Lorsqu’en mars 2021, l’Amiral américain Phil Davidson, alors à la tête du très prestigieux Commandement du Pacifique des Armées américaines, prophétisa solennellement, et publiquement, que l’Armée Populaire de Libération serait en mesure de déclencher l’invasion de Taïwan, et ce, avant 2027, il cueillit à froid, aussi bien l’exécutif américain, qu’une opinion publique certaine de la suprématie de ses armées.
Cette déclaration ne fut jamais démentie par le Pentagone depuis. Bien au contraire, rapidement, cette échéance s’étalant de 2026 à 2030, fut qualifiée de « Fenêtre Davidson », période de tous les dangers, pour Taïwan, mais aussi pour les forces américaines déployées dans le Pacifique occidental, comme à Guam, dans les Mariannes et au Japon.
Si la période actuelle n’est pas encore dans la fenêtre Davidson, les extraordinaires tensions commerciales, opposant Washington et Pékin, font naturellement peser des menaces croissantes d’une confrontation militaire entre les deux pays, et en particulier, au sujet d’une vaste opération militaire chinoise, contre l’ile autonome, mais revendiquée par Pékin comme province dissidente de la République Populaire de Chine, depuis 1949.
La Chine, et plus particulièrement l’Armée Populaire de Libération, ont-elles, dès à présent, les moyens de mener une opération militaire offensive contre Taïwan, pour forcer son rattachement au pays ? Quelles résistances les armées taïwanaises peuvent-elles offrir, en 2025, face à l’APL ? Et les armées américaines, si elles devaient être engagées pour protéger l’ile, sont-elles en mesure de contenir la pression militaire chinoise, au point que cela pourrait dissuader Pékin d’un tel aventurisme ?
Sommaire
Entre embargo commercial et défis militaires, les tensions entre Washington et Pékin sont au plus haut
Face aux difficultés rencontrées avec la Russie, en Ukraine, et autour du grand chantier d’élagage de l’administration US, pour réduire les déficits publics, Donald Trump et son administration, ont lancé, il y a quelques jours, une offensive majeure et spectaculaire, sur la scène internationale, en imposant des droits de douanes sans précédent, à une centaine de pays de la planète.

Rapidement, cependant, cette offensive tous azimuts, c’est transformée en un bras de fer entre Washington et Pékin, Donald Trump comme Xi Jinping étant déterminés à avoir le dernier mot, à grand renfort de hausse des droits de douanes qui, à présent, dépassent les 200 %.
De fait, les économies américaines et chinoises apparaissent, aujourd’hui, entièrement déconnectées, sous embargo réciproque, entrainant une nouvelle hausse des tensions sans précédent, entre les deux pays.
Paradoxalement, et au-delà des conséquences plus que néfastes que cette guerre commerciale entraine des deux cotés, privant notamment les usines américaines des très précieux métaux et terres rares chinois, la présente situation met, de fait, la Chine dans un contexte économique qui était, jusqu’à présent, un frein très efficace pour retenir Pékin d’engager des opérations militaires directes en mer de Chine du Sud, et surtout autour de Taïwan.
Ce faisant, deux des trois freins qui retenaient la Chine, dans ce domaine, le frein économique et le frein politique, ont sauté par le bras de fer sino-américain, faisant reposer la décision chinoise d’entamer une opération militaire offensive contre Taipan, afin de réintégrer la province dissidente au pays, sur le seul frein du rapport de forces militaire.
La fenêtre Davidson et le début de la période d’opportunités pour l’invasion de Taïwan par la République Populaire de Chine
Or, cette situation critique, intervient, précisément, à quelques mois seulement, du début de la Fenêtre Davidson, qui prévoyait, en mars 2021, que la Chine et l’APL disposeraient d’une force militaire et des moyens nécessaires et suffisants, pour prendre l’ascendant sur Taïwan, et éventuellement, sur les forces américaines déployées dans la zone, pour reprendre militairement l’ile autonome.

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Face au potentiel lâchage de Trump envers les anciens protégés des USA ne serait-il pas le moment pour ceux étant le plus menacés (Ukraine, Taiwan, Korée mais aussi Japon, Pologne, Etats baltes, Suede et même le Canada…) de monter d’urgence un programme secret d’armes nucléaires tactiques, puis de provoquer 4 essais sous-terrain simultanément par ex. en Ukraine + Lettonie + Taiwan + Korée, en annonçant le même jour qu’ils renient le TNP et disposent d’armes extremementdissusives pour défendre leur souveraineté ? Est ce que la Chine et la Russie prendraient le risque de répliquer par du nucléaire alors qu’ils ne sont mêmes pas attaqués ? Après tout les états menacés sont des démocraties et la morale est pour eux: le « grand protecteur » les abandonne.
Aucune chance qu’un tel programme puisse être développé en secret, qui plus est dans ce pays, très liés aux États-Unis et à l’Europe. On ne sort pas du matériel fissible, qui plus est hautement enrichi, sans que cela ne se remarque.
