Dans la nuit du 9 au 10 mai, les forces spéciales françaises, avec le soutien des militaires de l’opération Barkhane, des forces burkinabaises et du renseignement US, ont mené une opération visant à libérer 4 otages occidentaux, dont deux français enlevés au Benin le 1er Mai, et dont le corps du guide avait été retrouvé le lendemain.
Selon le communiqué du Ministère des Armées, l’opération a permis la libération des otages, mais deux opérateurs des forces spéciales, des officiers mariniers des commandos marines, ont perdu la vie dans l’offensive. L’opération a été menée par les éléments du commando Hubert.
Selon le site EastPendulum.com, plusieurs éléments concourent à penser que le futur avion d’alerte aérienne avancée embarqué de la Marine chinoise serait sur le point d’entamer ses tests. dans les prochaines semaines. Les informations sont lacunaires concernant ce programme, si ce n’est que l’appareil aura probablement une configuration proche de celle du Grumman E2 Hawkeye, propulsé par 2 turbopropulseurs et emportant un radar dans un radome coupole.
Le radar pourrait être le KLC-7 « oeil de la route de la soie », construit par CETC, sont les performances seraient comparables à celles du radar basse fréquence AN/APY de Lockheed-Martin qui équipera l’E-2D. Si tel est le cas, le nouvel EAW[efn_note]Early Airborn Warning ou Avion Awacs[/efn_note] chinois sera en mesure de détecter plus facilement les appareils furtifs comme les F35 ou F22.
Cette annonce intervient alors que plusieurs clichés montrant l’évolution du futur troisième porte-avions chinois, qui disposera cette fois de catapultes, ont été publiées sur les réseaux sociaux, attestant d’une probable mise en cale sèche cette année, et donc d’un lancement courant 2020.
La planification de la montée en puissance de la marine chinoise est à ce titre remarquable, associant un plan d’acquisition d’unités navales et aériennes, ainsi qu’un plan de recrutement et de formation parfaitement maitrisé, attestant du rôle stratégique que représentera la marine chinoise dans la politique internationale des années à venir du pays.
L’US Army a lancé pas
moins de 4 programmes visant à concevoir et fabriquer des systèmes d’arme
laser embarqués dans des véhicules
blindés. Un des points majeurs de ces programmes est la capacité à produire
suffisamment d’énergie électrique pour fournir la puissance nécessaire au
fonctionnement de laser de haute puissance.
Le motoriste britannique Rolls Royce s’est emparé du sujet, et propose une solution basée sur la turbine M250 qui équipe les hélicoptères légers comme l’OH58D Kiowa, capable de fournir 300 KWh d’énergie électrique, soit largement assez pour les lasers de 100 KWh prévus.
Ceci dit au delà de la solution technique, le programme devra faire face à deux enjeux opérationnels majeurs – la production de chaleur, qui non seulement devra être dissipée, mais fera probablement du véhicule blindée une cible de choix pour tous les autodirecteurs infrarouges du champ de bataille – l’autonomie du système, et donc la capacité à embarquer suffisamment de carburant, sachant que ce carburant est différent de celui utilisé par les moteurs de la majorité des blindés.
Les arguments souvent mis en avant pour promouvoir les systèmes d’arme laser sont l’absence de munition, donc une plus grande capacité de tir, une plus grande résistance aux coups, du à l’absence de poudre, et une chaine logistique simplifiée. La solution préconisée par Rolls-Royce, si elle présente l’intérêt de la simplicité et du cout, semble remplacer l’implication opérationnelle des munitions par celui d’un carburant spécifique. Seuls les tests en condition opérationnelle pourront répondre à ces interrogations.
#IA par-ci, IA par-là, IA en veux-tu en voilà… Depuis quelques mois, le terme de « IA » (Intelligence Artificielle) a envahi le monde de l’Aéronautique & Défense. Mais qu’en est-il exactement ?
Il serait présomptueux de vouloir traiter tous les aspects liés aux changements apportés par l’IA. Ce n’est d’ailleurs pas là le but de cette série de 2 articles. De même, je passerai outre certains aspects constitutifs de l’IA (ex : système neuronal, etc…) mais qui n’ont pas leur importance pour le sujet de ces articles.
