La menace russe contre l’Europe est, depuis quelques semaines, dans tous les esprits, sur le vieux continent. Le retrait des forces et de la protection américaine, à présent inévitable dans les quelques années à venir, met les européens face à une réalité qu’ils n’avaient plus eue à affronter depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’obligation de se défendre, par eux-mêmes, contre toutes les menaces, y compris celles venues de Moscou.
Si le pivot vers le Pacifique des États-Unis et de leurs armées, était engagé par Washington depuis le début des années 2010, il aura fallu le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2025, pour que les Européens comprennent le caractère inévitable et complet de ce basculement américain, et le nécessaire retrait des garanties de sécurité américaines envers l’Europe, sur un calendrier, à présent, raccourci.
Depuis quelques semaines, les européens multiplient les rencontres et les initiatives, pour tenter de faire émerger cette capacité européenne de défense, pour assurer la protection de l’ensemble des pays de la sphère européenne, et de leurs intérêts stratégiques, sachant qu’aucun pays du vieux continent n’a le potentiel militaire, économique et humain, pour contenir, à lui seul, la menace que vont faire peser les armées russes sur le continent, dans les années à venir.
Au-delà des polémiques politiciennes qui ont émergé, ces derniers jours, parfois de la part d’anciens ministres,dont le palmarès inviterait à davantage de discrétion, au sujet de la réalité de la menace russe, et des arbitrages budgétaires qui devront être faits pour la contenir, il est important de qualifier, et de quantifier, la réalité de cette menace, que ce soit en matière de puissance militaire et stratégique, ainsi que de la volonté de s’en servir.
Sommaire
À l’été 2022, la menace russe contre l’Europe devient le pivot de la politique de Vladimir Poutine
Pour beaucoup, le grand basculement belliciste russe est intervenu en amont de la guerre d’Ukraine, soit en 2008, sur la base des défaillances constatées lors de la campagne de Géorgie, soit en 2012, avec le retour de Vladimir Poutine à la tête du pouvoir, soit en février 2022, lors de l’entame de la campagne militaire contre l’Ukraine.

Si effectivement, la reconstruction des armées russes a subi plusieurs inflexions sensibles en 2008, en 2012 ou en 2014, la société russe, elle, demeurait relativement préservée des conséquences de ces efforts.
Après l’échec de l’offensive du Kyiv, et après l’humiliante retraite vers la ligne Surovikine, au printemps et à l’été 2022, les autorités russes étaient face à un possible désastre militaire, qui les auraient certainement eux-mêmes emportées, sans une réaction forte, non sur le champ de bataille, mais dans la société russe.
C’est ainsi qu’au début de l’automne 2022, le Kremlin engagea une série de transformations visant à modeler une nouvelle société russe, entièrement tournée vers l’effort de guerre, autour d’un discours plus nationaliste que jamais. À ce moment-là, l’aspect le plus visible de cette transformation brutale, était la première mobilisation de 300,000 réservistes, destinés à être engagés en Ukraine.
Début janvier 2023, les premiers signes d’une transformation de l’économie russe, pour donner la priorité à la production de matériels militaires, commencèrent à émerger, alors que dans les 18 mois à venir, l’industrie de défense russe allait passer de 1 à 2 millions de salariés, entrainant une transformation radicale de ses capacités de production, dont les effets se feront sentir, en Ukraine, à partir du début de l’été 2023.

C’est également à partir de 2023, que le discours russe, sur la scène internationale, mais aussi nationale, se transforma rapidement, avec la montée en puissance d’une posture agressive vis-à-vis de l’occident, y compris dans le domaine nucléaire, et une volonté, affichée, de redonner à Moscou son statut de super-puissance, aux côtés des États-Unis et de la Chine.
Alors que les armées en Ukraine se transformaient pour s’adapter aux nouvelles réalités tactique et stratégique sui s’imposaient à elles, la société russe, elle, entrait dans une profonde mutation, pour donner naissance à un pays entièrement tourné autour de son effort de défense, avec le Kremlin, les armées et l’industrie de défense russe, en son centre.
C’est ainsi que, dès la fin de l’année 2023, les premiers rapports, venus de certains services de renseignement européens, commencèrent à pointer la menace potentielle que pourraient représenter les armées russes, quelques années seulement après la fin du conflit Ukrainien.