Je crois pourtant que nous en sommes bien à un point ou certaines démocraties commencent à comprendre qu’elles sont en danger de mort, et ça pousse à un maximum d’inventivité. Une « coalition démocratique » en amérique(canada)+europe(pologne/ukraine)+asie(Corée), constatant l’incapacité/abandon de leur allié traditionnel, pourrait afficher ouvertement son intention de réaliser ensemble des armes nucléaires tactiques. Qui serait fondé à les empêcher, voir à les combattre ? Pour les démocraties en grand danger, cette situation serait-elle vraiment pire que de se faire « avaler/génocider » par leur puissant voisin ? Ils pourraient aussi nous demander de justifier pourquoi seule Israel aurait-elle le droit de se défendre par tout les moyens (y compris nucléaire) mais les autres démocraties devraient passivement se laisser dévorer par leurs grands voisins ?
Quand on voit la faiblesse des navires de guerre face aux missiles anti-navire en Mer Noire on peut se demander ce qu’il se passerait ? et si tout ces tonnages massifs produit par la Chine ne sont pas dépassés et seraient pas des cibles pour notamment le AGM-158C LRASM largué en nombre par des bombardiers B52, B1B, B2, et demain B21. Sans compter la supériorités absolue des SNA qui de fait clouent les navires au port. Et si la guerre marine de demain n’était pas la domination des sous marin éventuellement dronisés et des missiles longue portée, et non des bateaux ?
Vous ne regardez le problème que d’un côté. Pour employer ces munitions, les avions et navires américains doivent commencer par s’approcher. Et là, ils devront faire face aux très nombreux missiles antinavires, antiaériens et aux intercepteurs chinois. Or, la Chine peut s’appuyer sur l’ensemble de ses forces aériennes, basées à terre, pour contrer cela. Quant aux sous-marins, les SNA américains sont certes très performants, mais aux aussi, doivent s’approcher, et passer les détroits. C’est là que les attendront les SSK chinois, tranquillement posés au fond, sans un bruit aucun. Or, les chinois ont les moyens de perdre deux SSK et deux frégates ASM, pour un SNA américain coulé.
Il est très imprudent, dans ce dossier, de penser que les Etats-Unis ont l’avantage. D’ailleurs, ni l’US Navy, ni l’US Air Force, ne le pensent. Bien au contraire.
trump n’a , actuellement, pas les moyens navals de sa speudo politique. il s’agite dans tous les sens et fait le guignol comme d’habitude, en passant du rigolo au mechant gnafron. dire qu’il va recruter 250000 travailleurs « qualifiés » pour les chantiers navals américains c’est amuser la galerie . le chomage est à 3% aux states et le disponible en MO n’est pas qualifiée pour les chantiers navals, qui depuis le covid ne sortent plus la tête de l’eau (sans faire de jeu de mots). si l’APL attaque maintenant, trump fera les gros yeux et peut être une crise cardiaque, ce qui arrangerai pas mal de monde, soit dit en passant. pour le reste le japon ne bougera pas (constitution) , l’australie n’enverra rien, car elle n’a rien(peut être un sous marin, haha) le corée du sud est en pétard après trump, l’europe n’a rien à faire en asie militairement, elle a assez à faire avec la russie. l’inde est neutre et ne bougera pas. reste les sanctions de l’europe contre la chine, en stoppant le commerce pendant un temps, sachant que la chine est en train de diversifier ses exportations par le vietnam, pour biaiser le jeu. taiwan est mal parti, car il ne fera pas le poids lontemps sans aide américaine.
Bonjour,
On peut aussi évoquer le déplacement récent d’un important dispositif américain vers le moyen orient (B2, GAN, Système anti aérien), notamment en provenance de corée du Sud. Ce qui fragilise encore la zone autour de taiwan.
Oui mais là, on est dans le très court termes. Je doute que la Chine bouge avant de voir si la guerre commerciale est appelée à durer, ou pas. Et les Etats-Unis ne laisseront pas longtemps deux Carrier Group dans le Golfe. Ils ne servent qu’à convaincre l’Iran de négocier.
Déjà, rien ne dit que Trump honorera ses engagements. Il n’a pas vraiment émit de signal fort en ce sens depuis son mandat, s’en prenant à ses alliés (à tort souvent, mais quand il parle de sous financemen de la défense, il a raison sur le fond, même si 5% du PIB est délirant).
Sur le constat de vassalité de l’Europe vis à vis des US, je ne suis pas aussi tranché que vous… Il y a un début de prise de conscience de certain, comme le taulier de céant le montre souvent. On peut espérer car Trump a tout fait pour : il a même reussi à réunir Japon, Corée du sud et Chine en pourparlers, c’est dire. Après, c’est vrai que quand on voit les danois s’indigner sur le Groenland et demander un rab de F35, il y a de quoi désespérer. Mais comme le dit l’article on peut espérer un sursaut.
