Vers une autonomie technologique renforcée en France et en Europe

Après la chute de l’Union SoviĂ©tique, la France comme une très grande majoritĂ© des pays ont sensiblement rĂ©duit leurs investissements de DĂ©fense. La consĂ©quence fut une rĂ©duction importante des volumes de systèmes d’armes produits. Pour un pays comme la France, la commande domestique ne justifiait plus de devoir dĂ©velopper l’intĂ©gralitĂ© des composants et des systèmes embarquĂ©s. C’est ainsi que des composants en provenance des Etats-Unis, du Japon, de CorĂ©e ou de nos alliĂ©s EuropĂ©ens ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s Ă  nos systèmes, destinĂ©s aux armĂ©es françaises comme Ă  l’exportation. 

Or, concomitamment, cette baisse des commandes domestiques entraina l’augmentation de la part relative des exportations pour l’industrie de Défense, passant de 30% à 50%, atteignant donc le seuil de survivabilité de l’industrie de Défense dans son ensemble.

Malheureusement, cette dĂ©pendance technologique est Ă©galement accompagnĂ©e d’un cout, qui semble aujourd’hui bien supĂ©rieur aux Ă©conomies espĂ©rĂ©es Ă  l’époque du choix des composants Ă©trangers. Elle prit par exemple la forme d’atermoiement de nos partenaires europĂ©ens vis-Ă -vis de l’exportation d’un système d’arme des pays jugĂ©s peu dĂ©mocratiques, comme l’Arabie Saoudite par exemple.

Mais c’est l’opposition américaine à l’exportation de composants intégrés aux missiles de croisière SCALP destiné à l’Egypte qui déclencha la colère de Paris, et le changement de position exprimé par la Ministre des Armées, Florence Parly.

Washington a effectivement intĂ©grĂ© ces composants dans la liste des composants sensibles relevant de la règlementation ITAR, et soumise Ă  autorisation des autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales. Et cette autorisation est refusĂ©e par celles-ci, sur la base d’arguments très discutables, servant avant tout Ă  empĂŞcher la vente de Rafale supplĂ©mentaires par la France. Il ne faut pas oublier que l’avion français est opposĂ© aux avions amĂ©ricains dans de nombreuses compĂ©titions : en Belgique, en Inde, en Malaisie, en Finlande … Tout ce qui peut nuire Ă  la pĂ©rennitĂ© de la chaine de production est donc un argument de poids pour les industriels amĂ©ricains, Boeing et Lockheed Martin.

Le prĂ©sident Macron espĂ©rait, lors de sa visite Ă  Washington en Mai dernier, que ce blocage aurait Ă©tĂ© levĂ© par le prĂ©sident Trump, qui avait donnĂ© « des signes encourageants Â» jugeait-on au retour Ă  Paris. Malheureusement, il n’en fut rien, et l’agressivitĂ© commerciale des Etats-Unis s’est mĂŞme sensiblement renforcĂ©e depuis, notamment en Inde, ou une campagne destinĂ©e Ă  attaquer le contrat initial de 36 Rafale a Ă©tĂ© lancĂ© par l’opposition sur des bases elles aussi plus que discutables, pour ne pas dire montĂ©es de toutes pièces, très peu de temps après que le gouvernement indien ait dĂ©cidĂ© de modifier les règles de participation de sa compĂ©tition pour l’achat de 120 chasseurs, que Lockheed pensait jusque lĂ  acquise, permettant ainsi au Rafale comme au Typhoon d’y participer. Or, avec 36 Rafales dĂ©jĂ  en service, et les investissements pour amener l’appareil aux standards indiens dĂ©jĂ  effectuĂ©s, l’offre française partait avec un avantage certain …

Quoiqu’il en soit, la volonté affichée par le ministère des armées est désormais de limiter autant que faire ce peu la dépendance aux composants importés hors de l’UE, de sorte à conserver la plus grande autonomie de décision dans ses exportations.

Pour Ă©tendre le sujet, article en anglais (4 min)

https://www.defensenews.com/air/2018/09/07/we-are-not-dupes-france-takes-step-away-from-us-with-fighter-program/

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