Face à la montée en puissance des capacités de première frappe de la Corée du Nord, l’Etat-major sud-coréen, soutenu par le gouvernement, annonça en juillet 2019 son intention de se doter de deux porte-avions légers capable de mettre en oeuvre chacun 20 avions de combat F-35B à décollage et atterrissage vertical ou court. Selon les arguments avancés par les militaires, ce programme, désigné CVX, permettra de maintenir des capacités de frappe et de riposte même si Pyongyang venait à déclencher des hostilités contre son voisin du sud, et à détruire les bases aériennes sud-coréennes par des frappes préventives de missiles balistiques et de croisière. En 2020, cependant, le projet évolua pour ne concerner qu’un unique navire de 40.000 tonnes en charge dérivé des porte-hélicoptères d’assaut de la classe Dokdo, et Séoul ne commanda que 20 F-35B en conséquence.
Pour autant, de nombreuses voix se sont élevées à Séoul contre ce programme depuis son annonce, y compris dans le domaine académique, pour interroger quant à sa pertinence opérationnelle et son rapport couts-bénéfices. Selon ses détracteurs, les chances que l’ensemble des bases aériennes sud-coréennes soient effectivement neutralisées par surprise par la Corée du Nord sont faibles, d’autant que le pays investit massivement dans l’amélioration de ses capacités anti-missiles et anti-balistiques. En outre, Séoul n’a nullement besoin de capacités de projection de puissance, rôle principal d’un porte-avions, et se doter d’un tel navire uniquement pour répondre à des scénarios défensifs s’avèrerait bien peu efficace en matière budgétaire comme en matière de personnels.
Il est vrai qu’en matière de capacités de riposte et de controle de la menace, la flotte sud-coréenne dispose déjà, et disposera à l’avenir, de capacités plus que significatives. Elle s’est doté en effet, avec la série des 6 destroyers lourds KDX-III, d’une capacité navale performante tant pour contrer les missiles balistiques et missiles de croisière nord-coréen avec les missiles SM3 et SM6, que de capacités de frappe avec les missiles de croisière Hyunmoo-3 d’une portée de plus de 1500 km. En outre, le pays dispose désormais de missiles balistiques lancés à partir de sous-marins, ou SLBM, à bord de ses nouveaux sous-marins AIP Dosan Ahn Chang-ho capables de mettre en oeuvre le missile balistique à moyenne portée Hyunmoo-4-4. De fait, à la fin de la décennie, la flotte sud-coréenne disposera de 9 sous-marins et de 6 destroyers lourdement armés et capables de frappes de riposte contre les capacités offensives nord-coréennes.
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