En 2004, deux groupes industriels allemands de défense, Rheinmetall Defence Electronics GmbH et DIEHL Munitionssysteme GmbH, s’associèrent avec l’israélien RAFAEL Ltd afin de créer la co-entreprise EUROSPIKE Gmbh, destinée non seulement à fabriquer les nouveaux missiles antichars israéliens SPIKE commandés par la Bundeswehr afin de remplacer les missiles franco-allemands Milan et HOT, mais également pour proposer l’ensemble des missiles de la famille SPIKE aux armées Européennes. Le fait est, alors qu’Euromissile avait la main mise sur la presque totalité des armées européennes en matière de missiles anti-chars dans les années 80 et 90, privant au passage l’industrie US de précieuses parts de marché dans ce domaine, ce sont bien les missiles israéliens SPIKE qui, depuis 2004, ont fait main basse sur ces armées, ayant été choisi par 21 des 27 armées membres de l’OTAN, dont 19 armées européennes.
Une situation semblable semble désormais se dessiné, non pas dans le domaine des missiles antichars, mais dans celui des systèmes anti-aériens. En effet, la société Rafael a annoncé récemment être en négociation plus ou moins avancées avec par mois de 5 pays européens, la Belgique, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne et la Roumanie, pour acquérir le système anti-aérien à moyenne portée SPYDER, alors que la République Tchèque a déjà commandé 4 batteries en 2020 afin de remplacer ses systèmes SA-6 (2K12 Kub) hérités de l’époque soviétique. Une telle annonce ne manquera pas de faire réagir dans certains milieux européens, d’autant qu’il existe 3 systèmes équivalents au SPYDER et de facture européenne, l’IRIS-T SL allemand et le MICA VL (NG) français pour le SPYDER-SR, et le plus performant SAMP/T Mamba franco-italien pour le SPYDER-MR.
Il faut dire que le SPYDER ne manque pas d’attraits pour séduire. En premier lieu, il est modulaire et adaptable, avec une offre à courte portée basée sur le radar AESA EL/M-2106 et le missile Python 5 à guidage infrarouge, pour une bulle d’interception d’une portée de 20 km et à une altitude maximale de 9000 m, et une offre à moyenne portée basée sur le puissant radar AESA EL/M-2084 employé notamment par le système Iron Dome, et le missile Derby à guidage radar actif, d’une portée de 50 km à une altitude pouvant atteindre 16.000 mètres. Dans sa dernière évolution, le SPYDER-MR (médium range), offre également des capacités d’interception antibalistique à courte portée. Cette dernière capacité, mise en avant par Rafael, est toutefois plus marketing qu’opérationnelle, la bulle de protection antibalistique offerte par un missile ayant les performances du Derby étant particulièrement réduite, uniquement contre des missiles en phase décédante visant une cible précisément protégée par la batterie. Mais le plus attrayant des arguments de Rafael est ailleurs, tous comme les risques et contraintes y attenant.
Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !
Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)
[…] […]