Depuis 2015, le programme NGAD de chasseur de 6ᵉ génération était l’un des piliers inamovibles de la planification de l’US Air Force. Celui-ci devait, en effet, prendre le relai des F-22 Raptor, à partir de 2030, pour, à nouveau, conférer aux forces armées américaines, une supériorité aérienne indiscutable pour les 20 à 30 années à venir.
Ces certitudes, il est vrai, étaient très confortables, pour les militaires comme pour les industriels, puisqu’il s’agissait d’appliquer, à l’identique, les mêmes recettes qui firent le succès du F-15 puis du F-22, par le passé. Elles ont pourtant été remises en question par certains, comme Will Roper, lorsqu’il dirigeait les acquisitions de l’US Air Force de 2019 à 2021.
Pour le Dr Roper, l’accélération du tempo technologique engendré par le retour de la compétition stratégique entre super-puissances, ne permettrait bientôt plus de concevoir des super-avions de combat, hors de prix, pendant une ou deux décennies, la perception technologique et opérationnelle, au moment de sa conception, n’étant tout simplement plus d’actualité, lors de son entrée en service.
Si Will Roper a eu raison trop tôt, cela n’aura probablement pas été de beaucoup. En effet, le Secrétaire à l’Air Force Frank Kendall, vient de donner certaines précisions, sur les causes profondes ayant entrainé une nouvelle réflexion sur le futur de l’aviation de chasse de l’US Air Force, et les différentes déclarations faisant peser un doute croissant sur l’avenir du programme NGAD, depuis un mois maintenant.
Selon lui, s’il est certain du développement, à plus ou moins long terme, du programme NGAD lui-même, il est beaucoup moins affirmatif, concernant le fait que celui-ci sera bien articulé autour d’un avion de chasse piloté.
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Pour Frank Kendall, le programme CCA de drones de combat est très largement prioritaire face au programme NGAD
En effet, pour le Secrétaire à l’Air Force, au-delà des considérations budgétaires importantes qui entravent l’exécution de l’ensemble des programmes de l’USAF, le programme de drones de combat collaboratifs, désigné par l’acronyme CCA (Collaborative Combat Aircraft), est non seulement prioritaire, face au NGAD, mais il conditionne, aussi, l’avenir et les choix technologiques et structuraux, qui définissent le chasseur de 6ᵉ génération américain.
En effet, pour l’US Air Force, les drones collaboratifs, qu’ils soient d’attaque, de reconnaissance ou de type Loyal Wingmen, représentent, à présent, la seule réponse possible face au défi opérationnel et technologique posé par la Chine et l’Armée Populaire de Libération, autour de Taïwan.
Par ailleurs, les avancées rapides constatées dans les domaines de la détection, y compris en matière de contre-furtivité, de la défense aérienne, ainsi que les engagements coopératifs réalisés par les Forces aériennes chinoises, obligent à repenser le modèle traditionnel de supériorité aérienne centré sur des avions de combat piloté de très haute technicité, comme peut l’être, aujourd’hui, le F-22 Raptor, et comme devait l’être le NGAD.
La guerre en Ukraine montre que le pilote est le point faible de la puissance aérienne lors d’une guerre de haute intensité.
De fait, l’élévation de la menace sur les avions de combat aurait, dorénavant, dépassé le seuil de soutenabilité pour conduire une guerre aérienne de haute intensité dans la durée, dans l’analyse de l’US Air Force. Et il semble bien que ce soit le pilote qui, dans cette analyse, représenterait le plus gros point faible de la doctrine actuelle.
Cette faiblesse a particulièrement été mise en évidence, ces dernières années, par la guerre aérienne en Ukraine. Ainsi, si les forces aériennes ukrainiennes ne paraissent pas manquer de ressources pour recevoir de nouveaux avions de combat livrés par les pays européens, c’est autrement difficile pour ce qui concerne les équipages devant les mettre en œuvre.
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