mercredi, septembre 17, 2025
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500 Skyranger 30, 100 Iris-t SLS : la Bundeswehr se prépare à protéger les villes allemandes

Depuis deux ans, l’Allemagne s’est imposée comme l’un des moteurs de la remontée en puissance militaire en Europe. Avec un objectif désormais assumé de consacrer 3,5 % de son PIB à la défense, Berlin multiplie les annonces spectaculaires visant à transformer en profondeur la Bundeswehr, pour en faire une force armée crédible face aux nouvelles menaces du continent.

Parmi ces annonces, l’une en particulier mérite un intérêt tout particulier : selon des informations rapportées par le site spécialisé allemand Hartpunkt.de, les armées allemandes s’apprêteraient à lancer un programme d’une ampleur inédite, visant à constituer un système de défense antiaérienne et antimissile à l’échelle nationale, combinant haute technologie et densité de feu exceptionnelle.

Au-delà des batteries Arrow 3 et 4, Patriot et IRIS-T SLM/SLX, Berlin envisagerait en effet l’acquisition de 500 à 600 systèmes Skyranger 30, une artillerie antiaérienne mobile conçue pour intercepter drones d’attaque, missiles de croisière et munitions errantes à très courte portée. Une telle densité de moyens, sans équivalent en Europe, témoigne d’un changement d’échelle stratégique, et d’une volonté de protéger directement les villes, les infrastructures et la population.

Mais ce projet titanesque peut-il suffire, à lui seul, à garantir la résilience du territoire allemand face à des frappes massives et répétées comme celles subies quotidiennement par les villes ukrainiennes ? Et surtout, quelles en seraient les conséquences stratégiques pour l’équilibre défensif européen, à l’heure où les capacités restent profondément hétérogènes d’un État membre à l’autre ? C’est à ces questions que cet article entend répondre.

L’Allemagne à portée des missiles Iskander-M/KN-23, Kinzhal, KH-101 et des drones Geran russes

L’Allemagne se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins en matière de défense aérienne. Sa position centrale en Europe, longtemps perçue comme un atout stratégique, est désormais aussi une vulnérabilité majeure. À seulement 500 kilomètres de Kaliningrad, Berlin est à portée directe des missiles balistiques russes Iskander-M stationnés dans l’enclave. Plus largement, l’ensemble du territoire allemand est exposé aux frappes de missiles Kh-101 et Kinzhal tirés depuis l’espace aérien russe, ainsi qu’aux drones kamikazes Geran opérant depuis la Russie ou la Biélorussie.

Geran drone
Avec un cout unitaire de production estimé sous les 30,000 $, et des cadences de livraison de 2000 exemplaires par mois, les drones d’attaque à longue portée représentent un défi entièrement nouveau pour les armées européennes, en charge de protéger l’espace aérien, les infrastructures et la pupulation de leur pays.

La Russie, en effet, a démontré sa capacité à mener des campagnes de saturation prolongées et massives. Dans la nuit du 28 au 29 juin 2025, elle a lancé 477 drones d’attaque à longue portée, principalement des Geran-2 et Geran-3, ainsi que 60 missiles balistiques et de croisière, dont cinq missiles hypersoniques Kinzhal, contre l’ensemble des grandes villes ukrainiennes.

Cette frappe, sans précédent dans son ampleur, s’est ajoutée aux 1200 drones et 1100 bombes planantes déjà tirés la semaine précédente, illustrant une stratégie clairement orientée vers l’épuisement des défenses adverses par volume et répétition. Selon les données consolidées publiées par les services de renseignement ukrainiens et relayées par la presse européenne, le mois de juin 2025 aurait vu un total record de 5 337 drones lancés contre l’Ukraine par la Russie, marquant une intensification inédite de ce mode d’action asymétrique (Euronews, 1er juillet 2025).

Selon les services ukrainiens, l’industrie de défense russe serait désormais capable de produire chaque mois 60 missiles Iskander-M, 45 missiles de croisière Kh-101, une douzaine de Kinzhal et plus de 2 000 drones Geran. Cette capacité industrielle transforme la menace russe en une contrainte stratégique permanente pour l’ensemble du flanc Est de l’OTAN, mais plus particulièrement pour l’Allemagne, cœur économique du continent et centre logistique clé pour tout effort militaire occidental vers l’Est.

D’après les estimations du ministère ukrainien de la Défense, relayées début juin par le média The Kyiv Independent, les lignes de production russes situées à Alabuga, dans la région du Tatarstan, fonctionneraient désormais à plein régime, permettant la fabrication de près de 2 500 drones Geran-2 chaque mois, avec un objectif affiché de dépasser les 3 000 unités d’ici fin 2025 (The Kyiv Independent, 4 juin 2025).

Face à cette évolution, Berlin a pris une décision structurante : doter la Bundeswehr non plus seulement de capacités de protection ponctuelles ou militaires, mais d’un système complet de défense aérienne et antimissile destiné à protéger directement les populations, les infrastructures critiques et les grandes métropoles. Inspiré du modèle israélien de défense multicouche, ce projet se distingue par sa densité, son ambition, et sa finalité : transformer la défense aérienne allemande en véritable rempart national — un “Dôme d’Or” à l’échelle fédérale..

Une defense antiaérienne et antimissile allemande en trois couches

Face à cette menace croissante, Berlin a entrepris dès 2023 de lancer l’initiative Sky Shield européenne, ou ESSI (European Sky Shield Initiative), visant à intégrer les défenses aériennes des pays signataires dans une architecture commune et coordonnée.

MIM-104 Patriot Bundeswehr
La Bundeswehr met en oeuvre 9 batteries MIM 104 Patriot, après en avoir envoyé 3 en Ukraine. avec les 8 batteries supplménetaires commandées, elle alignera donc 17 systèmes, soit une capacité de protection représentant 3 fois la superficie du pays, face aux menaces aérondynamiques. En revanche, face aux menaces balistiques, ces 17 batteries seont juste suffisantes pour protéger les villes de plus de 500,000 habitants.

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[Débriefing] Opération Rising Lion : les armées israéliennes défient la profondeur stratégique iranienne

Dans la nuit du 13 au 14 juin 2025, les armées israéliennes lançaient une offensive aérienne d’ampleur contre des infrastructures militaires stratégiques iraniennes. Cette attaque, sans précédent dans sa portée et sa coordination, visait explicitement à frapper des objectifs liés aux programmes balistique et nucléaire de Téhéran.

Comme le confirment plusieurs sources, dont The War Zone et Ynet News, les premières frappes auraient visé simultanément plusieurs complexes sensibles, notamment à Natanz, Ispahan, Shiraz et dans les environs de Téhéran.

