vendredi, septembre 5, 2025

Le futur Lance Roquette Multiple français entamera ses essais dès 2026 !

Avec seulement 7 Lance roquette multiples en service, paradoxalement baptisés Lance roquette unitaires, ou LRU, l’artillerie à longue portée française est identifiée, depuis plusieurs années, comme une des plus importantes faiblesses capacitaires de l’Armée de terre.

Non seulement ces LRU sont-ils bien trop peu nombreux, mais ils reposent sur des technologies datées, avec une portée n’atteignant que 70 km pour la roquette M31, très loin des performances offertes par les LRM modernes comme le HIMARS américain, le PULS israélien, et surtout, le 9A52-4 Tornado-S, qui remplace le BM-30 Smerch dans les armées russes.

Pour palier cette faiblesse, la LPM 2024-2030 a prévu une enveloppe de 600 m€, dans le cadre du programme Frappe Longue Portée – Terrestre, ou FLP-T, pour acquérir 12 systèmes d’ici à 2030, afin de remplacer les LRU hors d’âge de l’Armée de terre, avec l’objectif de disposer de 26 systèmes, à horizon 2035.

Toutefois, jusqu’à présent, le flou régnait au sujet de l’origine de ce nouveau LRM, et plusieurs options ont été avancées, comme l’acquisition du HIMARS américain, et même du Pinaka indien, alors que New Delhi semble avoir fait de l’acquisition de ce système par les armées françaises, en enjeu des négociations en cours, concernant l’achat des Rafale M et des sous-marins Scorpène supplémentaires, par la Marine indienne.

Finalement, la DGA, l’agence de l’armement du ministère des Armées, a opté pour une stratégie volontaire et souveraine, en arbitrant en faveur du développement d’un système entièrement français. Mieux encore, celui-ci entamera sa campagne de tirs et d’essais, dès le milieu de l’année 2026, et sera donc bien prêt pour remplacer les LRU de l’Armée de terre, avant 2030 !

La DGA a opté pour le développement d’un lance roquette multiple d’une portée de 150 km par la BITD française

Conçu principalement pour des engagements de haute intensité, les LRU français ont été longtemps négligés, dans les arbitrages budgétaires du ministère des Armées. Et pour cause, sur les trente dernières années, alors que les armées françaises sont intervenues sur plus d’une dizaine de théâtres de conflit, de l’Ex-Yougoslavie à l’Irak, en passant par l’Afghanistan, la Libye, la Syrie ou l’Afrique sud-saharienne, le LRU n’a été employé qu’une fois, au Mali.

Lance roquette multiple LRU au Mali armée de terre
LRU au Mali. Les deux dystèmes déployés ont obtenu de très bons résultats, avec 16 coups au but pour 16 tirs.

La guerre en Ukraine, et le retour du risque de conflit de haute à très haute intensité, notamment en Europe, a profondément inversé la perception du besoin, dans ce domaine, pour l’état-major français. En effet, les HIMARS américains, comme les Smerch et les Tornado-S russes, jouent, depuis 2022, un rôle clé dans le rapport de force entre les armées ukrainiennes et russes.

La France n’est d’ailleurs pas la seule à avoir identifié ce besoin. Ainsi, en Europe, une douzaine de forces terrestres, a entrepris de se doter de LRM, ou de remplacer leurs systèmes existants.

Toutefois, jusqu’à présent, tous se sont tournés vers des systèmes importés, comme le HIMARS américains, le PULS israélien ou le K239 Chunmoo sud-coréen. Et pour cause : il n’existe, à ce jour, aucune offre alternative, purement européenne, pour cette catégorie de systèmes d’arme, pourtant essentiels dans un contexte d’engagement de haute intensité, même si plusieurs pays, comme la Pologne ou l’Allemagne, ont entrepris de négocier des partenariats industriels, pour localiser une partie de la production des systèmes acquis, ou de leurs munitions.

