Où trouver les 40 Md€ que demande le ministère des Armées français, pour passer d’un budget annuel de 50 Md€ et d’un effort de défense de 2 % PIB, aujourd’hui, à 90 à 100 Md€, et 3,5 % PIB, en 2030 ?
Cette question semble être, aujourd’hui, sur de nombreuses lèvres, surtout lorsqu’un micro évolue à proximité. Pourtant, en dehors de postures politiciennes plus ou moins raisonnées, bien peu de solutions, pour y parvenir, dans le contexte budgétaire actuel français, ont été évoquées jusqu’à présent.
Et si, dans cet article qui se lit en moins d’un quart d’heure, nous tentions l’invraisemblable exercice, pour trouver une solution raisonnable, et efficace, à cette équation sans solution ?
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L’équation insoluble de la hausse de l’effort de défense français, face aux déficits publics et à la dette souveraine
Sauf à vivre éloigné de tous médias, ces deux derniers mois, il est impossible d’avoir échappé à la volonté du ministère des Armées, d’augmenter l’effort de défense français, au même titre qu’une immense majorité des autres pays européens.
les armées françaises disposent de très nombreuses capacités, mais souffrent d’un manque cruel de masse. Elle n’aligne, ainsi, que 5 sous-marins nucléaires d’attaque, aujourd’hui, 2 de la classe Suffren (dont le Tourville, en photo ici), et trois sous-marins classe Rubis/Améthyste.
Ainsi, Sébastien Lecornu a multiplié les interventions pour soutenir qu’il était nécessaire, face aux besoins, d’amener le budget des armées à un montant de 90 à 100 Md€, d’ici à 2030, soit 23 à 33 Md€ de plus, que les 67 Md€ planifiés par la Loi de Programmation militaire.
Cependant, pour le ministère de l’Économie et des finances, un tel effort apparait inaccessible, alors que plusieurs ministres et personnalités du monde politico-macroéconomique français, se sont succédés, devant les médias, pour mettre en garde contre des dépenses qui ne seraient pas couvertes par des économies, ou de nouvelles taxes.
En effet, avec une dette souveraine dépassant les 110 % du PIB, qui coute plus de 50 Md€ par an au budget de l’État, et un déficit public excédant les 5 % PIB, dont il semble impossible de redresser la barre, au risque de faire chuter le gouvernement, il apparait inenvisageable, pour la France, d’augmenter, dans les 5 années à venir, l’effort de défense d’un montant représentant 1,5 % PIB.
Certes, Bruxelles a annoncé certaines mesures transitoires, permettant d’éloigner le spectre des mesures de coercition européennes, face à un déficit excessif, pour quelques années, alors qu’un fonds, lui aussi temporaire, permettra de financer certains programmes européens, à hauteur de quelques milliards d’euros par an, concernant la France.
De fait, prise entre une situation budgétaire déjà très dégradée, et des réformes fiscales ou sociales bloquées par le jeu des partis politiques et l’absence de majorité parlementaire, l’équation pour parvenir à augmenter, effectivement, l’effort de défense français, au niveau requis, semble parfaitement hors d’atteinte.
Trois paramètres modérateurs qui s’appliquent à la hausse de l’effort de défense français
Face à ce constat, trois attitudes peuvent apparaitre. La première, la plus simple, et peut-être la plus répandue, sera de faire la politique de l’autruche, en tentant d’ignorer, ou de minimiser, la réalité des menaces, tant pour la sécurité de la France et de ses alliés européens, qu’au sujet du déclassement de la France, sur la scène internationale, qu’un décrochage budgétaire et militaire de Paris, entrainerait.
Pour le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, les besoins budgétaires des armées françaises s’élèvent, à présent, à 90/100 Md€ par an, d’ici à 2030, soit un effort de défense de 3,5 % de PIB.
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Avec les incertitudes engendrées depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, plusieurs dirigeants et industriels européens, ont remis en question, ouvertement, la pertinence, pour eux, de se tourner vers le F-35 de Lockheed Martin, l’avion de combat furtif américain, déjà retenu par une vingtaine de forces aériennes occidentales dans le monde.
C’est dans ce contexte que la crainte d’un Kill Switch, qui permettrait à Washington de clouer au sol les flottes de chasseurs furtifs américains dans le monde, directement à partir des États-Unis, a, à nouveau, émergé, notamment en Allemagne et en Suisse, ces dernières semaines, sur la base d’une rumeur qui existe depuis déjà plus d’une décennie.
Le Pentagone vient de s’exprimer au sujet de ce fameux Kill Switch, afin de faire taire, une fois pour toutes, ces rumeurs qui pourraient amener certains clients clés de l’avion furtif américain, à s’en détourner. Mais est-ce bien la seule faiblesse du modèle F-35 ? Même le Pentagone reconnait que non…
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La dépendance technologique du F-35 à l’industrie américaine inquiète plusieurs pays européens
Depuis quelques semaines, sur fond de repositionnement géostratégique des États-Unis entamé par Donald Trump, plusieurs pays européens et alliés, sont secoués par la question de la pertinence du choix du F-35, dans le cadre de la modernisation de leurs forces aériennes.