Des logiciels de CAO à Terminator, en passant par votre Smartphone et DeepBlue ou AlphaGo, il existe de nombreux modes d’IA. L’objet de ces 2 articles est bien là : re-vulgariser ce qui se cache derrière l’emploi tous azimuts du terme flou, sinon obscur, de IA.
En introduction, rappelons que l’intérêt porté à l’IA n’est pas propre à l’Aéronautique et Défense, mais l’avènement de plusieurs concours :
La puissance de calcul des systèmes
La volumétrie de données à disposition (#BigData)
L’inter-connexion des différents systèmes (#IoT)
Des langages de programmation avancés
La recherche fondamentale
Ainsi, l’IA n’est pas une notion récente. Mais, tout comme ces vecteurs cités ci-dessus évoluent tous de manière exponentielle, l’IA est « emportée » dans cette course infinie et ses vecteurs permettent aujourd’hui des niveaux de complexité qui n’étaient pas possibles précédemment.
L’intelligence est la capacité de compréhension de son environnement et d’adaptation.
1er Article : l’IA et la Défense
Introduction
Avant de commencer, fermons la porte à une idée reçue : Terminator.
Le contrôle. Comme le rappelait à juste titre Jospeh Henrotin, une armée cherche en premier lieu à contrôler son environnement (d’où la grande efficacité des modes de « guérilla » pour mettre à mal ces armées régulières). Les aléas n’y ont pas leur place ; et s’ils ne peuvent être supprimés, ils nécessitent alors une réponse plus complexe et moins optimale. De fait, comme les « élections libres », des robots autonomes dans leur processus de décision, tels que Terminator, n’ont pas leur place.
Pas de Terminator. Mais alors, qu’est-ce que l’IA et pourquoi ? S’il est vrai que le terme de #IntelligenceArtificielle se rapporte dans sa théorie la plus pure à une machine dotée d’intelligence et d’interaction, la course à cette notion d’ « intelligence » fait que certains ont inventé des IA dites « faibles », qui n’ont plus grand chose à voir avec l’intelligence proprement dite :
L’intelligence est la capacité de compréhension de son environnement et d’adaptation (de soi à cet environnement et/ou de cet environnement à soi) découlant sur un apprentissage (Retex).
Or, une bonne part d’IA « faibles » ne sont en fait que des algorithmes dits « complexes », mais n’offrant aucune capacité d’apprentissage à la machine (ex : A l’inverse de AlphaGo, DeepBlue n’avait aucune faculté d’apprentissage, mais étudiait un éventail de possibilités… Ironiquement, c’est le coup où l’ordinateur n’a pas su trouver de « meilleure possibilité » et en choisi une au hasard qu’il a déstabilisé Kasparov et ainsi battu)
Ensuite, une machine est souvent un système de systèmes ; l’IA peut être appliquée seulement à un sous-système ou un processus particulier. (ex : les lance-leurres d’un appareil ; ainsi, le NH90 est capable de prendre le pas sur le pilote et optimiser une réponse à une menace connue ; il n’est pas pour autant capable de remplacer le pilote pour l’ensemble des actions)
Big Data, données fermées ou ouvertes, l’Internet des Objets, reconnaissance de formes ou d’objets… IA faible, forte… La notion d’IA est aussi vague qu’elle est vaste, du fait de cette course à l’obtention du sacro-saint titre qui eut pour conséquence de le galvauder. Pour simplifier, je vais recentrer le sujet autour de 3 axes :
Tout d’abord, si l’on reprend l’aspect « pur » de l’Intelligence Artificielle, on peut alors distinguer 2 facteurs :
La sensibilité (ou le Machine Learning), qui est la capacité de compréhension et d’apprentissage. Cette capacité peut elle-même être distinguée en 3 parties :
Aucune capacité d’apprentissage
La capacité à enrichir son domaine de compréhension
La capacité à apprendre, soit développer ses propres enseignements
Les interactions, qui permettent une perception de l’environnement (1ère étape vers la compréhension qui est la traduction de ces perceptions)
Passives (réception, mais pas d’émission) ou Actives (émission d’actions / prise de décisions)
Digitalisées (échange de données) ou avec le Réel
Les vecteurs d’IA, tels que le BigData, l’IoT, qui concourent à l’IA mais ne sont pas eux-mêmes de l’IA à proprement parler.
