vendredi, septembre 19, 2025
Accueil Blog Page 13

10 programmes franco-européens pour bâtir l’autonomie stratégique européenne 1/2

L’autonomie stratégique européenne est, depuis quelques semaines, sur toutes les lèvres dans les chancelleries du vieux continent. En quelques semaines, seulement, Donald Trump a fait voler en éclat la confiance bâtie entre les États-Unis et les Européens, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, privant ces derniers de leurs repères en matière de défense et de sécurité.

Soudain, les européens ont compris à quel point ils étaient entièrement dépendants, en matière de défense, des États-Unis, que ce soit au sein de l’OTAN, comme dans la maintenance et la mise en œuvre d’une grande partie de leurs équipements militaires, achetés outre-Atlantique avec le secret espoir d’acheter, par là-même, l’intangibilité de la protection US.

Tous les européens ? Non, un petit pays, près de l’Armorique, avait résisté aux sirènes de la protection américaine, et après avoir été décrié pour son côté rebelle, vis-à-vis du grand protecteur américain, voilà que les européens trouvent en la France, les bases de l’autonomie stratégique tant désirée, maintenant qu’elle est devenue indispensable.

Pour autant, si la France veut effectivement donner corps à l’autonomie stratégique européenne, qu’elle appelle de ses vœux depuis plusieurs décennies, elle va devoir organiser efficacement, et subtilement, la transformation qui attend les européens, tout en évitant que les vieux schémas confortables, car profitables à court terme, mais ô combien dangereux, le moment venu, ressurgissent.

Pour y parvenir, Paris pourrait engager un vaste super programme franco-européen, visant à donner corps, à l’échelle industrielle, mais aussi stratégique et opérationnelle, à cette autonomie stratégique de fait, en écartant, une à une, les tentations exogènes. Cet article, en deux parties, présente certains de ces programmes, qui ont le potentiel d’amener effectivement les européens, vers une réelle autonomie stratégique, tout en préservant les intérêts stratégiques et sécuritaires de la France.

La France au cœur de la construction potentielle de l’autonomie stratégique européenne

Depuis quelques semaines, la France a changé de statut sur la scène européenne défense. De pays peu fiable à visée hégémonique, tel que la plupart des chefs d’État européens percevaient la France et son ambition d’autonomie stratégique européenne, elle est devenue, pour nombre d’entre eux, un exemple, aujourd’hui.

autonomie stratégique européenne Macron Starmer
Emmanuel Macron et Keir Starmer.

En effet, la France a déployé d’immenses efforts, ces 60 dernières années, pour conserver son autonomie stratégique, et ainsi dépendre le moins possible d’acteurs extérieurs, et spécialement d’acteurs non-européens, pour équiper ses armées.

En effet, le pays est le seul, en Europe, à détenir une dissuasion pleinement autonome et indépendante, le seul à mettre en œuvre des avions de combat de conception et facture nationale, y compris pour les moteurs, et le seul à déployer des flottes de sous-marins à propulsion nucléaire, ne reposant pas sur certaines compétences et savoir-faire américains.

Dans le même temps, son industrie produit l’ensemble des véhicules blindés, des hélicoptères, des satellites, des navires et des munitions technologiques, employées par les armées, à quelques très rares exceptions près, comme les missiles antichars Hellfire de l’hélicoptère Tigre.

Cette singularité française, longtemps perçue, en Europe, comme lié à un caractère frondeur français lié au refus de reconnaitre la protection américaine, apparait à présent comme salvatrice dans de nombreuses chancelleries européennes, alors que l’appui des États-Unis, en cas de conflit, notamment contre la Russie, n’est plus du tout garanti.

Les européens sont à présent ouverts à l’émergence d’une véritable autonomie stratégique sur le vieux continent. Toutefois, seule la France dispose de toutes les compétences technologiques pour y parvenir. De fait, elle a, à présent, tant une opportunité qu’une responsabilité historique, pour créer le cadre permettant à celle-ci d’émerger.

Rafale armée de l'air Typhoon Royal Air Force
Le Rafale et le Typhoon sont les deux seuls avions exclusivement européens produits en Europe.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


Article en deux parties – La seconde partie est accessible ici.

Épargne Défense : Pourquoi est-ce utile ? Pour financer quoi ? Et comment le faire ?

Depuis plusieurs semaines, le ministère des Armées a fait de l’appel à l’épargne des français, un sujet récurrent de sa communication, au point que le président de la République, et le premier ministre, ont aussi évoqué la possibilité, dans leurs interventions récentes respectives au sujet des questions de défense.

Comme c’est souvent le cas, en particulier lorsque l’annonce est générale et sans cadre précis, ces déclarations ont été appréhendées de manière très différente en fonction des individus. On a aussi pu lire beaucoup de choses, plus ou moins cohérentes, à ce sujet, ces derniers jours, dans la presse comme sur les réseaux sociaux.

