Il y a quelques jours, l’Amiral Nicolas Vaujour, le chef d’état-major de la Marine nationale, lançait un nouvel appel à la consolidation industrielle européenne Défense, spécialement dans le domaine de la construction navale militaire.
Pour l’amiral français, en effet, la fragmentation actuelle de l’offre industrielle européenne représente à présent une menace, face à la recomposition rapide du marché international des armements navals, que seule une véritable stratégie de consolidation serait en mesure de contenir.
Le problème est d’autant plus pressant que, dans un avenir proche, la hausse sensible du budget des armées européennes, qui sera, selon toute probabilité, entérinée par le sommet de La Haye de juin prochain, pourrait convaincre de nombreux dirigeants politiques et industriels européens de profiter de cette manne budgétaire pour développer l’industrie militaire nationale, qu’elle soit ou non navale.
Dans ce contexte, face à la mutation brutale du marché international de l’armement, liée à l’arrivée de nouveaux acteurs venus de Corée du Sud, de Turquie ou de Chine, et au phénomène de paupérisation qui résulterait de l’explosion probable de la bulle d’investissement européenne qui se profile, quels seraient les avantages, mais aussi les faiblesses et les entraves, de la consolidation industrielle de défense ?
Sommaire
Pour le chef d’état-major de la Marine nationale, la consolidation devient indispensable pour l’industrie navale militaire en Europe
Ces dernières semaines, l’investissement industriel de défense a vu son statut se transformer radicalement. D’investissement paria, évité comme la peste par les investisseurs privés comme institutionnels, il y a encore quelques mois de cela, il est désormais présenté comme de moteur de la relance industrielle européenne, sur le modèle allemand qui en fait le pivot du plan de réinvestissement public de 500 Md€ voulu par le nouveau chancelier Friedrich Merz.

Exit, donc, les considérations qui handicapaient jusqu’aux transactions bancaires, les fonds de roulement et les crédits documentaires des entreprises évoluant plus ou moins près de la sphère industrielle de défense, au prétexte que la défense serait une activité « non durable », et soumise à des risques légaux.
Soudain, entre la menace russe croissante, la montée en puissance chinoise, et le retrait de plus en plus sensible de la protection américaine, il semble que la sphère politico-financière européenne soit passée de la conception « Les armes, c’est mal, ça tue des gens« , à celle « Les armes, ça tue des gens, mais quand ce sont les nôtres, elles tuent les autres, alors ça va !«
Toutefois, il serait profondément naïf de penser que les milieux de la haute finance, à l’origine de toutes les difficultés rencontrées par les industriels de défense ces 15 dernières années, aurait été touchée par la grâce, et aurait soudainement compris le concept même de Défense.
En effet, au-delà de la prise de conscience indubitable de certains grands dirigeants politiques européens, comme Friedrich Merz en Allemagne, ou Keir Starmer au Royaume-Uni et Ursula von der Leyen à Bruxelles, ce sont, avant tout, les perspectives de profits à court et moyen termes, liées à la hausse des budgets européens de défense qui se profile avec le sommet de l’OTAN de La Haye, qui engendrent ce basculement.
Et pour cause ! Les dépenses de défense européennes devraient passer de 350 Md€ en 2025 à 500 Md€, voire 600 Md€ en 2030, dont une grande partie sera directement employée pour des investissements industriels, pour reconstruire les capacités et les stocks des armées européennes.
Faute de consolidation, l’industrie européenne de défense ne sera bientôt plus compétitive pour l’Amiral Nicolas Vaujour, chef d’état-major de la Marine nationale
Rien qu’au niveau de l’Union européenne, ce sont 150 Md€ sur quatre ans qui ont été mis sur la table par la Commission européenne, et qui seront injectés directement dans des projets visant à étendre et moderniser la production de munitions, de missiles et de systèmes de défense antiaériens en Europe, l’enveloppe ayant été validée par les ministres des Affaires étrangères cette semaine.

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Merci pour cette article qui prouve encore une fois, s’il en était besoin votre vision d’avenir et le travail de prospection que vous menez pour nourrir celle-ci.