Rentrons dans le vif du sujet : Qu’entendent les acteurs de la Défense derrière « IA » ?
Le Ministère des Armées a axé son saut digital autour de 6 axes :
l’aide à la décision et à la planification
le renseignement
le combat collaboratif
la robotique
les opérations dans le cyberespace
la logistique et la maintenance
1. Une IA fonctionnelle et non globale
C’est le premier point : Comme évoqué lors de l’introduction, l’IA (ou autre évolution approchante) peut ne concerner qu’une fonctionnalité. On n’est pas là sur une IA globale, commandant un système de systèmes, mais une IA dédiée à une fonction, permettant d’assister l’utilisateur en automatisant tout ou partie d’un processus.
Les systèmes étant de plus en plus complexes, ils nécessitent de plus en plus de tâches. Ainsi, les personnels à bord d’un #hélicoptère sont passés de 2 à 3 et même désormais 4, pour effectuer le même type de mission, mais avec une profondeur exacerbée. Il convient donc, pour modérer cet effet, d’automatiser certains processus :
Non critiques
Standardisés et/ou systématiques
Ou pour améliorer le temps de réponse
Les personnels à bord d’un hélicoptère sont passés de 2 à 3 et même désormais 4 …
2. Le saut générationnel
Si l’ #Aéronautique et #Défense a une réputation d’excellence technologique de par la complexité physique de ses systèmes, elle a néanmoins accumulé un retard dans les « soft tech » au point que, au cours des années 2000, une donne a changée : L’innovation technologique ne venait plus des référents de l’A&D pour s’étendre à l’univers public, mais l’inverse : ainsi, des start-up et d’autres acteurs du monde civil ont peu à peu envahi la chasse gardée de salons tels que SOFINS ou celui du Bourget, ou encore l’attrait de la #DGA.
La raison ? Côté Défense, la raison est assez simple : les précédents matériels, et même les doctrines, étaient issus de la Guerre Froide, au mieux de Retex des conflits en Afrique.
Côté doctrines, les récents conflits très asymétriques tels que l’Afghanistan ont obligé à revoir bien des aspects.
Du côté des matériels, la donne est plus simple : ceux issus de la guerre froide sont maintenant arrivés en bout de vie et doivent donc être retirés et remplacés ou non par des matériels répondant aux nouvelles doctrines.
Ce renouvellement de matériels, coincidant avec les changements de doctrines et l’arrivée de start-up redéfinissant ou réapprochant les problématiques (#ThinkOutOfTheBox), est une aubaine dont la Défense aurait en effet tort de se priver. Il n’est pas différent des autres sauts générationnels, qui ont chacuns eu aussi leurs mots-clés d’engouements :
1800 : l’artillerie
1870 : le train + la fiabilité des fusils
WW-I : l’aviation + la chimie
WW-II : la mécanique + l’industrialisation
Guerre Froide : l’électronique + les capteurs
2019 : les drones + l’IA ?
Cette première phase sera plus l’utilisation des vecteurs de l’IA que de l’IA elle-même
Si chaque saut technologique a eu son/ses « driver(s)« , ceux-ci ont réellement vu leur essor à mi-vie, les premières versions étant plus une validation des solutions à développer. Pour autant, ces sauts technologiques ont été aussi fortement supportés par l’arrivée à maturité des technologies précédentes. C’est l’effet de Roue de Deming grimpant une loi normale de l’amélioration.
Cette première phase d’engouement dans l’IA sera donc plus l’utilisation des vecteurs d’IA afin de lancer la roue de l’évolution afin d’atteindre à mie-vie cette vision.
Je gage par ailleurs que nous vivons là sans doute la dernière rupture technologique et allons quitter ce principe pour nous orienter vers un système analogue au POOGI (et le #FCAS, s'il est bien pensé en amont, pourrait tout à fait exploiter la méthode POOGI). ... Mais je m'éloigne du sujet...