Début 2024, le constat était incontournable : en dépit des très lourdes pertes enregistrées sur le front, les armées russes parvenaient, à présent, à compenser leurs pertes, en hommes comme en équipements, ne laissant aucun doute au sujet de ses capacités de reconstruction, si le conflit ukrainien devait prendre fin.
Soudain, la possibilité d’une attaque russe contre l’OTAN, ou plutôt, contre certains de ses membres, comme les très appétants pays Baltes, redevenait une hypothèse de travail crédible, alors que, dans le même temps, la montée en puissance des armées chinoises, exigeait des États-Unis, un transfert de forces et de compétences, du théâtre européen au théâtre Indo-Pacifique.

De fait, aujourd’hui, la Russie, si elle reste engagée dans la très couteuse guerre en Ukraine, en a pris les rênes, militairement, alors que Moscou est à présent assuré de disposer des moyens militaires et politiques, ainsi qu’une d’une société entièrement transformée pour les soutenir, afin d’imposer, si besoin par la force, ses ambitions, y compris en Europe.
Pire, encore, cette transformation sociétale est si radicale, qu’un retour en arrière semble hors de portée, pas sans venir menacer directement le pouvoir russe, en tout cas, entrainant le Kremlin dans une course en avant qui nécessite, en permanence, une guerre ou un adversaire mortel, pour maintenir le pays et la population dans le carcan dans lequel il les a placés.
Les armées russes en 2030, une puissance militaire remarquable et aguerrie par plusieurs années de guerre intensive en Ukraine
Aujourd’hui, le Kremlin dispose d’une force armée renouvelée, aguerrie et étendue, d’une industrie de défense optimisée pour la production massive d’équipements de première ligne et de frappe à longue portée, et d’une société russe dans l’obligation économique, doctrinale et coercitive, de les soutenir.
Pour autant, jusqu’il y a peu, la réalité de la menace russe, sur les pays européens, et en particulier sur les membres de l’OTAN, semblait très lointaine. En effet, toutes, plus performantes et efficaces que pouvaient être les armées russes, vis-à-vis de ce qu’elles étaient, au début du conflit en Ukraine, celles-ci ne peuvaient espérer remporter la décision, en Europe, si les États-Unis intervenaient.

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J’aime beaucoup votre travail mais la Russie n’est pas LA menace de la France, c’est un compétiteur, comme la Chine ou la Turquie.
Nous devons en premier nous occuper de l’Algérie, les Comores ou l’Azerbaïdjan qui sont LA MENACE première de la France et des français de par leurs ressortissants hors de contrôle ou de leurs subversons envers la métropole et la Nouvelle Calédonie.
ces trois pays sont les bras armés de la russie
Bonjour Fabrice,
la rationalisation des moyens de production de l’industrie Européenne est la clé mais semble quasi inatteignable vu la défense des intérêts industriels de chaque pays, le bon sens et l’urgence de la situation plaide pour une production d’avions de chasse Française et une production de blindés Allemande, les compétences et les moyens de productions doivent être actionnés là ou ils se trouvent… ça fait du bien de rêver.
je suis d’accord avdc Mr Wolf sur la non rationalité de poutine. lui ce qu’il veut, comme xi ximping, c’est laisser une trace dans l’histoire. il est persuadé d’être celui qui refera l’empire russe ou du moins ce qu’était l’urss avant 1990 et il n’aura de cesse de s’y essayer.donc oui pour moi quand il aura régler le problème ukrainien , il va tenter (comme d’habitude) de fomenter des troubles dans les pays ou il y une population russe installée et ensuite s’y risquer en prétextant toujours qu’on les martyrisent. c’est tellement classique et déjà vu que beaucoup pensent qu’il ne s’y risquera pas, c’est mal le connaitre. pour lui la vie et la mort de soldats, c’est roupie de sansonnet. avis aux suivants sur la liste poutine !
De mon point de vue c est du rechauffé ce coté desequilibrés et megalomanes qu on prete a tous ceux qui nous sont opposés pour justifier la rengaine guerriere et generer le mepris.