Pas de Kill Switch sur le F-35, selon le Pentagone, mais... 7
La charge initiale a été lancée par Joachim Schranzhofer, le directeur de la communication de l’électronicien militaire allemand Hensoldt, dans une interview donnée au magazine Bild, le 8 mars, dans laquelle il évoquait le risque d’un Kill Switch à bord des appareils commandés pas la Luftwaffe.
Pour rappel, sous le terme Kill Switch, il est question d’un moyen donné à Washington de clouer au sol la flotte de F-35 d’un pays, directement à partir des serveurs informatiques, positionnés aux États-Unis, qui centralisent l’ensemble des données et des flux logistiques qui entourent le programme Joint Strike Fighter. En d’autres termes, il suppose qu’il existerait un moyen, pour Washington, de neutraliser très rapidement la flotte de chasse d’un de ses alliés.
Ces déclarations n’ont pas fait de vagues qu’en Allemagne, alors que son nouveau futur chancelier, Friedrich Merz, s’est considérablement rapproché, ces dernières semaines, de Paris et de Londres, précisément face aux incertitudes engendrées par les décisions de la Maison-Blanche, ces dernières semaines.
Ainsi, le sujet a, à nouveau, ressurgi en Suisse, obligeant les autorités à publier un démenti sur l’existence de ce Kill Switch, et pour assurer que les forces aériennes helvétiques conserveront bien l’autonomie de décision et de mise en œuvre de leurs futurs F-35, lorsqu’ils entreront en service.
Pas de Kill Switch sur le F-35, selon le Pentagone, mais... 8
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Depuis plusieurs semaines, les dirigeants, en Europe, multiplient les annonces appelant à un réarmement européen, promettant tous une hausse sensible de l’effort de défense de leur pays, pour relever le défi qui se présente.
Aux côtés des ambitions qui commencent à émerger, dans toutes les chancelleries, autour des questions budgétaires, commencent à pointer certaines annonces autour de l’augmentation des capacités industrielles de défense, de la part des grandes entreprises de défense européennes.
Cependant, si de nombreux écrits se sont penchés sur l’objectif à atteindre, et des contraintes qui s’y appliquent, en termes de format des armées, aucun n’a été consacré au dimensionnement industriel européen, dans toute sa complexité, pour atteindre l’indispensable autonomie stratégique indispensable à la crédibilité dissuasive du vieux continent.
Dans cet article, nous étudierons l’ensemble des paramètres et des contraintes qui interviennent dans la solution à cette question : quels sont les besoins de production, en Europe, en matière d’armement et de munitions, pour relever les défis sécuritaires à venir ?
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Le format des industries de défense européennes, un paramètre clé pour le réarmement européen, comme pour son potentiel dissuasif
Qu’on le veuille ou non, le format des armées en Europe, est conditionné par la plus importante menace qui s’applique à elle, à savoir la Russie. En effet, s’il est éventuellement possible de hiérarchiser les différentes menaces, pour estimer que certaines d’entre elles sont plus probables que la menace russe, on ne peut ignorer le fait que les armées russes ont un potentiel militaire surpassant, dans tous les domaines, celui de ces autres menaces.
C’est donc cette menace, et nulle autre, qui détermine le dimensionnement des forces, en Europe, d’autant que Moscou a montré, à plusieurs reprises dans un passé récent, qu’il n’hésitait pas à employer son outil militaire, lorsqu’une opportunité perçue apparaissait.
Les enseignements de la guerre en Ukraine
Dès lors, la guerre en Ukraine constitue un excellent point de départ, pour évaluer l’ensemble des besoins des armées européennes, mais aussi des faiblesses perçues par le Kremlin, pour se convaincre de la pertinence de s’engager dans une opération militaire spéciale, comme de la poursuivre.
Réarmement européen : quel serait le bon format des industries de défense européennes ? 12
Ainsi, en février 2022, la décision d’attaquer a été conditionnée par la perception, côté russe, d’une force armée ukrainienne défaillante et désorganisée, donc incapable de s’opposer à une offensive éclair des forces aéroportée et mécanisées russes, contre Kyiv, Kherson, et Kharkiv, tout en évitant soigneusement la zone la mieux défendue, alors, le Donbass.
En outre, les autorités russes avaient interprété les atermoiements et le manque de fermeté des occidentaux, face au déploiement de forces russes aux frontières de l’Ukraine de mai à décembre 2021, comme une indication d’une non-intervention de leur part.
Soyons honnête, si le président Zelensky et son gouvernement n’avaient pas refusé l’évacuation proposée par les États-Unis, au soir du début de l’offensive, pour organiser la résistance des armées ukrainiennes, il est probable qu’Européens comme Américains, auraient admis le fait accompli russe, se contentant de certaines sanctions temporaires pour exprimer leur mécontentement.
Après l’échec de l’offensive initiale et le retrait des forces russes sur la ligne Surovikine, il était raisonnable de penser que Moscou allait être contraint de négocier un retrait complet d’Ukraine, notamment alors que les pertes enregistrées en six mois de conflit, au sein des armées russes, excédaient déjà celles de l’ensemble de la guerre d’Afghanistan.
