samedi, novembre 9, 2024

Lockheed propose de s’engager sur 5 ans pour baisser les couts de maintenance du F35A

Nous l’avons vu à plusieurs reprises, les couts de maintenance et la disponibilité sont les deux aspects les plus critiqués du programme F35 aujourd’hui. Et pour cause, en 2018, l’US Air Force évaluait les couts de maintenance industriels par heure de vol à 44.000 $, à comparer aux 14.000 € d’un Rafale par exemple. Quand à la disponibilité, les chiffres de 2019 ne sont guère meilleurs que ceux des années précédentes, avec une disponibilité opérationnelle peinant à dépasser les 50%, et ce malgré l’augmentation rapide du parc d’aéronefs. Face à ces constats, et surtout face aux nouveaux programmes de l’US Air Force qui risquent de réduire sensiblement l’enveloppe de F35 commandés par les Etats-Unis, Lockheed sort aujourd’hui les grands moyens, en proposant une nouvelle forme de contrat de maintenance, visant à faire baisser efficacement les prix et augmenter la disponibilité de la flotte mondiale de F35.

Concrètement, le leader industriel mondial propose de passer d’un contrat annuel de maintenance, renégocié chaque année, à un contrat pluriannuel, d’une durée de 5 ans, avec des engagements fermes sur les couts de maintenance annuelle par appareil, et un engagement de disponibilité de 80 %. Pour cela, Lockheed se dit prêt à constituer son propre stock de pièces détachées, de sorte à fluidifier et accélérer les procédures d’approvisionnement, en quittant la gestion en flux tendu actuel, qui pose visiblement d’immenses problèmes. En outre, l’industriel argumente sur le fait que sur les 5 prochaines années, alors que le parc d’appareils livrés aux forces américaines aura atteint les 1,200 unités, le Pentagone devra payer 15 Md$ de frais industriels de maintenance, là ou un engagement sur 5 ans lui permettrait d’économiser 1Md$. Enfin, le groupe mettra tout en oeuvre pour amener les prix de maintenance au niveau des 25.000 $ par heure de vol, objectif donné par l’US Air Force pour ne pas devoir réduire le volume de la commande de F35.

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Concrètement, ces propositions de Lockheed tiennent beaucoup de l’artifice de communication. En effet, depuis des années, ce dernier ne cesse de répéter que les prix de maintenance diminueront avec la montée en puissance des cadences de production, et du parc installé d’appareils. En promettant une économie de 1 Md$ sur 15 Md$ anticipé, Lockheed ne fait qu’appliquer une diminution de 6,7% des prix de maintenance, alors que le parc, lui, va être multiplié par 3. En outre, la promesse de tout mettre en oeuvre pour réduire les couts de maintenance, telle que présentée aujourd’hui, est non-contraignante, et aucune pénalité ne semble lui être attachée, contrairement à la disponibilité. Enfin, les couts de maintenance annoncés ne concernent que les couts industriels, et ne prennent pas en compte les couts des personnels des forces armées dédiés à cette mission, ce qui est loin d’être négligeable, puisque l’USAF estime qu’il faut 45 hommes pour maintenir le F35 pour une heure de vol.

Les engagements concernant le disponibilité sont, en revanche, très concrets, puisque le groupe propose un taux de disponibilité de 80%, et des pénalités s’il n’y parvenait pas. On remarque cependant que Lockheed se propose de faire ce que les ateliers aéronautiques militaires ont fait pendant des décennies, à savoir une gestion de stock par anticipation. Or, un des arguments du F35, largement mis en avant dans toutes les campagnes marketing de l’appareil, reposait justement sur l’élimination des couts de gestion de stock grâce au système ALIS, et à une gestion en flux tendu. En d’autres termes, après avoir éliminé les gestions de stock militaires, qui remplissaient parfaitement leurs rôles, sur de fausses promesses, Lockheed propose désormais de les privatiser pour retrouver un niveau de disponibilité cohérent avec ce type de stock …. Astucieux non ?

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On comprend également, dans cette proposition probablement présentée un peu à la hâte, que le groupe américain est désormais sous la pression des annonces qui seront faites le 1er octobre par Will Roper, au sujet des changements radicaux que veut apporter l’US Air Force, qui compte pour plus de la moitié des engagements de commandes du F35, à ses futurs programmes d’aéronefs. Car, en suivant la logique annoncée lors de l’interview donnée à defensenews.com par ce dernier, il ne fait aucun doute que le parc global de F35 de l’Air Force sera revue à la baisse, de façon sensible. Or la moindre baisse risquerait de modifier sensiblement les modèles de prix annoncés, tant pour l’acquisition que pour la maintenance et l’évolution des appareils. Une fois encore, on ne peut que constater les points de similarité entre le programme F35 et le F104 il y a une soixantaine d’années.

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