Cet article trace un cadre sur ce qu’il est possible de faire, en matière d’appel à l’épargne défense, et ce qu’il ne l’est pas, ainsi que sur les domaines pouvant potentiellement être financés, au sein de l’effort de defense, par un appel à l’épargne, et la manière dont cette épargne pourra être collectée.

Quels sont les atouts et les limites de l’appel à l’épargne en matière de défense ?

L’appel à l’épargne, pour financer l’effort de défense, est une martingale qui refait cycliquement son apparition dans le débat public français. Bien souvent, cependant, les porteurs projets se concentrent davantage sur la manière dont cette épargne peut être collectée, et éventuellement sur l’utilisation réelle ou fantasmée des fonds ainsi récoltés, que sur la réalité de ce qu’implique un tel mécanisme.

épargne défense assemblée nationale
Le financement des armées est devenu, depuis quelques semaines, un sujet clé dans le débat national.

En effet, si l’appel à l’épargne présente certains atouts, un tel mécanisme est souvent difficile à mettre en œuvre, et très contraint, pour être employé à des fins de défense, dans la manière dont l’état, ou les armées, peuvent, ou ne peuvent pas, espérer employer les fonds ainsi collectés.

Du cotés des atouts, on trouve l’origine exclusivement nationale des fonds, ce qui offre, potentiellement, une plus grande flexibilité dans les flux entrants et sortants, en jouant, par exemple, sur certaines incitations fiscales et certains plafonds. Or, dans un produit financier, rien n’est pire que le manque de fonds, en dehors de l’excès de fonds, qui engendre des couts non compensés par le modèle économique.

Les promoteurs des produits d’épargne défense mettent également en avant, le potentiel de l’outil pour renforcer le lien entre la société civile et les armées, et avec la mission défense, y compris en créant, artificiellement, des événements locaux ou régionaux, pour créer une relation entre un territoire et, par exemple, un équipement des armées.

Pour autant, un appel à l’épargne, pour l’effort de défense, a également de très nombreuses contraintes, la première étant que celui-ci ne peut financer les équipements des armées, sauf à entrer dans un montage extrêmement complexe. En outre, les produits d’épargne peuvent, souvent, s’avérer plus chers que le simple appel aux marchés, une fois les couts financiers (frais de distribution des banques), les taux d’intérêts et les couts de réserve de liquidités légalement requis, intégrés au calcul du taux de fonctionnement.

Lecornu assemblée nationale
Sébastien Lecornu, le ministre des armées, a plusieurs fois évoqué la possible création d’un produit d’épargne défense pour les français.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


La dépendance aux armements américains inquiète les Européens, du Kill Switch du F-35 aux missiles nucléaires britanniques

Selon un rapport du SIPRI de 2024, les européens se sont tournés vers des armements américains pour plus de 60% des contrats signés ces cinq dernières années, alors que pour certains pays européens, et non des moindres, la part des équipements militaires non européens importés sur cette période dépasserait les 90%, comme aux Pays-Bas, en Italie et en Grande-Bretagne.

Pour autant, jusqu’il y a peu, les européens se satisfaisaient pleinement de cette situation, ayant la certitude d’être protégés par le bouclier nucléaire et les armées américaines, ceci venant largement entamer la notion d’armées d’emploi, et toutes les contraintes, notamment industrielles, qu’une telle notion impose.

Les positions et décisions prises par Donald Trump, et son équipe, depuis leur arrivée à la Maison-Blanche, il y a juste sept semaines, sont venues très largement entamer cette confiance, en Europe. Et par voie de conséquence, les européens s’interrogent, à présent, sur le bienfondé de leurs arbitrages en matière de contrat d’armement, vers les États-Unis comme ailleurs.

Quels sont les domaines les plus exposés aux importations d’armements américains en Europe ? En quoi cette dépendance représente-t-elle une faiblesse opérationnelle et un affaiblissent de la posture dissuasive des européens ? Et quels sont les équipements qui, aujourd’hui, inquiètent le plus les européens ?

Avions, hélicoptères, artillerie, missiles…: les européens ont une dépendance stratégique aux armements américains

Traditionnellement ancrée au cœur de la stratégie de défense française, l’autonomie stratégique fait reposer le potentiel militaire et dissuasif d’un pays, sur sa capacité à assumer la conception et la fabrication des équipements de défense de ses forces armées.

armements américains F-16 Polonais
Avant le F-35, le F-16 s’etait imposé comme l’avion de combat standard auprès de plus de la moitié des forces aériennes européennes.

Pour les Européens, en revanche, cette doctrine était pleinement écartée, tant ils avaient la certitude du soutien des États-Unis et de leurs armées, en cas de conflit en Europe, y compris dans le domaine de la dissuasion. Dès lors, tous, en Europe, ont accepté une dépendance technologique plus ou moins importante, en matière d’équipements militaires, ainsi que dans la conception locale des armements.