Réarmement européen : quel serait le bon format des industries de défense européennes ? 13
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Ces dernières années ont vu l’émergence rapide d’un nouvel acteur sur la scène mondiale de l’armement. La Corée du Sud a, en effet, remporté de nombreux succès, avec son char K2 Black Panther, avec son canon automoteur K9 Thunder, ou encore avec son avion d’entrainement et d’attaque T/FA-50, venant plus que grignoter d’importantes parts de marché aux acteurs américaines et européens, traditionnels de ce marché.
Dans le même temps, les armées sud-coréennes se sont considérablement modernisées, devenant une des forces les mieux équipées, et les plus imposantes, au sein des armées occidentales, alors que les industriels sud-coréens ont multiplié les annonces, concernant leurs ambitions technologiques en matière de programmes d’armement.
Pourtant, depuis quelques jours, un certain vent de panique est perceptible en Corée du Sud. En effet, le département de l’Énergie américain, a déqualifié le pays en tant que partenaire à risque, en matière de coopération technologique, venant mettre en danger de nombreux programmes en cours, qui reposent, souvent, sur des technologies américaines, tout en menaçant directement l’indispensable coopération militaire avec les États-Unis, pour la protection du pays.
Pourquoi les États-Unis ont-ils un rôle si important, dans la protection de la Corée du Sud ? Quelles sont les causes, et les conséquences, de ce déclassement sud-coréen ? Et, quels sont les objectifs recherchés par l’administration US, pour mettre en œuvre une telle stratégie, vis-à-vis d’un allié historique clé pour le théâtre Pacifique ?
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Le rôle de la protection et des armées américaines, dans le dispositif défensif de la Corée du Sud
Depuis la fin de la guerre de Corée, en 1952, les États-Unis maintiennent un important contingent militaire en Corée du Sud, pour assurer la sécurité de son allié, et éviter qu’un scénario comparable à 1950 ne se reproduise, lorsque les forces nord-coréennes avaient repoussé les forces du sud et des États-Unis, dans une poche de quelques centaines de km2, autour de Busan.
La Corée du Nord dispose d’une armée de plus de un million d’hommes, 7000 chars et 10,000 pièces d’artillerie, à portée de tir de Séoul.
Il fallut alors la très audacieuse manœuvre du débarquement d’Incheon, le 15 septembre 1950, pour couper les lignes d’approvisionnement nord-coréennes, et mettre les armées de Pyongyang en déroute. Après les avoir repoussées à proximité de la frontière chinoise, les forces occidentales, intervenues sous commandement US dans le cadre de l’ONU, durent à nouveau reculer, après que 270,000 « volontaires chinois », aient franchi le fleuve Yalu, avant que les combats se trouvent dans l’impasse, autour du 38ᵉ parallèle, qui formait déjà la frontière entre Corée du Nord et Corée du Sud, avant la guerre.
Après le conflit, les Etats-Unis s’impliquèrent bien plus activement que précédemment, dans la protection de la Corée du Sud, laissant sur place un important contingent composé de forces terrestres de l’US Army, de Marines, de forces aériennes et de forces navales.
Surtout, la doctrine de sécurité de Corée du Sud fut adaptée pour y integrer pleinement la présence américaine, permettant notamment au commandement américain de prendre le contrôle des opérations, en cas de conflit.
Aujourd’hui, cette présence représente 24,000 militaires américains déployés dans le pays, notamment au sein de la 8ᵉ Army et de la 7ᵉ Air Force. Outre la mission nucléaire, décisive face à Pyongyang qui disposerait de 50 à 100 têtes nucléaires à ce jour, pour plus d’une centaine de vecteurs potentiels, ces forces participent également à la protection antimissile du pays, ainsi qu’à la surveillance de la ligne de démarcation.
En d’autres termes, la protection américaine, comme les liens privilégiés au niveau de la coopération technologique avec les États-Unis, sont aujourd’hui vitaux pour Séoul pour la sécurité de la Corée du Sud, bien davantage qu’ils ne le sont, par exemple, pour les Européens, dans le cadre de l’OTAN.
La Corée du Sud classée partenaire « à risque », par le ministère de l’Énergie des États-Unis
De nombreux equipements sud-coréens, intégrent des composants américains, comme le KF-21 Boramae, qui est équipé de deux turboreacteurs F414.
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Depuis quelques jours, le F-35A est devenu un enjeu de sécurité nationale pour plusieurs pays de la sphère occidentale. Non pas, comme précédemment, pour garantir l’interopérabilité avec les forces américaines, et pour ses performances de combat, réelles ou supposées, mais pour la dépendance que l’appareil créé avec les États-Unis, alors que la trajectoire de la Maison-Blanche s’éloigne, chaque jour davantage, de celle suivie par la plupart de ses alliés.
Ainsi, le Portugal, d’abord, le Canada, ensuite, ont remis en question leur intention d’acquérir tout ou partie des commandes planifiées de F-35A, pour remplacer leurs F-16 et CF-18, alors que d’autres s’interrogent, à plus bas bruits, à ce sujet.
