile anti-navire capable d’évoluer dans un environnement fortement contesté, en haute mer comme en zone littoral, et de déjouer les défenses antimissiles existantes et à venir. La phase de developpement s’étendra jusqu’en 2027, ce qui laisse supposer que le nouveau missile n’entrera pas en service avant la prochaine décennie. Rappelons que le missile anti-navire russe 3M22 Tzirkon doit, quant à lui, entrer en service à la fin de cette année à bord de la frégate Admiral Golovko.
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