J’ai fait un rapide tableau confrontant les principales solutions technologiques face aux 6 domaines prioritaires identifiés par le Ministère des Armées : (les réponses ne sont pas exclusives ; il s’agit des principales solutions adaptées à chaque domaine)
Comme on peut le voir, les réponses à apporter relèvent moins de l’IA que de solutions existant pour une bonne part depuis 1 à 2 décennies :
Des outils « traditionnels » :
des applications d’aide utilisateurs
du Business Intelligence
Des outils liés à la Data :
du Big-Data
et l’échange de celle-ci (IoT)
Quelques solutions liées à de l’IA
principalement pour de la reconnaissance de forme et du tracking de trajectoires
Il s’agit en bonne part donc moins d’IA que de ses vecteurs que sont :
Le Big-Data
Le #InternetOfThings (Internet des Objets / Objets Connectés)
Le Business Intelligence, soit l’analyse (statistique) de données
J’ajouterais également la modélisation « neuronale » de systèmes (qui, selon moi, devrait émerger dans la décennie à venir)
L’Analytics. BigData, IoT, BI, modélisation neuronale… Tous ces vecteurs sont des outils servant à l’analyse de données et de relations entre ces données. Car le coeur du sujet est bien là : A l’instar de Google, l’Armée cherche à contrôler au maximum son environnement et réduire donc les aléas. Cela suppose donc une grande capacité et profondeur dans l’analyse de données afin de comprendre son environnement et pouvoir influer dessus en toute maitrise. Aide à la Décision et à la Planification… Renseignement… Maintenance… Tous ces domaines font appel à l’exploitation analytique de données.
BigData, IoT, modélisation neuronale... C'est aussi : information, échange, structuration systémique... C'est pourquoi, à titre personnel, plus qu'une révolution d'Intelligence Artificielle, j'augure une révolution en #Systèmes de Systèmes et #Networkability (soit l'habileté à fonctionner en réseau, de manière intégrée). A ce titre, les projets #Scorpion (Armée de Terre) et #SCAF (Armée de l'Air) sont deux premiers pas sur le chemin de la Networkability.
L’IA faible n’est pas intelligente : ce sont ses concepteurs qui l’ont été.
J’ai présenté durant l’introduction la notion d’IA « faible », qui n’a d’intelligent que la conception de ses algorithmes. En d’autres termes, l’IA faible n’est pas intelligente : ce sont ses concepteurs qui l’ont été.
Comme évoqué dans cette même introduction, l’IA pose un problème de compatibilité avec son contrôle. Et même une IA faible n’y échappe pas : Ainsi, DeepBlue a gagné grâce à un bug, donc une faille se traduisant par une perte de contrôle, au point que Kasparov a cru qu’un humain commandait les décisions de DeepBlue.
Le défi que j’ai toujours associé à l’IA est le théorème de #Gödel : Un système complet est inconsistant et, de fait, un système cohérent est incomplet. Tout le problème va donc être d’avoir le système le plus complet possible tout en assurant sa cohérence sans quoi cela entrainera immanquablement à un bug de l’IA ou une IA hors de contrôle. C’est un peu ce qu’a vécu DeepBlue.
Le défi que j’ai toujours associé à l’IA est le théorème de Gödel.
Voici un tableau synthétisant cette problématique :
Comme illustré, l’intelligence possible pour l’IA sera inversement proportionnelle à son niveau d’interactions, avec le Réel en premier lieu, mais aussi en terme d’échange de données (IoT).
Et, toujours en sus, l’humain devra conserver le pouvoir de décision finale :
En ayant la possibilité d’éteindre cette IA (cf. cas 737 MAX)
Ou de l’ajuster, dans les cas d’apprentissage par renforcements
Et en conservant un avis critique (pas de confiance à l’aveugle).