Si ces pays venaient à se détourner du F-35A, et plus généralement, des avions de combat américains, quelles seraient leurs alternatives, pour moderniser leurs aviations de chasse vieillissantes ? Quelles sont les caractéristiques comparées de ces appareils ? Et quelles sont les entraves qui peuvent les disqualifier de ces compétitions ?
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La défiance vis-à-vis des États-Unis menace certaines décisions en faveur du F-35A de Lockheed Martin
Le F-35, dans la version basée à terre, F-35A, est aujourd’hui l’avion de combat occidental le plus produit chaque année, avec de 100 à 120 exemplaires sortis des lignes d’assemblage que Lockheed Martin, et le plus commandé, avec 17 forces aériennes occidentales ayant déjà passé commande de l’appareil, et quatre autres, s’étant engagées à le faire prochainement.
Le F-35 est l’avion de combat le plus produit dans le monde, avec jusqu’à 155 avions sortis des lignes d’assemblage chaque année.
Au total, ce sont plus de 2750 appareils qui doivent être produits dans la version F-35A, dont 1763 pour la seule US Air Force, d’ici à 2040, sans commune mesure avec ses deux challengers européens, l’Eurofighter Typhoon (750 exemplaires) et le Rafale français (550 exemplaires.
Depuis son introduction, le F-35A rapidement un standard de fait pour toute la sphère occidentale liée à la protection américaine, tant par ses atouts propres, comme la furtivité et la fusion de données, que par l’influence considérable des armées américaines, concernant leur puissance normative.
De fait, jusque il y a quelques semaines, rien ne semblait pouvoir menacer la suprématie de Lockheed Martin et des États-Unis, sur le marché des avions de combat qui évolueront de 2030 à 2060, en Occident. L’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, a fait dérailler ce plan parfaitement huilé, devant rapporter aux industriels américains plus de 500 Md$, pour le seul volet export.
En effet, à peine arrivé dans le Bureau Ovale, le nouveau président américain a annoncé certains objectifs des plus problématiques, pour ses alliés historiques, parmi lesquels l’annexion du Groenland danois et du canal du Panama, ainsi que la transformation du voisin canadien, en un 51ᵉ État américain.
Au sujet de l’Europe et de l’OTAN, le discours du président américain est également des plus offensifs, faisant peser un doute sur la matérialité de la protection américaine et du bouclier nucléaire hérité de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Jusqu’à présent, rien ne semblait pouvoir s’opposer à la déferlante F-35A en occident. Jusqu’à Donald Trump.
Dès lors, le F-35A, que l’on sait structurellement lié aux serveurs de Lockheed Martin, pour de nombreux aspects de maintenance et de préparation de mission, est à présent perçu, par certains alliés des États-Unis, non comme une plus-value garantissant l’interopérabilité avec les forces américaines, mais comme une menace potentielle, celle de se retrouver, plus ou moins rapidement, privé de moyens aériens de combat, en cas de conflit, par exemple, face à un nouvel allié de Washington, comme Moscou.
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L’actualité défense a rarement été aussi dense que ces dernières semaines. En quelques heures seulement, une vidéo montrant un Su-35se algérien, et une autre, montrant l’utilisation des pontons d’assaut chinois, pour constituer un port artificiel, sont apparues sur les réseaux sociaux.
Dans le même temps, l’Amiral Vandier, le SACT de l’OTAN, annonce que 80% des membres de l’alliance ont déjà accepté de doubler les moyens militaires de l’alliance, en préparation du sommet de La Haye.
Enfin, le très médiatique F-35 est au cœur des préoccupations, en Europe, comme aux États-Unis, avec le ministre de la Défense portugais qui annonce envisager de se tourner vers un autre avion de combat, face à l’imprévisibilité de la Maison-Blanche, et les analystes américains qui s’inquiètent des conséquences des tensions actuelles, entre Washington et ses alliés, sur la Supply Chain du chasseur américain.
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L’Algérie aurait reçu de nouveaux chasseurs russes. Surprise ! ce sont des Su-35SE
Il fut précisé, lors de ces annonces, que les livraisons des nouveaux avions de combat algériens, s’étaleraient de 2025 à 2027, un calendrier particulièrement raccourci pour un tel contrat, alors que, dans le même temps, des rapports indiquaient la présence de militaires algériens en Russie pour assurer leur formation, accréditant l’hypothèse d’un contrat signé depuis de nombreux mois, voire plusieurs années, entre les deux pays.
Une vidéo, publiée sur internet ces derniers jours, montre un nouvel avion de combat d’origine russe, faisant des manœuvres de démonstration, dans le ciel nord-africain, certainement en Algérie. Surprise ! Il ne s’agit pas d’un nouveau Su-57E, mais d’un Su-35, probablement SE. Selon ses auteurs, elle aurait été filmée à proximité de la base aérienne algérienne d’Oum el Bouaghi, et montrerait l’un des premiers Su-35se des forces aériennes algériennes.