C’est ainsi qu’une majorité des forces aériennes européennes, sont équipées d’avions de combat américain (F-16, F-18 et F-35), alors que, d’ici à 2035, seules 4 à 5 d’entre elles (France, Suède, Croatie, Hongrie et peut-être, Autriche), mettront en œuvre uniquement des appareils européens. Elles ne seront que deux, la France et la Croatie, équipées sur Rafale, à s’appuyer exclusivement sur un appareil entièrement européen, le Gripen suédois étant équipé d’un turboréacteur américain.

De la même manière, 75 % des batteries antiaériennes et antimissiles à longue portée qui seront disponibles en Europe, à 2035, seront soit américaines (Patriot), soit israéliennes (David Sling et Barak-M), et non européennes (SAMP/T NG ou Iris-T SLX), alors que la moitié des chars lourds qui armeront les armées européennes à cette date, seront américains (M1A2 Abrams) ou Sud-Coréens (K12 Black Panther), que 70 % de l’artillerie mobile sera sud-coréenne (K9 Thunder) et que 100 % des systèmes lance-roquettes multiples ne seront pas européens (HIMARS, PULS, K239 Chunmoo).

Dans le domaine des hélicoptères militaires, si les deux tiers des hélicoptères navals embarqués seront bien européens, 50% de la flotte d’hélicoptères d’attaque sera américaine (AH-65 Apache) et non européenne (A-239, Tigre, H145M), alors que 100 % de la flotte d’hélicoptères lourds sera américaine (CH-47 Chinook), les européens n’étant majoritaires que dans la flotte d’hélicoptères de manœuvre (NH90,H225M,EH101…) et d’hélicoptères moyens et legers (H160M, H135…).

CH-47 Grèce
Les armées européennes s’appuient exclusivement sur des hélicoptères de conception américaine pour le segment transport lourd.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


[En Bref] : L’effort de défense espagnol à 2%, Dassault anticipe de nouvelles commandes et la Pologne va former militairement tous ses hommes…

Les européens semblent déterminés à s’engager dans plus d’autonomie en matière défense, avec l’effort de défense espagnol qui devrait atteindre les 2% PIB avant la date de 2029, jusqu’ici fermement défendue par Pedro Sánchez, Dassault Aviation qui annonce être prêt à produire jusqu’à 5 Rafale par mois pour répondre à la demande, et le premier ministre polonais, Donald Tusk, qui annonce que tous les hommes polonais en âge de combattre, recevront une formation militaire à partir de la fin de l’année 2025.

Toutefois, les européens pourraient bientôt devoir faire face à d’importants problèmes, alors que 15 d’entre eux se sont déjà tournés vers le F-35 américain de Lockheed Martin, ce dernier étant toujours dans l’incapacité de donner une date ferme, pour la livraison du standard Block III TR-3, alors que l’instabilité logicielle de l’appareil devient de plus en plus difficile à appréhender.

Enfin, alors que tous les regards sont tournés vers l’Ukraine, l’Europe, les États-Unis et la Russie, la Chine, de son côté, annonce, pour la cinquième année consécutive, une hausse du budget de l’APL de plus de 7%, s’inscrivant dans une trajectoire qui sera d’autant plus difficile à contenir, pour les occidentaux, qu’ils seront divisés.

Madrid annonce que l’effort de defense espagnol atteindra 2% PIB avant 2029

L’Espagne est, aujourd’hui, le grand pays européen membre de l’OTAN ayant l’effort de défense le plus faible, avec seulement 1,28 % de son PIB consacré aux armées espagnoles, ne précédant que le Luxembourg, un cas particulier dont le PIB par habitant de près de 110,000 $/an, plus de deux fois supérieur à celui de l’Allemagne, fausse la pertinence de l’indicateur.

effort de défense espagnol Eurofighter Typhoon
Eurofighter Typhoon Forces aériennes espagnoles

L’Espagne étant encore budgétairement convalescente, et surtout dans une position géographique des plus confortable, n’étant reliée au reste de l’Europe que par la frontière française, une nation nucléaire, son gouvernement ne semblait guère pressé pour atteindre le seuil de 2% exigé par l’OTAN, pour 2025.

Ainsi, il y a quelques jours encore, Pedro Sánchez, le premier ministre espagnol, réaffirmait que Madrid n’atteindrait ce seuil, qu’en 2029, et ce, en dépit des menaces de Donald Trump. Visiblement, ce que se sont dit les européens, lors de la réunion exceptionnelle du 6 mars, à Bruxelles, a convaincu le chef d’état espagnol, de changer de posture.

En effet, à la sortie de celle-ci, Pedro Sánchez a annoncé qu’il informerait, la semaine prochaine, les groupes parlementaires du pays, à l’exception de VoX (extrême droite), d’une nouvelle trajectoire permettant d’atteindre l’objectif de 2%, avant cette échéance de 2029, sans toutefois en préciser le calendrier ni l’amplitude.