En retour, l’Iran a riposté dès le lendemain par une campagne de saturation, mobilisant des missiles balistiques de différentes portées ainsi qu’une vaste salve de drones Shahed et Arash, marquant une nouvelle phase dans l’escalade régionale. Cette réplique s’est accompagnée de déclarations fermes des Gardiens de la Révolution, dénonçant une atteinte directe à la souveraineté nationale.

Mais derrière cette démonstration de puissance, l’offensive israélienne reposait sur une préparation méticuleuse, étalée sur plusieurs années, mêlant renseignement humain, cyberattaque, opérations clandestines et ciblage de haute précision.

L’approche, difficilement transposable à d’autres armées, révèle la singularité du modèle tactique israélien, façonné par des décennies de doctrine de guerre préventive, et une profonde intégration entre les services de renseignement et les forces conventionnelles.

les armées israéliennes ciblent les points névralgiques du programme nucléaire et balistique iranien

Les objectifs stratégiques israéliens, bien que non officiellement détaillés par le gouvernement de Benjamin Netanyahou, apparaissent clairs : ralentir les progrès du programme nucléaire iranien — sans nécessairement le démanteler — et dégrader significativement la capacité de frappe balistique de la République islamique. Ces intentions ont été largement analysées par The Guardian et The Washington Post, qui pointent un objectif avant tout politique, autant que militaire.

Nentanyaou Iran
L’opération Rising Lion a été declenchée en réponse aux seuils d’enrichissement d’uranium atteints pas l’Iran, au-delàde 60%, soit très au-delà des 3,5 à 5% requis pour le nucléaire civil, et en rapprochement des 90% necessaires pour concevoir une arme nucléaire.

Ces ambitions se heurtent à une réalité tactique redoutable. Les infrastructures iraniennes sont à la fois vastes, redondantes, souvent enterrées et dispersées à travers le territoire. Leur protection repose sur un dense réseau de défenses sol-air multicouches, appuyées par des radars VHF, et renforcées par une doctrine de résilience assumée.

Pour contourner ces obstacles, Tsahal a mis en œuvre une campagne en cinq phases, alliant actions cinétiques, cyber et clandestines, selon une séquence aussi précise que complexe.

Décapitation ciblée de l’appareil sécuritaire iranien dès l’entame de l’opération Rising Lion

En amont de l’offensive, plusieurs responsables militaires et sécuritaires iraniens ont été visés dans une série d’actions clandestines attribuées au Mossad. Ces opérations, relayées par Al Jazeera, visaient à désorganiser le système de commandement dès les premières heures.

Israël, fort de son infiltration ancienne et profonde au sein des institutions sécuritaires iraniennes, a pu obtenir une cartographie précise des centres de gravité de l’appareil défensif. Cette présence prolongée a permis d’anticiper les réactions adverses, et de cibler en priorité les acteurs les plus stratégiques.

Opération cyber contre le réseau de défense sol-air de l’Iran

En parallèle, plusieurs sources — notamment The War Zone — ont fait état d’une offensive cyber ayant perturbé les flux de communication entre les centres de commandement, les radars et les batteries sol-air. Ces attaques, appuyées par des malwares implantés depuis plusieurs mois, auraient été déclenchées à distance au moment de l’offensive.

L’effet recherché était double : créer une fenêtre d’aveuglement temporaire, et désynchroniser les capteurs (radars) de leurs effecteurs (missiles et canons), isolant ainsi les unités et réduisant leur réactivité.

Drones kamikazes pour ouvrir les axes de pénétration

Frappe drones israélien
Destrouction d’un système radar antiaérien par une munition rodeuse israélienne. La portée limitée de ces systèmes rendait necessaire leur déploiement directement à partir du sol iranien.

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Les révélations sur le programme F-35 suisse mettent en cause la sincérité de la compétition de 2021

Le 30 juin 2025, la Commission de gestion du Conseil national suisse a annoncé officiellement l’ouverture d’une enquête sur les conditions financières entourant l’acquisition de 36 chasseurs F-35A par la Confédération, dans le cadre du programme Air2030. Cette décision, relayée par la chaîne publique RTS, fait suite à une série de révélations sur le dépassement budgétaire de plus de 1,3 milliard de francs suisses, les lacunes capacitaires identifiées dans les lots livrés, et les engagements industriels américains considérablement revus à la baisse.

Ce retournement parlementaire remet brutalement en lumière un dossier que beaucoup pensaient clos depuis juin 2021, date à laquelle le Département fédéral de la défense, piloté par Viola Amherd, avait annoncé la sélection du F-35A de Lockheed Martin, à l’issue d’une compétition organisée par l’agence Armasuisse. Présenté alors comme l’appareil le plus performant, mais aussi le plus économique sur l’ensemble de son cycle de vie, le F-35A s’était imposé face à ses concurrents européens, le Rafale français, l’Eurofighter Typhoon et le F/A-18 Super Hornet américain.

Pourtant, dès l’annonce du résultat, de nombreuses voix s’étaient élevées pour contester les conditions d’évaluation de cette compétition, pointant des hypothèses budgétaires peu réalistes, des engagements industriels fragiles, et une communication gouvernementale volontairement opaque.

Si ces critiques ont longtemps été marginalisées ou assimilées à des postures partisanes, les éléments rassemblés depuis, en particulier par les autorités norvégiennes et la presse helvétique, tendent à valider une suspicion plus profonde : la procédure ayant conduit à la sélection du F-35A par Berne en 2021 a-t-elle été sincère, transparente et rigoureuse — ou a-t-elle été, au contraire, artificiellement orientée pour imposer un résultat déjà décidé en amont ?

Une compétition Air2030 à l’équité contestée dès les conclusions d’Armasuisse rendues en 2021

Les Forces aériennes suisses exploitent aujourd’hui une flotte vieillissante d’une quarantaine de chasseurs, composée de F-5E Tiger II, acquis dans les années 1970, et de 25 des 34 F/A-18 C/D entrés en service dans les années 1990. Les deux appareils approchent désormais de leur limite opérationnelle, notamment en raison de la fatigue structurelle de leurs cellules.

F-18 forces aériennes hélvétiques
bien que plus récents que les F-5 Tiger IIE, les F/A-18 Hornet helvétiques arrivent, eux aussi, en bout de course, et doivent être remplacés dans les années à venir.

Pour répondre à cette situation critique, la Confédération helvétique lança en 2010 une première procédure de renouvellement partiel, destinée à remplacer les F-5E. Au terme de cette compétition rapide, le JAS 39 C/D Gripen du suédois Saab fut sélectionné face au Rafale français et à l’Eurofighter Typhoon, avec la signature d’une commande de 24 appareils pour un montant de 3,1 milliards de francs suisses, confirmée en 2012 par les parlements suisse et suédois. Toutefois, en mai 2014, cette acquisition fut rejetée par référendum populaire, annulant de facto la commande.