Le site algérien menadéfense.net, a confirmé l’information, selon laquelle l’appareil serait bien un Su-35se livré par la Russie aux forces aériennes algériennes, sans davantage de détails.
Il semblerait, cependant, que les nouveaux chasseurs auraient été commandés par Alger concomitamment aux Su-57E, à hauteur de 14 exemplaires, un escadron, à nouveau. Certains sites affirment que ces appareils, livrés sur des courts délais, feraient partie des 24 Su-35se commandés par l’Égypte, avant d’être annulés sur fond de sanctions CAATSA américaines, en 2021.
Su-35se aux couleurs des forces aériennes egyptiennes.
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La menace russe contre l’Europe est, depuis quelques semaines, dans tous les esprits, sur le vieux continent. Le retrait des forces et de la protection américaine, à présent inévitable dans les quelques années à venir, met les européens face à une réalité qu’ils n’avaient plus eue à affronter depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’obligation de se défendre, par eux-mêmes, contre toutes les menaces, y compris celles venues de Moscou.
Si le pivot vers le Pacifique des États-Unis et de leurs armées, était engagé par Washington depuis le début des années 2010, il aura fallu le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2025, pour que les Européens comprennent le caractère inévitable et complet de ce basculement américain, et le nécessaire retrait des garanties de sécurité américaines envers l’Europe, sur un calendrier, à présent, raccourci.
Depuis quelques semaines, les européens multiplient les rencontres et les initiatives, pour tenter de faire émerger cette capacité européenne de défense, pour assurer la protection de l’ensemble des pays de la sphère européenne, et de leurs intérêts stratégiques, sachant qu’aucun pays du vieux continent n’a le potentiel militaire, économique et humain, pour contenir, à lui seul, la menace que vont faire peser les armées russes sur le continent, dans les années à venir.
Au-delà des polémiques politiciennes qui ont émergé, ces derniers jours, parfois de la part d’anciens ministres,dont le palmarès inviterait à davantage de discrétion, au sujet de la réalité de la menace russe, et des arbitrages budgétaires qui devront être faits pour la contenir, il est important de qualifier, et de quantifier, la réalité de cette menace, que ce soit en matière de puissance militaire et stratégique, ainsi que de la volonté de s’en servir.
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À l’été 2022, la menace russe contre l’Europe devient le pivot de la politique de Vladimir Poutine
Pour beaucoup, le grand basculement belliciste russe est intervenu en amont de la guerre d’Ukraine, soit en 2008, sur la base des défaillances constatées lors de la campagne de Géorgie, soit en 2012, avec le retour de Vladimir Poutine à la tête du pouvoir, soit en février 2022, lors de l’entame de la campagne militaire contre l’Ukraine.
Après l’echec de l’offensive eclair sur Kyiv, les armées russes ont été contraintes de se replier sur la ligne Surovikine, pour stabiliser le front, et reconstituer et réorganiser leurs forces.
Si effectivement, la reconstruction des armées russes a subi plusieurs inflexions sensibles en 2008, en 2012 ou en 2014, la société russe, elle, demeurait relativement préservée des conséquences de ces efforts.
Après l’échec de l’offensive du Kyiv, et après l’humiliante retraite vers la ligne Surovikine, au printemps et à l’été 2022, les autorités russes étaient face à un possible désastre militaire, qui les auraient certainement eux-mêmes emportées, sans une réaction forte, non sur le champ de bataille, mais dans la société russe.
C’est ainsi qu’au début de l’automne 2022, le Kremlin engagea une série de transformations visant à modeler une nouvelle société russe, entièrement tournée vers l’effort de guerre, autour d’un discours plus nationaliste que jamais. À ce moment-là, l’aspect le plus visible de cette transformation brutale, était la première mobilisation de 300,000 réservistes, destinés à être engagés en Ukraine.
Début janvier 2023, les premiers signes d’une transformation de l’économie russe, pour donner la priorité à la production de matériels militaires, commencèrent à émerger, alors que dans les 18 mois à venir, l’industrie de défense russe allait passer de 1 à 2 millions de salariés, entrainant une transformation radicale de ses capacités de production, dont les effets se feront sentir, en Ukraine, à partir du début de l’été 2023.
Après l’été 2022, la Russie a entrepris de restructurer son indsutrie de défense, dans l’objectif de soutnir un conflit de longue durée, mais aussi pour se doter d’une puissance militaire suffisante face aux pays européens.
C’est également à partir de 2023, que le discours russe, sur la scène internationale, mais aussi nationale, se transforma rapidement, avec la montée en puissance d’une posture agressive vis-à-vis de l’occident, y compris dans le domaine nucléaire, et une volonté, affichée, de redonner à Moscou son statut de super-puissance, aux côtés des États-Unis et de la Chine.
Alors que les armées en Ukraine se transformaient pour s’adapter aux nouvelles réalités tactique et stratégique sui s’imposaient à elles, la société russe, elle, entrait dans une profonde mutation, pour donner naissance à un pays entièrement tourné autour de son effort de défense, avec le Kremlin, les armées et l’industrie de défense russe, en son centre.
