samedi, septembre 6, 2025

Marine Nationale : les défis et opportunités de la Révision de Revue Nationale Stratégique 2022

Annoncée le 21 janvier par le président Macron, à l’occasion des vœux aux armées, la révision de la revue nationale stratégique 2022, doit permettre d’actualiser la trajectoire programmatique militaire française, notamment pour la Marine nationale.

Celle-ci devra, notamment, intégrer les évolutions des menaces apparues ces deux dernières années, après que la Revue nationale Stratégique 2022 a été rédigée pour servir de trajectoire à la Loi de Programmation Militaire 2024-2030.

Après un premier article faisant la synthèse de ces nouvelles menaces depuis 2022, cette analyse porte sur les arbitrages probables qui apparaitront dans cette révision. Au-delà de l’évidence, l’article étudie, également, le format nécessaire, pour la Marine nationale, afin de faire face aux nouvelles menaces, ainsi qu’aux évolutions géopolitiques intervenues ces dernières années, entrainant une transformation sensible des besoins en matière de puissance navale, pour la France.

La flotte française, un enjeu majeur pour la sécurité du pays, de ses territoires et de ses intérêts stratégiques

Le rôle de la Marine militaire, dans les grandes confrontations qui se dessinent à travers le Monde, est souvent mal compris, spécialement en France. En effet, pendant longtemps, les armées françaises ont disposé de suffisamment d’emprises régionales, en Afrique et au Proche et Moyen-Orient, notamment, pour accueillir des déploiements terrestres et aériens, suffisants pour protéger les intérêts du pays.

marine nationale FREMM Mistral
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Ces deux dernières années, cependant, l’évolution de la géopolitique a montré la fragilité de cette posture, alors que 6 des 8 pays africains qui accueillaient des contingents militaires français, ont exigé, plus ou moins fermement, leur départ, les privant de très importants moyens de renseignement et d’action, pour contenir l’évolution de la menace terroriste dans cette région.

Le cas n’est pas spécifique à la France, d’ailleurs. Ainsi, la Russie vient de perdre ses deux emprises syriennes, la base navale de Tartous et la base aérienne de Hmeymim, après le renversement de la dynastie Assad, privant la Marine russe d’une position stratégique en Méditerranée orientale, y compris pour contrôler les accès à la mer Noire par le détroit du Bosphore, alors que l’Armée de l’air russe a perdu une base essentielle pour soutenir les forces déployées en Afrique.

Une fois privées de ces emprises terrestres, les armées ne peuvent se tourner que vers leur flotte, pour protéger les intérêts de la Nation, et pour peser dans le déroulement des tensions et des conflits régionaux, pouvant influencer directement le pays.

Par ailleurs, alors que la compétition entre super-puissances a retrouvé un niveau de tension supérieur ou égal à celui de la guerre froide, la force navale a également pour rôle d’assurer la sécurité des espaces maritimes nationaux, ainsi que des flux commerciaux, indispensables au fonctionnement fluide du pays et de son économie, face à des moyens adverses, eux aussi, en pleine expansion, précisément pour exploiter toutes les failles du dispositif défensif naval national.

Dès lors, quel que soit le point de vue choisi, l’adaptation des moyens de la Marine nationale, pour faire face aux nouveaux enjeux sécuritaires, s’impose aujourd’hui à la France, tant pour assurer la sécurité du pays et de ses citoyens, y compris du point de vue économique, que pour fournir à l’état-major, des options d’action inaccessibles par d’autres moyens.

Sécuriser les ambitions de la LPM 2024-2030 et combler ses lacunes pour la Marine nationale

Dans ce contexte, la première mission de la révision de la Revue Nationale Stratégique 2022, annoncée par le Président Macron, sera, sans le moindre doute, de sécuriser strictement l’exécution de la trajectoire fixée par la Loi de Programmation militaire 2024-2030.

porte-avions nucléaire de nouvelle génération PANG
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20 Commentaires

  1. Je rajouterais le challenge de n avoir que des équipements Itar Free, renforcant notre autonomie face aux USA qui sont denvenus moins fiables aujourd’hui. Pour les portes-avions ce ne sera pas une mince affaire, mais aussi les drones (le Reaper par exemple)…