Face à ce revers, les autorités suisses lancèrent le programme Air2030, doté d’un périmètre élargi : il s’agissait désormais de remplacer l’ensemble de la flotte de chasse par environ quarante chasseurs modernes, et d’acquérir en parallèle une capacité de défense aérienne à longue portée. Dès le départ, Saab fut écarté de la compétition, son Gripen ayant été désavoué par la votation populaire précédente. Ce retrait, fondé sur des arguments techniques et d’image plus que sur une évaluation rigoureuse, ne fut pas contesté par l’industriel suédois.

Restaient alors en compétition quatre chasseurs : le F/A-18 E/F Super Hornet de Boeing, le Rafale de Dassault Aviation, l’Eurofighter Typhoon du consortium Airbus/Leonardo/BAE Systems, et le F-35A Lightning II de Lockheed Martin. Côté défense aérienne, deux systèmes étaient en lice : le SAMP/T Mamba franco-italien et le MIM-104 Patriot américain.

La compétition fut confiée à Armasuisse, l’agence fédérale des acquisitions de défense, sous la supervision directe de la ministre de la Défense Viola Amherd. Après plus d’un an d’évaluations techniques, financières et industrielles, les résultats furent rendus publics le 30 juin 2021. Contre toute attente, c’est le F-35A qui fut déclaré vainqueur — un choix qui, bien que stratégiquement justifiable, suscita immédiatement des critiques nourries sur le fondement et l’équité du processus.

Rafale F-35 et Typhoon Royal Air Force et Armée de l'air
Trois des quatres appareils en lice lors de la compétition AIR2030 : au premier plan, le Dassault Rafale, puis le F-35A de Lockheed Martin, et l’Eurofighter Typhoon.

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[En Bref] : 1500 blindés CaMo en Belgique, le Gripen s’impose au Pérou et la Bundeswehr prépare sa transformation blindée.

Les derniers jours ont été marqués par une intensification notable des annonces et décisions dans le domaine de la défense, en Europe comme dans son environnement stratégique élargi, en marge des premières conséquences relatives aux annonces du Sommet de l’OTAN de La Haye.

En Grande-Bretagne, la publication de la revue stratégique trouve déjà une première déclinaison concrète, avec l’annonce de l’acquisition de F-35A pour la dissuasion nucléaire partagée de l’OTAN. En Suède, le JAS 39 Gripen enchaîne les succès sur la scène export, avec un troisième client en Amérique latine, le Pérou. Aux États-Unis, l’US Air Force surprend en annulant brutalement le programme E-7A Wedgetail, deux ans à peine après en avoir fait une priorité absolue pour le Pacifique.

En Allemagne, la Bundeswehr structure la montée en puissance de ses blindés, en rééquilibrant et étendant son parc de véhicules de combat d’infanterie avec les gammes Puma et Boxer, dans une logique de standardisation.

En Belgique, enfin, les effets de l’accélération budgétaire sont déjà visibles : la Composante marine recevra une troisième frégate ASM et son premier grand bâtiment logistique. Mais c’est surtout du côté de la Composante terre que le bouleversement est le plus spectaculaire, avec un plan de montée en puissance qui pourrait tripler le programme CaMo, et faire naître une seconde brigade mécanisée.

La Grande-Bretagne confirme l’acquisition de F-35A pour reformer une composante aéroportée de dissuasion dans le cadre de l’OTAN

Le 17 juin, moins d’un mois après la publication de la Revue stratégique britannique de défense, Londres a confirmé l’acquisition d’une douzaine de F‑35A, la version basée à terre du chasseur furtif américain. L’objectif affiché : recréer une capacité de frappe nucléaire aéroportée au sein de la Royal Air Force, en rejoignant la mission nucléaire partagée de l’OTAN, aujourd’hui assurée par l’Allemagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas.

F-35A B-61-Mod12
[En Bref] : 1500 blindés CaMo en Belgique, le Gripen s'impose au Pérou et la Bundeswehr prépare sa transformation blindée. 17

Cette décision ne constitue pas une extension souveraine de la dissuasion britannique — toujours fondée sur les sous-marins Vanguard à missiles Trident —, mais une intégration dans le cadre strictement multilatéral du nuclear sharing piloté par Washington. Les appareils britanniques emporteront, comme les autres, les bombes thermonucléaires B61‑Mod12, dont l’emploi resterait sous contrôle américain.

Cette annonce marque néanmoins un changement stratégique important. Depuis le retrait de la dernière bombe aérienne en 1998, la RAF ne disposait plus d’aucune capacité nucléaire embarquée. Le retour d’une telle composante, bien qu’encadré par l’OTAN, vise à renforcer la crédibilité collective du dispositif de dissuasion face aux menaces russes croissantes et à l’incertitude politique transatlantique.

Mais le choix du F‑35A, a soulevé plusieurs questions pratiques. Comme l’ont rappelé certains parlementaires britanniques, les avions ravitailleurs Voyager en service au Royaume-Uni — des Airbus A330 MRTT — ne sont pas équipés des perches rigides télescopiques nécessaires pour ravitailler le F‑35A, qui utilise le système américain flying boom. La RAF a répondu que ces appareils seront avant tout destinés à l’entraînement et à la planification stratégique de l’OTAN, et que leur ravitaillement serait alors assuré par les moyens aériens alliés déployés en Europe, eux compatibles avec cette configuration .

Cette rationalisation n’a pas convaincu tout le monde. Plusieurs voix s’interrogent sur la logique de cette adhésion britannique à une mission nucléaire partagée qui, par définition, n’offre aucune autonomie nationale d’emploi, ni réelle valeur ajoutée à l’arsenal européen, déjà bien pourvu en moyens de frappe aérienne. La dissuasion à la britannique se dilue-t-elle dans un engagement symbolique ? Ou Londres cherche-t-elle, par ce geste, à renforcer sa visibilité au sein de l’Alliance, sans modifier son architecture de dissuasion nationale ? La question reste ouverte.

Après la Thaïlande et la Colombie, le JAS 39 Gripen de Saab se prépare à atterrir au Pérou

L’année 2025 pourrait bien devenir celle du JAS 39 Gripen E/F de Saab sur la scène export. Après la Thaïlande, qui a confirmé en mai dernier l’acquisition de douze chasseurs suédois en remplacement de ses F-5 Tiger II, la Colombie a officialisé, début juin, une commande de seize appareils pour moderniser sa flotte de Kfir C10/C12, battant le Rafale de Dassault Aviation et l’Eurofighter Typhoon proposé par Madrid, pourtant présentés comme les favoris de la compétition jusqu’aux derniers mois.