Ils sont soit desequilibrés, soit multimalades, soit egocentriques et imperialistes et veulent laisser leurs noms dans les memoires. Sauf que l histoire dit le contraire puisque ce sont les dirigeants européens de l ouest qui ont créé des empires ici et sur d autres continents (Afrique, Amerique, Asie, Oceanie, proche et moyen-orient) , attaqués la russie, anglais et francais au 19eme siecle, allemands au 20eme…..mais au final on accuse toujours les autres de nos maux pour masquer la realité et se donner le beau role. CQFD
bonsoir, oui bon la rengaine on se martyrise parce que l’on a eut un empire colonial, les délires wokistes BASTA ! on vit au 21 siecle et je ne revendique ni veux assumer les choses qui se sont passées il y 200/300/400ans. aujourd’hui les choses se savent et aller attaquer le pays voisin en le traitant de nazi et faire 500000morts et blessés juste pour assouvir ses envies d’assassin et ensuite dire qu’il se sent encerclé avec un arsenal de 5000 tètes nucléaire à sa disposition, haha j’en rit jaune comme xiximping. pensez ce que vous voulez mais n’allez pas essayer de trouver des excuses à un malade mental !
Donc lorsqu on va faire la guerre en Lybie, Syrie, cote d ivoire ou afghanistan a des milliers de kms de nos cotes on est credibles vis a vis des russes ? Notre patrie est en danger ?
Concernant les wokistes qui s invitent en venant de nulle part je ne comprends pas bien mais l indochine et l algerie c est pas si loin puisqu on fete la fin de la 2eme guerre mondiale et le debarquement de normandie.
Etre responsable de rien et avoir un avis sur tout c est assé incompatible de mon point de vue.
J ai des collegues belges qui ont un autre avis sur notre passé militaire qu ils ont subi sous napoleon. Ca ouvre d autres perspectives.
Vous mélangez tout. Si l’offensive en Libye, et ailleurs, est tout à fait discutable, nous n’avons pas annexé un morceau de la Libye, nous n’avons pas déporté d’enfants libyens en masse, nous n’avons pas visé délibérément les infrastructures civiles comme le font les russes, nous n’avons pas de Boutcha sur les bras, nos dirigeants ne nous ont pas interdit de prononcer le mot « guerre », nous n’avons pas de milice agissant sous-couvert etc. Quand au méfaits de Napoléons, cela n’a aucun sens ici. c’est justement parce qu’après la seconde guerre mondiale nous avons voulu tourner le dos à cette europe enquerre perpétuelle que les actions de la Russie sont si critiquable. Concernant Poutine, bien entendu qu’il est déséquilibré mais il existe de nombreuses manières de l’être et qui n’ont pas toutes les mêmes implications. C’est mon métier et simplement pour augurer tout propos sur le sujet, on peut relever qu’il a travaillé toute sa vie pour les services de renseignement dont les modes de fonctionnement nourrissent fortement les modes de fonctionnement paranoïaque et les défenses et angoisses associées. Et on retrouve cela dans tout ses discours. Tous les pays use de leur pouvoir par delà le bien et le mal, ce qui est intéressant pour les différencier c’est la manière dont il les justifie. Quand la france s’excuse en permanence de son passé colonialiste, la Russie de Poutine fait l’éloge de Staline. Ce sont deux approches psychopathologiquement très différentes.
Bonjour Fabrice, concernant la menace Russe contre l Europe elle ne peut etre motivée selon moi que par des bases militaires/missiles US OTAN a ses frontieres. Reaction similaire au « »nettoyage » » americain des pays d amerique latine et embargo de cuba au 20eme siecle afin de supprimer un risque potentiel.
Hors ca je ne vois pas d interet pour les Russes d initier un afrontement alors qu a ma connaissance nous n avons pas de richesses strategiques qui pourraient les interesser. C est meme tout le contraire puisqu ils sont largement pourvus en energie, petrole, gaz, charbon, uranium, en minerais de fer, or et autres, en engrais, potasse, en terres agricoles fertiles.
Ils n ont rien a gagner dans une guerre et clairement les ressources et technologies qui leurs manqueraient peuvent etre fournies par les BRICS, l asie et l afrique.
De l autre coté les ressources et partenariats dont ils disposent nous manquent pour conservee notre et nous obligent a etre agressifs pour conserver notre confort et nos modeles economiques.