Depuis plusieurs années, Madrid plaide pour un élargissement des critères pris en compte dans l’évaluation de l’effort de défense, en y intégrant notamment des forces de sécurité, ou des investissements industriels, le gouvernement estimant que le niveau de 1,28% lui étant aujourd’hui attribué, ne reflétant pas la réalité de l’effort réel du pays dans ce domaine. L’Allemagne avait, un temps, tenté d’employer la même martingale, avant de se rendre compte que les besoins, en matière de défense, sont effectivement dans les armées, et non dans les mesures de sécurité et de Soft-Power.

À peine la déclaration de Pedro Sánchez fut-elle faite, que la secrétaire d’État à la Défense espagnole, Amparo Valcare, a fait une déclaration appelant Airbus à augmenter, dans la durée, ses investissements dans le pays. De toute évidence, Madrid entend rapidement monétiser, budgétairement et politiquement, les surinvestissements qui seront faits dans les mois à venir, en matière de défense.

Dassault anticipe une hausse des commandes de Rafale sur fond de tensions avec les États-Unis

La montée en puissance des cadences de production du Rafale, entamée par Dassault en 2023, permettra à l’avionneur français de livrer 36 avions de combat par an, à partir de 2026. Pour y parvenir, et répondre, ainsi, aux demandes des clients de l’avionneur avec 220 appareils à livrer, celui-ci a non seulement réorganiser la chaine d’assemblage de Mérignac, mais également des 400 entreprises de la Team Rafale.

Dassault Aviation Merignac Rafale
[En Bref] : L'effort de défense espagnol à 2%, Dassault anticipe de nouvelles commandes et la Pologne va former militairement tous ses hommes... 13

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


Quelles sont les 5 difficiles étapes pour créer une alliance militaire européenne ?

Alors que les 27 chefs d’État européens se sont rassemblés à Bruxelles, le 6 mars, et que de nombreux tabous ont été remis en question par les chancelleries, la question de la création d’une alliance militaire propre, articulée et commandée exclusivement par des européens, émerge à nouveau.

Pour l’heure, cette question n’est évoquée qu’à très bas bruit, et de manière indirecte, notamment pour articuler la possible intégration de l’Allemagne à un bouclier nucléaire assuré par les dissuasions françaises et britanniques, alors qu’il faudra, nécessairement, qu’une structure de commandement conjointe coordonne l’action militaire de ces trois pays, pour permettre de donner corps à cette mesure décisive.

Toutefois, si le principe semble, de prime abord, séduisant, lui donner corps sera très difficile, tant les différentes étapes à franchir, seront complexes, et nécessiteront des changements radicaux de paradigmes de la part des pays qui la rejoindront.

Quelles sont ces 5 étapes qui conditionnent, aujourd’hui, l’émergence d’une alliance militaire européenne ? Quelles seront leurs contraintes et difficultés propres ? Et dans quelle mesure, une telle initiative est-elle réaliste aujourd’hui ?

Créer une alliance militaire européenne, une initiative pas si naturelle que cela

Le principe de donner naissance à une alliance militaire européenne, autonome dans ses décisions comme dans ses sources d’approvisionnement en matière d’équipements de défense, n’a pas émergé il y a quelques jours, avec la remise en question de la protection américaine de l’Europe par Donald Trump, et l’évolution rapide de la menace russe.

CED 1952
Signature du Traité créant la Communauté Européenne de Défense le 27 mai 1952

Déjà, au début des années 50, la Communauté européenne de Défense, ou CED, fut un terrible échec pour la construction d’une Europe souveraine et autonome, en grande partie après le refus de valider le traité par le Parlement français en 1954, alors que même que la CED était une initiative lancée par Paris et Bonn en 1950. Pendant toute la guerre froide, la défense européenne ne s’est articulée que dans le cadre de l’OTAN, sous la tutelle américaine, et du Pacte de Varsovie, inféodée à l’Union soviétique.

Avec la chute du mur de Berlin, et l’éclatement du bloc soviétique qui s’en suivie, l’OTAN fédéra la presque totalité des pays européens, en à peine deux décennies, intégrant notamment les anciens membres du Pacte de Varsovie, certaines Républiques soviétiques et yougoslaves, et jusqu’à la Suède et la Finlande, après que la Russie a déclenché son opération militaire spéciale en Ukraine, en février 2022.

La situation, aujourd’hui, tout le monde la connait. Le rapprochement entre Washington et Moscou, sur fond de partage des ressources minières ukrainiennes, redessine l’ensemble de la carte géostratégique européenne, créant une profonde défiance des européens vis-à-vis de la promesse de protection américaine, elle-même taillée en brèche par le nouvel exécutif américain.

De fait, et alors que les européens se sont rassemblés, ce 6 mars, à Bruxelles, pour tenter de définir une stratégie commune pour soutenir l’Ukraine face à la Russie et au retrait de l’aide américaine, la tentation de se tourner, à nouveau, vers la création d’une alliance militaire européenne, est évoquée à demi-mots par plusieurs dirigeants européens, y compris ceux qui, jusqu’à présent, appartenaient à des pays qui y étaient le plus fermement opposé.