Saab JAS 39 Gripen E/F
[En Bref] : 1500 blindés CaMo en Belgique, le Gripen s'impose au Pérou et la Bundeswehr prépare sa transformation blindée. 18

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[Débriefing] : la riposte iranienne du 14 juin, entre saturation et épuisement

La riposte iranienne du 13 juin 2025 marqua la première attaque balistique directe contre Israël, en réaction au raid ayant visé le site nucléaire de Natanz une semaine plus tôt. En quelques heures à peine, plus de 400 vecteurs — missiles balistiques, missiles de croisière et drones d’attaque — furent tirés depuis l’Iran, l’Irak, le Liban, la Syrie et le Yémen, dans une manœuvre de saturation sans précédent.

Face à cette attaque, l’architecture antimissile israélienne démontra une résilience impressionnante. Mais au fil des jours, les salves iraniennes se poursuivirent, et les premières limites de la défense, tant opérationnelles qu’industrielles, commencèrent à poindre. Le taux d’interception recula alors que les ogives se sophistiquaient, et que les stocks d’intercepteurs, aussi bien en Israël qu’aux États-Unis, révélaient leur vulnérabilité à une guerre d’usure.

Derrière l’effet de sidération initial, une question centrale émergea : cette guerre balistique, largement démonstrative, visait-elle une victoire tactique ou cherchait-elle simplement à tester la profondeur des défenses adverses, jusqu’à l’usure ? Autrement dit, dans ce conflit asymétrique où l’Iran tirait sans vraiment toucher, et où Israël interceptait sans pouvoir tenir indéfiniment, quelle était la véritable finalité stratégique ?

Cette question, plus que toute autre, résume les enjeux des conflits à venir. Car à l’ère des missiles semi-balistiques, des drones low-cost, et des intercepteurs à plusieurs millions de dollars, la guerre ne se gagnera pas nécessairement par celui qui frappe le plus fort, mais peut-être par celui qui tient le plus longtemps.

13 juin 2025 : déclenchement sa riposte iranienne contre Israël

Dans la nuit du 13 au 14 juin 2025, l’Iran lança une attaque d’envergure contre le territoire israélien, en réponse directe à la destruction partielle de ses installations nucléaires par un raid israélien mené une semaine plus tôt contre le site de Natanz. Ce tir de représailles, annoncé par les Gardiens de la Révolution comme « une réponse proportionnée et défensive » dans un communiqué repris par Fars News Agency, mobilisa l’essentiel de l’arsenal à longue portée dont disposait Téhéran.

riposte iranienne 13 juin
Riposte iranienne sur les villes israéliennes

Au cours de cette première nuit, plus de 400 vecteurs furent lancés vers le territoire israélien, selon les chiffres croisés des porte-parole de l’IDF et de plusieurs agences occidentales (Reuters, 14 juin). Ce volume comprenait :

  • environ 150 missiles balistiques,
  • plusieurs dizaines de missiles de croisière,
  • et un nombre considérable de drones Shahed-136, Shahed-238 et Arash-2, parfois employés en tandem avec les tirs de missiles pour tenter de saturer les défenses israéliennes.

Cette attaque marqua une première absolue : jamais auparavant, dans l’histoire de l’arsenal balistique iranien, un tir aussi massif n’avait été enregistré en une seule nuit. Des frappes similaires, bien que plus limitées, avaient déjà eu lieu en octobre 2024, contre le Kurdistan irakien, et en avril 2024, dans une tentative de représailles limitée contre Israël. Mais l’ampleur des tirs du 13 juin dépassa tout précédent connu.

Sur le plan militaire, cette salve poursuivait deux objectifs clairement identifiables :

  • Tester la capacité de saturation des défenses antimissiles israéliennes, en attaquant simultanément depuis plusieurs fronts (Iran, Irak, Liban, Yémen, Syrie) — même si l’axe central restait constitué de tirs directs depuis l’ouest iranien ;
  • Donner une réponse politique forte, en montrant que l’Iran conservait, malgré les frappes israéliennes précédentes, un pouvoir de nuisance balistique significatif.

Les premières cibles désignées comprenaient des bases aériennes (Nevatim, Hatzerim), des dépôts de munitions, des centres de commandement, mais aussi des sites civils symboliques, comme le port d’Ashdod ou les abords de Tel-Aviv. Selon l’IDF, aucune ogive ne serait parvenue à frapper ces zones critiques, toutes ayant été interceptées par les différentes couches du système de défense aérien israélien.

Mais le chiffre brut des tirs, lui, posa immédiatement la question de l’arsenal iranien. Jusqu’ici, les estimations variaient considérablement : entre 400 et 2 000 missiles balistiques en réserve, selon les sources. Or, si plus de 400 de ces vecteurs avaient été utilisés dès les premiers jours, cette fourchette basse semblait désormais invalidée — soit l’Iran disposait d’un stock plus important qu’estimé, soit elle avait engagé une part disproportionnée de ses ressources dans une opération à but avant tout démonstratif.

Des frappes iraniennes massives, mais aux effets limités : saturation défensive, non stratégique

Dès les premières heures de l’opération iranienne, les vecteurs utilisés témoignaient d’un choix stratégique clair : mobiliser la quantité plus que la précision. Si les Shahed-136 et Arash-2 furent nombreux, tout comme les missiles de croisière subsoniques du type Soumar et Paveh, c’était surtout le volume inédit de missiles balistiques qui marqua les esprits.

Arsenal missile iran
Certains des missiles balistiques en service au sein de la République Islamique d’Iran

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Une opportunité unique pour un second porte-avions français se dessine à présent

Depuis bientôt 25 ans, la question d’un second porte-avions pour la Marine nationale revient régulièrement dans le débat stratégique français, sans jamais être véritablement tranchée. Le besoin, lui, ne fait pourtant guère débat : un seul bâtiment, fût-il à propulsion nucléaire, ne peut garantir ni la permanence à la mer, ni la réactivité stratégique d’un groupe aéronaval. Depuis le retrait du Foch, en 2000, les marins français connaissent trop bien les contraintes opérationnelles d’un format monobloc.

Et pourtant, de LPM en LPM, le dossier a été repoussé, relégué, puis laissé en jachère. Aujourd’hui encore, alors que le programme PANG est lancé, rien n’indique qu’un second bâtiment — plus léger, complémentaire — soit envisagé. Tout se passe comme si le débat était clos par défaut, sous prétexte d’une impossibilité budgétaire ou industrielle.

Mais un alignement inédit de circonstances pourrait bien rouvrir le jeu. À quelques jours d’intervalle, l’Italie puis l’Espagne ont annoncé leur intention de concevoir, à moyen terme, un véritable porte-avions. Si aucune coopération n’a encore été évoquée, cette convergence capacitaire ouvre une fenêtre stratégique inespérée.

Car au-delà du partage des coûts, des compétences ou de l’infrastructure industrielle, elle offre à la France une voie de sortie concrète pour relancer la dynamique du second porte-avions, dans un cadre européen, pragmatique, structurant et surtout abordable.

