S’il est un sujet clivant aussi bien au niveau des รฉtats-majors que de la classe politique en France, c’est bien la question d’un second porte-avions pour la Marine nationale. La situation est pourtant paradoxale, puisqu’il n’existe sur la planรจte que deux Marines disposant de porte-avions ร propulsion nuclรฉaire, qui plus est, รฉquipรฉs de catapultes et de brins d’arrรชt permettant de mettre en ลuvre une vaste panoplie d’appareils.
Quant aux autres marines, elles doivent se contenter de porte-avions ou porte-aรฉronefs armรฉs d’avions ร dรฉcollage court ou vertical comme le F-35 et le Harrier, ou capable d’employer un tremplin comme le Mig-29 ou le J-15, ceci se faisant au dรฉtriment de la charge de l’appareil ainsi que du nombre de rotations aรฉriennes supportรฉes par le navire. Les avantages du porte-avions CATOBAR (CATapultes et Brins d’ARrรชts) sont tels que Pรฉkin a consenti des efforts colossaux pour s’en doter, alors que le nouveau porte-avions Type 003 Fujian a รฉtรฉ lancรฉ le 17 juin de cette annรฉe.
Sommaire
Le remplaรงant du Charles de Gaulle sera sรฉcurisรฉ dans la LPM
En 2020, la ministre des Armรฉes Florence Parly annonรงa le lancement du programme destinรฉ ร concevoir et construire le remplaรงant du porte-avions nuclรฉaire (PAN) Charles de Gaulle, en service depuis 2001, et qui devra quitter la ligne en 2038. Le nouveau navire sera รฉgalement ร propulsion nuclรฉaire, comme son prรฉdรฉcesseur, mais bien plus imposant, avec un tonnage estimรฉ de 70.000 ร 80.000 tonnes, presque deux fois les 45.000 tonnes du Charles de Gaulle, afin de mettre en ลuvre le successeur du Rafale M, lui aussi plus imposant que l’appareil qu’il remplacera.
En outre, le navire disposera de catapultes, non pas ร vapeur comme le Charles de Gaulle et les porte-avions Foch et Clemenceau avant lui, mais รฉlectromagnรฉtiques, qui seront acquises aux รtats-Unis et du mรชme modรจle que celles qui รฉquipent les nouveaux super porte-avions nuclรฉaires de l’US Navy de la classe Ford.
Toutefois, comme son prรฉdรฉcesseur, le nouveau porte-avions franรงais souffrira d’une faiblesse de taille, celle d’รชtre le seul porte-avions en service au sein de la Marine nationale, ne permettant pas d’assurer l’indispensable permanence aรฉronavale indissociable de son efficacitรฉ, ainsi que de son caractรจre dissuasif.
Nรฉanmoins, alors que la construction du remplaรงant du Charles de Gaulle avait dรฉjร engendrรฉ de nombreuses protestations, il est vrai รฉmanant en grande partie d’une unique source, l’effort budgรฉtaire liรฉ ร la construction d’un second bรขtiment et de son groupe aรฉronavale est pour l’heure jugรฉ ร ce point รฉlevรฉ qu’il n’est pas envisagรฉ, et reportรฉ ร une dรฉcision ultรฉrieure, dans une redite de ce qui fut fait ces 20 derniรจres annรฉes au sujet d’un รฉventuel sister-ship du Charles de Gaulle.
Alors que la situation sรฉcuritaire a considรฉrablement รฉvoluรฉ ces derniers mois, en Europe, comme dans le Pacifique et au Moyen-Orient, et qu’une nouvelle Loi de Programmation Militaire sera conรงue en urgence cet automne pour rรฉpondre ร ces รฉvolutions gรฉopolitiques, est-il pertinent, ou tout simplement possible, d’acter la construction d’un second porte-avions destinรฉ ร รฉvoluer aux cรดtรฉs du remplaรงant du Charles de Gaulle, alors que l’ensemble des Armรฉes souffre de nombreuses faiblesses capacitaires ร traiter de toute urgence ?
Forces, faiblesses et contraintes d’un second porte-avions pour la Marine nationale
Si le porte-avions est plรฉbiscitรฉ dans la plupart des grandes forces armรฉes du monde, il ne manque pas de dรฉtracteurs en France. Selon les arguments avancรฉs frรฉquemment, ce navire serait onรฉreux et vulnรฉrable, et consommerait des crรฉdits qui seraient bien plus efficacement dรฉpensรฉs pour accroitre d’autres capacitรฉs, comme la flotte de chasse, la flotte sous-marine ou la flotte de surface.
Un arbitrage de moyens complexe et difficile ร rรฉaliser
En outre, le binรดme formรฉ par le Rafale et le nouvel avion de ravitaillement en vol A330 MRTT permettrait ร l’Armรฉe de l’Air de mener des opรฉrations ร longue distance, sans qu’il soit nรฉcessaire de dรฉployer un porte-avions dont le bรฉnรฉfice opรฉrationnel serait dรจs lors, selon ses dรฉtracteurs, contestable si pas superfรฉtatoire.
L’aspect budgรฉtaire est incontestable, puisque pour le prix d’un second porte-avions nuclรฉaire et des navires et aรฉronefs nรฉcessaires ร sa mise en ลuvre, l’Armรฉe de l’Air et de l’espace pourrait acquรฉrir 80 Rafale supplรฉmentaires, soit cinq escadrons de chasse, ainsi qu’un escadron d’A330 MRTT supplรฉmentaires, doublant de fait son format thรฉorique. Et si la Marine nationale venait ร renoncer ร son premier porte-avions, elle pourrait se doter de six frรฉgates et trois sous-marins nuclรฉaires d’attaque supplรฉmentaires.
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Nous avons ร ยซย couvrirย ยป tous les Ocรฉans par nos possessions, la question ne se pose mรชme pas ! Un PAN en plus est absolument nรฉcessaire et des porte-hรฉlicoptรจres pour occuper le terrain et affirmer notre prรฉsence outre-mer. Ce ne serait pas plus mal pour notre ยซย rรฉindustrialisationย ยป promise par le clown de l’Elysรฉe !
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