jeudi, mars 28, 2024

L’Italie dévoile ses ambitions navales à horizon 2035

La Marine Italienne a publié la nouvelle version de son plan stratégique couvrant la période 2019-2034, et présentant les grandes ambitions du pays en matière de marine de guerre. En effet, si la Marine Italienne avait depuis les années 50 toujours été proche en matière de format de la Marine Nationale, elle va, dans les prochaines années, largement dépasser cette dernière, et ceux dans quasiment tous les domaines.

Ainsi, si le porte-avions Cavour restera l’unité majeure des forces navales italiennes, celui-ci sera épaulé par 4 navires amphibies dont le LHD Trieste, capable lui aussi de mettre en oeuvre des appareils à voilure fixe F35B. En plus des deux destroyers de type Horizon, deux nouveaux destroyers d’une nouvelle classe DDX viendront renforcer ses capacités de défense anti-aériennes. Les 10 frégates FREMM seront elles rejointes par 7 frégates PPA en cours de construction, et 8 corvettes du programme European Patrol Corvettes.

La flotte sous-marine se composera des 4 sous-marins Type 212A déjà en service, et de 4 nouvelles unités modernisées Type 212NFS acquises récemment, et dont la construction démarrera prochainement dans les chantiers navals italiens. En outre, elle disposera de 3 pétroliers ravitailleurs Volcano, de 12 chasseurs de mines de 8 de nouvelle génération, et deux navires de renseignement électronique dont une nouvelle unité.

Lancement pPa fincantieri Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
Lancement de la première PPA de Fincantieri

Du coté des forces aéronavales, les 15 F35B en cours de construction seront épaulés par 30 hélicoptères lourds AW-101 Merlin et de nouvelle génération à rotors basculants, de 56 hélicoptères moyens ASM dont 46 S90 et 10 NH90, et de 12 hélicoptères légers. La patrouille maritime sera forte de 9 appareils (probablement des P8 Poseidon), et de 16 drones de surveillance navals.

Ces ambitions dévoilées appellent deux constatations préoccupantes :

  • La Marine Italienne, dont la zone d’action effective se situe en Méditerranée, et qui doit protéger une ZEE de 500.000 km2, aura des moyens sensiblement supérieurs, et plus modernes, que la Marine Nationale, présente sur 2 fronts (Méditerranée, Atlantique), devant protéger 11 millions de km2 de ZEE, et chargée de garantir l’efficacité de la seule force de dissuasion de l’Union européenne.
    • 2 bâtiments (peut-être 5) pouvant mettre en oeuvre des F35B contre le PAN Charles de Gaulle
    • 4 destroyers anti-aériens contre 2 Horizons + 2 FREMM AA aux performances limitées (radar Herakles, 32 VLS)
    • 10 FREMM contre 6
    • 7 PPA contre 5 FDI Belharra soit 21 bâtiments de 1er rang pour l’Italie et 15 pour la Marine Nationale
    • 8 Corvettes planifiées, aucune en France.
    • 8 Sous-marins d’attaque AIP contre 6 SNA français, certes plus performants
    • 12 chasseurs de mines dont 8 nouvelle génération, 8 Tripartites en France, pas de plan arrêté pour la prochaine génération.
  • Les chantiers navals italiens vont avoir un plan de charge particulièrement fourni dans les 15 années à venir, avec 3 Navires Amphibies, 2 nouveaux destroyers, 5 PPA, 8 corvettes, 4 sous-marins et 8 chasseurs de mines à construire. Sur la Même période, les chantiers navals français vont construire 5 FDI, 4,5 SNA, entameront la construction du prochain SNLE et probablement 6 corvettes pour remplacer les 6 Frégates de Surveillance. Soit, approximativement, 120.000 tonnes à construire coté italien, dont 105.000 de bâtiments de surface, contre 70.000 tonnes coté français, avec dont seulement 40.000 tonnes de bâtiment de surface.

En outre, avec un plan de charge sur 15 années, la Marine Italienne dispose désormais d’une visibilité dont la Marine Nationale se satisferait bien.

F35B Italie Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
La marine Italienne disposera de 15 F35B pouvant être embarqués sur le Cavour et le Trieste. Elle disposera donc d’une permanence aéronavale, comme la Grande-Bretagne.

On comprend mieux, à la vue de ces chiffres, l’immense écart qui existe entre les besoins effectifs de la Marine Nationale aujourd’hui, et les moyens qui lui sont effectivement alloués. La perte de souveraineté française se jouera, d’abord et avant tout, sur les mers, et dans ses territoires ultra-marins, ne disposant d’aucune capacité de protection effective face à des marines de mieux en mieux équipées et entrainées au service de nations de plus en plus revendicatives…

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