Le second porte-avions français, une nécessité repoussée pendant 25 ans

La construction d’un second porte-avions nucléaire de la classe Charles de Gaulle était prévue dès le lancement de la conception du navire, au début des années 1980. À ce moment-là, il fut même envisagé, un temps, d’en construire non pas deux, mais trois, dans le cadre du programme PH75.

second porte-avions Foch et Clemenceau Marine nationale
La marine nationale n’a plus de second porte-avions depuis le retrait du Foch, en 2000.

Cependant, alors que la construction du premier porte-avions nucléaire français débutait en 1987 à Brest, le programme fut rapidement rattrapé par l’effondrement du bloc soviétique, deux ans plus tard, et l’avènement d’un monde désormais considéré comme “post-menace”, à partir de 1991. Pour autant, ni le président François Mitterrand, jusqu’en 1995, ni Jacques Chirac après lui, ne lancèrent la construction du second navire — alors même que l’outil industriel de Brest se retrouvait déjà menacé par l’absence de nouvelles commandes majeures.

Avec le retrait du service du porte-avions Clemenceau en 1997, puis celui du Foch deux ans plus tard — vendu au Brésil où il deviendra le São Paulo — le besoin d’un second porte-avions devint un sujet récurrent dans le débat stratégique français. En effet, un porte-avions, fut-il à propulsion nucléaire, ne peut, dans le meilleur des cas, assurer une posture opérationnelle que 40 à 50 % du temps, en raison des besoins de maintenance, des indisponibilités programmées pour entretien et réparations (IPER), ainsi que des cycles d’entraînement et de qualification.

Pourtant, sur fond de “bénéfices de la paix”, Jacques Chirac repoussa la décision concernant un éventuel sistership du Charles de Gaulle à son successeur, à partir de 2007. La gestion chaotique de la planification militaire sous Nicolas Sarkozy, puis l’absence d’élan stratégique sous François Hollande, ne permirent pas davantage de relancer le programme. Tous deux restèrent convaincus que le Charles de Gaulle suffisait aux besoins de projection de puissance de la France, dans un monde alors considéré comme relativement stable.

Au-delà de 2015, alors que le Charles de Gaulle avait déjà quinze ans de service actif, la question d’un second porte-avions ne se posait même plus. L’outil industriel brestois, en particulier, avait été largement redimensionné, voire amputé, faute de charge publique suffisante.

porte-avions nouvelle génération
Le programme PANG n’est pas destiné à concevoir un second porte-avions français, mais à remplacer le Charles de gaulle.

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L’Europe peut-elle devenir une véritable puissance militaire d’ici à 2035 ?

Rarement un sommet de l’OTAN aura été aussi lourd de tension politique, et aussi vide de véritable souveraineté. À La Haye, fin juin 2025, les chefs d’État et de gouvernement européens ont validé, sans réellement négocier, toutes les exigences du président Trump : hausse des budgets, réinterprétation permissive de l’article 5, retrait progressif des troupes américaines… L’objectif ? Éviter le pire. Ne pas provoquer l’irrémédiable. Ne pas offrir au président américain un prétexte pour retirer les États-Unis de l’Alliance, unilatéralement, brutalement, comme il en brandit la menace depuis des mois.

Est-ce un succès ? À court terme, peut-être. Car l’Europe, en s’engageant à consacrer 3,5 % de son PIB à la défense, se dote d’un budget militaire quasi équivalent à celui des États-Unis, et très largement supérieur à celui de la Chine ou de la Russie. Certains y voient même le point de départ d’une transformation historique : celle d’une Europe qui, contrainte par Trump, retrouverait sa puissance stratégique. Selon cette lecture, le président américain serait devenu, malgré lui, le catalyseur de l’autonomie militaire européenne.

Mais cette perspective est-elle crédible ? Rien n’est moins sûr. Car l’obstacle n’est pas — ou plus — financier. L’obstacle est mental, doctrinal, politique. Ce n’est pas tant l’augmentation des moyens militaires européens qui conditionnera leur émancipation, que leur capacité à changer radicalement de paradigme stratégique, en rompant avec soixante-quinze ans de dépendance, de méfiance mutuelle et d’ambiguïté doctrinale.

L’Europe, un projet bâti structurellement sur la dépendance stratégique aux États-Unis

L’Europe post-Seconde Guerre mondiale s’est construite sur une dépendance stratégique vis-à-vis des États-Unis et de l’Union soviétique. De chaque côté du rideau de fer, les États européens ont, volontairement ou non, fait acte de soumission pour bénéficier de l’indispensable protection de la superpuissance tutélaire, dans un modèle relativement similaire, bien que prenant des formes plus ou moins autoritaires selon que l’ordre vienne de Washington ou de Moscou.

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Signature du traité pour la création de l’OTAN en 1949, dans le Bureau Ovale, par Harry S. Truman et les représentants européens.

À mesure que l’Europe se reconstruisait après les dévastations nazies, elle redevint un agrégat disparate de puissances économiques et technologiques qui, a priori, n’étaient pas destinées à s’unir. C’est pourtant ce qui s’est produit, sur fond de réconciliation franco-allemande, donnant naissance à la Communauté économique européenne — une zone de coprospérité si efficace qu’elle devint rapidement la deuxième puissance économique mondiale.

L’effondrement socio-économique du bloc soviétique à la fin des années 1980 constitua un basculement majeur. L’Europe devenait une véritable puissance économique continentale, disposant de ses propres relais de croissance internes — notamment grâce à l’intégration des pays d’Europe de l’Est — et d’une solidité économique et industrielle telle que sa nouvelle monnaie, l’euro, devint rapidement une référence internationale, et une alternative crédible au surpuissant dollar américain.

Pourtant, jamais, jusqu’ici, l’Europe ne s’est pensée en puissance militaire. Au contraire : même après la fin de la guerre froide, les Européens ont multiplié les actes de soumission stratégique aux États-Unis — comme l’a illustré l’engagement de nombreux pays européens aux côtés des forces américaines lors de la guerre d’Irak de 2003.

Avec le retour des tensions géopolitiques mondiales, et surtout depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le réflexe européen a été, dans sa grande majorité, de se tourner vers les États-Unis — ravis de voir se reconstituer cette dépendance stratégique post-1945. Cueillis à froid, faute d’avoir voulu anticiper la montée en puissance de la menace, les Européens ont collectivement pris conscience de leurs faiblesses militaires structurelles, face à une Russie pourtant démographiquement et économiquement inférieure.

Plus révélateur encore, deux piliers historiques de la posture non alignée de la guerre froide — la Finlande et la Suède — se sont précipités pour rejoindre l’OTAN et s’abriter sous le bouclier américain dès le début de l’offensive russe. Tous, à l’exception notable de la France, attendent aujourd’hui des États-Unis une protection stratégique et conventionnelle, destinée à contenir les ambitions du Kremlin — d’autant plus intensément que la frontière russe ou biélorusse se situe à proximité directe.

