jeudi, mars 28, 2024

Faut-il profiler les criminels de guerre ?

Il y a quelques jours, les autoritรฉs ukrainiennes ont annoncรฉ qu’elles avaient recensรฉ pas moins de 58.000 crimes de guerre perpรฉtrรฉs par les forces russes sur son territoire depuis le dรฉbut de l’intervention militaire le 24 fรฉvrier. De fait, peu de temps aprรจs le dรฉbut des hostilitรฉs, des rapports faisant รฉtat de pillages, de viols, de tortures et d’exรฉcutions sommaires, y compris de prisonniers de guerre et de civils, commencรจrent ร  affluer, et de nombreux cas attestรฉs par des partis indรฉpendantes attestent effectivement de ces exactions. Pour le procureur en chef de la Court Pรฉnale Internationale de La Haye, Karim Khan, c’est aujourd’hui toute l’Ukraine qui serait une scรจne de crime, tant les exactions ont รฉtรฉ nombreuses. Si les instances nationales ukrainiennes et internationales sont aujourd’hui activement engagรฉes sur le relรจvement et la prรฉservation des preuves, et sur l’identification des criminels, force est de constater que la comprรฉhension des mรฉcanismes ayant donnรฉ naissance ร  de telles horreurs rรฉprimรฉes par la justice internationale, est pour le moins sommaire, et se limite le plus souvent ร  la mise en cause de la chaine de commandement, et des effets psychologiques que la guerre peut provoquer.

En effet, si les accords internationaux, notamment la Convention de Genรจve, permirent de crรฉer certaines instances pรฉnales internationales capables de juger les criminels de guerre, comme ce fut le cas du Tribunal de Nuremberg pour juger les criminels nazis, le tribunal International pour l’Extreme-Orient pour les criminels japonais, ou encore pour juger les crimes de guerre en Ex-Yougoslavie et au Rwanda, force est de constater que la comprรฉhension mรชme des criminels de guerre, et de leur psychologie ayant donnรฉ naissance ร  ces crimes, est trรจs superficielle, de sorte qu’il est aujourd’hui trรจs difficile de mettre en cause pรฉnalement l’ensemble des acteurs impliquรฉs dans ces crimes, mais รฉgalement de se doter d’outils permettant d’anticiper voire de prรฉvenir l’รฉmergence de ses exactions.

TPI Ex Yougoslavie Analyses Dรฉfense | Conflit Russo-Ukrainien | Fรฉdรฉration de Russie
Le TPI de La Haye a รฉtรฉ crรฉรฉ en 2002. Il est activement prรฉsent en Ukraine pour rรฉcolter les preuves de crimes de guerre.

Les exactions gratuites contre les populations civiles adverses ou les prisonniers de guerre sont aussi anciennes que la guerre elle-mรชme. Ainsi, en 260 avant notre รจre, le grand gรฉnรฉral de l’รฉtat de Qin (Chine occidentale) Bai Qi, exรฉcuta 400.000 prisonniers de l’Etat voisin de Zhao aprรจs la bataille de Changpin, en les enterrant vivants. A cette รฉpoque, le vainqueur avait droit de vie et de mort sur le vaincu, en Chine comme partout sur la planรจte. La notion de crime de guerre n’est apparue, quant ร  elle, qu’au 19รจme siรจcle, notamment avec la signature de la Premiรจre Convention de Genรจve portant sur la protection des blessรฉs de guerre en 1864, convention intimement liรฉe ร  la crรฉation de la Croix Rouge suite ร  la bataille de Solferino en 1959. Depuis, 3 autres conventions ont รฉtรฉ signรฉes, en 1906 pour les marins blessรฉs, en 1929 pour le traitement des prisonniers de guerre, et en 1949 pour la protection des populations civiles. La Cour Pรฉnale Internationale, seule juridiction internationale apte ร  juger de tels mรฉfaits, n’a รฉtรฉ crรฉรฉe qu’en 2002. Avant cela, les criminels de guerre รฉtaient le plus souvent jugรฉs par des tribunaux nationaux, de telles procรฉdures ne visant avant tout que le perdant d’un conflit, tant ร  des fins lรฉgales que politiques.


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