  2. déjà pour commencer nos fdi devrait sortir d’armement avec 32 silos, 1 rapid fire et 16 mistral, c’est un passage obligé dans la configuration qui s’annonce . en faire des super fdi ne servirai à rien, c’est une frégate moyenne, sur un marché qui est intérressant et il faut conserver son format.s’il faut renforcer la défense aérienne, oui l’idée de s’insérer dans un programme conjoint, avec pourquoi pas les pays bas, aurait de l’intérêt ? en plus on montrerai que l’on sait renvoyer l’ascenseur vis à vis des barracudas et des chasseurs des mines. moi je suis pour ces coopérations ou on sait tirer partie des autres contributeurs.
    pour la partie Rh , je vois bien une remontée du service national, mais sur la version volontariat ou choisit comme vous en parliez dans un autre article. pour ma part je suis entré dans la marine nationale en devançant l’appel à 18 ans avec un bep en poche (c’est à dire pas grand chose aujourd’hui) j’ai navigué et cela m’a plut et j’ai rempiler (comme on disait à l’époque). j’y ai fait une belle carrière pour quelqu’un qui n’avait pas un grand bagage de départ, mmais l’envie cheville au corps. je pense qu’aujourd’hui ou beaucoup de jeunes sont en peine de formations, de but dans la vie et de projets, ce pourrait être un beau challenge. ce serait un vivier pour la marine qui à besoin de beaucoup d’officiers mariniers et un juste retour.
    bon fauddra expliquer à nos politiques la manoeuvre, mais cela je compte sur vous.

  3. bonjour, vous ne parlez pas de la protection de nos emprises d’outremer (réunion, nouvelle calédonie, tahiti) mais actuellement nous avons des POM pour les surveiller, un peu limite dans le contexte qui ne fait qu’empirer. ne faudrait il pas prévoir 3 frégates de 1er rang basées en permanence dans le pacifique pour dissuader certains pays de plus en plus agressifs. voir chine semaine dernière, tirs missiles réels sans prévenance pays limitrophes (risques vols civils non prévenus) ?

  4. Plutôt que de co-développer un gros destroyer que vous avez mintes fois critiqué, il serait plus simple et moins coûteux de partir sur une version jumboisée de la FDI. On sait que la jumboisation permet de rajouter des VLS donc si on peut sur une FDI « full » et un rajout possible de 16 VLS cela nous porte facilement à une FDI avec plus d’autonomie, 48 VLS et potentiellement un LMP. Ce qui serait plutôt suffisant au vu du prix de revient.

    • Je n’ai jamais dit qu’un destroyer, dans l’absolue, était moins efficace que 3 frégates. Tout dépend du contexte, du nombre de vls embarqués, et de la taille de l’équipage.
      Dans l’exemple employé, je comparai un destroyer A. Burke (300 hommes, 96 VLS et 2,5 Md$) à 3 FDI (3×32 VLS, 300 hommes et 3 x 750 m€), en disant que la Marine nationale avait, aujourd’hui, davantage besoin de 6 frégates, que de 2 destroyers.
      Dans l’exemple de l’article, on a déjà 7 frégates ASM supplémentaires. En outre, un destroyer européen n’aurait pas plus de 200 hommes à son bord, pour un prix que l’on peut évaluer à 2 Md€. Dans ce cas, le calcul est très différent. On a probablement intérêt à s’équiper de 4 de ces destroyers, à 80 VLS et avec un radar très puissant, plutôt que de 8 frégates FDI supplémentaires. Cela couterait un peu plus cher, mais pour une puissance d’escorte sensiblement supérieure, en particulier grâce à un radar beaucoup plus puissant.
      Tout dépend du contexte…

  5. Cet article traduit clairement l’écart entre aujourd’hui et demain afin de disposer d’une marine nationale robuste apte à faire face aux défis qui nous attendent. A contrario je mesure le gouffre qui existe entre cette projection réaliste et le niveau de préoccupation actuelle de nos politiques au sujet de la défense nationale. Je m’interroge quant au sursaut nécessaire pour combler l’écart entre les deux ? viendra t’il du positionnement de Trump qui va pousser l’Europe à devenir beaucoup autonome et augmenter d’autant les budgets militaires ?
    Je mesure par contre que nous avons conservé une BITD pointue et performante, malgré les coupes budgétaires drastiques, en capacité de répondre à la hausse des besoins de nos armées.

  6. Il me semble aussi qu’à court terme il pourrait être intéressant de s’inspirer des russes pour développer et mettre en ligne rapidement un modèle de corvette ASM à l’équipage limité, bien armé et produit en grande série pour protéger les côtes, entretenir une présence avancée depuis l’outre-mer et des pays amis, et pour renforcer l’escorte de nos groupes de surface.

    Comme vous l’avez souvent mentionné de nouveaux VLS avec une capacité quad-pack révolutionnerait nos capacités opérationnelles à nombre de coques identique.

    En parallèle des « submersibles de combat » relatives peu coûteux et peu vulnérables du fait de leur capacité à plonger (basés sur le concept SMX-25mais avec 24 VLS) feraient d’excellents éclaireurs / piquets radars en méditerranée comme dans le pacifique, et des « submersibles d’appui » pourraient accompagner les groupes de surface pour fournir un stock de missiles deportés aux escorteur dont la dotation est clairement insuffisante.