Étape 1 : Rassembler un socle fondateur résilient, attractif et nucléaire, pour fédérer les européens

Le sujet ne leur est pas inconnu, au-delà des références historiques. En effet, depuis 2017, le président français, Emmanuel Macron, n’avait cessé de plaider en faveur d’une telle initiative, et de l’émergence d’une véritable autonomie stratégique européenne, se substituant à la dépendance stratégique des européens envers les États-Unis.

Alliance militaire européenne Macron Sorbonne
Par deux fois, le président Macron a proposé aux européens d’étendre la dissuasion française pour garantir leur sécurité. Par deux fois, ces offres furent plus que fraichement accueillies. Photo LP / Fred Dugit

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


Les tabous défense sautent les uns après les autres en Europe

Personne, en Europe, à l’exception de la France, n’avait sérieusement envisagé, jusqu’ici, un possible retrait de la protection offerte au vieux continent, par les États-Unis, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tant le lien transatlantique semblait immuable. En un peu de plus de 6 semaines, Donald Trump et son administration, sont pourtant parvenus à briser 80 ans de confiance indéfectible et absolue des Européens envers Washington.

Ainsi, alors que le très probable nouveau chancelier sorti des urnes il y a 10 jours, Friedrich Merz multiplie les annonces pour réarmer rapidement l’Allemagne, épaulé par le très populaire ministre allemand de la Defense Boris Pistorius, pourtant affilié au SPD sortant, l’ensemble des tabous qui ont entravé, ces dernières années, l’émergence d’une défense européenne soutenue par la France, sautent à présent un à un.

Vers quelle nouvelle réalité géostratégique, ces bouleversements, si rapides qu’il devient difficile de les suivre, entrainent-ils l’Europe et les européens ? Quels sont ces tabous remis en question par les chancelleries européennes ? Et quels seront les plus importants défis auxquels les européens devront-ils faire face, pour s’engager sur cette voie aussi délicate que pressante ?

La nouvelle coalition CDU-CSU/SPD et le binôme Merz-Pistorius donnent un coup de barre radical aux postulats de Défense en Allemagne.

Il est rare de vivre des moments de portée historique, tout en ayant conscience de les vivres. C’est pourtant probablement cette conscience qui s’impose dans toutes les chancelleries européennes, et dans l’esprit de tous les dirigeants qui se rassemblent, aujourd’hui, à Bruxelles, pour un des sommets qui pourrait, potentiellement, redessiner la réalité géopolitique régionale et mondiale, de demain.

tabous defense Feidrich Merz
A peine etait-il arrivé en tête des élections législtatives allemandes, que Friedrich Merz, le leader de la CDU-CSU et très probable futur chancelier allemand, prit des positions faisant voler en éclat plusieurs Tabous défense jusqu’ici inamovibles outre-rhin.

Dans leurs malheurs, face à tant de bouleversements stratégiques en si peu de temps, les européens peuvent toutefois s’appuyer sur un coup de pouce du destin, la victoire électorale de la CDU-CSU lors des élections législatives anticipées du 23 février, et la très probable nomination de son leader, Friedrich Merz, au poste de chancelier.

En effet, alors même qu’il était en campagne, M. Merz avait ouvertement pris des positions pourtant très risquées, outre-Rhin, en évoquant notamment la possibilité, pour Berlin, d’ouvrir des discussions avec Londres et Paris, pour que les dissuasions françaises et britanniques soient étendues à l’Allemagne.

À peine sa victoire électorale, relative, mais suffisante pour créer une coalition majoritaire, fut-elle acquise, que M. Merz, à présent le très probable futur chancelier, répéta-t-il ses ambitions, tout en prenant des positions de plus en plus volontaires, autour des questions de défense, y compris sur le plan budgétaire.

Paradoxalement (pour un esprit français), Merz et la CDU-CSU, a trouvé dans les sociaux-démocrates du SPD, dont est issu Olaf Scholz, son probable allié de coalition, profitant en cela de l’appui de Boris Pistorius, le très populaire ministre de la Défense de la mandature en cours. Rappelons que M Pistorius a souvent exprimé des positions beaucoup plus volontaires qu’Olaf Scholz, sur les questions de défense, appelant notamment à une hausse sensible des crédits, une extension du format de Bundeswehr, ainsi qu’à un retour de la conscription, sur le modèle de conscription choisie scandinave.

Lecornu Pistorius
Sebastien Lecornu et Boris Pistorius à Berlin pour discuter du programme MGCS en juillet 2023. Les deux hommes, qui s’apprècient, collaborent efficacement autour des programmes MGCS et SCAF

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


[En Bref] : des nouveaux sous-marins marocains, taïwanais et singapouriens et le F/A-XX sans Lockheed Martin

L’actualité a été particulièrement riche dans le domaine des sous-marins conventionnels, ces derniers jours. Outre l’offre directe de Paris à Varsovie, pour tenter de remettre le Scorpene de Naval group en selle pour le programme Orka, largement couvert, le Maroc a annoncé le lancement d’une compétition pour acquérir 2 sous-marins à laquelle Naval Group participera, le premier sous-marin taïwanais est prêt à débuter ses essais à la mer, et la Marine de Singapour, qui a annoncé son intention d’acquérir 2 nouveaux sous-marins dans les années à venir.

