vendredi, septembre 5, 2025

En Bref : 7000 missiles de croisière pour les armées britanniques, le J-35A chinois à l’offensive, l’Indonésie retourne vers le KF-21 Boramae…

Comme souvent, l’actualité Défense a été particulièrement dense ces derniers jours. Si tous les sujets ne justifient pas une analyse approfondie, certains méritent néanmoins un éclairage plus appuyé tant ils illustrent des dynamiques stratégiques en cours, ou à venir.

Ainsi, à Londres, le chef d’état-major britannique a jeté un pavé dans la mare en évoquant l’ambition de doter le Royaume-Uni de 7 000 missiles de croisière, bouleversant les équilibres capacitaires conventionnels dans une logique de dissuasion renforcée. Au Salon du Bourget, Pékin a choisi de frapper les esprits en exposant le J-35A, chasseur de 5ᵉ génération destiné à l’export, alors même que l’appareil n’est pas encore officiellement intégré dans les forces aériennes chinoises.

Pendant ce temps, l’Indonésie continue d’alimenter l’incertitude stratégique en multipliant les engagements non contraignants autour de plusieurs programmes d’avions de chasse — Rafale, F-15EX, Kaan, KF-21 — dans une logique aussi bien politique qu’industrielle. Outre-Atlantique, la frégate américaine Constellation continue d’accumuler les retards et les surcharges, au point de poser la question de la capacité de l’US Navy à concevoir des navires de combat en dehors du gabarit des destroyers lourds.

Enfin, au Bourget toujours, ArianeGroup a dévoilé pour la première fois son concept de missile balistique MRBM “Deep Strike”, jetant les bases d’une capacité européenne de frappe conventionnelle de précision à très longue portée, en dehors du cadre nucléaire.

Le Royaume-Uni veut 7 000 missiles de croisière pour renforcer sa dissuasion conventionnelle

Lors d’une audition devant la commission de la Défense de la Chambre des Communes, le chef d’état-major des armées britanniques, l’Amiral Sir Tony Radakin, a déclaré que la constitution d’un stock de 7 000 missiles de croisière représentait « l’un des changements les plus importants » introduits par la récente Revue stratégique de défense britannique. Selon lui, cet arsenal conventionnel massif vise à offrir au Royaume-Uni une capacité de riposte graduée bien plus crédible face aux menaces de haute intensité, en particulier celles posées par la Russie.

typhoon missiles de croisière StormShadow
En Bref : 7000 missiles de croisière pour les armées britanniques, le J-35A chinois à l'offensive, l'Indonésie retourne vers le KF-21 Boramae... 5

« Nous ne sommes pas aussi létaux que nous le souhaiterions », a-t-il affirmé, avant de préciser : « si vous montez l’échelle des moyens, vous avez Storm Shadow, puis Tomahawk, et ensuite il y a un grand saut vers l’arme nucléaire. » Pour l’Amiral Radakin, l’enjeu est donc de multiplier les “rangs sur l’échelle” pour disposer de réponses efficaces avant d’atteindre le seuil nucléaire. Le chiffre de 7 000 missiles vise justement à doter les forces britanniques d’une masse critique de frappe conventionnelle, susceptible de soutenir une posture de dissuasion crédible face à un conflit majeur.

Le haut-gradé a également présenté cette décision comme une « cristallisation » des réformes qu’il juge « urgentes » à mettre en œuvre dans le cadre de la transformation de l’outil militaire britannique. Interrogé par les députés sur les mesures les plus concrètes de la revue stratégique, Radakin a clairement désigné ce programme de missiles de croisière comme la priorité numéro un des forces armées.

Selon UK Defence Journal, ces 7 000 munitions devraient combiner un stock élargi de missiles existants — comme les Storm Shadow et les Tomahawk — à de nouveaux systèmes de frappe longue portée qui pourraient être produits au Royaume-Uni dans les années à venir. Des annonces complémentaires sur les modalités d’intégration de ces armements aux plateformes de la Royal Navy et de la Royal Air Force sont attendues d’ici la fin de l’année.

Toutefois, cette ambition soulève plusieurs interrogations. Quel équilibre sera trouvé entre les différentes catégories de missiles ? Le Tomahawk, d’une portée de 2 500 km, coûte environ 4 millions de dollars pièce. Le Storm Shadow, plus abordable (environ 1,2 M€), plafonne à 500 km de portée. Quant aux drones d’attaque longue portée de type one-way, leur coût très bas (50 000 à 250 000 $) est contrebalancé par une grande vulnérabilité aux défenses adverses.

La question de l’architecture logistique est également cruciale : où et comment seront stockés ces armements ? Quels seront les volumes disponibles en état opérationnel ? Quelles plateformes les mettront en œuvre ? Autant de points clés qui conditionneront la crédibilité réelle — et non seulement symbolique — de cette montée en puissance capacitaire.