Ce dernier point peut paraitre évident, ou futile, et pourtant : IA ou pas, tout système d’exploitation de données ne donne un résultat pertinent que tout relatif, au regard de la qualité de ses données d’entrées et des bugs qu’il contient. Cette remarque vous semble superflue ? 3 exemples :
Le drone Harfang : … faute de mieux il a servi, mais n’a pas brillé par sa fiabilité
Valeo & SAP : suite à son passage à SAP, mal implémenté (en choix d’architecture de données et en qualité des données), Valeo a bien failli faire faillite. Il fut sauvé par ses clients qui lui ont apporté leur expérience en matière de SAP.
A titre personnel, j’ai eu l’occasion de découvrir un bug critique dans un logiciel de GPAO de renom en son temps (pré-SAP), bug qui avait pour conséquence de démultiplier les quantités de besoins.
Pas de Terminator, mais bien l’humain au coeur de l’intelligence.
En conclusion
Cet article avait juste pour but de remettre en perspective et relativiser la notion d’IA par rapport aux projets en matière de Défense. Pas de Terminator, bien loin de là, et même l’humain encore au coeur de l’intelligence, qu’elle soit par les opérationnels dans la décision finale, ou des concepteurs de solutions algorithmiques.
Mais alors, pourquoi tant mettre en avant l’IA ? Comme évoqué dans le chapitre sur les sauts générationnels, c’est pour donner un cap, une vision ; ne pas se contraindre ou s’imposer de limites prématurées.
L’US Air Force a testé ce 23 avril sur la base aérienne de White Sand au Nouveau Mexique, le nouveau système laser destiné à protéger les aéronefs des missiles SHIELD, pour Self-protecter High Energy Laser Demonstrator (parfait acronyme, n’est-il pas ?). Le test s’est effectué au sol, et consista à intercepter plusieurs missiles lancés en direction du site de test.
Comme pour les
programmes de l’US Army et de l’US Navy, le SHIELD prévoit une utilisation
opérationnelle entre 2021 et 2025, devant initialement équiper les F15 Strike
Eagle dans une version contenue dans un pod.
Mais là encore, la production d’énergie représente un enjeu décisif, sachant
qu’un laser de ce type doit atteindre une puissance supérieure à 10 KWh pour
être efficace.
Le SHIELD constituera le premier système de protection de type hard Kill pour les aéronefs américains, et, selon ses performances, pourrait mettre à mal les technologies de Deni d’Accés actuelles. Reste à voir si le système sera effectivement efficace contre les nouveaux missiles volant en vitesse supersonique haute, comme le R-37M, pourront ou non être effectivement interceptés…
Une chose est certaine,
les autorités canadiennes ne veulent pas du F35 de Lockheed-Martin pour
remplacer ses F18 vieillissant. Si l’avion américain est toujours
officiellement candidat au programme d’Ottawa aux cotés du JAS 39, du Typhoon
et du Super Hornet (Dassault Aviation ayant décidé de se retirer de l’appel
d’offres), il est clair qu’il n’a pas les faveurs de l’administration Trudeau,
alors même que le pays était partenaire du programme dès son lancement, et
dispose, pour cela, de compensations industrielles.
Deux facteurs agissent de concert dans ce mélodrame entre Washington et Ottawa. En premier lieu, les compagnies aéronautiques américaines comme l’Etat fédéral avaient entrepris en 2017 une série d’actions visant les avions du constructeur canadien Bombardier, au prétexte qu’ils bénéficieraient de crédits d’Etat. Cette action avait amené le premier ministre, Justin Trudeau, à suspendre le programme d’acquisition de F35, mais également celui visant à acquérir des Boeing F/A 18 E/F Super Hornet pour assurer l’intérim en attendant la livraison des avions de Lockheed. Airbus a su, dans ce dossier, agir avec volontarisme et discernement, en intégrant Bombardier au consortium européen, sauvant à la fois l’industrie aéronautique canadienne, et étendant la gamme de l’avionneur dans sa gamme d’avions courts courriers, et avions d’affaire.