Soudain, la possibilité d’une attaque russe contre l’OTAN, ou plutôt, contre certains de ses membres, comme les très appétants pays Baltes, redevenait une hypothèse de travail crédible, alors que, dans le même temps, la montée en puissance des armées chinoises, exigeait des États-Unis, un transfert de forces et de compétences, du théâtre européen au théâtre Indo-Pacifique.
Les armées européennes sont nombreuses, et souvent bien armées. Toutefois, leur structure nationale engendre un puisssant coeifficient modérateur de forces, lorsque comparées avec les forces armées russes, unifiées sous une bannière unique, et une decision politique centralisée.
De fait, aujourd’hui, la Russie, si elle reste engagée dans la très couteuse guerre en Ukraine, en a pris les rênes, militairement, alors que Moscou est à présent assuré de disposer des moyens militaires et politiques, ainsi qu’une d’une société entièrement transformée pour les soutenir, afin d’imposer, si besoin par la force, ses ambitions, y compris en Europe.
Pire, encore, cette transformation sociétale est si radicale, qu’un retour en arrière semble hors de portée, pas sans venir menacer directement le pouvoir russe, en tout cas, entrainant le Kremlin dans une course en avant qui nécessite, en permanence, une guerre ou un adversaire mortel, pour maintenir le pays et la population dans le carcan dans lequel il les a placés.
Les armées russes en 2030, une puissance militaire remarquable et aguerrie par plusieurs années de guerre intensive en Ukraine
Aujourd’hui, le Kremlin dispose d’une force armée renouvelée, aguerrie et étendue, d’une industrie de défense optimisée pour la production massive d’équipements de première ligne et de frappe à longue portée, et d’une société russe dans l’obligation économique, doctrinale et coercitive, de les soutenir.
Pour autant, jusqu’il y a peu, la réalité de la menace russe, sur les pays européens, et en particulier sur les membres de l’OTAN, semblait très lointaine. En effet, toutes, plus performantes et efficaces que pouvaient être les armées russes, vis-à-vis de ce qu’elles étaient, au début du conflit en Ukraine, celles-ci ne peuvaient espérer remporter la décision, en Europe, si les États-Unis intervenaient.
Les armées russes ont été construites sur des arbitrages entre technologies et couts différents de ceux en occident, permettant de s’équiper de materiels modernes et performants, mais beaucoup moins chers que leurs homologues européens ou américains.
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Un survol rapide des actualités défense les plus marquantes et les plus significatives de ces derniers jours, avec la Bundeswehr qui affiche de grandes ambitions, mais qui reste exposée à un déficit de personnels militaires dépassant les 10 % ; l’annonce, par le Pentagone, du retrait des États-Unis de la planification des exercices de l’OTAN ; Airbus qui annonce son intention d’augmenter les cadences de production des Eurofighter Typhoon ; ou encore la présidente de la commission européenne, qui établit à 3 %, le plancher de l’effort des européens, dans les années à venir.
Bien évidemment, il était impossible de passer à côté des deux tribunes publiées par le site The Guardian, l’une de l’Amiral Peter Briggs de la Royal Australian Navy, l’autre de l’ancien premier ministre australien Malcolm Turnbull, au sujet de la trajectoire de plus en plus incertaine du programme SSN-AUKUS.
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Fin 2024, il manquait presque 22,000 soldats sur 203,000, dans la Bundeswehr
L’Allemagne reconstruira une puissante Bundeswehr, « quoiqu’il en coute ! ». C’est en ces termes de Friedrich Merz, le futur chancelier allemand, a présenté son ambition pour le réarmement allemand, dans les années à venir, alors que ce dernier s’est rapproché de ses homologues britanniques et français, Keir Starmer et Emmanuel Macron, pour poser les bases d’une future extension des dissuasions de ces deux pays, à l’Allemagne, et aux autres pays européens.
[En Bref] : La Bundeswehr en sous-effectif de plus de 10 %, les États-Unis qui se retirent progressivement des exercices OTAN, et l'Australie qui doute du programme SSN-AUKUS... 31
Épaulé dans sa tâche par Boris Pistorius, le ministre de la Défense allemand sortant, mais très certainement réentrant au même poste, dans la nouvelle coalition CDU-CSU/SPD qui se dessine, le futur chancelier, n’a posé aucune limite sur l’effort budgétaire que l’Allemagne devra faire pour retrouver un outil de défense suffisant, ayant déjà proposé de faire sauter la clause de limitation du déficit public à 0,3% PIB, qui entrave les options de Berlin dans ce domaine.
Pour autant, reconstruire la Bundeswehr, ne sera pas une simple affaire de crédits. En effet, alors que le budget des armées allemandes atteignait 73 Md€ en 2024, plus de 2,5 fois son niveau de 2017, et que les recrutements avaient augmenté de 8 % sur un an, celles-ci affichaient, en début d’années 2025, un déficit de 21,826 militaires, sur un effectif théorique de 203,000, et pour une population totale de 82,3 millions d’habitants.