Le J-35A chinois entre en scène à l’export — mais encore sous forme de maquette

Lors du Salon du Bourget 2025, la Chine a surpris en mettant en avant non pas son chasseur léger J-10CE, récemment médiatisé suite aux tensions indo-pakistanaises, mais une maquette grandeur nature de son nouveau chasseur de 5ᵉ génération : le J-35A. Cette version terrestre du chasseur embarqué J-35, développé par Shenyang Aircraft Corporation, a été présentée comme un système de combat multi-rôle furtif destiné à concurrencer directement les F-35 américains et les avions européens de nouvelle génération.

J-35A Zhuhai air Show
J-35A au salon aéronautique de Zhuhai

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Contrats et Appels d'offre Défense | Armes et missiles hypersoniques | Aviation de chasse

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


Publicité

Droits d'auteur : La reproduction, même partielle, de cet article, est interdite, en dehors du titre et des parties de l'article rédigées en italique, sauf dans le cadre des accords de protection des droits d'auteur confiés au CFC, et sauf accord explicite donné par Meta-defense.fr. Meta-defense.fr se réserve la possibilité de recourir à toutes les options à sa disposition pour faire valoir ses droits. 

Pour Aller plus loin

4 Commentaires

  1. Concernant le Deep Strike, une portée maximale de 2000 km me semble nettement insuffisante.
    Il doit pouvoir atteindre la région de Moscou sans pour autant être déployé sur un territoire allié.
    Pour rappel, il semble que certains missiles balistiques iraniens peuvent atteindre la France.
    Pour la portée 1000 km voire plus, nous aurons le système « Foudre », dont les 26 exemplaires prévus soit dit en passant me semblent toujours aussi peu dissuasifs si j’étais à la place d’un agresseur. Mais apparemment des voies s’élèvent pour en augmenter le nombre…

    • Ne mélangeons pas tout. Le système Foudre de T&G ne concerne que le lanceur, pas la munition. Celle ci est développée par ailleurs, et sa portée n’est que de 150 km : https://meta-defense.fr/2025/04/10/lance-roquette-multiple-dga-2026/
      2000 km, ce n’est peut être pas assez pour atteindre Moscou depuis Strasbourg, mais largement assez pour atteindre la bande de 500 km dans la profondeur du dispositif russe au besoin. Et on peut raisonnablement douter que la France puisse envoyer d’effectuer des frappes de décapitation politique conventionnelle contre la Russie, ou pire, des frappes de terreurs. Quant à frapper l’industrie russe, il faudrait passer à plus de 3500 km de portée, ce serait un tout autre missile. La combinaison 1000-2000 km marvé est un bon compromis en termes de coûts de conception, coûts d’utilisation. (Et donc nombre) et performances, d’autant que l’on peut imaginer une version navale et/ou anti navire.

      • Et on peut imaginer que la charge militaire serait autrement plus importante sur un missile balistique (+/- 500 Kg) que sur une roquette ou même missile balistique de taille intermédiaire (>200kg ?), donc plutôt deux systèmes complémentaires. Il est urgent de réinvestir ce segment en général, espérons que les commandes suivront rapidement pour encourager l’innovation de nos champions nationaux et renforcer notre dissuasion conventionnelle….

        • ce n’est pas la taille qui est intermédiaire, c’est la portée. Plus la portée est longue, plus le missile est imposant, et plus la charge utile est éevlée, en general.
          SRBM -> courte portée (Short range ballistic Missile) -> 300 à 1000 km -> +- 500 kg de charge militaire (exemple Iskander-M // Fattah // PrSM..)
          MRBM -> Moyenne portée (Medium Range BM) -> 1000 à 3000 km -> 1 tonne de charge militaire (ex DF-21 // Shahab-3 // Kinzhal) -> MARV possible / Planeur hypersonique (DF-17)
          IRBM -> Portée intermédiaire (Intermediate Range) -> 3000 à 5500 km -> 1,500 km -> 1 à 2 tonnes MIRV (Oreschnik), MARV (DF-26 // Agni-3) ou planeur hypersonique
          ICBM -> portée intercontinentale -> plus de 5500 km -> 1,2 à 2,4 tonnes -> MIRV (Topol-M, DF-31, Minutemann III..) ou planeur hypersonique (RS-18 SArmat)
          enfin, il y a un cas particulier
          SLBM -> lancé sous la surface (sous-marin) -> la portée va du MRBM à l’ICBM selon les missiles. Ceux qui équipent les SNLE (M51.3, Trident III, BUlava) sont équipés de MIRV

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles

Derniers commentaires

error: La copie des articles n'est pas autorisée