Pour rester dans le domaine naval, l’US Navy a déclaré avoir écarté le géant aéronautique américain, Lockheed Martin, du programme F/A-XX, dans un découpage qui semble attribuer, de plus en plus, une spécialité à chacun des trois avionneurs américains, de sorte à garantir leur pérennité, comme leurs rentabilité.

Le Scorpene Evo face au Dolphin allemand et à l’Amur russe pour la Marine marocaine

Si les forces terrestres et aériennes marocaines sont largement dotées en hommes comme en équipements, alignant, ensemble, 213,000 militaires, plus de 800 chars, 400 canons automoteurs et 70 avions de combat, la marine royale marocaines, en dépit d’une histoire remontant au 11ème siècle, demeure très compacte, avec seulement 7,500 marins et officiers, 6 frégates dont 5 légères, une unique corvette et 18 OPV.

naval Group Scorpene evolved
Vue d’artiste du Scorpene Evo de Naval Group. Le sous-marin emportera des batteries Lithium-ion, lui conférant une autonomie accrue en plongée.

Surtout, elle ne dispose, aujourd’hui, d’aucune capacité de projection de force amphibie significative, et d’aucun sous-marin, alors que, dans le meme temps, la Marine algérienne s’est dotée de 6 sous-marins, dont quatre 636.1 russes capables de tirer des missiles de croisière Kalibr, et que des négocations seraient en cours, pour de nouvelles acquisitions.

Il n’est donc pas surprenant, considérant les tensions qui opposent les deux voisins, que Rabat ait engagé des consultations, en vue de se doter d’une composante sous-marine militaire. Selon les informations disponibles, les autorités marocaines envisageraient, à ce jour, deux options pour cela. Elles se sont ainsi rapprochées de la France et de Naval Group, au sujet du Scorpene Evolved, et de TKMS, pour le Type 209/1400, pour une offre concernant la construction de deux navires, peut-être localement.

Dans le même temps, Rabat aurait ouvert des discussions avec Lisbonne et Athènes, pour éventuellement acquérir deux sous-marins d’occasion, auprès de ces marines, ce qui laisserait supposer qu’il s’agirait, ici, de modèles Type 214 allemands, relativement récents, et dotés d’une propulsion AIP.

La surprise, dans ce dossier, est venue de l’annonce faite par la Russie, qui aurait proposé à Rabat deux sous-marins Amur 1600 delà partiellement construits, et qui étaient initialement destinés à la Marine russe. La classe Amur 1600 n’a jamais, en effet, rencontré le succès attendu par les bureaux d’études Rubin, pour ce qui devait être le successeur des 636.3 improved Kilo.

sous-marins Saint-Pétersbourg
Sous-marin Saint-Petersbourg de la classe Lada avant don retrait du service en 2024.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


La dissuasion française va devoir se renforcer, mais pas pour les raisons (souvent) avancées

Le chaos engendré par les positions de Donald Trump, depuis le 20 janvier 2025 et son retour dans le Bureau ovale, génèrent de très nombreux commentaires, que ce soit au sein de la classe politique, dans la presse plus ou moins spécialisée, et sur les réseaux sociaux.

Les questions au sujet de la dissuasion française, et de son efficacité face à la menace russe, ont été particulièrement pressantes ces derniers jours, surtout après que le probable futur chancelier allemand, Friedrich Merz, a évoqué la possibilité de s’en remettre à la dissuasion française et britannique, comme alternative, pour l’Allemagne, à un éventuel retrait du bouclier nucléaire américain.

À ce sujet, à de nombreuses reprises, certains experts et personnalités plus ou moins au fait de la question, ont appelé à étendre le format de la dissuasion française, si celle-ci devait accroitre le périmètre de ses intérêts stratégiques en Europe, alors qu’aujourd’hui, la France dispose de six fois moins de têtes nucléaires en vecteurs, que la Russie.

L’extension du périmètre protégé par la dissuasion, doit-il effectivement s’accompagner d’une extension du format de celle-ci ? Pourquoi et comment la France doit-elle faire évoluer ses moyens de dissuasion, dans les années à venir ? Comment ce changement de format pourrait-il financer ?

La dissuasion française aujourd’hui est-elle efficace ?

La dissuasion française est, aujourd’hui, l’une des plus efficaces et des plus équilibrées de la planète. Celle-ci se compose de deux capacités distinctes, la force océanique stratégique, ou FOST, qui met en œuvre quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe le Triomphant, et la Force Aérienne Stratégique, ou FAS, épaulée de sa composante aéronavale FANu (Force Aéronavale Nucléaire), fortes de deux escadrons armés de Rafale, et d’une flottille disposant que quelques appareils et pilotes formés pour la mission, à partir du porte-avions Charles de Gaulle.