En novembre 2024, la DGA avait confié une mission d’étude préalable, au sujet d’une solution souveraine dans ce domaine, à deux consortiums nationaux, l’un formé par Thales et Ariane Group, l’autre par Safran et MBDA. Pour autant, à ce moment-là, la stratégie française demeurait très incertaine, entre l’achat d’un système sur étagère, comme l’HIMARS américain, ou le développement d’un système souverain.

Mi-février, une indiscrétion laissait même entendre que Paris pourrait se tourner vers le LRM Pinaka indien, sous la pression de New Delhi, sans que l’on sache s’il s’agissait d’une solution intérimaire, voire complémentaires du développement ou de l’acquisition d’un système labellisé OTAN.

Pinaka LRM
Le LRM PInaka indien a une portée de 70 km.

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11 Commentaires

  1. L’arrivée de Trump à la tête du gouvernement américain,a créé une intercitude dans la notion d’allié, même plus les USA pourraient devenir un adversaire dans le cadre de certaines opérations envisagées par Trump ,la récupération du Groenland par exemple. D’un autre coté la faible capacité de l’industrie francaise a fournir de l’armement type missile n’aide pas les autres pays a se ranger au coté de la france.

  2. Seulement 26 systèmes ?
    Il me semblait que l’on devait donner de l’épaisseur à notre armée !
    Le scandale des FREMM (8 pour le prix de 17) n’a toujours pas servi de leçon.
    Bon, soyons sérieux, 126 systèmes commandés me semble plus correct afin de faire baisser le prix unitaire quitte à en exporter une partie…
    Mais tous ces coût de R&D pour 26 systèmes, le contribuable que je suis n’accepte pas !

    • Après quelques recherches, j’ai constaté que l’intention française était initialement de commander 80 pièces mais que la fin de la guerre froide a réduit la commande à 57 pièces. Soit de quoi doter le 1er Régiment d’Artillerie et le 12e Régiment d’Artillerie de 24 pièces chacun.

      26 systèmes est ce qui est nécessaire pour redonner sa pleine capacité au 1er Régiment d’Artillerie qui devrait disposer de 4 batteries à 6 pièces. Donc pourquoi envisager de produire plus de FLP-T que ce qui était envisager comme LRM dans les années 80 ?

      Et concernant le programme FREMM, c’est l’étalement du programme qui est la cause première de l’explosion des coûts unitaires. Car Naval Group avait calculer le coût initial pour 17 frégates en fonction d’une certaine cadence de production. Et que si cette cadence n’était pas respecté, le coût de production allait augmenter. Mais la question que l’on doit se poser est également la suivante. Est-ce que le besoin français était réellement de 17 frégates faisant plus de 6.000 tonnes chacune ? Pour moi, la réponse est clairement non vu que nous avions à la fin des années 2000 en moyenne que 4 frégates anti-aériennes et 9 frégates anti-sous-marine.

      Car vouloir remplacer les aviso type A69 qui ne font que 1250 tonnes de déplacement par des frégates 5 fois plus lourde, ce n’était pas très réaliste. Même si elles sont apparu qu’ultérieurement, les corvettes de type Gowind sont à mon sens plus adapté en terme de taille pour remplacer les aviso. Mais je vais m’arrêter là pour les frégates car ce n’est pas le sujet de base de l’article

      Donc pour ma part, je préfères un engagement sur 26 systèmes qui seront effectivement commandés que s’engager sur bien plus d’exemplaires et au final devoir réduire la commande car on ne peut les financer et/ou les mettre en oeuvre.

    • bonjour, je ne suis pas certain que nous aurions besoin de 126 systèmes par rapport à nos forces de terre ? nous aurons en 2030 environ 115 caesar, ce qui est jugé pertinent par nos généraux . après le cout de revient (dévelloppement et fabrication ) même s’il était 2 fois plus cher qu’une solution sur étagère, ne coute pas plus cher en intégrant le retour des taxes et de la fabrication en france. de plus cela nous sécurise et nous permet, éventuellement, de pouvoir le vendre à l’export, ce qui ne seraait pas le cas d’un himars ou autre.

