C’est officiel, l’Indian Air Force va retirer du service ses escadrons qui mettaient encore en oeuvre les avions d’attaque Mig27 acquis dans les années 80. Ce retrait, bien que prévu et devant être effectif d’ici 2024, a été anticipé suite à deux accidents ayant entrainé la destruction de deux appareils en Février et Mars 2019, les pilotes étant parvenus à s’éjecter. Avec le retrait accéléré des Jaguar annoncé il y a quelques semaines, l’IAF voit les deux appareils composant sa flotte d’attaque, qui représente aujourd’hui 150 aéronefs, être promis à un retrait rapide, sans remplaçant annoncé pour l’heure.
L’Inde avait acquis, dans les années 80, 165 avions d’attaque Mig27 auprés de l’Union soviétique. Cet appareil à géométrie variable était dérivé du chasseur Mig23, duquel le radar d’interception High Lark avait été retiré au profit d’un calculateur de bombardement. L’appareil était spécialisé dans les missions de bombardement, à l’instar du jaguar franco-britannique de l’époque. Il emporte en outre un IRST orienté vers le bas, contrairement à la version export Mig27M traditionnelle. Comme les jaguars, les MIG27ML Bahadur indiens ont été modernisés dans les années 2000 pour mettre en oeuvre des armes de précision et des missiles guidés. Mais la configuration monomoteur de l’appareil entraina de très nombreux accidents, plus de 12 appareils ayant été perdus sur la seule décennie 2000-2010.
Avec ce retrait, l’IAF[efn_note]Indian Air Force[/efn_note] voit sa composante attaque largement entamée à court terme, et réduite à néant d’ici quelques années. Elle est en partie compensée par les capacités multi-rôles des quelques 270 Su30MKI en service, mais ces appareils restent principalement spécialisés dans des missions de supériorité aérienne. Le contrat MMRCA 2, qui vise à remplacer les 110 Mig21 encore en service, permettra également de mettre en oeuvre un nouvel appareil polyvalent, mais l’entrée en service des premiers aéronefs ne pourra intervenir avant 2026 ou 2027, dans le meilleur des cas, alors que les Mig21 doivent être retirés du service d’ici 2024. La commande en urgence de quelques Su-30MKI et Mig29 auprés de la Russie ne changera rien au déficit capacitaire qui se profile pour l’IAF.
Quelques soient les hypothèses retenues aujourd’hui, il va donc manquer entre 120 et 180 appareils ayant d’importantes capacités en matière de frappe aérienne à l’IAF entre 2025 et 2035. Et le Rafale apparait aujourd’hui comme le meilleur candidat pout répondre à ce déficit, et ce pour plusieurs raisons :
- le Rafale sera déjà en service dans l’IAF, et assurera déjà les missions de frappe nucléaire liée à la dissuasion. Elle dispose donc des compétences pour mettre en oeuvre l’aéronef
- le contrat initial concernant la commande de 36 Rafale était accompagné d’une infrastructure de maintenance pouvant accueillir jusqu’à 150 appareils
- ce même premier contrat a permis d’intégrer plusieurs munitions conventionnelles Air-Sol en service dans l’IAF , dont le missile de croisière supersonique Brahmos
- le Rafale est aujourd’hui le seul appareil du marché, avec le Su34, a avoir été conçu spécifiquement pour les missions d’attaque et de pénétration à basse altitude, seule solution efficace pour contrer les systèmes de déni d’accès modernes employés notamment par la Chine.
- Même en configuration frappe aérienne, le Rafale peut apporter un regain de puissance non négligeable en matière de supériorité aérienne, de part sa réelle polyvalence multi-mission.
- Enfin, par sa configuration bimoteur et ses performances (vitesse, capacité d’emport, rayon d’action, pénétration très basse altitude haute vitesse etc..), le Rafale est beaucoup plus sur et performant dans ces missions que le Tejas de facture locale, surtout pour s’opposer à un adversaire comme la Chine, sur des théâtres comme la chaine himalayenne.
On comprend, dès lors, l’origine des rumeurs insistantes concernant une possible commande supplémentaire d’appareils de la part de l’Inde, qui pourrait être annoncée à l’occasion de la visite du président Macron à New Delhi fin janvier pour la fête nationale indienne. Les industriels français du consortium Rafale ont, par ailleurs, pris le temps de concevoir une offre « Made in India » performante et sûre, permettant de proposer le même niveau de garanties contractuelles que pour les aéronefs assemblés à Mérignac. En outre, l’annonce par Pékin du lancement de la production en série du J-20 fera peser sur New Delhi, et l’IAF, une pression supplémentaire, poussant vers des décisions fortes et rapides.