SNLE classe triomphant
Depart en patrouille d’un SNLE classe Le Triomphant. Remarquez la fréate classe Aquitaine qui participe à la dillution du SNLE français.

Ce faisant, la France dispose d’une force de riposte en seconde frappe permanente et stratégique, avec un SNLE armé de 16 missiles balistiques SLBM M51.3 emportant 4 à 6 véhicules de rentrée atmosphérique à trajectoire indépendante TNO de 110 kt, permettant de frapper plus de 80 cibles par sous-marins à la mer, d’une puissance de destruction supérieure à sept fois la bombe de Hiroshima.

Les SNLE français, comme leurs homologues britanniques, sont à ce point discrets, lorsqu’ils patrouillent, qu’en 2009, les deux navires têtes de classe de leurs séries éponymes, le Triomphant français, et le HMS Vanguard britannique, ne prirent conscience qu’ils évoluaient à proximité l’un de l’autre, que lorsqu’ils entrèrent en collision, sans faire de blessé, fort heureusement.

Cette furtivité est au cœur de l’efficacité de la dissuasion, permettant au navire en patrouille de lancer ses missiles à tout moment, contre les cibles lui ayant été désignées, sans qu’il soit possible, par des frappes préventives, de neutraliser cette capacité détenue, dans les faits, par seulement cinq pays dans le monde, les membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU.

À cette composante, stratégique, mais aussi, par nature, très discrète, s’ajoute la composante aérienne, qui s’appuie sur des chasseurs Rafale B, armés du missile de croisière supersonique ASMPA-R. Avec deux escadrons appartenant aux FAS, la France est en mesure mettre en œuvre, à chaque instant, une dizaine de bombardiers susceptibles d’atteindre des cibles distantes de 2000 ou 3000 km, avec le missile ASMPA-R armé d’une tête nucléaire pouvant atteindre 300 kt.

Rafale B missile ASMPA
Rafale B de k’Armée de l’Air en configuration de frappe nucléaire avec un ASMPA, quatre MICA EM et deux MICA IR.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


En visant un effort de défense de 3,7 % PIB, la Commission européenne veut relever le défi russe

Les européens vont-ils parvenir à augmenter leur effort de défense, afin d’assurer leur sécurité face à la Russie, tout en s’extirpant du protectorat américain ? En tout cas, les annonces de ces derniers jours, face aux déstabilisations successives de Donald Trump, semblent dessiner une trajectoire qui n’aura jamais été aussi proche de ces objectifs, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Dans ce contexte, les annonces faites, ce 4 mars, par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission Européenne, en faveur d’un assemblage de mesures représentant, potentiellement, 800 m€ destinés à accroitre les investissements européens de défense, dans les quatre années à venir, pourraient constituer le cadre requis pour libérer les énergies et les volontés, sur le vieux continent, afin d’atteindre ces objectifs.

Comment sont composés ces 800 Md€ proposés par la Commission Européenne ? Pourquoi ce montant est-il cohérent avec les besoins pour faire face à la menace ? Comment peut-il affaiblir la Russie, bien davantage que les sanctions prises depuis 2022 ? Surtout, comment, et à quelles conditions, ces crédits pourront-ils être employés efficacement par les armées et l’industrie de défense européenne ?

800 Md€ sur 4 ans proposés par Ursula von der Leyen, pour augmenter l’effort de défense européen

Sans surprise, le grand emprunt européen espéré par Emmanuel Macron, pour financer un sursaut continental en matière de défense, n’aura pas lieu. À la place, Ursula von der Leyen, a présenté, ce 4 mars, un ensemble de mesures visant à permettre de libérer 800 Md€ supplémentaires, à destination des armées européennes, dans les quatre années à venir.

SAMP/T NG depart missile aster
La défense antiaérienne et antimissile est citée comme le premier sujet d’investissement par la Commission européenne.

Pour cela, la Commission propose deux mesures phares. La première consistera à libérer 150 Md€ de crédits, en vue d’accorder des prêts de développement et d’équipement, pour les armées de l’UE, et plus spécialement dans certains domaines comme la défense antiaérienne et antibalistique (tient donc…), l’artillerie, les missiles à longue portée, les munitions, le Cyber et la mobilité.

Au-delà de cette enveloppe initiale, la Commission propose la mise en œuvre d’une mesure de décompte des investissements de défense au-delà du planché de 2% PIB, comme évoqué par le Chancelier allemand sortant, Olaf Scholz, il y a quelques jours, à la sortie de la réunion informelle de Paris.

Selon les estimations de Bruxelles, cette mesure permettra d’élever l’effort de défense moyen des européens de 1,5 % PIB, représentant au total 650 Md€ supplémentaires sur les quatre années à venir.