    • Ce que l’article montre, c’est que dans certains domaines, la France dépasse les seuls arguments commerciaux et budgétaires, en matière de développement de systèmes d’arme, lorsque le besoin est jugé décisif. C’est le cas des LRM. On a vu, en Ukraine, ce que le manque de munitions HIMARS (et de renseignements US), a pu handicaper la défense ukrainienne.
      On peut admettre de ne pas developper un avion de veille aérienne avancé pour porte-avions, et acheter l’E2 Hawkeye, on peut admettre d’acquérir quelques C-130H pour ravitailler les hélicos des FS, et on peut admettre de s’en remettre à un voisin européen, pour fabriquer les fusils d’assaut, les mitrailleuses et les pistolets automatiques.
      Par contre, dépendre d’un partenaire non européen, pour une capacité comme le LRM, qui conditionne toute l’efficacité des forces terrestres, on ne peut pas s’en remettre à des systèmes et des roquettes/missiles conçues aux États-Unis ou en Israël.
      C’est, je dirai, la grande différence avec nos voisins européens. La France admet qu’elle peut être amenée à se défendre seule, ou avec seulement ses alliés européens. Et cela suppose, parfois, de faire des investissements peu efficaces, de prime abord, pour developper des équipements souverains.
      Après, developper seul, pour un petit nombre d’equipements, n’est pas necessairement, un mauvais calcul. La France n’avait commandé que 5 Caesar au depart, juste pour permettre de lancer la production, alors que l’AT était très satisfaite, alors, de ses AUf1 et TRF1, et ne voulait pas, vraiment, d’un canon sur camion. De même, on a developpé le MdCN pour « seulement », un peu plsu d’une centaine de missiles. Mais aujourd’hui, celui-ci est un veritable atout pour vendre les FDI et les Scorpene/Barracuda.
      Et je suis a peu près certain que meme si seulement 26 LRM seront commandés par l’AT, le système aura des arguments à faire valoir sur la scène européenne et internationale.

      • Je suis d’accord, mais il est possible pour la France aussi de donner des gages de réciprocité aux Européens comme, par exemple, l’intégration du pod de guerre électronique Suédois au aux Mirage 2000 ou aux Rafale et/ou la batterie AE de Rheinmetal pour qu’ils nous laisse tranquile avec le MGCS ou que leurs pays respectif soient plus enclin à envisager les solutions Européennes plus facilement.

        • C’est exact. Cela dit, ce n’est pas simple, car il y a beaucoup de freins autour e ces sujets, de la part des industriels nationaux (Je peux le faire, alors pourquoi le commander ?), comme de la part des militaires (ce n’est pas vraiment de ça dont on a besoin, nous il faut ceci et cela)… Regardez, alors même qu’il n’y a plus d’industrie de production de fusils d’assaut en France depuis 20 ans, le tintouin que la commande des KH416 a pu engendrer en France. Alors, imaginez le four pour un contrat de 1 Md€ avec Rheinmetall pour 75 tourelles Skyranger 30 (50 pour l’AT pour 8 par brigades et 2 de formation, 25 pour l’AAE à raison de 3 par base aérienne + 1 de formation).

          • oui c’est vrai, heureusement que j’avais posé mon sac avant cela, ça m’aurai vraiment fait C…. de tirer avec un fusil allemand et j’aurai pas été le seul, rien ne vaut un famas.
            Humour je vous embète exprès

          • oui c’est sur on est des vilains, et les allemands ils nous achètent quoi au juste, j’arrive pas à trouver, des idées ?

      • 100 % d’accord c’est a chaque fois la même histoire depuis 20 ans, on loupe les marchés parce qu’on a pas de capacité de fabrication. L’exemple est le fameux canon sur le camion 😛 ou encore le canard français. Depuis qu’on en fabrique plus on en vends plus

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