Marin Anderson nato e1649862928635 Défense antiaérienne | Allemagne | Analyses Défense
a première ministre suédoise Magdalena Andersson (premier plan) et son homologue finlandaise Sanna Marin lors de la conférence de presse commune ce matin pour annoncer la décision de rejoindre l’OTAN des deux pays scandinaves

Face à cette menace, une prise de conscience — tardive mais réelle — s’est produite en Europe. L’effort de défense moyen des membres européens de l’OTAN est ainsi passé de 1,7 % du PIB en 2022 à 2,1 % en 2025. Pourtant, fondamentalement, personne en Europe ne remet sérieusement en cause le rôle central de la protection américaine pour dissuader Moscou.

Au contraire, pour nombre de capitales, l’achat d’équipements de défense américains (F-35, HIMARS, Patriot, hélicoptères…) est devenu le marqueur de cet attachement assumé — y compris lorsque des alternatives européennes existaient, au sein même de cette zone de coprospérité.

Un sommet de l’OTAN de La Haye sous forme de plébiscite de Donald Trump et de soumission européenne

Connaissez-vous Mario Kart ? Dans ce jeu multijoueurs désopilant de Nintendo, chaque joueur pilote un kart sur un circuit fantaisiste. Pour équilibrer les chances entre les débutants et les joueurs expérimentés, Nintendo a eu l’idée de génie d’introduire des facteurs de rebattement de cartes : ainsi, si un joueur prend trop d’avance, il est arbitrairement pénalisé, relançant la dynamique de course.

En bien des aspects, l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, le 6 novembre 2024, fonctionne comme l’un de ces mécanismes de gameplay appliqués à l’Alliance Atlantique. Par ses exigences unilatérales, ses menaces répétées et son imprévisibilité élevée au rang de stratégie, le 47ᵉ président américain n’a pas seulement bousculé les équilibres transatlantiques : il a renversé l’héritage de 75 années de relations sécuritaires structurées entre les deux rives de l’Atlantique.

C’est dans ce contexte que s’est ouvert, le 24 juin 2025, le sommet de l’OTAN de La Haye. Dès les premières déclarations des dirigeants européens, et celles du nouveau secrétaire général de l’Alliance, le Néerlandais Mark Rutte, il fut évident que ce sommet serait celui du triomphe stratégique de Donald Trump. Sans opposition véritable, il allait obtenir la validation de toutes ses exigences : élévation de l’effort de défense à 3,5 % du PIB d’ici 2035 (voire 5 % en incluant les dépenses de sécurité intérieure), retrait progressif des forces conventionnelles américaines du continent, et interprétation « souple » de l’article 5.

Mark Rutte Donald Trump OTAN La Haye juin 2025
Le Secretaire de l’OTAN Mark Rutte s’est montré ditirembique, parfois obsequieux, face à Donald Trump, pour contenir ses excés et éviter toute decision radicale.

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U212 NFS : l’alliance germano-italienne de Fincantieri et tKMS pour contrer le Scorpene Evo de Naval Group

Alors que le marché des sous-marins conventionnels semble devoir se cristalliser autour d’une confrontation entre le U212 NFS germano-italien et le Scorpene Evo français, la domination technologique, dans ce domaine, n’est plus suffisante pour s’imposer sur la scène internationale.

L’époque où un chantier national, fort de ses seules références, pouvait aligner ses plateformes sur le marché mondial est révolue. Désormais, la compétition se joue à plusieurs niveaux : performance des coques, modularité des systèmes, interopérabilité OTAN… mais aussi et surtout, agilité industrielle et stratégie de partenariat.

Dans ce contexte, l’offensive menée depuis quelques mois par le binôme tKMS–Fincantieri, autour du U212 NFS et CD, redistribue les équilibres. L’un fournit la technologie et l’héritage d’un savoir-faire reconnu dans le monde entier ; l’autre assure la présence commerciale, la capacité à adapter les offres aux marchés locaux, et l’excellence d’exécution, y compris sur des programmes complexes comme les FREMM américaines.

En face, Naval Group affiche une offre solide, structurée autour du Scorpène Evo et du Blacksword Barracuda, intégrant des briques technologiques issues de l’univers des SNA et des choix industriels audacieux comme le passage précoce aux batteries lithium-ion. Mais l’absence de partenaire européen stable, depuis l’échec du rapprochement avec Navantia en 2008, puis de Fincantieri, dix ans plus tard, pose aujourd’hui la question de la résilience commerciale à long terme du groupe français.

Car à mesure que les appels d’offres se complexifient, que les attentes des marines clientes se raffinent, et que les financements se concentrent sur les acteurs les plus intégrés, la capacité à fédérer, à partager et à projeter devient un levier décisif. Et si Naval Group ne construit pas cette alliance industrielle stratégique que le contexte impose, un autre le fera à sa place.

Le Type 209 de tKMS, et la renaissance de l’industrie sous-marine allemande

Durant la guerre froide, le marché mondial des sous-marins militaires ne comptait qu’un nombre limité d’acteurs. Outre l’Union soviétique, qui alimentait en priorité les marines communistes dotées d’une composante sous-marine, ce marché se répartissait entre les Britanniques, avec les classes PorpoiseOberon et Upholder ; la France, avec les Daphné et les Agosta ; les Néerlandais, avec les DolfijnZwaardvis et les deux versions du Walrus ; et enfin les Suédois, avec les classes côtières HajenDrakenSjöormenNäcken et Södermanland.

classe Daphné
sous-marin classe Daphné

Si les Britanniques et les Néerlandais obtinrent certains succès sporadiques à l’exportation, c’est la France, avec la classe Daphné — construite à 26 exemplaires dont 15 exportés vers quatre marines étrangères (Espagne, Portugal, Afrique du Sud et Pakistan) — qui parvint le mieux à s’imposer sur la scène internationale, en dépit de la domination exercée alors par les États-Unis avec leur programme Greater Underwater Propulsion Power Program (GUPPY).

Les sous-marins GUPPY, très imposants, mesuraient près de 95 mètres de long pour un déplacement en plongée de 2 400 tonnes. Ils donnèrent naissance aux classes Balao et Tench, produites de 1948 à 1960, et furent ensuite massivement reconditionnés et réexportés vers les marines alliées des États-Unis comme au sein de l’OTAN, alors que l’US Navy abandonnait progressivement les sous-marins conventionnels au profit exclusif de la propulsion nucléaire.

Comme de nombreux sous-marins conçus entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1950, qu’ils soient occidentaux ou soviétiques, les GUPPY américains s’inspiraient fortement de la classe Type XXI allemande. Ce sous-marin révolutionnaire, conçu par la Kriegsmarine, mesurait 76 mètres pour 1 800 tonnes en plongée, et fut produit à 118 exemplaires entre 1943 et 1945. Le Type XXI était alors considéré, à juste titre, comme le sous-marin le plus avancé de la Seconde Guerre mondiale, notamment grâce à une vitesse en plongée exceptionnelle de 17 nœuds — bien supérieure à celle des modèles britanniques et américains contemporains.