Un objectif à 3,7% PIB en 2030, pour l’ensemble des armées européennes, adapté pour relever le défi sécuritaire russe et pour soutenir l’Ukraine

L’effort de défense européen moyen étant aujourd’hui de 2,05 % PIB, l’action cumulée de ces deux enveloppes, doit permettre d’atteindre un effort de défense moyen de 3,9 % PIB sur les 4 années à venir, et de 3,5 % PIB, à partir de 2030, une fois l’enveloppe de 150 Md€, consommée. Cela représentera un effort de défense de 550 Md€, au sein de l’UE, et, on peut le supposer, de 650 à 680 Md€, en euros 2025, une fois la Norvège et la Grande-Bretagne, ajoutés à ce décompte.

effort de defense commission européenne
La commission européenne de 2024 sera aux manettes jsqu’en 2029, et les prochaines élections européennes.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


L’échec du Gripen en Colombie préfigurent-ils un basculement de la stratégie export défense des États-Unis ?

Il y a quelques mois, alors que l’Armée de l’air colombienne s’était exprimée en faveur du Rafale français, pour remplacer ses Kfir israéliens, le président Gustavo Petro prit l’initiative de négocier avec Stockholm et Saab, pour que la chasse colombienne s’équipe de chasseurs JAS 39 Gripen.

Les choses semblaient bien se dérouler pour le chasseur monomoteur suédois, jusqu’il y a quelques semaines, lorsque la nouvelle administration américaine de Donald Trump, refusa d’accorder à Stockholm la licence de réexportation du turboréacteur F414 de General Électrique, qui propulse le chasseur suédois, alors que Washington déploie à présent des trésors de pressions et contraintes, pour amener Bogota à se tourner vers le F-16V.

L’épisode colombien doit-il être interprété comme un épiphénomène, ou comme la première étape d’une stratégie américaine visant à reprendre le contrôle du marché occidental des chasseurs légers et moyens ? Quels sont les appareils potentiellement concernés par ce revirement américain ? Et comment cette stratégie va-t-elle redessiner la réalité du marché aéronautique militaire mondial ?

L’administration Trump refuse la vente des turboréacteurs GE F414 pour les Gripen pour les forces aériennes colombiennes

Dépendre de technologies américaines, peut s’avérer un handicap très lourd, en particulier lorsqu’il s’agit de technologies militaires. C’est l’amère expérience que viennent de faire les dirigeants du groupe suédois Saab, en Colombie.

Kfir C10 Forces aériennes colombiennes
Les forces aériennes colombiennes se sont vues accourder un surcis par les autorités israléiennes, qui ont accepté de renouveler le contrat de maintenance de la flotte de Kfir jusqu’en 2026.

En effet, aux termes d’une campagne commerciale et d’influence particulièrement bien menée, Saab était parvenue à prendre l’ascendant sur le Rafale français et le Typhoon européen, tous deux étant considérés comme les favoris, jusqu’il y a quelques mois, pour le remplacement des Kfir colombiens.

Les enjeux étaient à la taille des efforts déployés, pour Saab comme pour Stockholm. En effet, depuis 2015 et le contrat brésilien pour la vente de 36 Gripen E/F, l’avionneur suédois n’a plus signé de nouvelles commandes à l’exportation, en dehors de 4 Gripen C/D supplémentaires pour la Hongrie, étant systématiquement écarté face au F-35A, au Rafale et au F-16V.

Or, Saab avait obtenu le soutien financier de Stockholm, pour developper le Gripen E/F, bien plus évolué que le modèle C/D précédent, précisément en s’appuyant sur la promesse d’un marché export en forte demande, et de 100 à 200 cellules pouvant être exportées. On comprend, dans ce contexte, l’importance stratégique que représentait le contrat potentiel avec la Colombie pour 16 à 18 appareils.

La douche froide est venue, il y a quelques semaines, de la nouvelle administration américaine. Celle-ci a, en effet, refusé à la Suède, l’autorisation d’acquérir les turboréacteurs F414 qui propulsent le Gripen E/F, pour les réexporter vers la Colombie. Dans le même temps, Washington multiplie les pressions diplomatiques et économiques sur Bogota, pour amener les forces aériennes colombiennes à se tourner vers le F-16V américain, concurrent direct, en performances comme en configuration, du Gripen Suédois.

La technologie des turboréacteurs est la plus discriminante dans l’aéronautique militaire

Or, si Saab est privé de l’autorisation d’acquérir le F414, pour équiper ses Gripen sur la scène internationale, l’avionneur suédois devra faire une croix définitive sur les espoirs d’exportation de son chasseur de génération intermédiaire. Et le risque que le refus de Washington, à ce sujet, se systématise, sont très importants.

Gripen E/F Saab Suède
Le Gripen E/F suédois s’appuie sur le turboreacteur Ge F-414 du F/A-18 E/F Super Hornet, alors que le Gripen C/D est équipé du F404 du Hornet. Stockholm s’était tourné vers le britannique Rolls-Royce pour motoriser le J-29 Tunnan (1951), et le J-35 Draken (1960), avant de se tourner vers des turboreacteyrs americains pour le j-37 Viggen (1971) et le <<j-39 Gripen (1988)

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Europe | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.