En second lieu, il y a
un paramètre très opérationnel expliquant en partie de le désamour canadien
pour le F35A : sa configuration monomoteur, et son faible rayon d’action
par corolaire. En effet, la Royal Canadian Air Force assure l’essentiel de ses
missions domestiques au dessus du grand nord canadien, d’une immensité et
hostilité comparables à la Sibérie ou l’Atlantique Nord. Et comme pour l’US
Navy et les forces aériennes russes, la configuration bimoteur est préférée
depuis les années 80 dans ces conditions d’emploi. Un chasseur bimoteur a, en
effet, un risque de crash sur panne 5 fois moins élevé qu’un monomoteur, et ce
facteur croit encore lorsque l’environnement est particulièrement hostile,
comme le grand nord.
Ces éléments devraient,
logiquement, privilégié le choix du Typhoon, proposé par Airbus via
Eurofighter. En outre, la décision allemande visant à écarter le F35 de l’appel
d’offres pour remplacer ses 80 Tornado, semble garantir la pérennité de
l’appareil pour les 30 années à venir. Enfin, comme c’est très probablement le
cas de l’Espagne, le choix du Typhoon s’accompagnera peut-être d’un ticket pour
rejoindre le programme SCAF franco-allemand.
Reste que le pays est
toujours partenaire du programme F35, et qu’en sortir mettrait à mal de
nombreux emplois de sa base technologique industrielle de Défense, sans parler
des possibles pénalités qui pourraient être appliquées par le constructeur. Ces
points sont probablement les points clés de la négociation
en cours pour sortir de façon convenable de ce dossier, sachant que
Lockheed-Martin n’a pas intérêt à mettre sur la scène publique une vision
négative de son appareil et de son modèle économique, alors que plusieurs pays
d’Europe de l’Est et du théâtre pacifique ont déclarés leurs intention de le
commander ou d’étendre les commandes existantes.
La décision de Dassault Aviation, Thales et Safran, de se retirer de ce programme est donc justifiée, tant les implications politiques sont majeures dans la décision à venir.
Alors que la CyberDéfense des Etats-Unis est à la charge du Cyber Command, l’US Army déploie actuellement des forces cyber destinées à intervenir en soutien des forces de contact, sur l’ensemble du spectre électromagnétique. Le 915th Cyber Warfare battalion a dejà la charge de former et équiper 12 équipes cyber de 45 militaires, qui interviendront à l’échelle de la division, en soutien des forces sur le spectre électromagnétique, tant du point de vu défensif, pour préserver l’intégrité des systèmes de contrôle et de communication, qu’offensif.
Plusieurs incidents récents ont montré la
vulnérabilité des forces de l’OTAN à une offensive Cyber, comme aux actions
couplant guerre électronique et cyber, notamment lors de l’exercice russe Zapad
2017, ou plus récemment lors de l’exercice de l’OTAN Trudent Juncture 2018. SI
la Russie a développé un savoir faire avéré dans ce domaine, la Chine n’est pas
en reste, l’activité des hackers chinois tant en matière de déni d’accès que de
vol d’information en atteste.
Loin d’être un sujet de haute sphère, les capacités de guerre cyber comme électroniques sont devenues essentielles à une force prétendant intervenir dans un environnement de « haute intensité ».
Selon Bruce Jette, en charge des acquisitions pour l’US Army, l’US Army prévoirait dans un avenir proche l’acquisition de système d’arme laser de 10 Kwh et plus, destinés à équiper ses blindés Stryker. Si l’US Army a déjà entamé le déploiement du système MEHEL, un Stryker équipé d’un laser de 5 Kwh, destiné principalement à intercepter les drones légers sur le champ de bataille, elle a parallèlement lancé 4 programmes visant à produire des systèmes beaucoup plus puissants, capables d’intercepter non seulement des drones, mais également des missiles, des roquettes, des obus et des aéronefs.
Selon le Général James
Pasquarette, chef d’état major adjoint de l’US Army, le déploiement dans les
unités de système laser d’une puissance de 50 Kwh est prévu pour 2024, alors
qu’un prototype pour un laser mobile de 100 Kwh, le programme MultiMission High
Energy Laser, devrait entamer ses tests en 2022.
Contrairement aux systèmes actuels de défense anti-aérienne ou anti-missile, les systèmes laser présentent une capacité renforcée à traiter les attaques par saturation, étant par nature non contraint par le nombre de munition disponible. En revanche, la production d’énergie reste un enjeu de taille, pour pouvoir assurer l’autonomie et la mobilité des systèmes.
