Le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF), ou Future Combat Air System (FCAS), parvient à un tournant que les prochains rendez‑vous politiques pourraient accélérer. L’hypothèse d’un retrait ordonné du périmètre commun pour le New Generation Fighter (NGF, pour New Generation Fighter, chasseur de nouvelle génération) et d’un recentrage sur un cloud de combat partagé revient en force.
Le coût global évoqué avoisine les cent milliards d’euros, tandis que les arbitrages industriels opposant Dassault Aviation, Airbus, Thales ou Diehl restent vifs. Dans ce contexte, la démarche publique du député CDU Volker Mayer‑Lay, favorable à une option allemande plus autonome, donne une coloration nouvelle aux rapports de force et ravive le débat sur la coopération franco‑allemande.
La fenêtre politique est courte, avec une réunion ministérielle annoncée le 11 décembre et une possible mise à l’agenda des chefs d’État le 17 décembre. Les échanges se sont intensifiés entre industriels et ministères, sur fond de rumeurs et de désinformation autour d’une supposée revendication française de 80 % des travaux NGF. En réalité, ces éléments ont été démentis et largement instrumentalisés.
La question centrale ne porte plus seulement sur le partage des tâches, mais sur la capacité à préserver l’échéance française de 2045 et à éviter une fragmentation irréversible, au moment où la priorisation d’un cloud de combat prend des allures de dernier liant crédible.
Sommaire
FCAS en crise prolongée depuis 2017, l’empilement de compromis mène à l’impasse
Depuis 2017, le SCAF cristallise des crises de gouvernance et de partage industriel récurrentes qui ont nourri un sentiment d’épuisement. Les compromis successifs, négociés pour lancer les phases techniques, ont permis de temporiser sans traiter le cœur des divergences. C’est précisément cette logique d’accords minimaux qui a fini par installer une vulnérabilité systémique. Ainsi, l’accumulation de compromis de surface a abouti à une impasse durable, minant la confiance entre maîtres d’œuvre potentiels et complexifiant toute perspective d’arbitrage clair sur les responsabilités et la propriété intellectuelle.
Le calendrier a ensuite figé les positions. Pour Paris, l’entrée en service opérationnelle d’un NGF autour de 2045 s’impose désormais comme un verrou stratégique, du fait des impératifs de dissuasion, de l’embarquement naval et de la continuité capacitaire. Tout glissement supplémentaire est politiquement difficilement tenable. Les analyses disponibles rappellent que le calendrier 2045 est non négociable pour la France, au risque d’ouvrir un gouffre capacitaire et budgétaire dans la décennie 2040. Cette contrainte structure le débat autant que le partage industriel.
Les précédents coopératifs renforcent la prudence. Des retraits allemands sur des programmes comme MAWS, CIFS ou Tigre 3 ont montré la capacité de Berlin à se désengager lorsqu’un volet paraît mal aligné avec ses priorités industrielles ou opérationnelles. Ce pattern nourrit l’hypothèse d’une bifurcation graduelle, voire d’une trajectoire partiellement nationale sur le segment avion. Pour les industriels français, ce risque ajouté pèse sur la soutenabilité des transferts sensibles et sur l’intérêt d’un leadership dilué qui ne sécuriserait ni délais ni responsabilités.
La stratégie du « colmatage » a donc retardé les décisions lourdes. Au lieu d’une gouvernance clarifiée et de règles robustes, les phases 1 et 1B ont entériné des compromis temporaires sans solder les questions de leadership, d’accès aux technologies clés et de normes communes. Cette dynamique a fragilisé l’ensemble, y compris le pilier numérique. Plusieurs travaux pointent que la pertinence d’un recentrage sur le cloud de combat peut découler de ce constat, tant la gouvernance insuffisante est devenue un risque systémique pour un SCAF qui n’a jamais véritablement tranché ses contradictions initiales.
Volker Mayer‑Lay fait bouger les lignes allemandes et ouvre la voie à un réalisme assumé
La prise de position de Volker Mayer‑Lay, député de l’Union chrétienne‑démocrate (CDU) et rapporteur pour la Luftwaffe au sein de la commission de la Défense du Bundestag, marque une étape. Il plaide pour une voie allemande plus autonome autour d’un chasseur de nouvelle génération, tout en acceptant des coopérations ciblées sur des segments clés. Parmi celles‑ci, la propulsion est explicitement évoquée comme un domaine où des partenariats demeurent utiles. Le site ESUT documente cette trajectoire qui traduit un réalisme accru face aux difficultés persistantes du NGF commun.
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