L’origine de ce déficit de personnel remonte à plus d’une décennie, alors que la Bundeswehr, comme l’ensemble des armées européennes, ne disposaient pas des crédits de fonctionnement suffisants vis-à-vis de son format, ceci entrainant une profonde démotivation de ses cadres et personnels, exprimés par un taux de réengagement très faible.
Depuis, les crédits supplémentaires, injectés par le Bundestag, ont amélioré la situation, sans toutefois juguler les départs. Pire encore, si les recrutements progressent, ils sont exposés à un taux de confirmation de l’engagement, qui intervient après six mois de contrat, de seulement 75 %, un quart des jeunes recrues préférant quitter la Bundeswehr à ce moment-là.
[En Bref] : La Bundeswehr en sous-effectif de plus de 10 %, les États-Unis qui se retirent progressivement des exercices OTAN, et l'Australie qui doute du programme SSN-AUKUS... 32
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Quelle surprise ! Alors que les européens prennent conscience du risque géostratégique que représente leur dépendance aux armements américains et étrangers, les articles se multiplient, dans la presse internationale et européenne, pour faire l’article des performances des armements américains, notamment en Ukraine, et spécialement face aux équipements européens.
Il y a quelques semaines, c’était le char allemand Leopard 2 qui était visé, à grand renfort de statistiques montrant une plus grande survivabilité des chars américains Abrams, face au modèle allemand, sans tenir compte de la réalité de l’utilisation des deux modèles, dans les combats.
C’est à présent au tour du très stratégique système antiaérien et antibalistique SAMP/T Mamba, envoyé en Ukraine par l’Italie, avec le soutien de la France, dont les performances ont été écornées par un article du Wall Street Journal, face à un Patriot américain paré de toutes les vertus.
Quels sont les faits avérés, et ceux qui le sont moins, dans ce dossier ? Quelles sont les performances comparées du SAMP/T face au Patriot, aujourd’hui ? Et quel est l’objectif poursuivi par ces attaques incessantes par voie de presse, concernant la crédibilité des équipements militaires européens en Ukraine ?
Sommaire
Victime de problèmes logiciels, le système antiaérien européen SAMP/T aurait été inférieur au système Patriot américain en Ukraine, selon le WSJ
Selon l’article du Wall Street Journal, le système antiaérien et antibalistique franco-italien SAMP/T aurait donc démontré des performances sensiblement inférieures à celles du Patriot américain, en particulier face à la menace balistique russe.
Le système SAMP/T Mamba est le seul système de défense de zone antiaérien et antibalistique conçu et produit en Europe. Alors que les européens semblent vouloir prendre leurs distances avec leur dépendance maldive à la protection américaine, le SAMP/T pourrait être appelé à remplacer les Patriot américians dans les armées européennes.
Selon l’article américain, en effet, le système européen souffrirait de défaillances logicielles, ceci entravant son utilisation. Ce manque de performances du système, face au Patriot américain, aurait convaincu les ukrainiens de faire reposer la défense de ses villes stratégiques uniquement sur le Patriot, seul système capable d’intercepter le missile balistique aéroporté russe Kinzhal, selon le WSJ.
L’information, bien que secondaire dans l’article américain, n’est pas passée inaperçue dans la presse mondiale et européenne, plusieurs articles de sites spécialisés, pas nécessairement mieux informés, rebondissant sur la remise en cause des performances du système antiaérien européen, pour encenser le Patriot américain.
Mais quelles sont les réalités, derrière ces affirmations ? Renseignements pris auprès des principaux concernés, en Europe, il apparait que la batterie SAMP/T Mamba, envoyée en Ukraine, a bien connu certains problèmes logiciels, lors de sa mise en œuvre. Ceux-ci ont été la conséquence de la manière dont la batterie envoyée en Ukraine par Rome et Paris, avait été assemblée, alors que les deux pays européens ne disposaient que d’un nombre strictement nécessaire de systèmes, pour assurer la protection de leurs moyens propres.
Quoi qu’il en soit, le problème fut réglé en quelques semaines seulement, et la batterie SAMP/T ukrainienne est depuis parfaitement opérationnelle, et remplit sa mission contre l’ensemble des menaces aériennes et balistiques, dans la zone dans laquelle elle a été déployée par Kyiv.
Quels sont les faits derrière ces affirmations ? Le SAMP/T est-il vraiment inférieur au Patriot américain, en particulier dans la mission antibalistique ?
Cela posé, il est cependant incontestable que les Ukrainiens s’appuient avant tout sur leurs batteries Patriot, pour assurer la protection de leurs grandes villes et positions stratégiques, en particulier face aux missiles balistiques russes.
Le SAMP/T rempli parfaitement sa mission en Ukraine, mais souffre de livraisons insuffisantes de missiles européens
Le missile Aster 30B1 est conçu pour realiser des interceptions aérodynamiques et balsitiques avec un très haut taux d’impact, permettant la mise en oeuvre d’une doctrine Shoot-See-Shoot, et non Shoot-Shoot-See, consommant presque deux fois plus de missiles, employée par les systèmes américains comme le Patriot et le SM-2/SM-6.