À la fin de la guerre, les quatre principaux vainqueurs — les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Union soviétique — récupérèrent chacun un ou plusieurs exemplaires du Type XXI, ainsi que plusieurs ingénieurs allemands, qu’ils étudièrent de manière intensive. Ce transfert technologique indirect influencera fortement la génération de sous-marins développée dans les années 1950, tant en Occident que dans le bloc de l’Est.

La République fédérale d’Allemagne, quant à elle, ne fut autorisée à remettre en œuvre ses deux Type XXI restants qu’à partir de son réarmement en 1952, et de son intégration à l’OTAN en 1955. Toutefois, elle ne put véritablement redéployer une force sous-marine qu’à compter de 1960, sous des restrictions sévères en matière de tonnage et de rayon d’action.

Cela donna naissance au Type 201 (42 m / 400 t) en 1960, rapidement remplacé par le Type 205 (45 m / 400 t) en 1962, puis au Type 206 (48 m / 500 t) à partir de 1970. Ces sous-marins très compacts, conçus pour la défense côtière en mer Baltique, répondaient à la fois aux contraintes opérationnelles du théâtre local et aux restrictions imposées par les Alliés.

Type 205 BundesMarine
Type 205 de la BundesMarine.

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Les 5% PIB de Trump ne sont-ils qu’une manœuvre pour justifier du retrait américain d’Europe ?

2 %, 3 %, puis 5 % du PIB ! L’objectif d’effort de défense, fixé unilatéralement par Donald Trump pour ses alliés européens, n’a cessé de croître au fil des mois, depuis l’été 2024, des meetings pour l’investiture républicaine au Bureau ovale. Pourtant, à chaque étape, les Européens se sont rapidement adaptés, pour ne pas procurer au 47ᵉ président des États-Unis une justification pour retirer la précieuse protection accordée à l’Europe par Washington depuis 1949.

Ce qui paraissait encore totalement irréaliste il y a à peine six mois — un effort de défense plancher de 5 % du PIB pour l’ensemble des membres de l’OTAN à horizon 2032 — semble aujourd’hui de plus en plus vraisemblable. Les déclarations d’intention se sont multipliées, à tel point que le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a affiché sa confiance quant à l’obtention d’un accord formel lors du sommet de La Haye, prévu du 24 au 26 juin.

Plusieurs États membres ont d’ores et déjà officialisé leur ralliement à cette trajectoire ambitieuse. La Norvège a confirmé dès avril 2025 son intention de porter son effort de défense à 5 % du PIB à horizon 2032. La Finlande, dans un communiqué relayé par le Helsinki Times, s’est engagée sur un chemin similaire, justifiant cette hausse par les tensions croissantes avec la Russie. Le Danemark a validé le principe d’une montée à 3,5 %, avec une clause de révision pouvant porter l’effort au-delà, selon les besoins opérationnels définis par l’OTAN.

La République tchèque a indiqué soutenir pleinement l’objectif des 5 %, selon les déclarations de son ministère de la Défense. Aux Pays-Bas, le gouvernement sortant s’est prononcé en faveur d’un objectif à 3,5 %, en alignement avec les préconisations du siège de l’OTAN. Même en Allemagne, le ministre Boris Pistorius a évoqué publiquement l’idée d’un « objectif évolutif vers les 5 % », dans le cadre d’un plan décennal d’investissement stratégique. La Roumanie, enfin, a présenté un budget de défense en forte hausse dès le printemps 2025, s’inscrivant dans la dynamique générale de l’Alliance.

Seuls quelques pays, à ce stade, ont exprimé leurs réserves — notamment l’Espagne, qui considère ces objectifs comme disproportionnés par rapport à ses capacités économiques. Mais l’élan collectif est désormais clairement engagé. Le sommet de La Haye ne devrait donc pas débattre de la pertinence du seuil des 5 %, mais plutôt de ses modalités concrètes : échéance, ventilation des dépenses, intégration industrielle.

Pourtant, malgré cette mobilisation remarquable, Donald Trump n’est pas satisfait. Alors que le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, multiplie les déclarations en faveur d’un retrait de la présence conventionnelle américaine en Europe, le président a indiqué que si la règle des 5 % devait s’appliquer à l’Europe sans exception, elle ne concernerait pas les États-Unis, ceux-ci ayant, selon lui, « déjà payé pour tous les autres pendant des décennies ».

L’Europe et l’OTAN, les Usual Suspects de Donald Trump depuis la campagne de 2016

La relation compliquée entre Donald Trump et ses alliés européens ne date pas de son second mandat. Dès sa campagne présidentielle de 2016, le futur 45ᵉ président des États-Unis avait multiplié les attaques à l’encontre de l’Union européenne et de l’OTAN, dans une rhétorique où ces deux piliers de l’ordre transatlantique post-guerre froide étaient régulièrement présentés comme des obstacles à la prospérité et à la puissance américaine.

Donald
Le président Donlad Trump lors de son premier mandat.

Dès le mois de mars 2016, Donald Trump déclarait dans une interview à The Washington Post que l’OTAN était « obsolète », critiquant une structure incapable, selon lui, de s’adapter aux nouvelles menaces sécuritaires, notamment le terrorisme. Il y ajoutait une critique sur les coûts supportés par les États-Unis : « Nous payons trop. Nos alliés ne paient pas leur part. »

L’Europe devient alors une cible régulière dans ses discours de campagne. À ses yeux, l’Union européenne est non seulement un concurrent commercial déloyal, mais également un passager clandestin dans le domaine militaire, abritée sous le parapluie nucléaire américain sans effort réel d’autonomie stratégique. Le déficit commercial transatlantique, notamment avec l’Allemagne, devient un cheval de bataille permanent, tout comme la dénonciation des accords de Paris sur le climat (2015) et du JCPOA sur le nucléaire iranien (2015), tous deux soutenus activement par les Européens.

Arrivé à la Maison-Blanche, Donald Trump tente de traduire ses menaces électorales en mesures concrètes. Il remet en cause le soutien automatique de l’article 5 de la charte de l’OTAN, conditionne l’assistance américaine à un « paiement équitable » de la part des alliés, et impose des droits de douane ciblés sur l’acier et l’aluminium européens. En parallèle, il retire les États-Unis de l’accord de Paris, puis du traité INF sur les missiles à portée intermédiaire, au grand dam des capitales européennes.

