L’articulation des programmes européens est-elle efficace

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L’industrie de Défense Européenne n’a pas spécialement brillé ces dernières années par sa capacité à mettre en œuvre des programmes multinationaux. Avec 7 partenaires industriels, 3 constructeurs aéronautiques (Airbus, Dassault et Leonardo) et 4 équipementiers (Thales, Hensodt, Indra et Elettronica), le projet de drone Moyenne Altitude Longue Endurance (MALE) européen, officieusement dénommé EuroMale, cumule plusieurs difficultés. Ainsi, Airbus, le maitre d’œuvre, n’aurait pas, démontré ses capacités à concevoir des appareils à vocation militaire, alors que plusieurs acteurs du programme, sous les démonstrations d’entente cordiale, auront beaucoup de mal à collaborer. Enfin, les perspectives limitées du programme pourraient amener les industriels à privilégier les programmes plus ambitieux, comme le SCAF.

Il est évident que ces arguments ne sont pas issus de l’imagination fertile du journaliste, et qu’ils reflètent des positions exprimées par les industriels, et notamment les industriels français. Elles sont la conséquence des échecs ou semi-échecs de programmes passés, comme l’A400M, et qui ne semblent pas avoir donné lieu à un retour d’expérience suffisant, notamment au niveau de la décision politique. 

Mais le principal problème réside dans le manque de perspectives du programme, conçu comme programme mono-produit, et non comme la base d’une initiative globale des industries européennes en matière de drones de surveillance. Comme ce fut le cas avec le NH90, et l’A400M, l’EuroMale est un programme qui laisse les industriels sans bénéfice industriel à long terme, chacun n’ayant développé qu’une part nécessaire mais non suffisante du drone. Eu égard aux choix technologiques, comme l’utilisation de 2 moteurs, le prix de cet appareil sera élevé, et il aura des difficultés pour s’imposer sur le marché export face à la concurrence américaine, israélienne et surtout chinoise, très agressive sur les tarifs. De fait, les industriels sont appelés à investir dans des savoir-faire avec de faibles perspectives exports, un marché domestique limité, et sans vision de développement de gamme de produit. 

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Reconnaissons que, dans ces conditions, le programme est très peu engageant …

En revanche, si le programme était conçu comme la brique initiale d’une famille de drones de surveillance, travaillant sur l’ensemble du spectre des besoins, chaque développement alimentant les autres de ses retours d’expériences et de ses succès commerciaux ; les industriels appréhenderaient le sujet avec une vision très différent, et envisageraient la collaboration industrielle avec de nouvelles perspectives, pouvant aboutir à la création d’un co-entreprise, comme ce fut le cas, par exemple, de MBDA. 

C’est une des approches développées dans le programme Socle Européen de Défense, qui est un volet de la doctrine Défense à Valorisation Positive.

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