Soyons optimiste, le sursaut a lieu la Chine prend Taïwan et défait les US, à moins qu’ils laissent la Chine faire. On aurait une Chine avec ses terres rares, son marché énorme, ses produits et elle aurait les semiconducteurs. Elle serait devenu la première puissance pour un temps, battant les US militairement ou même sans combattre. Elle aurait des moyens de pression énorme, par exemple en agitant ou canalisant au contraire la Corée du Nord face à sa voisine du sud, mettant une nouvelle fois en tension les US. Elle pourrait aussi rappeler aux européens qu’elle peut fournir des semiconducteurs à echelle industrielle à la Russie (ce qu »elle risque de faire de toute façon), et pourra en couper le robinet à qui elle veut.
Cette opposition économique cessera vite par besoin de la Chine…
Pour le marché des SC, j’ai quand même des doutes: 1) ils doivent prendre les usines intactes, alors que je pense que ce sera une cible prioritaire pour les US en cas de perte de taiwan (et a 10mds d’euro l’usine ce n’est pas vraiment simple a reconstruire) 2) La gravure est faire à taiwan, mais tout le reste est fait en asie du Sud est. La chine n’aura pas toute la chaine de valeur. 3 ) Il faut les équipements de gravure qui sont Européens (ASML), pas sûr que l’on continue d’exporter ces équipements au moins pendant un temps.
Merci, encore une très bonne analyse. Indépendamment des forces et faiblesses des forces américaines que vous indiquez, je ne crois pas une seconde que les Etats-Unis prendraient le risque d’une confrontation frontale avec la Chine sur une question aussi secondaire pour eux que Taïwan. Et encore moins avec Donald Trump aux manettes.
J’ai un peu de peine a comprendre la suite du déroulé.
Si on résume :
Les USAs taxent a 200 % un marché chinois dumpé a mort =>plus d’activité commerciale entre eux ou peu
La Chine attaque Taiwan et les raze => réaction mondiale contre l’agression
L’Europe comme elle l’a déjà fait sur les avions ou les voitures déglingue les échanges avec eux
La Chine a pas de marché intérieur pour s’en sortir ( salaire médian de 450 euro )
Mais du coup la Chine a Taiwan et a perdu tout le reste.
A qui elle va vendre sa production ? Pas les Indiens déjà ni l’Asie au sens large puisqu’elle est détestée par la pluspart des pays de la zone.
C’est pas un suicide ca ?
Le problème des relations commerciales internationales se poseront dans toutes les situations, que ce soit en 2025 ou en 2035. Et cela juste parce que le conflit dans le détroit coupera tout traffic maritime, oh combien nécéssaire pour ces échanges. A noter aussi que 90% de sa production… va a son marché intérieur aujourd’hui.
Sur l’UE, le problème qui se posera c’est que si l’on coupe tout les flux…. on se fera mal aussi, avec un appauvrissement massif de la population et des pénuries structurelles… est ce que nos dirigeants auraient ce courage? Sans parler que la chine à des moyens de levier comme les terres rares pour forcer les autres a commercer avec elle. Regardons la russie, il y a déja pas mal de pays en UE qui aimeraient reprendre les échanges gaziers avec eux….
Merci Frédéric, vous avez parfaitement répondu. Le problème est le caractère « inévitable » de ces sanctions, qui aujourd’hui, sont déjà à plus de 50 % dégradées, pour la Chine. De fait, attaquer maintenant ne changera pas cette situation. En revanche, si la guerre commerciale devait continuer, et la Chine patienter pour Taïwan, elle devra faire face à deux crises économiques majeures.
En outre, comme les USA sont en tension avec l’Europe, la question peut se poser de savoir si les européens pourront, en meme temps, absorber une degradation avec la 1ere et la 2nde economie mondiale, et donc, si ils ne seront pas enclin à plus de modération, aujourd’hui, dans leurs sanctions contre la Chine, vis-à-vis de demain, lorsque les relations avec les USA seront potentiellement meilleures.
bof la plupart des trucs fiables qu’on connait sur la Chine et son économie intérieur c’est qu’elle la subventionne jusqu a l’excès grâce a son dumping sur les exportations.
Sans exportations plus de cash pour dumper tous ca. Et ca comme le dit Fabrice c’est direction la grosse crisse économique ( building vide, champ de voiture électrique en panne/invendu ).
Et une fois que la crise est installée, c’est plus difficile pour financer l’APL
La chine a des reserves de cash énormes, et un pouvoir central très puissant. Elle a la possibilité de se mettre en pseudo economie de guerre pour quelques années, pour faire le dos rond, tout en contenant l’opinion. Il ne faut pas faire la meme erreur que celle faite avec la Russie. Les russes, comme les chinois, ne l’ouvrent pas. Si on leur dit d’aller là, ils y vont, et ne demandent pas pourquoi. c’est très différent de l’Europe, et radicalement différent de la France 😉
L’Europe etant le laquais des EU, il feront ce qu’exige le maitre ! Donc, non pas par force morale, mais par obeissance, tout est possible !