Face à cette pression politique, l’OTAN tente de s’adapter. Le sommet de Bruxelles de 2018 devient un moment charnière. Dans une atmosphère tendue, Trump menace à huis clos de retirer les États-Unis de l’Alliance si les Européens ne portent pas leur effort de défense à 4 % du PIB, au lieu des 2 % convenus en 2014 à Cardiff. La déclaration officielle du sommet maintient la ligne des 2 %, mais plusieurs alliés commencent à revoir leur trajectoire budgétaire, à l’image de la Pologne, de la Lituanie, ou du Royaume-Uni.

Cependant, durant ce premier mandat, les ambitions disruptives de Trump sont contenues par son entourage. Le secrétaire à la Défense James Mattis, les secrétaires d’État Rex Tillerson puis Mike Pompeo, ainsi que le conseiller à la sécurité nationale H. R. McMaster, jouent un rôle de garde-fou institutionnel. Ils rappellent l’importance du lien transatlantique et œuvrent pour minimiser l’impact des déclarations présidentielles les plus hostiles.

Mattis trump
Comme Secretaire à la Défense au debut du premier mandat de D. Trump, Jim Mattis deploya une grande énergie à la fois pour contenir les excés de son président, et pour rassurer les alliés de l’OTAN.

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1100 Md€ d’ici 2032 : les industriels américains de Défense s’adaptent pour ne pas rater le marché européen en mutation !

Au sortir de la rencontre des ministres de la Défense de l’OTAN du 5 juin, une idée semble s’imposer comme une évidence dans le débat stratégique européen : face à l’évolution de la menace, à l’attrition capacitaire accélérée par l’aide à l’Ukraine, et à la prise de distance progressive des États-Unis vis-à-vis du théâtre européen, une augmentation massive des budgets de défense s’impose désormais comme un passage obligé.

Face à cette nécessité qui ne peut plus, à présent, être ignorée des dirigeants européens, et aux menaces explicites de Donald Trump de retrait du bouclier stratégique américain pour les pays qui ne paieraient pas “leur dû”, un consensus budgétaire émerge autour d’un objectif à 3,5 % du PIB, voire 5 % pour certains États.

De la Norvège à la Bulgarie, de la Finlande à l’Allemagne, en passant par les Pays-Bas ou l’Italie, les annonces se sont enchainées, ces derniers jours, dessinant une trajectoire de réarmement sans précédent depuis la guerre froide. Seule l’Espagne tente encore de faire entendre une voix divergente, mais son isolement croissant rend cette posture difficilement tenable à moyen terme.

Au-delà de la dimension militaire, c’est surtout le marché industriel ainsi ouvert qui attire les regards. Avec plus de 1 100 Md€ d’investissements industriels prévus pour ses armées entre 2026 et 2032, l’Europe devient l’un des premiers marchés mondiaux pour l’armement, à hauteur de 75 % du volume américain sur la même période. Pour les industriels du secteur, cette perspective constitue une opportunité historique — et, pour les puissances extérieures, un enjeu stratégique majeur.

Mais à mesure que les partenariats se multiplient, souvent sous forme de coentreprises entre industriels européens et groupes étrangers, une question centrale émerge : cette dynamique sert-elle réellement l’autonomie stratégique européenne ? Ou assiste-t-on à une recomposition industrielle qui, sous couvert de production locale, pourrait aggraver une dépendance technologique déjà bien ancrée ?

Vers un consensus autour de la hausse des budgets de défense pour les armées européennes

Depuis le sommet de l’OTAN de Bruxelles en juin 2025, un constat s’impose peu à peu comme une évidence stratégique sur le Vieux Continent : face aux menaces grandissantes, à l’épuisement des stocks, aux exigences de réassurance et aux impératifs de souveraineté, une augmentation massive et coordonnée des budgets de défense devient inéluctable. Cette dynamique, amorcée dès 2022 après l’agression russe contre l’Ukraine, s’est accélérée ces derniers mois, sous l’influence de Donald Trump et de ses menaces, jusqu’à constituer désormais le principal axe de convergence politique entre les capitales européennes.

F-35 Norvégien
les forces aériennes européennes s’appuient à plus de 65% sur des avions de combat américains, concernant sa flotte de chasse.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : à travers toute l’Europe, les annonces d’objectifs budgétaires ambitieux s’accumulent. La Norvège, la Finlande, le Danemark et la Bulgarie visent 5 % ou 3,5 % de leur PIB dédié à la défense d’ici 2032, une trajectoire encore récemment jugée irréaliste, y compris dans les cercles stratégiques les plus offensifs. La République tchèque, les Pays-Bas, l’Italie, la Roumanie, la Belgique et même le Royaume-Uni ont tous rejoint ce mouvement, avec des cibles comprises entre 3,5 % et 5 %, assorties de calendriers volontaristes.

L’Allemagne, historiquement prudente en la matière, a elle aussi laissé entendre par la voix de son ministre Boris Pistorius une possible adhésion à cette norme, marquant une rupture spectaculaire avec ses orientations passées. En France, le cap des 2 % est désormais dépassé, et l’objectif de 3,5 % est implicitement évoqué dans les scénarios de programmation à l’horizon 2032-35 à l’étude, en dépit des difficultés budgétaires.

Dans ce contexte, la seule dissonance notable provient de Madrid. Le gouvernement espagnol persiste à défendre une ligne plus modérée, refusant d’entériner l’objectif de 3,5 % du PIB, et mettant en avant la nécessité d’un équilibre budgétaire national. Pourtant, cette posture devient chaque jour plus difficile à tenir, à mesure que l’ensemble de ses voisins s’engagent sur la voie de la remilitarisation. En effet, que ce soit au nord avec la Norvège, à l’ouest avec le Portugal, ou au sud avec les membres de l’OTAN déployés en Méditerranée, l’alignement sur les nouveaux standards financiers devient la norme, et impose de facto une pression politique, économique et stratégique croissante sur Madrid.

À y regarder de plus près, la position espagnole pourrait rapidement devenir intenable. D’une part, l’Espagne est structurellement insérée dans les dynamiques industrielles et opérationnelles de l’OTAN, avec des participations dans plusieurs programmes européens ou transatlantiques, comme l’A400M ou les sous-marins S-80. Le pays accueille également une base navale américaine de premier plan en Méditerranée, Rota, que Washington n’hésitera pas à retirer si Madrid persistait, grevant considérablement l’économie de l’ensemble de la région.

La dissuasion, la projection maritime, le renseignement spatial, la cybersécurité ou encore les chaînes logistiques critiques sont, dans leur grande majorité, dépendants d’une intégration étroite aux standards et aux réseaux otaniens. Quitter cette matrice reviendrait à un désarmement stratégique unilatéral, dans un contexte de plus en plus dangereux.

Pedro Sanchez
Le PM espaagnol a rejeté l’objectif de 3,5% de l’OTAN pour 2032. Mais le chef d’état pourrait se retrouver très isolé, au sein de l’OTAN et de l’UE, par cette position.

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