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Si l’autonomie stratégique européenne est à présent un objectif partagé par la plupart des chancelleries européennes, la France apparait comme toute désignée pour amener les européens vers ce Graal désormais recherché de tous, par son antériorité sur le sujet, mais aussi par l’expérience acquise par ses armées et son industrie de défense, pour doter le pays de cette caractéristique.
Y parvenir ne sera cependant pas chose aisée. Non seulement l’écart séparant les européens, leurs armées et leur industrie de défense, de cet objectif, est considérable, mais les européens, habitués qu’ils sont à céder à la facilité, font déjà preuve d’une certaine porosité, pour laisser les systèmes étrangers, intégrer le marché européen, qui promet d’être le marché le plus actif, dans le domaine de l’armement, dans le monde, pour les années à venir.
Pour contenir cette tendance naturelle, mais mortifère, des européens, la France peut s’emparer de certains sujets clés, en matière de programmes européens, pour fédérer, programme par programme, les pays les plus pertinents, et les plus intéressés, et ainsi, diluer le manque de résilience des européens dans ce domaine.
Après une première partie consacrée aux programmes relatifs à l’effort de dissuasion, ainsi qu’au domaine aérien, cette seconde partie traitera des programmes navals et terrestres, qui peuvent aider Paris à structurer et consolider cette trajectoire, au profit de l’autonomie stratégique européenne, de la sécurité collective, ainsi que de la sécurité et des intérêts nationaux du pays.
Sommaire
E-MedBT : Char de combat moyen européen pour renforcer l’autonomie stratégique européenne
Pays leaders
Pays associés
Échéance
Fr – De – It
Be – Sv – Fin – Gr
2030-2035
Le domaine des véhicules blindés est, sans le moindre doute, l’un des moins exposés à la dépendance pathologique des européens, aux équipements américains. Avec le Leopard 2A8 allemand d’ores-et-déjà disponible, le Leopard 3 allemand et le KF51 Panther germano-italien à venir, et plusieurs modèles de véhicules de combat d’infanterie déjà disponibles (Puma, Lynx, CV90, Borsuk, VBCI…), les armées européennes ne manquent pas d’offres strictement européennes pour s’équiper.
10 programmes franco-européens pour bâtir l'autonomie stratégique européenne 2/2 39
Il est toutefois un domaine qui, aujourd’hui, fait défaut dans ce domaine, celui des chars moyens. En effet, le Leopard 2A8, comme le Leopard 3 et le KF51 Panther, sont des chars lourds, avec une masse au combat de 55 à 60 tonnes, et un prix unitaire très largement supérieur à 20 m€. Un tel prix tend à réduire le format des flottes de chars européens, là où la Russie ne paie son T-90M de 48 tonnes, moins de 4 m$ l’exemplaire.
Au-delà du prix, la masse des MBT (Main Battle Tank), aujourd’hui, représente également un handicap en matière de mobilité sur les ouvrages d’art en Europe centrale et de l’Est, ainsi que sur sol meuble.
Les européens auraient, dès lors, tout intérêt à developper un char moyen, d’une masse allant de 35 à 48 tonnes, faisant reposer sa survivabilité sur sa mobilité et ses systèmes de défense actifs passifs, plutôt que sur des couches de lourd blindage successif, dont la puissance de feu n’aurait rien à envier aux MBT modernes, mais dont le prix serait bien moins élevé.
Dans ce domaine, la France a incontestablement des compétences industrielles, mais également doctrinales, à faire valoir, notamment au travers des expériences Leclerc et surtout AMX30, le char moyen français des années 60 à 90, alors que la plupart des armées européennes était passée sur un char lourd (M60 et Leopard 2).
Plus que le Leclerc Evo, qui reste encore pleinement ancré dans le principe du char lourd, KNDS France peut s’appuyer sur le démonstrateur E-MBT, et sa tourelle automatisée, par nature plus légère, pour developper un tel blindé, en s’associant, pour l’occasion, à l’allemand Rheinmetall (KF41-120) et à l’Italien Leonardo (Centauro II), pour developper ce char moyen de haute intensité, qui pourrait, par ailleurs, prendre place au sin de programme MGCS.
Les pays les plus proches de la France en matière de capacité terrestre, comme la Belgique, ainsi que les pays les plus exposés à un éventuel conflit direct contre la Russie, en milieu meubles, comme la Suède et la Finlande, pourraient également participer au programme.
E-LRM : Lance-roquettes multiples européen
Pays leaders
Pays associés
Échéance
Fr – UK – Be
Pt – Fin -Cz
2030-2035
Les armées européennes ont parfaitement retenu, ces trois dernières années, la grande plus-value que pouvaient apporter les systèmes lance-roquettes multiples, en Ukraine. Aujourd’hui, pas moins de 10 forces armées européennes se sont tournées vers le système HIMARS américain ces dernières années, alors que cinq autres se sont tournées vers le PULS israélien, et une, la Pologne, vers le K239 Chunmoo sud-coréen.
10 programmes franco-européens pour bâtir l'autonomie stratégique européenne 2/2 40
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