L’appel d’offre canadien pour remplacer ses F18 toujours contraint par le programme F35

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Une chose est certaine, les autorités canadiennes ne veulent pas du F35 de Lockheed-Martin pour remplacer ses F18 vieillissant. Si l’avion américain est toujours officiellement candidat au programme d’Ottawa aux cotés du JAS 39, du Typhoon et du Super Hornet (Dassault Aviation ayant décidé de se retirer de l’appel d’offres), il est clair qu’il n’a pas les faveurs de l’administration Trudeau, alors même que le pays était partenaire du programme dès son lancement, et dispose, pour cela, de compensations industrielles.

Deux facteurs agissent de concert dans ce mélodrame entre Washington et Ottawa. En premier lieu, les compagnies aéronautiques américaines comme l’Etat fédéral avaient entrepris en 2017 une série d’actions visant les avions du constructeur canadien Bombardier, au prétexte qu’ils bénéficieraient de crédits d’Etat. Cette action avait amené le premier ministre, Justin Trudeau, à suspendre le programme d’acquisition de F35, mais également celui visant à acquérir des Boeing F/A 18 E/F Super Hornet pour assurer l’intérim en attendant la livraison des avions de Lockheed. Airbus a su, dans ce dossier, agir avec volontarisme et discernement, en intégrant Bombardier au consortium européen, sauvant à la fois l’industrie aéronautique canadienne, et étendant la gamme de l’avionneur dans sa gamme d’avions courts courriers, et avions d’affaire.

En second lieu, il y a un paramètre très opérationnel expliquant en partie de le désamour canadien pour le F35A : sa configuration monomoteur, et son faible rayon d’action par corolaire. En effet, la Royal Canadian Air Force assure l’essentiel de ses missions domestiques au dessus du grand nord canadien, d’une immensité et hostilité comparables à la Sibérie ou l’Atlantique Nord. Et comme pour l’US Navy et les forces aériennes russes, la configuration bimoteur est préférée depuis les années 80 dans ces conditions d’emploi. Un chasseur bimoteur a, en effet, un risque de crash sur panne 5 fois moins élevé qu’un monomoteur, et ce facteur croit encore lorsque l’environnement est particulièrement hostile, comme le grand nord.

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Ces éléments devraient, logiquement, privilégié le choix du Typhoon, proposé par Airbus via Eurofighter. En outre, la décision allemande visant à écarter le F35 de l’appel d’offres pour remplacer ses 80 Tornado, semble garantir la pérennité de l’appareil pour les 30 années à venir. Enfin, comme c’est très probablement le cas de l’Espagne, le choix du Typhoon s’accompagnera peut-être d’un ticket pour rejoindre le programme SCAF franco-allemand.

Reste que le pays est toujours partenaire du programme F35, et qu’en sortir mettrait à mal de nombreux emplois de sa base technologique industrielle de Défense, sans parler des possibles pénalités qui pourraient être appliquées par le constructeur. Ces points sont probablement les points clés de la négociation en cours pour sortir de façon convenable de ce dossier, sachant que Lockheed-Martin n’a pas intérêt à mettre sur la scène publique une vision négative de son appareil et de son modèle économique, alors que plusieurs pays d’Europe de l’Est et du théâtre pacifique ont déclarés leurs intention de le commander ou d’étendre les commandes existantes.

La décision de Dassault Aviation, Thales et Safran, de se retirer de ce programme est donc justifiée, tant les implications politiques sont majeures dans la décision à venir.

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