    • Je pense sincèrement que l’arrivée des drones sous-marins et de surface, va profondément bouleverser la hiérarchie concernant les petites unités de surface (corvette, OPV) et sous-marines (sous-marins de 1500 tonnes et moins).
      Pour le quadpack, c’est un sujet qui n’a pas vraiment les faveurs du principal intéressé, MBDA, qui préfère garantir un taux d’interception à 95 %, plutôt que de multiplier les missiles avec des contraintes accrues. En outre, ces solutions quadpack sont surtout utiles contre des menaces de type missiles de croisière ou drones, qui sont également à la portée de l’artillerie antiaérienne moderne.
      Après avoir longtemps défendu cette solution, essentiellement pour des raisons d’export, j’avoue être plus réservé aujourd’hui, et je pense qu’il est préférable d’ajouter un ou deux RapidFire, ou un ou deux Lanceurs Modulaires Polyvalents, plutot que de changer les VLS. Dit autrement, je préfere aujourd’hui avoir 32 Aster 30B1, un Rapid Fire et un LMP avec 16 Mistral, plutot que 16 B1, et 64 ESSM, ce qui couterait 30 % plus cher.

    • 2 à 2,5 Md€ / an pendant 15 ans pour la partie navale et aérienne, hors drones, avec soit un PANG à 8 Md€, soit deux PA-M à 9 Md€ (pour deux navires), 30 Rafale M supplémentaires (je ne connais pas le prix du NGF). Hors développement de l’hélicoptère lourd, mais avec 24 exemplaires à 50 m€/unité.
      Soit 8 à 10 % du passage de 2 à 3 % PIB.
      Le passage de 30 à 40k marins, entrainera un surcout de 2,5 à 3 Md€, soit une enveloppe globale de 5 md€, +/- 0,5 Md€, 20 % de l’enveloppe supplémentaire.

      • merci de la précision, bon sur le cout c’est pas énorme vu que c’est lissé, mais si d’aventure (je fais le scénario noir) il fallait accélérer la montée en puissance au niveau des frégates par exemple le site de lorient seul ne pourra jamais fournir la cadence et brest ne fait plus que de la maintenance depuis la fin de DCNS. pensez vous que st nazaire pourrait être réquisitionné vu qu’ils assemblent déjà les BRF ?

        • 15 ans, c’est déjà très très court pour un tel changement de format. Il faut maintenir un niveau d’activité soutenable pour les entreprises, et une croissance soutenable par al pyramide des ages et des grades des effectifs militaires. Je ne vois pas comment il serait possible de faire plus court. Cf l’article sur les contraintes liées à l’augmentation des dépenses de défense.

          • oui en temps de paix bien sur, mais malheureusement je pense que l’on a manger notre pain blanc et que l’on risque fort d’être obligés rapidement de passer à une forme plus soutenue de fabrication dans les années à venir.

        • Pas tant que ça. Les coûts de personnels et de mco vont avoir une progression linéaire, alors qu’il est tout à fait possible de concentrer les investissements industriels et infrastructures, pour avoir une pente décroissante, de sorte que l’enveloppe globale, elle, demeure inchangée, surtout sachant que l’on sera dans une trajectoire de rattrapage, et non de maintien.

    • Pour la révision de la RS 2022, je dirai qu’elle est nulle.
      Mais là n’est pas le but.
      En 2021, j’écrivais sur le nécessité pour l’Armée de l’air de se doter d’un Rafale doté de missiles antiradiation, et accompagné d’un drone de combat. À l’époque, Florence Parly, interrogée à ce sujet par le député JC Lagarde (abonné à Meta-defense alors), avait rejeté l’idée. Et puis finalement…
      Au final, developper ce type de raisonnement, n’est jamais du temps perdu. Cela permet de faire émerger, dans l’esprit de certains décideurs, certains schémas, qui par la suite, peuvent émerger.
      Et plus le site aura d’audience, plus il sera crédible, plus il sera « intégré », directement ou indirectement, dans la reflexion stratégique. Du moins, est-ce mon point de vue.
      Surtout, le but, ici, est de developper un raisonnement à l’attention des lecteurs, pour enrichir leur « bibliothèque personnelle », au sujet des questions de défense. C’est pourquoi, d’ailleurs, je présente systématiquement des raisonnements, et non des affirmations.

      • Je comprends parfaitement, et mes commentaires, mon abonnement sont ma maigre contribution.
        J’espère que vous serez plus lu à l’avenir et surtout que nos politiques s’inscriront dans une politique de renforcement de nos armées à long terme.
        Nos forces et notre pays méritent mieux !

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