Je l’ai compris l’article était long mais comme déjà cité dans les commentaires, la consolidation, si elle était réussie,pourrait se trouver être le prochain défi de l’Union Européenne d’ici 20 ou 30 ans, voir le cas américain et l’explosion du tarif des équipements défense.
D’autre part, pour les pays implantant une industrie sur le court terme, la mise sous cocon de ces installations une fois les commandes nationales terminées, ne représenterait t’elle pas la résilience ultime en cas de conflit de haute intensité généralisé en Europe, permettant si nécessaire de redémarrer une production à grande échelle dans des délais très courts ?
Avec en final, une mécanisme européen, comme vous l’évoquer dans cette article, qui pourrait permettre à ces mêmes petites industries d’entretenir leurs têtes pensantes (ingénieurs, R&D) ainsi que leurs usines sous cocon afin de maintenir l’innovation à un haut niveau en exploitant les compétences de chaque pays.
Merci, article très intéressant, on espère que cela puisse nourrir le débat au plus haut niveau…
The answer is from case to case to create JV’s or Partnerships on defence programs . I don’t see any Nation to renounce on their industry sovereignty .
Regards
John
Au début j’étais un peu perplexe sur le titre…… et au final j’aime bien ces trois consolidations. Elles ont plutot beaucoup de sens et engage des pays amis ( déjà en tout cas pas de casques a pointes ).
Elles ont comme pivot le best athlete et on le sait : y a que ca qui marche.
Bel article.
salut ludovic, oui le best athlete, et français ! mais supposons que les entreprises visées pensent que ce sont elles les « best athletes » alors on part dans le même B…. que pour le scaf et il n’y a rien qui se fait. c’est souvent ce qui se passe et qui ne mène en fait à Rien. bon à espèrer qu’il y ai un peu plus d’intelligence dans ces entreprises et qu’ils voeint que cela peut être un moyen de survivre et non d’être englobées dans une plus grosse. c’est d’ailleurs ce que rheinmetal laisse entendre qu’il bouffera tout le monde s’il le peut !
Tout cela me laisse dubitatif, et même si le propos de l’article me paraît pertinent, la consolidation n’a pas que des effets bénéfiques comme nous le prouve tout les jours l’exemple américain.
Bien vu, je parierai sur une consolidation secteur aerien (Dassault,Saab, Aero) , avec le Rafale F5, le Gripen rééquipé par un Safran M88 T-Rex, et le RBE2-XG, enfin l’ Awacs Globaleye sur une base Falcon 10X,concernant Airbus un rapprochement avec Antonov pour une modernisation et remotorisation du AN124 . Sur la partie naval , la réussite de l’appontage du Rafale sur les PA indien Stobar, démontre le potentiel de ce type de porte-avion , et peut-être l’association de Naval avec le chantier naval indien Mazagon Dock Shipbuilders Limited pour ce type de porte-avion, nous permettrait de construire 2 porte-avion en support du PANG. Enfin un Awacs embarqué basé sur le Leonardo AW609 + un globaleye modifié.Cela permettrait a tout le monde de commencer à se désengager de l’industrie américaine
bonne réflexion sur un sujet complexe et tres sensible. il y a certainement des choses qui pourraient en effet se faire, car comme vous le dites, il risque d’y avoir à terme des disparitions d’acteurs faute de marché. reste à voir si nos politiques (toujours trés avisés comme on le sait) sauront êtres inventifs et arriveront à des consolidations ou tout le monde s’y retrouve ? pour info , fabrice, au cas ou vous l’auriez loupé, NV va recréer sur brest une entité de production liée aux SNLE, avec à la clef 500 emplois directs.
Tout est dit : « Il est donc nécessaire de parfaitement comprendre la complémentarité des attentes et des compétences des entreprises avant d’envisager une consolidation européenne. La seule aspiration politique n’offre pas, à elle seule, le cadre suffisant pour en faire un succès. » (Rappelons simplement l’intérêt de conserver un minimum de compétition avec 2 ou 3 grands acteurs par domaine). D’ailleurs la même éxigence s’applique au niveau des États et armées pour la démarche de construction d’une forme de défense européenne autonome, crédible et efficace.