Le rapport remis le 19 septembre 2025 au ministère de la Défense a relancé un débat central pour la marine japonaise. Les experts y recommandent de doter les futurs sous-marins de silos verticaux pour missiles à longue portée et de travailler sur une propulsion dite « nouvelle génération ». Ces orientations pourraient transformer un outil jusqu’ici tourné vers la défense côtière en un instrument de dissuasion plus complet, tout en restant dans le cadre d’une stratégie non offensive.
La question n’est donc pas de savoir si Tokyo veut projeter sa puissance, mais comment ces nouvelles capacités peuvent s’intégrer à sa posture actuelle : protéger les voies maritimes vitales, renforcer la résilience du pays et réduire sa dépendance à la couverture américaine. Pour le comprendre, il faut d’abord examiner les bases industrielles et doctrinales de la marine japonaise, puis les implications concrètes de ces recommandations sur la défense nationale.
Sommaire
Une doctrine de défense nippone qui s’adapte à un environnement plus risqué
Depuis la Stratégie de sécurité nationale (NSS) de 2022, le Japon a élargi sa marge de manœuvre militaire sans rompre avec sa posture défensive. Selon la NSS, l’évolution rapide des menaces régionales impose d’« accroître les capacités fondées sur la portée ». Dans le même esprit, la Stratégie de défense nationale met l’accent sur la défense antimissile intégrée, la résilience logistique et la montée en puissance des munitions à longue distance.

Dans ce contexte, la dimension sous-marine s’impose naturellement. Comme le rappelle The Diplomat, « les nouveaux sous-marins devront pouvoir rester longtemps en immersion et tirer des missiles à longue portée ». Autrement dit, il s’agit de garantir la capacité de frapper depuis des positions invisibles, même en cas de première attaque adverse.
Ce choix renforce aussi la crédibilité de la dissuasion japonaise, sans rompre la logique d’alliance avec les États-Unis. Les sous-marins offriraient une forme de redondance avec les destroyers Aegis porteurs de missiles de croisière, rendant plus difficile pour un adversaire de neutraliser les capacités japonaises d’un seul coup.
Enfin, ces ambitions exigent un effort industriel rapide. Si les décisions de conception tardent, les nouvelles armes à longue portée risqueraient de manquer de plateformes capables de les employer efficacement. C’est pourquoi le rapport du 19 septembre prend valeur de feuille de route pour la prochaine décennie.
Sous-marins japonais : Un savoir-faire technologique rare
Le Japon dispose d’une base industrielle et technologique parmi les plus avancées au monde dans ce domaine. Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries conçoivent et produisent l’ensemble des sous-marins de la Force maritime d’autodéfense (JMSDF). Ces industriels ont été pionnièrs en matière de système de propulsion anaérobie AIP avec la classe Soryu, dont douze navires sont entrés en service depuis 2009, qui demeure aujourd’hui encore la plus imposante classe de SSK AIP en service.
Douze ans plus tard, ils prirent le leadership mondial dans ce domaine en étant les premiers à livrer une classe de SSK équipé de batteries lithium-ion, le Taigei, aux forces navales d’autodéfense nippones pour admission au service la 9 mars 2022. D’après Naval News, le quatrième sous-marin de cette classe, le JS Raigei, a été livré en mars 2025 avec des systèmes de détection et de navigation encore plus performants.
La marine japonaise a été pionnière dans l’emploi de batteries lithium-ion à grande échelle. Selon NTI, « le JS Ōryū [avant dernier navire de la classe Soryu], entré en service en 2020, a été le premier sous-marin à adopter cette technologie, permettant des vitesses et une autonomie accrues sans recourir au système AIP ». Son successeur et dernier navire de la classe, le Tōryū, entré en service en mars 2021,fut également équipé de ces batteries, Ces batteries remplacent l’ancien système à air indépendant et offrent une endurance plus longue et une recharge plus rapide, même si elles exigent une surveillance accrue pour la sécurité thermique.
![[ACTU] Futurs sous-marins japonais : VLS et endurance, le duo décisif 2 Soryu-class SSK](https://8a17c282.delivery.rocketcdn.me/wp-content/uploads/2025/10/Soryu-class-SSK.webp)
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