Le système de défense anti-aérienne IRON DOME, qui protège les infrastructures et villes israélienne d’attaques aériennes, et notamment des attaques par roquettes, a été mis à mal par l’offensive massive du Hamas le 4 May 2019, alors que 690 roquettes ont été tirées contre des cibles israéliennes en 48 heures. Selon les chiffres communiqués, seules 240 des roquettes ont été effectivement interceptées par le système, soit un taux d’interception de « seulement » 35%, très en deçà des performances annoncées du système.
Il faut cependant prendre en considération 3 paramètres pour évaluer les performances réelles du système israélien :
Le système
est conçu pour prioriser les cibles, et pour ignorer celles qui se dirigent
vers des zones à faible risque, comme les vergers ou les champs des kibboutz,
les risques de pertes étant très faibles.
Selon le
rapport des forces israéliennes de Défense, de nombreuses roquettes ont été
tirées à faible distance de leurs cibles, réduisant le temps d’interception
potentiel. Là encore, si IRON DOME estime que les chances d’interception sont
trop faibles, il est conçu pour ne pas tirer, et économiser ses munitions.
Enfin, le
Hamas a mis en œuvre une stratégie très efficace de saturation des défenses
israéliennes, obligeant le système à faire face à de nombreuses cibles
simultanées.
Dans ces conditions, les résultats de l’IRON DOME sont plus que satisfaisante, au regard des autres systèmes existants, d’autant qu’il faut garder à l’esprit que tout système est limité dans son usage par les munitions qu’il utilise. Or, peu de systèmes peuvent se prévaloir d’être en mesure de tirer plus de 250 missiles en 48 heures.
Cet épisode nous amène également à évaluer l’effectivité des décisions prises pour assurer la protection de nos forces. Ainsi, les prochaines FDI Belh@rra de la Marine Nationale n’emporteront que 16 missiles anti-aériens. Certes, il s’agira de missile ASTER 30, extrêmement performants. Mais il suffirait de tirer 17 missiles pour avoir l’assurance de détruire la frégate française à 450 millions d’Euro, et son équipage d’une centaine d’hommes. Nous avons donc un rapport de cout supérieur à 10 contre 1 (un missile antinavire coutant en moyenne 2 m€), pour détruire le bâtiment.
Il faut noter que l’exposition des autres bâtiments français est équivalente, avec seulement 16 Aster 15 pour protéger les FREMM, 32 pour les FREMM DA à 700 m€, et 48 pour les Horizon, des bâtiments à plus d’un milliard l’unité.
Dans ces conditions, les atermoiements concernant l’opportunité de ne pas équiper les FDI de systèmes de guerre électronique performants, agissant comme un multiplicateur de force pour la résistance du bâtiment aux attaques de saturation, apparaissent particulièrement risqués, alors que les systèmes antinavires ne cessent de se « démocratiser » …
Décidément, les armées américaines ont des problèmes de riches. Ainsi, alors que le budget 2020 des dépenses de Défense US prévoit d’acquérir plus de 200.000 bouées acoustiques pour équiper ses avions de patrouille maritime comme le P8 Poseidon, l’US Navy n’est pas certaine d’avoir un industriel pour pouvoir les produire.
En effet, les bouées acoustiques, ou sunoboys, actuellement utilisées par la patrouille maritime américaine sont fabriqués par un fournisseur unique, la société ERAPSCO, une Joint Venture américano-britannique entre la sociétés Sparton Corp aux Etats-Unis, et Ultra Electronics, en Grande-Bretagne. Cette JV est prévue pour prendre fin en 2024, et aucune des deux entreprises n’est capable de prendre à sa charge les investissements nécessaires pour assumer la production à elle seule.
Cette situation a amené la présidence à signer un décret pour sécuriser la production de 5 modèles de Sunoboys sur le territoire US, et garantir les investissements nécessaires pour atteindre cet objectif.
De fait, Il semble peu probable qu’un acteur européen puisse proposer ses productions pour répondre aux besoins de l’US Navy, sauf à proposer une production intégrale sur le sol américain.