La question des exportations, l’épée de Damoclès des programmes franco-allemands ?

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La demande allemande concernant la suspension des exportations d’équipements de Défense vers l’Arabie Saoudite de la part des pays européens a immédiatement réveillé des inquiétudes fortes à Paris, vis-à-vis des programmes franco-allemands, comme le SCAF et le MGCS.

Paris craint, en effet, que l’Allemagne soit tenté de s’opposer à des ventes de ces équipements si le client est jugé, a tort ou raison, négativement par son opinion publique. Or, le rôle des exportations d’équipements de Défense en France est très différent de celui en Allemagne, jouant à la fois un rôle économique majeur, presque 50% du volume annuel de production de son industrie de Défense étant dédié à l’export, diplomatique en renforçant le poids de la France dans certaines régions du globe, que budgétaire, les exportations équilibrant budgétairement à peu de chose prés les dépenses en matière d’équipements de Défense pour les armées françaises.

Ce point avait été abordé dès l’entame des négociations concernant le SCAF et le MGCS par Florence Parly, la Ministre des Armées, et son homologue allemande, Ursula von der Leyen, lui avait semble-t-il, donné toutes les garanties que l’Allemagne ne s’opposerait pas aux décisions d’exportations prises par la France.

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De fait, lorsque Me Merkel a appelé l’ensemble des pays européens à suspendre leurs livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite suite à l’affaire Koshyggi, et sur fond d’intervention au Yemen, les inquiétudes françaises sont réapparues avec force. 

Il faut dire que les exportations françaises vers les pays engagés dans la guerre au Yemen ont atteint 3,3 Md€ en 2017, pour 3,5 Md€ par an en moyenne sur les 10 dernières années. Mettre sous embargo l’Arabie Saoudite, entrainerait de sérieuses complications avec l’Egypte, financée par Riad, les Emirats Arabes Unis, sont plus proche allié, le Koweit, et même le Maroc. Ce serait donc 40.000 emplois de la filière Défense française qui serait ainsi menacés, entrainant dans leur sillage 200.000 emplois indirects et induits. L’Allemagne, de son coté, n’est exposée qu’à hauteur de 350 millions d’euro, soit 4000 emplois directs, et 20.000 indirects, 10 fois moins qu’en France. On comprend, dès lors, l’embarra dans lequel la déclaration de Me Merkel a mis les autorités françaises.

Reste que cette affaire est révélatrice de l’exposition très importante de la BITD française aux exportations, plus précisément aux exportations hors de l’alliance occidentale traditionnelle. Elle montre également les divergences profondes dans le couple franco-allemand en matière de politique étrangère. 

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Que ce soit concernant les programmes de Défense en coopération comme l’Europe de la Défense, ces divergences devront être traitées de manière officielle, au delà des ententes de personnes. Faute de quoi, toutes ces initiatives risquent forts de venir grossir la très longue liste des ambitions européennes avortées.

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