L histoire n est souvent que repetition……
Je vous répondrai que ces mêmes arguments étaient avancés concernant la possibilité d’un conflit entre la Russie et l’Ukraine, en 2021, lorsque Moscou multipliait les exercices à la frontière du pays. C’est tout le sujet : on cherche, nous, occidentaux, de la rationalité dans les décisions de Poutine (ou de Trump), là où il ne s’agit que d’une vision historique quasi messianique de personnalités anti-sociales qui s’impose.
La Russie n’a pas davantage intérêt à attaquer des pays de l’OTAN qu’elle n’en avait à attaquer l’Ukraine. Pourtant, c’est bien ce qu’elle a fait. Elle y a perdu un demi-million d’hommes, morts et blessés confondus, soit plus de 2% de la tranche d’âge concernée, pour des gains territoriaux ne représentant que 0,7 % du territoire russe (125,000 km2 vs 17,1 mk m2). Ce n’est évidemment pas raisonnable. Cette guerre a consommé plus de 30% du PIB du pays en trois ans, pour 0,7% de territoires en plus. Là encore, ce n’est pas raisonnable. Mais peu importe pour Poutine, là n’est pas le sujet.
Après, le but de l’article est de poser un diagnostic sur les forces et les moyens dont disposera le Kremlin en 2030, pas de lire dans le marc de café. Chacun est libre d’en retirer ce qu’il souhaite.
Pour ceux qui connaissent un peu l histoire de la russie et l union sovietique l Ukraine n a jamais existé en temps qu etat les années 90.
C est la reorganisation interne de cette meme union sovietique vers les années 1950 qui a ajouté la crimée a l ukraine tout comme les regions peuplées de russes a l est.
Tout simplement comme la bretagne a été redessinée sans sa partie nantaise en france a une epoque lointaine.
A coté de ca mettre des bases de l OTAN et missiles a leurs frontieres alors que la meme chose n a pas été toleré par les americains a Cuba c est jouer avec le feu.
Ce qui a generé la reaction militaire via le blocus naval et les tentatives multiples de renverser le regime Cubain (baie des cochons,…). Du coup ca pose aussi la question de l equilibre mental de nos dirigeants qui ont trouvé ca normal a l epoque si c est l hypothese retenue pour les russes aujourd hui.
allez vendre vos salades sur un autre marché, ici les gens parlent de défense et nous ne sommes pas prorusses.
Donc essayer davoir un discours critique et equilibré sur les actions des autres et les mettre en face des notres pour voir s il y a coherence c est etre pro russe ? Interessant.
Il me semble que s approprier l intelligence, la capacité d analyse et la morale face au reste du monde comme postulat de depart n est pas le meilleur moyen d etre lucide sur les sujets complexes.
En fait elle va chercher en Ukraine ce qu’elle n’a plus ( et accessoirement dans les autres pays de l’ex URSS ). C’est des compétences critiques dans l’industries en général. L’Ukraine était le bastion soviétique d’a peu pret toutes leurs technologies : avion fusée ou encore atome.
La pluspart des plans relatés dans cette article sont très très optimiste pour la Russie. Par exemple le satan version 2 ne fonctionne pas, leur avion produit actuellement ont des avionniques a la rue et même sur un secteur ou ils étaient plutot bon, les sous-marins, c’est plus ce que c’était.
On a vu des centaines de video OSINT de T90M se faire découper par du 30 mm de striker.
Probablement que la très grande majorité de leur parc nucléaire n’est plus en état de fonctionner.
Clairement les Russes ont besoin de RH et au plus vite. Et ces RHs elles sont du coté de l’ Ukraine/Pologne/Roumanie/Pays Baltes.
C’est pas pour rien qu’il est pas chaud pour un cesser le feu le bestiaud.
Si la France a decidé d’abandonner la politique de dissuasion nucléaire si ses intérêts sont menacés, cet article mérite d’être lu. Dans le cas contraire, ce que je crois jusqu’à nouvel ordre, ils n’est que spéculation. Cotdialement
Si la seule gachette est le nucléaire alors la France est dans un état de paralysie stratégique. N’importe quel autre pays nucléaire pourra abuser d’elle tant qu’il se situe en deçà du seuil qui est par nature extrêmement élevé. La force conventionnelle de dissuasion est nécessaire et représente par extension une articulation directe de la grammaire nucléaire qui n’a de sens que parce que tous les autres moyens ont été épuisés. L’assurance d’une destruction mutuelle ne peut pas etre le seul pilier de la défense des intérêts nationaux.